Respire jazz, Anatomy of a Murder d’Ellington par l’ONJ en effectif réduit
Sur une programmation conçue par Pierre Perchaud, le Respire Jazz Festival dans les Charentes du Sud ouvrait hier 29 juin ses portes au pied de l’abbatiale Saint-Gilles, à Aignes-et-Puypéroux, avec la reprise de la musique de Duke Ellington pour le film Anatomy of a Murder d’Otto Preminger par une petite délégation de l’Orchestra national de jazz. Ce soir 30 juin : l’Olivier Ker Ourio Quartet avec Emmanuel Bex.
Respire Jazz, Aignes-et-Puypéroux (16), le 29 juin.
“Petite Forme” de l’Orchestre National de Jazz Dixcovers : Sylvain Bardiau (trompette, bugle, trombone à pistons), Rémi Dumoulin (Clarinette, saxophones), Matthieu Metzger (saxophones, samples), Yoann Serra (batterie, glockenspiel samplé).
Arrabal : Manolo Gonzalez (bandonéon, piano, chant), Francis Lacarte (bandonéon), Pierre Aubert (violon), Grégoire Catelin (violoncelle), Philippe Parant (guitare électrique), Hugues Maté (contrebasse).
Un éco festival
Respire Jazz, éco festival d’Aignes-et-Puypéroux : jazz et buvette bio, swing et covoiturage. Ça faisait rire il y a encore cinq ans nos économistes qui depuis donnent des leçons de développement durables mais n’ont jamais vu de toilettes sèches de leur vie. Roger Perchaud, après avoir travaillé à l’Équipement, s’est fait maçon, puis à rouvert le bar-épicerie du village de Chalignac. Il y rencontra Philippe Vincent qui, après avoir travaillé pour Musica, premier réseau national de distribution des productions phonographiques indépendantes, créa son propre label de distribution, OMD, puis son propre label Ida Records (Barney Wilen, Louis Sclavis, Enrico Pieranunzi, etc.). À son contact Roger Perchaud approfondit son amour du jazz qu’il communiqua à son fils, Pierre, à travers notamment la découverte de “Sanctuary” de Barney Wilen avec Palle Danielsson et Philip Catherine (1991, Ida). Le monde tourne, mais il est petit. Aujourd’hui, Pierre Perchaud est guitariste de l’ONJ et Philippe Vincent dont le label a disparu dans les années 90 est collaborateur à Jazz Magazine et membre bénévole de l’équipe de Respire Jazz en marge d’un métier purement alimentaire.
Culs de four et mère supérieure
Respire Jazz, c’est d’abord l’envie de Pierre Perchaud de programmer un festival dans son pays d’origine, bientôt relayé par son père, Roger, entre temps devenu boulanger bio pour le compte d’un agriculteur auquel il donne la main une fois son pain cuit et livré. C’est enfin un lieu qui lui a donné accueil, la Maison familiale rurale du Sud Charente, installée dans les bâtiments d’un ancien couvent dont, me dit-on, j’occupe la chambre de la mère supérieure ou (pourquoi par “et”) de l’évêque lorsqu’il était de passage. Le tout sur les vestiges d’une ancienne abbaye dont il reste l’église abbatiale Saint-Gilles dont les “culs de four” apparents de l’extérieur et les ouvertures trahissent une base du XIème siècle maintes fois reaménagée au centre d’une campagne douce et riante. Multitude d’angles et d’abris plus ou mois protégés du vent se proposent d’accueillir scène secondaire, buvette, espace d’exposition et de jam session, promenades…
Anatomie d’un meutre par un petit national en grande forme
Au pied des dortoirs, au raz du réfectoire, Boris Darley, ingé-son régulier de l’ONJ, a installé ses micros sur la scène principale pour trois jours sur une scène découverte (en un pays où l’on fait confiance à la clémence climatique estivale). Auparavant, le cinéma voisin de Montmoreau accueillait Du Mali au Mississippi de Martin Scorsese et le bluesman Gilles Michaud du groupe Blues in the Kitchen donnait une conférence illustrée notamment pas la guitare de Pierre Perchaud. L’ONJ « en petite forme » – ce qui veut dire en effectif réduit (et non pas grippé) –, dans l’un des volets d’une série imaginée par son directeur artistique, Daniel Yvinec, Dixcovers. Ce soir, l’album “Anatomy of a Murder” de Duke Ellington, sur des arrangements dont Rémi Dumoulin, grand praticien du relevé musical, semble largement responsable. Travail énorme que cette réduction passée par la transcription de l’original dans son intégralité avant de procéder à la réduction. Et le résultat est là, sauvegardant le caractère cinétique de la musique, les couleurs de l’orchestre d’Ellington restituées au sein d’un quasi orchestre de chambre admirablement servi dans tous ses détails et contours, par Boris Darley et où, des effets de sourdines et de growls tels qu’ils survivent dans la trompette très contemporaine de Sylvain Bardiau au solo de batterie de Yoann Serra évoquant Sam Woodyard, l’évocation et l’émulation ne sont jamais copie conforme, mais fraîcheur, vivacité et invention, la matière d’Ellington fournissant motifs et lignes de conduite permettant l’évitement de l’écueil fréquent des sections de vent sans soutien harmonique, qui se figent dans des ostinatos et des fonds harmoniques vains et paralysants alors que l’écriture d’Ellington est mobilité, fraîcheur et couleurs.
Tango
Peut-être faudrait-il reprendre le vocabulaire ellingtonien de la couleur pour relater la prestation de l’orchestre de tango Arrabal, mais mon absence de compétence dans ce domaine m’interdit d’en dire plus que mentionner le charme de compositions où je crois reconnaître la patte d’Astor Piazzolla (partitions originales et procédés empruntés), avec un violoniste qui a du jazz dans les doigts (Pierre Aubert) et un guitariste qui fut l’un des profs de Pierre Perchaud.
Jam
Après quoi l’on se transporta à la buvette pour un bœuf autour du « Noctambule Band » constitué d’élèves de l’école de Didier Lockwood. J’y reviendrai car ils joueront ces deux après-midi à venir à 17h et parce qu’il y aura d’autres bœufs.
Franck Bergerot
Programmes :
Ce soir, 30 juin : Le Noctambule Band (17h), le trio sax/guitare/Batterie The Drops (18h), le pianiste allemand Sebastian Sternal que nous avions déjà salué pour sa formidable présence au sein du quartette du saxophoniste Max Bender (21h), Olivier Ker Ourio Quartet avec Emmanuel Bex, Pierre Perchaud et Yoann Serra (vers 22h30).
Demain soir, 1er juillet : Noctambule Band (17h), le quartette du saxophoniste Fred Borey avec la pianiste Camelia Ben Naceur (18), la chanteuse Susanne Abbuehl et le pianiste Stephan Oliva (piano), jazz et flamenco avec La Escoucha Interior de la danseuse Karine Gonzalez et le quartette du pianiste Julien Lallier.
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Sur une programmation conçue par Pierre Perchaud, le Respire Jazz Festival dans les Charentes du Sud ouvrait hier 29 juin ses portes au pied de l’abbatiale Saint-Gilles, à Aignes-et-Puypéroux, avec la reprise de la musique de Duke Ellington pour le film Anatomy of a Murder d’Otto Preminger par une petite délégation de l’Orchestra national de jazz. Ce soir 30 juin : l’Olivier Ker Ourio Quartet avec Emmanuel Bex.
Respire Jazz, Aignes-et-Puypéroux (16), le 29 juin.
“Petite Forme” de l’Orchestre National de Jazz Dixcovers : Sylvain Bardiau (trompette, bugle, trombone à pistons), Rémi Dumoulin (Clarinette, saxophones), Matthieu Metzger (saxophones, samples), Yoann Serra (batterie, glockenspiel samplé).
Arrabal : Manolo Gonzalez (bandonéon, piano, chant), Francis Lacarte (bandonéon), Pierre Aubert (violon), Grégoire Catelin (violoncelle), Philippe Parant (guitare électrique), Hugues Maté (contrebasse).
Un éco festival
Respire Jazz, éco festival d’Aignes-et-Puypéroux : jazz et buvette bio, swing et covoiturage. Ça faisait rire il y a encore cinq ans nos économistes qui depuis donnent des leçons de développement durables mais n’ont jamais vu de toilettes sèches de leur vie. Roger Perchaud, après avoir travaillé à l’Équipement, s’est fait maçon, puis à rouvert le bar-épicerie du village de Chalignac. Il y rencontra Philippe Vincent qui, après avoir travaillé pour Musica, premier réseau national de distribution des productions phonographiques indépendantes, créa son propre label de distribution, OMD, puis son propre label Ida Records (Barney Wilen, Louis Sclavis, Enrico Pieranunzi, etc.). À son contact Roger Perchaud approfondit son amour du jazz qu’il communiqua à son fils, Pierre, à travers notamment la découverte de “Sanctuary” de Barney Wilen avec Palle Danielsson et Philip Catherine (1991, Ida). Le monde tourne, mais il est petit. Aujourd’hui, Pierre Perchaud est guitariste de l’ONJ et Philippe Vincent dont le label a disparu dans les années 90 est collaborateur à Jazz Magazine et membre bénévole de l’équipe de Respire Jazz en marge d’un métier purement alimentaire.
Culs de four et mère supérieure
Respire Jazz, c’est d’abord l’envie de Pierre Perchaud de programmer un festival dans son pays d’origine, bientôt relayé par son père, Roger, entre temps devenu boulanger bio pour le compte d’un agriculteur auquel il donne la main une fois son pain cuit et livré. C’est enfin un lieu qui lui a donné accueil, la Maison familiale rurale du Sud Charente, installée dans les bâtiments d’un ancien couvent dont, me dit-on, j’occupe la chambre de la mère supérieure ou (pourquoi par “et”) de l’évêque lorsqu’il était de passage. Le tout sur les vestiges d’une ancienne abbaye dont il reste l’église abbatiale Saint-Gilles dont les “culs de four” apparents de l’extérieur et les ouvertures trahissent une base du XIème siècle maintes fois reaménagée au centre d’une campagne douce et riante. Multitude d’angles et d’abris plus ou mois protégés du vent se proposent d’accueillir scène secondaire, buvette, espace d’exposition et de jam session, promenades…
Anatomie d’un meutre par un petit national en grande forme
Au pied des dortoirs, au raz du réfectoire, Boris Darley, ingé-son régulier de l’ONJ, a installé ses micros sur la scène principale pour trois jours sur une scène découverte (en un pays où l’on fait confiance à la clémence climatique estivale). Auparavant, le cinéma voisin de Montmoreau accueillait Du Mali au Mississippi de Martin Scorsese et le bluesman Gilles Michaud du groupe Blues in the Kitchen donnait une conférence illustrée notamment pas la guitare de Pierre Perchaud. L’ONJ « en petite forme » – ce qui veut dire en effectif réduit (et non pas grippé) –, dans l’un des volets d’une série imaginée par son directeur artistique, Daniel Yvinec, Dixcovers. Ce soir, l’album “Anatomy of a Murder” de Duke Ellington, sur des arrangements dont Rémi Dumoulin, grand praticien du relevé musical, semble largement responsable. Travail énorme que cette réduction passée par la transcription de l’original dans son intégralité avant de procéder à la réduction. Et le résultat est là, sauvegardant le caractère cinétique de la musique, les couleurs de l’orchestre d’Ellington restituées au sein d’un quasi orchestre de chambre admirablement servi dans tous ses détails et contours, par Boris Darley et où, des effets de sourdines et de growls tels qu’ils survivent dans la trompette très contemporaine de Sylvain Bardiau au solo de batterie de Yoann Serra évoquant Sam Woodyard, l’évocation et l’émulation ne sont jamais copie conforme, mais fraîcheur, vivacité et invention, la matière d’Ellington fournissant motifs et lignes de conduite permettant l’évitement de l’écueil fréquent des sections de vent sans soutien harmonique, qui se figent dans des ostinatos et des fonds harmoniques vains et paralysants alors que l’écriture d’Ellington est mobilité, fraîcheur et couleurs.
Tango
Peut-être faudrait-il reprendre le vocabulaire ellingtonien de la couleur pour relater la prestation de l’orchestre de tango Arrabal, mais mon absence de compétence dans ce domaine m’interdit d’en dire plus que mentionner le charme de compositions où je crois reconnaître la patte d’Astor Piazzolla (partitions originales et procédés empruntés), avec un violoniste qui a du jazz dans les doigts (Pierre Aubert) et un guitariste qui fut l’un des profs de Pierre Perchaud.
Jam
Après quoi l’on se transporta à la buvette pour un bœuf autour du « Noctambule Band » constitué d’élèves de l’école de Didier Lockwood. J’y reviendrai car ils joueront ces deux après-midi à venir à 17h et parce qu’il y aura d’autres bœufs.
Franck Bergerot
Programmes :
Ce soir, 30 juin : Le Noctambule Band (17h), le trio sax/guitare/Batterie The Drops (18h), le pianiste allemand Sebastian Sternal que nous avions déjà salué pour sa formidable présence au sein du quartette du saxophoniste Max Bender (21h), Olivier Ker Ourio Quartet avec Emmanuel Bex, Pierre Perchaud et Yoann Serra (vers 22h30).
Demain soir, 1er juillet : Noctambule Band (17h), le quartette du saxophoniste Fred Borey avec la pianiste Camelia Ben Naceur (18), la chanteuse Susanne Abbuehl et le pianiste Stephan Oliva (piano), jazz et flamenco avec La Escoucha Interior de la danseuse Karine Gonzalez et le quartette du pianiste Julien Lallier.
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Sur une programmation conçue par Pierre Perchaud, le Respire Jazz Festival dans les Charentes du Sud ouvrait hier 29 juin ses portes au pied de l’abbatiale Saint-Gilles, à Aignes-et-Puypéroux, avec la reprise de la musique de Duke Ellington pour le film Anatomy of a Murder d’Otto Preminger par une petite délégation de l’Orchestra national de jazz. Ce soir 30 juin : l’Olivier Ker Ourio Quartet avec Emmanuel Bex.
Respire Jazz, Aignes-et-Puypéroux (16), le 29 juin.
“Petite Forme” de l’Orchestre National de Jazz Dixcovers : Sylvain Bardiau (trompette, bugle, trombone à pistons), Rémi Dumoulin (Clarinette, saxophones), Matthieu Metzger (saxophones, samples), Yoann Serra (batterie, glockenspiel samplé).
Arrabal : Manolo Gonzalez (bandonéon, piano, chant), Francis Lacarte (bandonéon), Pierre Aubert (violon), Grégoire Catelin (violoncelle), Philippe Parant (guitare électrique), Hugues Maté (contrebasse).
Un éco festival
Respire Jazz, éco festival d’Aignes-et-Puypéroux : jazz et buvette bio, swing et covoiturage. Ça faisait rire il y a encore cinq ans nos économistes qui depuis donnent des leçons de développement durables mais n’ont jamais vu de toilettes sèches de leur vie. Roger Perchaud, après avoir travaillé à l’Équipement, s’est fait maçon, puis à rouvert le bar-épicerie du village de Chalignac. Il y rencontra Philippe Vincent qui, après avoir travaillé pour Musica, premier réseau national de distribution des productions phonographiques indépendantes, créa son propre label de distribution, OMD, puis son propre label Ida Records (Barney Wilen, Louis Sclavis, Enrico Pieranunzi, etc.). À son contact Roger Perchaud approfondit son amour du jazz qu’il communiqua à son fils, Pierre, à travers notamment la découverte de “Sanctuary” de Barney Wilen avec Palle Danielsson et Philip Catherine (1991, Ida). Le monde tourne, mais il est petit. Aujourd’hui, Pierre Perchaud est guitariste de l’ONJ et Philippe Vincent dont le label a disparu dans les années 90 est collaborateur à Jazz Magazine et membre bénévole de l’équipe de Respire Jazz en marge d’un métier purement alimentaire.
Culs de four et mère supérieure
Respire Jazz, c’est d’abord l’envie de Pierre Perchaud de programmer un festival dans son pays d’origine, bientôt relayé par son père, Roger, entre temps devenu boulanger bio pour le compte d’un agriculteur auquel il donne la main une fois son pain cuit et livré. C’est enfin un lieu qui lui a donné accueil, la Maison familiale rurale du Sud Charente, installée dans les bâtiments d’un ancien couvent dont, me dit-on, j’occupe la chambre de la mère supérieure ou (pourquoi par “et”) de l’évêque lorsqu’il était de passage. Le tout sur les vestiges d’une ancienne abbaye dont il reste l’église abbatiale Saint-Gilles dont les “culs de four” apparents de l’extérieur et les ouvertures trahissent une base du XIème siècle maintes fois reaménagée au centre d’une campagne douce et riante. Multitude d’angles et d’abris plus ou mois protégés du vent se proposent d’accueillir scène secondaire, buvette, espace d’exposition et de jam session, promenades…
Anatomie d’un meutre par un petit national en grande forme
Au pied des dortoirs, au raz du réfectoire, Boris Darley, ingé-son régulier de l’ONJ, a installé ses micros sur la scène principale pour trois jours sur une scène découverte (en un pays où l’on fait confiance à la clémence climatique estivale). Auparavant, le cinéma voisin de Montmoreau accueillait Du Mali au Mississippi de Martin Scorsese et le bluesman Gilles Michaud du groupe Blues in the Kitchen donnait une conférence illustrée notamment pas la guitare de Pierre Perchaud. L’ONJ « en petite forme » – ce qui veut dire en effectif réduit (et non pas grippé) –, dans l’un des volets d’une série imaginée par son directeur artistique, Daniel Yvinec, Dixcovers. Ce soir, l’album “Anatomy of a Murder” de Duke Ellington, sur des arrangements dont Rémi Dumoulin, grand praticien du relevé musical, semble largement responsable. Travail énorme que cette réduction passée par la transcription de l’original dans son intégralité avant de procéder à la réduction. Et le résultat est là, sauvegardant le caractère cinétique de la musique, les couleurs de l’orchestre d’Ellington restituées au sein d’un quasi orchestre de chambre admirablement servi dans tous ses détails et contours, par Boris Darley et où, des effets de sourdines et de growls tels qu’ils survivent dans la trompette très contemporaine de Sylvain Bardiau au solo de batterie de Yoann Serra évoquant Sam Woodyard, l’évocation et l’émulation ne sont jamais copie conforme, mais fraîcheur, vivacité et invention, la matière d’Ellington fournissant motifs et lignes de conduite permettant l’évitement de l’écueil fréquent des sections de vent sans soutien harmonique, qui se figent dans des ostinatos et des fonds harmoniques vains et paralysants alors que l’écriture d’Ellington est mobilité, fraîcheur et couleurs.
Tango
Peut-être faudrait-il reprendre le vocabulaire ellingtonien de la couleur pour relater la prestation de l’orchestre de tango Arrabal, mais mon absence de compétence dans ce domaine m’interdit d’en dire plus que mentionner le charme de compositions où je crois reconnaître la patte d’Astor Piazzolla (partitions originales et procédés empruntés), avec un violoniste qui a du jazz dans les doigts (Pierre Aubert) et un guitariste qui fut l’un des profs de Pierre Perchaud.
Jam
Après quoi l’on se transporta à la buvette pour un bœuf autour du « Noctambule Band » constitué d’élèves de l’école de Didier Lockwood. J’y reviendrai car ils joueront ces deux après-midi à venir à 17h et parce qu’il y aura d’autres bœufs.
Franck Bergerot
Programmes :
Ce soir, 30 juin : Le Noctambule Band (17h), le trio sax/guitare/Batterie The Drops (18h), le pianiste allemand Sebastian Sternal que nous avions déjà salué pour sa formidable présence au sein du quartette du saxophoniste Max Bender (21h), Olivier Ker Ourio Quartet avec Emmanuel Bex, Pierre Perchaud et Yoann Serra (vers 22h30).
Demain soir, 1er juillet : Noctambule Band (17h), le quartette du saxophoniste Fred Borey avec la pianiste Camelia Ben Naceur (18), la chanteuse Susanne Abbuehl et le pianiste Stephan Oliva (piano), jazz et flamenco avec La Escoucha Interior de la danseuse Karine Gonzalez et le quartette du pianiste Julien Lallier.
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Sur une programmation conçue par Pierre Perchaud, le Respire Jazz Festival dans les Charentes du Sud ouvrait hier 29 juin ses portes au pied de l’abbatiale Saint-Gilles, à Aignes-et-Puypéroux, avec la reprise de la musique de Duke Ellington pour le film Anatomy of a Murder d’Otto Preminger par une petite délégation de l’Orchestra national de jazz. Ce soir 30 juin : l’Olivier Ker Ourio Quartet avec Emmanuel Bex.
Respire Jazz, Aignes-et-Puypéroux (16), le 29 juin.
“Petite Forme” de l’Orchestre National de Jazz Dixcovers : Sylvain Bardiau (trompette, bugle, trombone à pistons), Rémi Dumoulin (Clarinette, saxophones), Matthieu Metzger (saxophones, samples), Yoann Serra (batterie, glockenspiel samplé).
Arrabal : Manolo Gonzalez (bandonéon, piano, chant), Francis Lacarte (bandonéon), Pierre Aubert (violon), Grégoire Catelin (violoncelle), Philippe Parant (guitare électrique), Hugues Maté (contrebasse).
Un éco festival
Respire Jazz, éco festival d’Aignes-et-Puypéroux : jazz et buvette bio, swing et covoiturage. Ça faisait rire il y a encore cinq ans nos économistes qui depuis donnent des leçons de développement durables mais n’ont jamais vu de toilettes sèches de leur vie. Roger Perchaud, après avoir travaillé à l’Équipement, s’est fait maçon, puis à rouvert le bar-épicerie du village de Chalignac. Il y rencontra Philippe Vincent qui, après avoir travaillé pour Musica, premier réseau national de distribution des productions phonographiques indépendantes, créa son propre label de distribution, OMD, puis son propre label Ida Records (Barney Wilen, Louis Sclavis, Enrico Pieranunzi, etc.). À son contact Roger Perchaud approfondit son amour du jazz qu’il communiqua à son fils, Pierre, à travers notamment la découverte de “Sanctuary” de Barney Wilen avec Palle Danielsson et Philip Catherine (1991, Ida). Le monde tourne, mais il est petit. Aujourd’hui, Pierre Perchaud est guitariste de l’ONJ et Philippe Vincent dont le label a disparu dans les années 90 est collaborateur à Jazz Magazine et membre bénévole de l’équipe de Respire Jazz en marge d’un métier purement alimentaire.
Culs de four et mère supérieure
Respire Jazz, c’est d’abord l’envie de Pierre Perchaud de programmer un festival dans son pays d’origine, bientôt relayé par son père, Roger, entre temps devenu boulanger bio pour le compte d’un agriculteur auquel il donne la main une fois son pain cuit et livré. C’est enfin un lieu qui lui a donné accueil, la Maison familiale rurale du Sud Charente, installée dans les bâtiments d’un ancien couvent dont, me dit-on, j’occupe la chambre de la mère supérieure ou (pourquoi par “et”) de l’évêque lorsqu’il était de passage. Le tout sur les vestiges d’une ancienne abbaye dont il reste l’église abbatiale Saint-Gilles dont les “culs de four” apparents de l’extérieur et les ouvertures trahissent une base du XIème siècle maintes fois reaménagée au centre d’une campagne douce et riante. Multitude d’angles et d’abris plus ou mois protégés du vent se proposent d’accueillir scène secondaire, buvette, espace d’exposition et de jam session, promenades…
Anatomie d’un meutre par un petit national en grande forme
Au pied des dortoirs, au raz du réfectoire, Boris Darley, ingé-son régulier de l’ONJ, a installé ses micros sur la scène principale pour trois jours sur une scène découverte (en un pays où l’on fait confiance à la clémence climatique estivale). Auparavant, le cinéma voisin de Montmoreau accueillait Du Mali au Mississippi de Martin Scorsese et le bluesman Gilles Michaud du groupe Blues in the Kitchen donnait une conférence illustrée notamment pas la guitare de Pierre Perchaud. L’ONJ « en petite forme » – ce qui veut dire en effectif réduit (et non pas grippé) –, dans l’un des volets d’une série imaginée par son directeur artistique, Daniel Yvinec, Dixcovers. Ce soir, l’album “Anatomy of a Murder” de Duke Ellington, sur des arrangements dont Rémi Dumoulin, grand praticien du relevé musical, semble largement responsable. Travail énorme que cette réduction passée par la transcription de l’original dans son intégralité avant de procéder à la réduction. Et le résultat est là, sauvegardant le caractère cinétique de la musique, les couleurs de l’orchestre d’Ellington restituées au sein d’un quasi orchestre de chambre admirablement servi dans tous ses détails et contours, par Boris Darley et où, des effets de sourdines et de growls tels qu’ils survivent dans la trompette très contemporaine de Sylvain Bardiau au solo de batterie de Yoann Serra évoquant Sam Woodyard, l’évocation et l’émulation ne sont jamais copie conforme, mais fraîcheur, vivacité et invention, la matière d’Ellington fournissant motifs et lignes de conduite permettant l’évitement de l’écueil fréquent des sections de vent sans soutien harmonique, qui se figent dans des ostinatos et des fonds harmoniques vains et paralysants alors que l’écriture d’Ellington est mobilité, fraîcheur et couleurs.
Tango
Peut-être faudrait-il reprendre le vocabulaire ellingtonien de la couleur pour relater la prestation de l’orchestre de tango Arrabal, mais mon absence de compétence dans ce domaine m’interdit d’en dire plus que mentionner le charme de compositions où je crois reconnaître la patte d’Astor Piazzolla (partitions originales et procédés empruntés), avec un violoniste qui a du jazz dans les doigts (Pierre Aubert) et un guitariste qui fut l’un des profs de Pierre Perchaud.
Jam
Après quoi l’on se transporta à la buvette pour un bœuf autour du « Noctambule Band » constitué d’élèves de l’école de Didier Lockwood. J’y reviendrai car ils joueront ces deux après-midi à venir à 17h et parce qu’il y aura d’autres bœufs.
Franck Bergerot
Programmes :
Ce soir, 30 juin : Le Noctambule Band (17h), le trio sax/guitare/Batterie The Drops (18h), le pianiste allemand Sebastian Sternal que nous avions déjà salué pour sa formidable présence au sein du quartette du saxophoniste Max Bender (21h), Olivier Ker Ourio Quartet avec Emmanuel Bex, Pierre Perchaud et Yoann Serra (vers 22h30).
Demain soir, 1er juillet : Noctambule Band (17h), le quartette du saxophoniste Fred Borey avec la pianiste Camelia Ben Naceur (18), la chanteuse Susanne Abbuehl et le pianiste Stephan Oliva (piano), jazz et flamenco avec La Escoucha Interior de la danseuse Karine Gonzalez et le quartette du pianiste Julien Lallier.