Dianne Reeves et Stéphane Belmondo à Jazz en Touraine
Dianne Reeves Quintet, jeudi 13 septembre
Stéphane Belmondo Trio « Love for Chet », vendredi 14 septembre
Festival Jazz en Touraine, Montlouis sur Loire, 14 et 15 septembre
En ce jour d’ouverture du 31e Festival Jazz en Touraine Dianne Reeves était attendue comme une reine sur la grande scène de l’Espace Ligeria de Montlouis s/Loire, près de Tours. Peu avant, j’ai malheureusement manqué le quartette « At Work » de Géraldine Laurent (Paul Lay, Donald Kontomanou, Yoni Zelnik) qui se produisait à quelques mètres de là au Magic Mirrors. Avec ces deux scènes auxquelles il faut ajouter celle, en plein air, qui jouxte le Village Gourmand et présente un programme off, ce ne sont pas moins de 35 groupes qui sont attendus jusqu’au dimanche 24 à Montlouis, sans compter les concerts délocalisés dans plusieurs communes d’Indre-et-Loire d’Esvres à Noizay, de Saint-Avertin à Vernou sur Brenne, etc.
Un long tour de chauffe pour la rythmique d’abord, son classieux et ambiance groovy, où l’ensemble se cherche un moment mais où chacun se présente à loisir. L’occasion pour moi de découvrir, aux côtés de Reginald Veal déjà souvent entendu, l’efficacité de l’écrin qui accueillera la dame. Laquelle arrive presque discrètement et installe d’emblée un climat intimiste et concentré. Finesse de la diction, souplesse de l’articulation, qualité des aigus toujours justes et finement posés (I’ll be loving you), telle se confirme bien Dianne Reeves. Dans la mélopée africanisante qui suit – et dont le titre m’échappe hélas – je suis capté par la montée en régime de l’expression et l’économie avec laquelle la chanteuse met en œuvre ses moyens. Une couleur dominante s’installe bientôt – ambiances calmes, tempos plutôt lents – au fil de morceaux presque systématiquement introduits en solo ou duos puis développés en crescendos inéluctables où l’énergie se cristallise. C’est ainsi que Peter Martin révèle une riche palette de couleurs dont il use avec un phrasé délicat, pour introduire une belle version d’Infant Eyes (Wayne Shorter). Le traitement vocal est remarquable, notamment dans les redoutables sauts ascendants qui parsèment le thème et qui à eux seuls incarnent la sonorité du saxophoniste et compositeur. Moins captivé par la ballade soul, accumulation de formules plus banales, je me laisse porter par la suivante, introduite en duo avec l’excellent guitariste brésilien Romero Lubambo (I’m In Love Again) et un peu plus encore par une reprise décalée et surprenante de Susan (Leonard Cohen). Plus loin, mon plaisir n’est pas mince de voir Reginald Veal passer à la contrebasse, et affirmer les qualités qu’on lui connaît en introduisant une longue séquence blues, prenante et habitée. A partir de ce moment pour moi, l’intérêt faiblira un peu du fait d’un système de jeu devenu prévisible, et d’une communication qui ne soucie pas d’originalité, à partir d’un constat facile à partager sur l’état du monde et la nécessité de nous aimer tous. Bientôt les portables allumés d’un public doucement galvanisé dodelinent dans l’obscurité, au terme d’un concert qui ne m’aura ni déçu ni transporté.
Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b), Terreon Gully (d).
Pour le trio acoustique de Stéphane Belmondo le lendemain, une salle plus clairsemée que la veille, ce dont on ne s’étonnera pas tout en regrettant toujours la désaffection – relative tout de même – que peut susciter une initiative somme toute courageuse de programmation instrumentale dans un festival destiné au grand public. Fine barbe blanche et lunettes noires, le trompettiste se présente (moyennant le remplacement de Jesse van Ruller par Jérôme Barde) dans la formation qui a publié assez récemment « Love for Chet » (Naïve, 2015) et rappelle sa brève rencontre, « tout gamin », avec le trompettiste. On pense par exemple au trio avec NHOP et Doug Raney qui a gravé quelques pépites sur le label Steeple Chase dans les années 1970 (« The touch of your lips »). Mais globalement, l’hommage de Belmondo prend de la distance avec le modèle, ne serait que par l’absence de la voix ou le son de groupe très différent – la guitare de Jérôme Barde, mixée très en avant et parfois légèrement claquante, semble aller vers une confrontation directe avec la ouate et le feutre du bugle du leader, et n’est pas sans me rappeler parfois Marc Ribot dans sa technique et ses éclats passagers. Dès la pièce introductive (Béatrice de Sam Rivers), la trompette se fait funambule et déploie des lignes fournies alimentées par une belle inventivité. Thomas Bramerie, remarquable de bout en bout, occupe avec une douce autorité l’espace laissé vacant par la batterie, la sonorité est aussi pleine que l’attaque est pulpeuse. Chez Stéphane Belmondo, on apprécie tant la maîtrise des inflexions et des courbures, que la vitalité légère du souffle qui colore la ligne mélodique, ou encore la variété des citations dont il truffe le discours : dans la version étonnamment rapide de The Touch of Your Lips, Monk côtoie la Marseillaise….; dans Love for Sale, longuement et assez magistralement introduit par Thomas Bramerie, l’arrangement joue avec le Chameleon d’Hancock ; dans La Chanson d’Hélène (récemment reprise en duo avec Jacky Terrasson) de Philippe Sarde, c’est Gershwin qui surgit en coda. Dans le Seven Steps to Heaven de Miles, quelques beaux risques sont pris collectivement, avant une jolie conclusion composée par … Rita Belmondo (8 ans) et portée par le drive puissant du contrebassiste.
Stéphane Belmondo (tp, flh), Jérôme Barde (g), Thomas Bramerie (b).
Samedi 16 septembre :
Michel Korb & Roland Romanelli 6tet au Magic Mirrors, 19h
Bireli Lagrène Acoustic 4tet à l’Espace Ligeria, 21h
Dimanche 17 septembre
Le Bal des Martine au Magic Mirrors, 11h30
Programme complet sur www.jazzentouraine.com|Dianne Reeves Quintet, jeudi 13 septembre
Stéphane Belmondo Trio « Love for Chet », vendredi 14 septembre
Festival Jazz en Touraine, Montlouis sur Loire, 14 et 15 septembre
En ce jour d’ouverture du 31e Festival Jazz en Touraine Dianne Reeves était attendue comme une reine sur la grande scène de l’Espace Ligeria de Montlouis s/Loire, près de Tours. Peu avant, j’ai malheureusement manqué le quartette « At Work » de Géraldine Laurent (Paul Lay, Donald Kontomanou, Yoni Zelnik) qui se produisait à quelques mètres de là au Magic Mirrors. Avec ces deux scènes auxquelles il faut ajouter celle, en plein air, qui jouxte le Village Gourmand et présente un programme off, ce ne sont pas moins de 35 groupes qui sont attendus jusqu’au dimanche 24 à Montlouis, sans compter les concerts délocalisés dans plusieurs communes d’Indre-et-Loire d’Esvres à Noizay, de Saint-Avertin à Vernou sur Brenne, etc.
Un long tour de chauffe pour la rythmique d’abord, son classieux et ambiance groovy, où l’ensemble se cherche un moment mais où chacun se présente à loisir. L’occasion pour moi de découvrir, aux côtés de Reginald Veal déjà souvent entendu, l’efficacité de l’écrin qui accueillera la dame. Laquelle arrive presque discrètement et installe d’emblée un climat intimiste et concentré. Finesse de la diction, souplesse de l’articulation, qualité des aigus toujours justes et finement posés (I’ll be loving you), telle se confirme bien Dianne Reeves. Dans la mélopée africanisante qui suit – et dont le titre m’échappe hélas – je suis capté par la montée en régime de l’expression et l’économie avec laquelle la chanteuse met en œuvre ses moyens. Une couleur dominante s’installe bientôt – ambiances calmes, tempos plutôt lents – au fil de morceaux presque systématiquement introduits en solo ou duos puis développés en crescendos inéluctables où l’énergie se cristallise. C’est ainsi que Peter Martin révèle une riche palette de couleurs dont il use avec un phrasé délicat, pour introduire une belle version d’Infant Eyes (Wayne Shorter). Le traitement vocal est remarquable, notamment dans les redoutables sauts ascendants qui parsèment le thème et qui à eux seuls incarnent la sonorité du saxophoniste et compositeur. Moins captivé par la ballade soul, accumulation de formules plus banales, je me laisse porter par la suivante, introduite en duo avec l’excellent guitariste brésilien Romero Lubambo (I’m In Love Again) et un peu plus encore par une reprise décalée et surprenante de Susan (Leonard Cohen). Plus loin, mon plaisir n’est pas mince de voir Reginald Veal passer à la contrebasse, et affirmer les qualités qu’on lui connaît en introduisant une longue séquence blues, prenante et habitée. A partir de ce moment pour moi, l’intérêt faiblira un peu du fait d’un système de jeu devenu prévisible, et d’une communication qui ne soucie pas d’originalité, à partir d’un constat facile à partager sur l’état du monde et la nécessité de nous aimer tous. Bientôt les portables allumés d’un public doucement galvanisé dodelinent dans l’obscurité, au terme d’un concert qui ne m’aura ni déçu ni transporté.
Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b), Terreon Gully (d).
Pour le trio acoustique de Stéphane Belmondo le lendemain, une salle plus clairsemée que la veille, ce dont on ne s’étonnera pas tout en regrettant toujours la désaffection – relative tout de même – que peut susciter une initiative somme toute courageuse de programmation instrumentale dans un festival destiné au grand public. Fine barbe blanche et lunettes noires, le trompettiste se présente (moyennant le remplacement de Jesse van Ruller par Jérôme Barde) dans la formation qui a publié assez récemment « Love for Chet » (Naïve, 2015) et rappelle sa brève rencontre, « tout gamin », avec le trompettiste. On pense par exemple au trio avec NHOP et Doug Raney qui a gravé quelques pépites sur le label Steeple Chase dans les années 1970 (« The touch of your lips »). Mais globalement, l’hommage de Belmondo prend de la distance avec le modèle, ne serait que par l’absence de la voix ou le son de groupe très différent – la guitare de Jérôme Barde, mixée très en avant et parfois légèrement claquante, semble aller vers une confrontation directe avec la ouate et le feutre du bugle du leader, et n’est pas sans me rappeler parfois Marc Ribot dans sa technique et ses éclats passagers. Dès la pièce introductive (Béatrice de Sam Rivers), la trompette se fait funambule et déploie des lignes fournies alimentées par une belle inventivité. Thomas Bramerie, remarquable de bout en bout, occupe avec une douce autorité l’espace laissé vacant par la batterie, la sonorité est aussi pleine que l’attaque est pulpeuse. Chez Stéphane Belmondo, on apprécie tant la maîtrise des inflexions et des courbures, que la vitalité légère du souffle qui colore la ligne mélodique, ou encore la variété des citations dont il truffe le discours : dans la version étonnamment rapide de The Touch of Your Lips, Monk côtoie la Marseillaise….; dans Love for Sale, longuement et assez magistralement introduit par Thomas Bramerie, l’arrangement joue avec le Chameleon d’Hancock ; dans La Chanson d’Hélène (récemment reprise en duo avec Jacky Terrasson) de Philippe Sarde, c’est Gershwin qui surgit en coda. Dans le Seven Steps to Heaven de Miles, quelques beaux risques sont pris collectivement, avant une jolie conclusion composée par … Rita Belmondo (8 ans) et portée par le drive puissant du contrebassiste.
Stéphane Belmondo (tp, flh), Jérôme Barde (g), Thomas Bramerie (b).
Samedi 16 septembre :
Michel Korb & Roland Romanelli 6tet au Magic Mirrors, 19h
Bireli Lagrène Acoustic 4tet à l’Espace Ligeria, 21h
Dimanche 17 septembre
Le Bal des Martine au Magic Mirrors, 11h30
Programme complet sur www.jazzentouraine.com|Dianne Reeves Quintet, jeudi 13 septembre
Stéphane Belmondo Trio « Love for Chet », vendredi 14 septembre
Festival Jazz en Touraine, Montlouis sur Loire, 14 et 15 septembre
En ce jour d’ouverture du 31e Festival Jazz en Touraine Dianne Reeves était attendue comme une reine sur la grande scène de l’Espace Ligeria de Montlouis s/Loire, près de Tours. Peu avant, j’ai malheureusement manqué le quartette « At Work » de Géraldine Laurent (Paul Lay, Donald Kontomanou, Yoni Zelnik) qui se produisait à quelques mètres de là au Magic Mirrors. Avec ces deux scènes auxquelles il faut ajouter celle, en plein air, qui jouxte le Village Gourmand et présente un programme off, ce ne sont pas moins de 35 groupes qui sont attendus jusqu’au dimanche 24 à Montlouis, sans compter les concerts délocalisés dans plusieurs communes d’Indre-et-Loire d’Esvres à Noizay, de Saint-Avertin à Vernou sur Brenne, etc.
Un long tour de chauffe pour la rythmique d’abord, son classieux et ambiance groovy, où l’ensemble se cherche un moment mais où chacun se présente à loisir. L’occasion pour moi de découvrir, aux côtés de Reginald Veal déjà souvent entendu, l’efficacité de l’écrin qui accueillera la dame. Laquelle arrive presque discrètement et installe d’emblée un climat intimiste et concentré. Finesse de la diction, souplesse de l’articulation, qualité des aigus toujours justes et finement posés (I’ll be loving you), telle se confirme bien Dianne Reeves. Dans la mélopée africanisante qui suit – et dont le titre m’échappe hélas – je suis capté par la montée en régime de l’expression et l’économie avec laquelle la chanteuse met en œuvre ses moyens. Une couleur dominante s’installe bientôt – ambiances calmes, tempos plutôt lents – au fil de morceaux presque systématiquement introduits en solo ou duos puis développés en crescendos inéluctables où l’énergie se cristallise. C’est ainsi que Peter Martin révèle une riche palette de couleurs dont il use avec un phrasé délicat, pour introduire une belle version d’Infant Eyes (Wayne Shorter). Le traitement vocal est remarquable, notamment dans les redoutables sauts ascendants qui parsèment le thème et qui à eux seuls incarnent la sonorité du saxophoniste et compositeur. Moins captivé par la ballade soul, accumulation de formules plus banales, je me laisse porter par la suivante, introduite en duo avec l’excellent guitariste brésilien Romero Lubambo (I’m In Love Again) et un peu plus encore par une reprise décalée et surprenante de Susan (Leonard Cohen). Plus loin, mon plaisir n’est pas mince de voir Reginald Veal passer à la contrebasse, et affirmer les qualités qu’on lui connaît en introduisant une longue séquence blues, prenante et habitée. A partir de ce moment pour moi, l’intérêt faiblira un peu du fait d’un système de jeu devenu prévisible, et d’une communication qui ne soucie pas d’originalité, à partir d’un constat facile à partager sur l’état du monde et la nécessité de nous aimer tous. Bientôt les portables allumés d’un public doucement galvanisé dodelinent dans l’obscurité, au terme d’un concert qui ne m’aura ni déçu ni transporté.
Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b), Terreon Gully (d).
Pour le trio acoustique de Stéphane Belmondo le lendemain, une salle plus clairsemée que la veille, ce dont on ne s’étonnera pas tout en regrettant toujours la désaffection – relative tout de même – que peut susciter une initiative somme toute courageuse de programmation instrumentale dans un festival destiné au grand public. Fine barbe blanche et lunettes noires, le trompettiste se présente (moyennant le remplacement de Jesse van Ruller par Jérôme Barde) dans la formation qui a publié assez récemment « Love for Chet » (Naïve, 2015) et rappelle sa brève rencontre, « tout gamin », avec le trompettiste. On pense par exemple au trio avec NHOP et Doug Raney qui a gravé quelques pépites sur le label Steeple Chase dans les années 1970 (« The touch of your lips »). Mais globalement, l’hommage de Belmondo prend de la distance avec le modèle, ne serait que par l’absence de la voix ou le son de groupe très différent – la guitare de Jérôme Barde, mixée très en avant et parfois légèrement claquante, semble aller vers une confrontation directe avec la ouate et le feutre du bugle du leader, et n’est pas sans me rappeler parfois Marc Ribot dans sa technique et ses éclats passagers. Dès la pièce introductive (Béatrice de Sam Rivers), la trompette se fait funambule et déploie des lignes fournies alimentées par une belle inventivité. Thomas Bramerie, remarquable de bout en bout, occupe avec une douce autorité l’espace laissé vacant par la batterie, la sonorité est aussi pleine que l’attaque est pulpeuse. Chez Stéphane Belmondo, on apprécie tant la maîtrise des inflexions et des courbures, que la vitalité légère du souffle qui colore la ligne mélodique, ou encore la variété des citations dont il truffe le discours : dans la version étonnamment rapide de The Touch of Your Lips, Monk côtoie la Marseillaise….; dans Love for Sale, longuement et assez magistralement introduit par Thomas Bramerie, l’arrangement joue avec le Chameleon d’Hancock ; dans La Chanson d’Hélène (récemment reprise en duo avec Jacky Terrasson) de Philippe Sarde, c’est Gershwin qui surgit en coda. Dans le Seven Steps to Heaven de Miles, quelques beaux risques sont pris collectivement, avant une jolie conclusion composée par … Rita Belmondo (8 ans) et portée par le drive puissant du contrebassiste.
Stéphane Belmondo (tp, flh), Jérôme Barde (g), Thomas Bramerie (b).
Samedi 16 septembre :
Michel Korb & Roland Romanelli 6tet au Magic Mirrors, 19h
Bireli Lagrène Acoustic 4tet à l’Espace Ligeria, 21h
Dimanche 17 septembre
Le Bal des Martine au Magic Mirrors, 11h30
Programme complet sur www.jazzentouraine.com|Dianne Reeves Quintet, jeudi 13 septembre
Stéphane Belmondo Trio « Love for Chet », vendredi 14 septembre
Festival Jazz en Touraine, Montlouis sur Loire, 14 et 15 septembre
En ce jour d’ouverture du 31e Festival Jazz en Touraine Dianne Reeves était attendue comme une reine sur la grande scène de l’Espace Ligeria de Montlouis s/Loire, près de Tours. Peu avant, j’ai malheureusement manqué le quartette « At Work » de Géraldine Laurent (Paul Lay, Donald Kontomanou, Yoni Zelnik) qui se produisait à quelques mètres de là au Magic Mirrors. Avec ces deux scènes auxquelles il faut ajouter celle, en plein air, qui jouxte le Village Gourmand et présente un programme off, ce ne sont pas moins de 35 groupes qui sont attendus jusqu’au dimanche 24 à Montlouis, sans compter les concerts délocalisés dans plusieurs communes d’Indre-et-Loire d’Esvres à Noizay, de Saint-Avertin à Vernou sur Brenne, etc.
Un long tour de chauffe pour la rythmique d’abord, son classieux et ambiance groovy, où l’ensemble se cherche un moment mais où chacun se présente à loisir. L’occasion pour moi de découvrir, aux côtés de Reginald Veal déjà souvent entendu, l’efficacité de l’écrin qui accueillera la dame. Laquelle arrive presque discrètement et installe d’emblée un climat intimiste et concentré. Finesse de la diction, souplesse de l’articulation, qualité des aigus toujours justes et finement posés (I’ll be loving you), telle se confirme bien Dianne Reeves. Dans la mélopée africanisante qui suit – et dont le titre m’échappe hélas – je suis capté par la montée en régime de l’expression et l’économie avec laquelle la chanteuse met en œuvre ses moyens. Une couleur dominante s’installe bientôt – ambiances calmes, tempos plutôt lents – au fil de morceaux presque systématiquement introduits en solo ou duos puis développés en crescendos inéluctables où l’énergie se cristallise. C’est ainsi que Peter Martin révèle une riche palette de couleurs dont il use avec un phrasé délicat, pour introduire une belle version d’Infant Eyes (Wayne Shorter). Le traitement vocal est remarquable, notamment dans les redoutables sauts ascendants qui parsèment le thème et qui à eux seuls incarnent la sonorité du saxophoniste et compositeur. Moins captivé par la ballade soul, accumulation de formules plus banales, je me laisse porter par la suivante, introduite en duo avec l’excellent guitariste brésilien Romero Lubambo (I’m In Love Again) et un peu plus encore par une reprise décalée et surprenante de Susan (Leonard Cohen). Plus loin, mon plaisir n’est pas mince de voir Reginald Veal passer à la contrebasse, et affirmer les qualités qu’on lui connaît en introduisant une longue séquence blues, prenante et habitée. A partir de ce moment pour moi, l’intérêt faiblira un peu du fait d’un système de jeu devenu prévisible, et d’une communication qui ne soucie pas d’originalité, à partir d’un constat facile à partager sur l’état du monde et la nécessité de nous aimer tous. Bientôt les portables allumés d’un public doucement galvanisé dodelinent dans l’obscurité, au terme d’un concert qui ne m’aura ni déçu ni transporté.
Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b), Terreon Gully (d).
Pour le trio acoustique de Stéphane Belmondo le lendemain, une salle plus clairsemée que la veille, ce dont on ne s’étonnera pas tout en regrettant toujours la désaffection – relative tout de même – que peut susciter une initiative somme toute courageuse de programmation instrumentale dans un festival destiné au grand public. Fine barbe blanche et lunettes noires, le trompettiste se présente (moyennant le remplacement de Jesse van Ruller par Jérôme Barde) dans la formation qui a publié assez récemment « Love for Chet » (Naïve, 2015) et rappelle sa brève rencontre, « tout gamin », avec le trompettiste. On pense par exemple au trio avec NHOP et Doug Raney qui a gravé quelques pépites sur le label Steeple Chase dans les années 1970 (« The touch of your lips »). Mais globalement, l’hommage de Belmondo prend de la distance avec le modèle, ne serait que par l’absence de la voix ou le son de groupe très différent – la guitare de Jérôme Barde, mixée très en avant et parfois légèrement claquante, semble aller vers une confrontation directe avec la ouate et le feutre du bugle du leader, et n’est pas sans me rappeler parfois Marc Ribot dans sa technique et ses éclats passagers. Dès la pièce introductive (Béatrice de Sam Rivers), la trompette se fait funambule et déploie des lignes fournies alimentées par une belle inventivité. Thomas Bramerie, remarquable de bout en bout, occupe avec une douce autorité l’espace laissé vacant par la batterie, la sonorité est aussi pleine que l’attaque est pulpeuse. Chez Stéphane Belmondo, on apprécie tant la maîtrise des inflexions et des courbures, que la vitalité légère du souffle qui colore la ligne mélodique, ou encore la variété des citations dont il truffe le discours : dans la version étonnamment rapide de The Touch of Your Lips, Monk côtoie la Marseillaise….; dans Love for Sale, longuement et assez magistralement introduit par Thomas Bramerie, l’arrangement joue avec le Chameleon d’Hancock ; dans La Chanson d’Hélène (récemment reprise en duo avec Jacky Terrasson) de Philippe Sarde, c’est Gershwin qui surgit en coda. Dans le Seven Steps to Heaven de Miles, quelques beaux risques sont pris collectivement, avant une jolie conclusion composée par … Rita Belmondo (8 ans) et portée par le drive puissant du contrebassiste.
Stéphane Belmondo (tp, flh), Jérôme Barde (g), Thomas Bramerie (b).
Samedi 16 septembre :
Michel Korb & Roland Romanelli 6tet au Magic Mirrors, 19h
Bireli Lagrène Acoustic 4tet à l’Espace Ligeria, 21h
Dimanche 17 septembre
Le Bal des Martine au Magic Mirrors, 11h30
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