Thomas de Pourquery et son Supersonic sous le ciel d'Avignon
Passage de témoin. Franck Bergerot, mon vieux complice du Tremplin Jazz d’Avignon (depuis 17 ans déjà !), peu convaincu par le projet Supersonic de Thomas de Pourquery, m’a demandé de prendre le relais pour chroniquer son concert du 5 août dans le cadre d’Avignon Jazz Festival. Une sollicitation amicale impossible de refuser, d’autant plus que sa requête s’est transformée en vrai plaisir.
A la fin du concert, sous les voutes du cloître des Carmes, je retrouve Thomas de Pourquery heureux, mais inquiet. Il pointe son index en direction de Franck Bergerot et sa chemise rutilante et me dit : “T’as vu, il y a Franck. Je l’aime beaucoup, mais il a été très critique sur notre projet Supersonic sur le blog et dans les colonnes de Jazz Magazine. Il va nous assassiner !” Je le rassure. ”Pendant le concert, j’étais à côté de lui sur la terrasse qui domine le cloître. Je peux t’assurer qu’il semblait prendre un grand plaisir à vous écouter.” Confirmation dans son blog du 6 août où il avouait franchement qu’il avait “passé, comme tout le monde, un moment formidable avec le Supersonic et ses musiciens.”
Voilà une nouvelle démonstration que c’est live, dans le vif de l’instant, qu’un groupe, un projet peut être vraiment apprécié, jaugé et jugé. Thomas de Pourquery, nous le suivons depuis ses débuts, à travers ses participations au Big Band Lumière, puis dans l’Orchestre national de jazz dirigé par Laurent Cugny. En 2002, j’étais aux côtés de Franck Bergerot quand avec Daniel Zimmermann, il remporta le 1er prix d’orchestre et de soliste au concours de la Défense avec le Pourquery-Zimmermann Quintet qui deviendra ensuite DPZ. On le retrouva avec bonheur dans la fanfare Rigolus, puis le MegaOctet d’Andy Emler. On l’aima en craquant crooner à la voix de velours satiné au sein du Red Star Orchestra. Son projet Supersonic est de fait la première aventure dont il soit le seul capitaine. N’ayant pas eu encore l’occasion d’écouter son dernier album “Sons of Love”, première œuvre dont il soit, de bout en bout, l’écrivain, l’architecte et le catalyseur (le premier disque de Supersonic publié en 2014 “Play Sun Ra” était un hommage au génial gourou saturnien, né Herman Poole Blount), c’est avec des oreilles totalement vierges que j’ai pu découvrir dans la Cité des papes sa nouvelle création, mieux créature, à savoir une musique euphorisante vraiment taillée pour la scène. C’était ce soir-là la dixième fois que Thomas et ses hommes jouaient face à un public ce nouveau programme. Vu la cohésion, la liberté et la complicité du sextet, cela s’est entendu ! Et le public qui leur fit un triomphe ne s’y est pas trompé.
Une nouvelle fois, l’écrin magique du cloître des Carmes se révéla un tremplin idéal pour l’envol de Supersonic dans le ciel d’Avignon enfin rafraîchi par une douce brise, bienvenue après la touffeur accablante des nuits précédentes. Composé de Laurent Bardainne (saxophones), Frederick Galiay (basse), Fabrice Martinez (trompette), Edward Perraud (batterie) et Arnaud Roullin (claviers), cette constellation de pointures fraiches est avant tout une joyeuse confrérie musicale comme il en existe peu aujourd’hui : six amis dans la vie, six frères de son, six “bâtards célestes”( selon les mots de Thomas) qui jouent chacun avec leur personnalité forte et singulière, mais toujours de façon organique au service de l’ensemble. Sur scène, l’orchestre est composé d’une front line de feu (2 sax et une trompette qui savent aussi chanter) et, derrière, une section rythmique infernale drivée par Edward Perraud, beau diable monté sur ressorts, fascinant par sa superbe gestuelle faite de mouvements amples et de grands moulinets dans l’espace. Et tout cet équipage de nous embarquer pendant plus d’une heure dans un voyage intergalactique au carrefour d’une myriade d’influences : jazz, rock progressif, musique répétitive, David Bowie, The Cure, Charles Mingus, Albert Ayler ( merci Laurent Bardainne !) et bien sûr Sun Ra.
La quarantaine triomphante (il est né le 7-07-77), chaussures rouges comme son bec d’alto, barbu type Landru, Thomas le Magnifique nous parle ici d’amour, mais sans jamais tomber dans la niaise béatitude baba cool. C’est que chez lui c’est vraiment du vécu ! Par sa personnalité naturellement généreuse et à travers son saxophone et sa musique, de Pourquery irradie l’énergie la plus solaire. Ce “bouclier sidéral” qu’est selon lui l’amour se mue avec humour et glamour en un flux de tendresse partagée et communicative. Particulièrement dans ses ballades hypnotiques comme Slow Down et Simples Forces qu’il a su faire chanter à tout le public, tout heureux de participer à la fête. Supersonic est vraiment un drôle de vaisseau spatial qui sait apprivoiser le chaos et flirter avec l’extase, mélangeant, sans entraves de styles et de genres, transe et jouissance, intelligence et truculence, comique et cosmique, violence et insouciance, ivresse et tendresse, beauté et générosité. Ce n’est pas si courant !
Merci encore à toute la sympathique équipe du Tremplin Jazz de m’avoir permis d’enfin découvrir sous les étoiles cette musique euphorisante avec ses dérives planantes, ses cavalcades speedées et ses mélodies entêtantes que l’on s’est surpris à fredonner avec l’ami Pascal Bussy dans les rues d’Avignon en rentrant à l’hôtel.
Pascal Anquetil|Passage de témoin. Franck Bergerot, mon vieux complice du Tremplin Jazz d’Avignon (depuis 17 ans déjà !), peu convaincu par le projet Supersonic de Thomas de Pourquery, m’a demandé de prendre le relais pour chroniquer son concert du 5 août dans le cadre d’Avignon Jazz Festival. Une sollicitation amicale impossible de refuser, d’autant plus que sa requête s’est transformée en vrai plaisir.
A la fin du concert, sous les voutes du cloître des Carmes, je retrouve Thomas de Pourquery heureux, mais inquiet. Il pointe son index en direction de Franck Bergerot et sa chemise rutilante et me dit : “T’as vu, il y a Franck. Je l’aime beaucoup, mais il a été très critique sur notre projet Supersonic sur le blog et dans les colonnes de Jazz Magazine. Il va nous assassiner !” Je le rassure. ”Pendant le concert, j’étais à côté de lui sur la terrasse qui domine le cloître. Je peux t’assurer qu’il semblait prendre un grand plaisir à vous écouter.” Confirmation dans son blog du 6 août où il avouait franchement qu’il avait “passé, comme tout le monde, un moment formidable avec le Supersonic et ses musiciens.”
Voilà une nouvelle démonstration que c’est live, dans le vif de l’instant, qu’un groupe, un projet peut être vraiment apprécié, jaugé et jugé. Thomas de Pourquery, nous le suivons depuis ses débuts, à travers ses participations au Big Band Lumière, puis dans l’Orchestre national de jazz dirigé par Laurent Cugny. En 2002, j’étais aux côtés de Franck Bergerot quand avec Daniel Zimmermann, il remporta le 1er prix d’orchestre et de soliste au concours de la Défense avec le Pourquery-Zimmermann Quintet qui deviendra ensuite DPZ. On le retrouva avec bonheur dans la fanfare Rigolus, puis le MegaOctet d’Andy Emler. On l’aima en craquant crooner à la voix de velours satiné au sein du Red Star Orchestra. Son projet Supersonic est de fait la première aventure dont il soit le seul capitaine. N’ayant pas eu encore l’occasion d’écouter son dernier album “Sons of Love”, première œuvre dont il soit, de bout en bout, l’écrivain, l’architecte et le catalyseur (le premier disque de Supersonic publié en 2014 “Play Sun Ra” était un hommage au génial gourou saturnien, né Herman Poole Blount), c’est avec des oreilles totalement vierges que j’ai pu découvrir dans la Cité des papes sa nouvelle création, mieux créature, à savoir une musique euphorisante vraiment taillée pour la scène. C’était ce soir-là la dixième fois que Thomas et ses hommes jouaient face à un public ce nouveau programme. Vu la cohésion, la liberté et la complicité du sextet, cela s’est entendu ! Et le public qui leur fit un triomphe ne s’y est pas trompé.
Une nouvelle fois, l’écrin magique du cloître des Carmes se révéla un tremplin idéal pour l’envol de Supersonic dans le ciel d’Avignon enfin rafraîchi par une douce brise, bienvenue après la touffeur accablante des nuits précédentes. Composé de Laurent Bardainne (saxophones), Frederick Galiay (basse), Fabrice Martinez (trompette), Edward Perraud (batterie) et Arnaud Roullin (claviers), cette constellation de pointures fraiches est avant tout une joyeuse confrérie musicale comme il en existe peu aujourd’hui : six amis dans la vie, six frères de son, six “bâtards célestes”( selon les mots de Thomas) qui jouent chacun avec leur personnalité forte et singulière, mais toujours de façon organique au service de l’ensemble. Sur scène, l’orchestre est composé d’une front line de feu (2 sax et une trompette qui savent aussi chanter) et, derrière, une section rythmique infernale drivée par Edward Perraud, beau diable monté sur ressorts, fascinant par sa superbe gestuelle faite de mouvements amples et de grands moulinets dans l’espace. Et tout cet équipage de nous embarquer pendant plus d’une heure dans un voyage intergalactique au carrefour d’une myriade d’influences : jazz, rock progressif, musique répétitive, David Bowie, The Cure, Charles Mingus, Albert Ayler ( merci Laurent Bardainne !) et bien sûr Sun Ra.
La quarantaine triomphante (il est né le 7-07-77), chaussures rouges comme son bec d’alto, barbu type Landru, Thomas le Magnifique nous parle ici d’amour, mais sans jamais tomber dans la niaise béatitude baba cool. C’est que chez lui c’est vraiment du vécu ! Par sa personnalité naturellement généreuse et à travers son saxophone et sa musique, de Pourquery irradie l’énergie la plus solaire. Ce “bouclier sidéral” qu’est selon lui l’amour se mue avec humour et glamour en un flux de tendresse partagée et communicative. Particulièrement dans ses ballades hypnotiques comme Slow Down et Simples Forces qu’il a su faire chanter à tout le public, tout heureux de participer à la fête. Supersonic est vraiment un drôle de vaisseau spatial qui sait apprivoiser le chaos et flirter avec l’extase, mélangeant, sans entraves de styles et de genres, transe et jouissance, intelligence et truculence, comique et cosmique, violence et insouciance, ivresse et tendresse, beauté et générosité. Ce n’est pas si courant !
Merci encore à toute la sympathique équipe du Tremplin Jazz de m’avoir permis d’enfin découvrir sous les étoiles cette musique euphorisante avec ses dérives planantes, ses cavalcades speedées et ses mélodies entêtantes que l’on s’est surpris à fredonner avec l’ami Pascal Bussy dans les rues d’Avignon en rentrant à l’hôtel.
Pascal Anquetil|Passage de témoin. Franck Bergerot, mon vieux complice du Tremplin Jazz d’Avignon (depuis 17 ans déjà !), peu convaincu par le projet Supersonic de Thomas de Pourquery, m’a demandé de prendre le relais pour chroniquer son concert du 5 août dans le cadre d’Avignon Jazz Festival. Une sollicitation amicale impossible de refuser, d’autant plus que sa requête s’est transformée en vrai plaisir.
A la fin du concert, sous les voutes du cloître des Carmes, je retrouve Thomas de Pourquery heureux, mais inquiet. Il pointe son index en direction de Franck Bergerot et sa chemise rutilante et me dit : “T’as vu, il y a Franck. Je l’aime beaucoup, mais il a été très critique sur notre projet Supersonic sur le blog et dans les colonnes de Jazz Magazine. Il va nous assassiner !” Je le rassure. ”Pendant le concert, j’étais à côté de lui sur la terrasse qui domine le cloître. Je peux t’assurer qu’il semblait prendre un grand plaisir à vous écouter.” Confirmation dans son blog du 6 août où il avouait franchement qu’il avait “passé, comme tout le monde, un moment formidable avec le Supersonic et ses musiciens.”
Voilà une nouvelle démonstration que c’est live, dans le vif de l’instant, qu’un groupe, un projet peut être vraiment apprécié, jaugé et jugé. Thomas de Pourquery, nous le suivons depuis ses débuts, à travers ses participations au Big Band Lumière, puis dans l’Orchestre national de jazz dirigé par Laurent Cugny. En 2002, j’étais aux côtés de Franck Bergerot quand avec Daniel Zimmermann, il remporta le 1er prix d’orchestre et de soliste au concours de la Défense avec le Pourquery-Zimmermann Quintet qui deviendra ensuite DPZ. On le retrouva avec bonheur dans la fanfare Rigolus, puis le MegaOctet d’Andy Emler. On l’aima en craquant crooner à la voix de velours satiné au sein du Red Star Orchestra. Son projet Supersonic est de fait la première aventure dont il soit le seul capitaine. N’ayant pas eu encore l’occasion d’écouter son dernier album “Sons of Love”, première œuvre dont il soit, de bout en bout, l’écrivain, l’architecte et le catalyseur (le premier disque de Supersonic publié en 2014 “Play Sun Ra” était un hommage au génial gourou saturnien, né Herman Poole Blount), c’est avec des oreilles totalement vierges que j’ai pu découvrir dans la Cité des papes sa nouvelle création, mieux créature, à savoir une musique euphorisante vraiment taillée pour la scène. C’était ce soir-là la dixième fois que Thomas et ses hommes jouaient face à un public ce nouveau programme. Vu la cohésion, la liberté et la complicité du sextet, cela s’est entendu ! Et le public qui leur fit un triomphe ne s’y est pas trompé.
Une nouvelle fois, l’écrin magique du cloître des Carmes se révéla un tremplin idéal pour l’envol de Supersonic dans le ciel d’Avignon enfin rafraîchi par une douce brise, bienvenue après la touffeur accablante des nuits précédentes. Composé de Laurent Bardainne (saxophones), Frederick Galiay (basse), Fabrice Martinez (trompette), Edward Perraud (batterie) et Arnaud Roullin (claviers), cette constellation de pointures fraiches est avant tout une joyeuse confrérie musicale comme il en existe peu aujourd’hui : six amis dans la vie, six frères de son, six “bâtards célestes”( selon les mots de Thomas) qui jouent chacun avec leur personnalité forte et singulière, mais toujours de façon organique au service de l’ensemble. Sur scène, l’orchestre est composé d’une front line de feu (2 sax et une trompette qui savent aussi chanter) et, derrière, une section rythmique infernale drivée par Edward Perraud, beau diable monté sur ressorts, fascinant par sa superbe gestuelle faite de mouvements amples et de grands moulinets dans l’espace. Et tout cet équipage de nous embarquer pendant plus d’une heure dans un voyage intergalactique au carrefour d’une myriade d’influences : jazz, rock progressif, musique répétitive, David Bowie, The Cure, Charles Mingus, Albert Ayler ( merci Laurent Bardainne !) et bien sûr Sun Ra.
La quarantaine triomphante (il est né le 7-07-77), chaussures rouges comme son bec d’alto, barbu type Landru, Thomas le Magnifique nous parle ici d’amour, mais sans jamais tomber dans la niaise béatitude baba cool. C’est que chez lui c’est vraiment du vécu ! Par sa personnalité naturellement généreuse et à travers son saxophone et sa musique, de Pourquery irradie l’énergie la plus solaire. Ce “bouclier sidéral” qu’est selon lui l’amour se mue avec humour et glamour en un flux de tendresse partagée et communicative. Particulièrement dans ses ballades hypnotiques comme Slow Down et Simples Forces qu’il a su faire chanter à tout le public, tout heureux de participer à la fête. Supersonic est vraiment un drôle de vaisseau spatial qui sait apprivoiser le chaos et flirter avec l’extase, mélangeant, sans entraves de styles et de genres, transe et jouissance, intelligence et truculence, comique et cosmique, violence et insouciance, ivresse et tendresse, beauté et générosité. Ce n’est pas si courant !
Merci encore à toute la sympathique équipe du Tremplin Jazz de m’avoir permis d’enfin découvrir sous les étoiles cette musique euphorisante avec ses dérives planantes, ses cavalcades speedées et ses mélodies entêtantes que l’on s’est surpris à fredonner avec l’ami Pascal Bussy dans les rues d’Avignon en rentrant à l’hôtel.
Pascal Anquetil|Passage de témoin. Franck Bergerot, mon vieux complice du Tremplin Jazz d’Avignon (depuis 17 ans déjà !), peu convaincu par le projet Supersonic de Thomas de Pourquery, m’a demandé de prendre le relais pour chroniquer son concert du 5 août dans le cadre d’Avignon Jazz Festival. Une sollicitation amicale impossible de refuser, d’autant plus que sa requête s’est transformée en vrai plaisir.
A la fin du concert, sous les voutes du cloître des Carmes, je retrouve Thomas de Pourquery heureux, mais inquiet. Il pointe son index en direction de Franck Bergerot et sa chemise rutilante et me dit : “T’as vu, il y a Franck. Je l’aime beaucoup, mais il a été très critique sur notre projet Supersonic sur le blog et dans les colonnes de Jazz Magazine. Il va nous assassiner !” Je le rassure. ”Pendant le concert, j’étais à côté de lui sur la terrasse qui domine le cloître. Je peux t’assurer qu’il semblait prendre un grand plaisir à vous écouter.” Confirmation dans son blog du 6 août où il avouait franchement qu’il avait “passé, comme tout le monde, un moment formidable avec le Supersonic et ses musiciens.”
Voilà une nouvelle démonstration que c’est live, dans le vif de l’instant, qu’un groupe, un projet peut être vraiment apprécié, jaugé et jugé. Thomas de Pourquery, nous le suivons depuis ses débuts, à travers ses participations au Big Band Lumière, puis dans l’Orchestre national de jazz dirigé par Laurent Cugny. En 2002, j’étais aux côtés de Franck Bergerot quand avec Daniel Zimmermann, il remporta le 1er prix d’orchestre et de soliste au concours de la Défense avec le Pourquery-Zimmermann Quintet qui deviendra ensuite DPZ. On le retrouva avec bonheur dans la fanfare Rigolus, puis le MegaOctet d’Andy Emler. On l’aima en craquant crooner à la voix de velours satiné au sein du Red Star Orchestra. Son projet Supersonic est de fait la première aventure dont il soit le seul capitaine. N’ayant pas eu encore l’occasion d’écouter son dernier album “Sons of Love”, première œuvre dont il soit, de bout en bout, l’écrivain, l’architecte et le catalyseur (le premier disque de Supersonic publié en 2014 “Play Sun Ra” était un hommage au génial gourou saturnien, né Herman Poole Blount), c’est avec des oreilles totalement vierges que j’ai pu découvrir dans la Cité des papes sa nouvelle création, mieux créature, à savoir une musique euphorisante vraiment taillée pour la scène. C’était ce soir-là la dixième fois que Thomas et ses hommes jouaient face à un public ce nouveau programme. Vu la cohésion, la liberté et la complicité du sextet, cela s’est entendu ! Et le public qui leur fit un triomphe ne s’y est pas trompé.
Une nouvelle fois, l’écrin magique du cloître des Carmes se révéla un tremplin idéal pour l’envol de Supersonic dans le ciel d’Avignon enfin rafraîchi par une douce brise, bienvenue après la touffeur accablante des nuits précédentes. Composé de Laurent Bardainne (saxophones), Frederick Galiay (basse), Fabrice Martinez (trompette), Edward Perraud (batterie) et Arnaud Roullin (claviers), cette constellation de pointures fraiches est avant tout une joyeuse confrérie musicale comme il en existe peu aujourd’hui : six amis dans la vie, six frères de son, six “bâtards célestes”( selon les mots de Thomas) qui jouent chacun avec leur personnalité forte et singulière, mais toujours de façon organique au service de l’ensemble. Sur scène, l’orchestre est composé d’une front line de feu (2 sax et une trompette qui savent aussi chanter) et, derrière, une section rythmique infernale drivée par Edward Perraud, beau diable monté sur ressorts, fascinant par sa superbe gestuelle faite de mouvements amples et de grands moulinets dans l’espace. Et tout cet équipage de nous embarquer pendant plus d’une heure dans un voyage intergalactique au carrefour d’une myriade d’influences : jazz, rock progressif, musique répétitive, David Bowie, The Cure, Charles Mingus, Albert Ayler ( merci Laurent Bardainne !) et bien sûr Sun Ra.
La quarantaine triomphante (il est né le 7-07-77), chaussures rouges comme son bec d’alto, barbu type Landru, Thomas le Magnifique nous parle ici d’amour, mais sans jamais tomber dans la niaise béatitude baba cool. C’est que chez lui c’est vraiment du vécu ! Par sa personnalité naturellement généreuse et à travers son saxophone et sa musique, de Pourquery irradie l’énergie la plus solaire. Ce “bouclier sidéral” qu’est selon lui l’amour se mue avec humour et glamour en un flux de tendresse partagée et communicative. Particulièrement dans ses ballades hypnotiques comme Slow Down et Simples Forces qu’il a su faire chanter à tout le public, tout heureux de participer à la fête. Supersonic est vraiment un drôle de vaisseau spatial qui sait apprivoiser le chaos et flirter avec l’extase, mélangeant, sans entraves de styles et de genres, transe et jouissance, intelligence et truculence, comique et cosmique, violence et insouciance, ivresse et tendresse, beauté et générosité. Ce n’est pas si courant !
Merci encore à toute la sympathique équipe du Tremplin Jazz de m’avoir permis d’enfin découvrir sous les étoiles cette musique euphorisante avec ses dérives planantes, ses cavalcades speedées et ses mélodies entêtantes que l’on s’est surpris à fredonner avec l’ami Pascal Bussy dans les rues d’Avignon en rentrant à l’hôtel.