Jazz live
Publié le 3 Août 2012

Tremplin Jazz européen d'Avignon

Le jury du XXIème Tremplin jazz européen d’Avignon se terminait hier, 2 août. Grand prix et prix du public pour groupe germano-polonais Scrootch, prix de composition pour le guitariste Sebastian Böhlen et prix d’instrumentiste pour le batteur Silvio Morger du Volker Engelberth Trio. Les Avignonnais sont attendus ce soir au Cloître des Carmes à 20h30 pour le concert de Pierrick Pédron, dans son programme “Cheerleaders” en grandeur nature avec grande formation. En première partie, le lauréat du Tremplin 2011, le LabTrio.


Cloître des Carmes, XXIème Tremplin jazz européen d’Avignon (84) les 1er et 2 août 2012.


Matthieu Fattalini Quintet (France) : Matthieu Fattalini (trombone), Jérôme Girin (ts), Roberto Negro (piano), Michel Molines (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie).


Gauthier Toux Trio (Suisse) : Gauthier Toux (piano), Emmanuel Hagman (contrebasse), Guillaume Guest (batterie).


Volker Engelberth Trio (Allemagne) : Volker Engelberth (piano), Arne Huber (contrebasse), Silvio Morger (batterie).


Scrootch (Allemagne-Pologne) : Michal Skulksi (sax ténor), René Bornstein (contrebasse), Flo Bublys (batterie).


Pretty Dirty Jazz Gang (France) : Benjamin Garnier (sax, sampler), Nicolas Gardel (guitare électrique), Alexis Nercessian (piano électrique), Rémi Liffran (basse électrique), Florian Chouraqui (batterie, sampler).


Sebastian Böhlen Sextet (Allemagne) : Johannes Böhmer (trompette), Stefan Schmid (saxes ténor et soprano), Volker Engelberth (piano, mélodica), Jakob Dreyer (contrebasse), Hanno Stick (batterie).


XXIème édition et pour moi, la XXème ou XIXème. Un tremplin devenu festival mais qui a su rester centré sur l’objet premier de son fondateur Michel Eymenier, le tremplin, contrairement à la machine électoraliste sarkozienne qu’est devenu le festival de la Défense où le Concours, en dépit de ses palmarès prestigieux, n’est plus qu’une animation gratuite de l’Esplanade, en forme de virgule. De national, le Tremplin jazz d’Avignon est devenu européen, avec le soutien d’une équipe bénévole toujours chaudement remerciée par les concurrents pour son accueil et son dévouement. Un recrutement qui se cherche encore si l’on en juge par la domination allemande. S’il est vrai que l’Allemagne est aujourd’hui très productive à travers ses classes de jazz, il semble aussi que l’on s’y soit passé le mot, un “mot” qui circule encore mal dans le reste de l’Europe.


Les écoles… C’est le sentiment d’assister à un concert d’école, sentiment qui domina le premier soir les délibérations d’un jury présidé par Pascal Bussy (fidèle au tremplin, autrefois avec la melon Warner Jazz, aujourd’hui avec le panama Harmonia Mundi). Qu’est-ce ça cache ? On parla d’absence de fêlure. Pascal Anquetil joua sur les mots fêlures ou failures (erreur en anglais). Un concept tentant, que je ne peux pas repousser, mais qui me laisse toujours un peu sur ma faim. Pour ma part, ce premier soir manqua moins de fêlures, que de grandeur, dans la maîtrise du geste, de l’expression, du jeu, de l’imagination. Ce qui n’exclut pas une certaine perfection, une perfection un peu “scolaire” si l’on veut. Rappelons que les autodidactes, dans le jazz, ne sont pas si courants qu’on le dit. Je préciserais plutôt une perfection “encore scolaire”, ou plutôt “dans ses petits souliers”.


De ce point de vue la formation de Matthieu Fattalini fut une déception, alors même que le tromboniste-leader-compositeur me rappelait hier après la proclamation, d’ailleurs sans aucune amertume, le bien, mesuré, que j’avais écrit du disque “Retour en Sogdiane” (notre numéro 624, novembre 2011). Faute de m’en souvenir, je retrouve les qualités du groupe et de son répertoire en relisant ma chronique, mais un groupe comme paralysé par le contexte avignonnais, dans un manque de contraste, un manque d’élan, un Roberto Negro pas à la hauteur de sa réputation grandissante, et un Nicolas (Charlier), certes puissant et énergique, mais bruyant. Problème de sono. Pas en façade en tout cas, l’ingénieur du son Gaëtan Ortega, connaisseur du cloître depuis des lustres et dans tous ses recoins, tentant vainement de mettre “un peu d’ordre” et de donner un peu de présence à Jérôme Girin et à Roberto Negro, au risque de rajouter encore de la batterie, celle-ci passant par les micros du sax et du piano. Problème de retour ? Ça s’est vu, ici même, avec Dr. Knock et son batteur Philippe Gleizes, puissant et énergique, mais auquel je ne ferais pas la réputation d’être bruyant, qui ce soir-là avait froissé les oreilles du jury… tout simplement parce qu’il n’entendait rien sur scène. Allez donc jeter une oreille au myspace de Matthieu Fattalini : on y trouve tout de même de la musique qui méritera de se refaire entendre.


Gauthier Toux portait la bannière suisse, bien qu’il soit de Chartres… mais il est passé par Lausanne. Là, difficile d’éviter la qualification de “scolaire”. On n’a pas encore 20 ans si j’en crois la date de naissance du programme (le 10 janvier 1993) et ça s’entend. À son âge Ron Carter fréquentait encore la Cass Technical High School et l’Eastman School of Music de Detroit. Ici la question n’est pas encore celle des fêlures que celle des “failures”, les oreilles les plus pointues du jury raturant de rouge sa grille de Darn That Dream. J’ai surtout souffert d’une absence de cohésion du trio et d’un time défaillant qui plomba une longue ballade. Un pianiste encore en friche, mais prometteur… Et à 19 ans, ça va très vite. Rappelons des palmarès du Tremplin où, il n’y a pas si longtemps que ça, l’on récompensait des groupes qui n’arrivaient pas à la cheville de ce programme et où fêlures et failu
res
étaient synonymes.


Et voici le Volker Engelberth Trio. Je ne dispose pas de la date de naissance du pianiste, mais il fait à peine plus âgé. Il a pourtant un beau parcours déjà derrière lui : la classe de jazz de l’école supérieure de musique de Mannheim de 2004 à 2009, des rencontres, notamment avec John Taylor auquel il rend un bel hommage en fin de programme, membre du Bundes Jazz Orchester sous la direction de Peter Herbolzheimer et Bill Dobbins de 2005 à 2008. Les intentions sont fraîches, le trio tourne comme un horloge sans en donner l’impression, le pianiste sort pourtant des sentiers battus, il y a un univers… mais on a encore un peu l’impression d’être à un tremplin jazz… Hé ! C’est normal, c’en est un ! Oui, mais il y a deux jours au studio La Buissonne à gagner, l’un des meilleurs studios européens où, à quelques kilomètres de là, son fondateur Gérard de Haro est en train de terminer un enregistrement de Susanne Abbuehl sous la direction de Manfred Eicher, le patron d’ECM. Deux jours dans un studio comme ça, ça se mérite ! Cependant, le lendemain, à l’heure des votes, on saura se souvenir de ce batteur, Silvio Morger, qui donnait à ce trio toute sa tenue. Prix d’instrumentiste !


Le lendemain, entre sur scène le trio Scrootch. Ils sont trois, sax, basse, batterie Une formule sans piano ni guitare, “sans harmonie” (mais qu’est-ce que ça veut dire ?). Une formule rébarbative répétera-t-on à loisir au cours de cette soirée. « Rébarbative, quoi que », précisera-t-on à leur sujet. Et quoi donc ? Plus de 60 ans après le pianoless quartet de Gerry Mulligan, à peine moins après les évictions de Miles et les trios de Sonny Rollins, plus de quinze ans après la victoire du quartette à deux saxes sans piano d’Éric Pedron et Vincent Artaud à la Défense, l’orchestre sans piano paraîtrait-il encore suspect ? Ce quartette nous saisit immédiatement à la gorge. « On oublia le Tremplin, on se croyait au concert. », dira l’un des membres du jury. Et c’est vrai, on se laissa prendre par ce trio qui multiplia les angles, en dépit d’une dominante que l’on qualifiera de groovy jusqu’au-delà des moments purement funky, jusque dans la ballade, où continuait à briller un saxophone dont l’ardeur le fit qualifier de “breckerien”. Celui-ci frisa, Michal Skulski, le prix de soliste que lui disputa son contrebassiste René Bornstein, au geste héroïque, à la réplique aussi puissante qu’inattendue, avant que Silvio Morger ne leur ravisse la cerise. Le jury attribua le Grand prix du Tremplin à Scrootch, à la quasi unanimité contre l’avis du du plus compétent – vu sous un certain angle – de ses membres. Y avait-il des raisons objectives à lui refuser du point de vue de la pratique musicale ou au contraire, de ce même point de vue, des raisons esthétiques de nature quasi idéologiques. J’ai entendu là, entre René Bornstein et le batteur Flo Bublys, la rythmique la plus cohérente du tremplin, la plus “à l’unisson” du même tempo, avec cependant, ici et là, quelques prises risques frisant… la fêlure ou la failure ? Je dirait la failure, ce sentiment d’excitation qui lui valut le Grand Prix ET Prix du public – et oui, au fil des années, le public d’Avignon a mûri au point de devenir le seul public de concours de jazz à voter comme son jury – venant moins de la fêlure que de cette force d’âme qui lui permet de s’aventurer au-devant du danger au risque de friser la failure. Son batteur en est la cause. Quelques mois supplémentaires de cette entente qu’il partage avec son comparse bassiste, et il n’y paraîtra plus rien. Il sera temps de se rendre alors au Studio La Buissonne et de s’en montrer digne.


Passons rapidement sur la prestation du Pretty Dirty Jazz Gang, erreur de présélection dont il semble avoir été lui-même le premier surpris, sympathique fusion entre copains, au vocabulaire trop court pour prétendre « absorber l’éclectisme musical de leur époque » (car tel est leur programme), plus propret que dirty “côté fêlure”, mais pas très propre “côté failure”. Il n’a pas mérité cette punition d’être comparé à ses concurrents, mais avoir la chance d’être sélectionnés par le Tremplin jazz européen d’Avignon et accueillis sur la scène du cloître des Carmes suppose cette contrepartie, être soumis comme les autres à la critique.


Lui succéda le sextette de Sebastian Böhlen, élève de l’université de Mannheim et de la Manhattan School of Music, passé entre les mains de Phil Markowitz, Jim McNeely et Dave Liebman. Saluons ses comparses qui lui valurent de friser le prix de groupe : Johannes Böhmer trompettiste lyrique et précis, brillant utilisateur des effets de sourdine ; Volker Engelberth, confirmant les promesses de la veille ; Jakob Dreyer dans le mauvais rôle d’un solo de contrebasse qui plomba momentanément la prestation du groupe alors même qu’il faisait un tandem sans failures mais plein d’esprit, avec le batteur Hanno Stick. Reste le saxophoniste, Stefan Schmid, plusieurs fois nommé par le jury comme possible prix de soliste pour son phrasé peu commun et une sonorité qui donnerait du poids à ce concept de fêlure, quelque chose qui nous emmènerait quelque part du côté de Mark Turner et, au-delà, de Warne Marsh, une espèce de bravoure anti-héroïque, d’héroïsme fantômatique où les lames des glaives ne sont pas en acier trempé mais, guère moins tranchant, en pétales de roses (voir son solo sur une difficile Giant Steps embringué sur un improbable ralenti en guise de final à la jam sesssion alors que le jury, sorti de ses délibérations, attendait sur le côté de la scène pour proclamer ses prix). J’ai d’autant mieux apprécié ce bœuf que Roberto Negro – hélas pressé par le jury d’interrompre en plein élan – était en train de lâcher la bride qu’il n’avait pas lâché la veille, sur une rythmique hélas inassortie et que les deux soufflants (Stefan Schmid et Johannes Böhmer), hélas auparavant très contraints pas le répertoire de Sebastian Böhlen, donnaient enfin la mesure de leur talent. Ceci dit non pas pour épingler Böhlen. Mais force est de dire que les partitions pour lesquelles ce dernier remporta le prix de composition (et non le Grand Prix de groupe, qui lui frisa juste la moustache), mettaient moins en valeur les talents d’improvisateur de ses solistes que leur capacité à se mettre au service d’un répertoire. Et quel r

épertoire. À part un cantique, aux vertus très académiques, qui aurait pu faire une aimable virgule mais s’étira à l’excès, Böhlen – par ailleur brillant guitariste dans la lignée de Kurt Rosenwinkel / Adam Rogers – sut mener des narrations orchestrales captivantes où, d’un chapitre à l’autre, il surprend par l’originalité, les angles et les recoins du propos et des couleurs.


Le Tremplin commençait le 31 juillet avec un concert de l’omniprésent Ibrahim Maalouf (mais le spectre de la musique instrumentale est-il donc si étroit pour qu’il accapare ainsi les scènes dites “de jazz”) qui laissa le public partagé, entre un enthousiasme massif de la partie la plus candide et une attitude oscillant entre le doute et rejet franc et minoritaite “des connaisseurs”, parce qu’ils en ont vu d’autres et qu’on ne “la leur fait plus” avec ces histoires de métissages et “quarts de ton”. Ce soir à 20h30, le Tremplin se refait festival et Pierrick Pedron reconstituera sur la scène du Cloître des Carmes, avec la complicité de Francis Grand, directeur de l’école municipale de musique de Sorgues, la fanfare de son projet “Cheerleaders” où Laurent de Wilde remplacera un autre Laurent qui fut membre du jury d’Avignon par le passé, Laurent Coq. En première partie, le gagnant du Tremplin 2011, le LabTrio. Demain à 21h, une soirée “métissage” à mettre à l’épreuve des réactions contrastées du 31 juillet, avec le chanteur tunisien et joueur de oud Dhafer Youssef, soutenu par Kristjan Randalu (piano), Chris Jennings (contrebasse) et Chander Sardjoe (batterie). Final le 5 à 21h avec Elisabeth Kontomanou accompagnée par le pianiste Gustav Karlström.

 

Franck Bergerot

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Le jury du XXIème Tremplin jazz européen d’Avignon se terminait hier, 2 août. Grand prix et prix du public pour groupe germano-polonais Scrootch, prix de composition pour le guitariste Sebastian Böhlen et prix d’instrumentiste pour le batteur Silvio Morger du Volker Engelberth Trio. Les Avignonnais sont attendus ce soir au Cloître des Carmes à 20h30 pour le concert de Pierrick Pédron, dans son programme “Cheerleaders” en grandeur nature avec grande formation. En première partie, le lauréat du Tremplin 2011, le LabTrio.


Cloître des Carmes, XXIème Tremplin jazz européen d’Avignon (84) les 1er et 2 août 2012.


Matthieu Fattalini Quintet (France) : Matthieu Fattalini (trombone), Jérôme Girin (ts), Roberto Negro (piano), Michel Molines (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie).


Gauthier Toux Trio (Suisse) : Gauthier Toux (piano), Emmanuel Hagman (contrebasse), Guillaume Guest (batterie).


Volker Engelberth Trio (Allemagne) : Volker Engelberth (piano), Arne Huber (contrebasse), Silvio Morger (batterie).


Scrootch (Allemagne-Pologne) : Michal Skulksi (sax ténor), René Bornstein (contrebasse), Flo Bublys (batterie).


Pretty Dirty Jazz Gang (France) : Benjamin Garnier (sax, sampler), Nicolas Gardel (guitare électrique), Alexis Nercessian (piano électrique), Rémi Liffran (basse électrique), Florian Chouraqui (batterie, sampler).


Sebastian Böhlen Sextet (Allemagne) : Johannes Böhmer (trompette), Stefan Schmid (saxes ténor et soprano), Volker Engelberth (piano, mélodica), Jakob Dreyer (contrebasse), Hanno Stick (batterie).


XXIème édition et pour moi, la XXème ou XIXème. Un tremplin devenu festival mais qui a su rester centré sur l’objet premier de son fondateur Michel Eymenier, le tremplin, contrairement à la machine électoraliste sarkozienne qu’est devenu le festival de la Défense où le Concours, en dépit de ses palmarès prestigieux, n’est plus qu’une animation gratuite de l’Esplanade, en forme de virgule. De national, le Tremplin jazz d’Avignon est devenu européen, avec le soutien d’une équipe bénévole toujours chaudement remerciée par les concurrents pour son accueil et son dévouement. Un recrutement qui se cherche encore si l’on en juge par la domination allemande. S’il est vrai que l’Allemagne est aujourd’hui très productive à travers ses classes de jazz, il semble aussi que l’on s’y soit passé le mot, un “mot” qui circule encore mal dans le reste de l’Europe.


Les écoles… C’est le sentiment d’assister à un concert d’école, sentiment qui domina le premier soir les délibérations d’un jury présidé par Pascal Bussy (fidèle au tremplin, autrefois avec la melon Warner Jazz, aujourd’hui avec le panama Harmonia Mundi). Qu’est-ce ça cache ? On parla d’absence de fêlure. Pascal Anquetil joua sur les mots fêlures ou failures (erreur en anglais). Un concept tentant, que je ne peux pas repousser, mais qui me laisse toujours un peu sur ma faim. Pour ma part, ce premier soir manqua moins de fêlures, que de grandeur, dans la maîtrise du geste, de l’expression, du jeu, de l’imagination. Ce qui n’exclut pas une certaine perfection, une perfection un peu “scolaire” si l’on veut. Rappelons que les autodidactes, dans le jazz, ne sont pas si courants qu’on le dit. Je préciserais plutôt une perfection “encore scolaire”, ou plutôt “dans ses petits souliers”.


De ce point de vue la formation de Matthieu Fattalini fut une déception, alors même que le tromboniste-leader-compositeur me rappelait hier après la proclamation, d’ailleurs sans aucune amertume, le bien, mesuré, que j’avais écrit du disque “Retour en Sogdiane” (notre numéro 624, novembre 2011). Faute de m’en souvenir, je retrouve les qualités du groupe et de son répertoire en relisant ma chronique, mais un groupe comme paralysé par le contexte avignonnais, dans un manque de contraste, un manque d’élan, un Roberto Negro pas à la hauteur de sa réputation grandissante, et un Nicolas (Charlier), certes puissant et énergique, mais bruyant. Problème de sono. Pas en façade en tout cas, l’ingénieur du son Gaëtan Ortega, connaisseur du cloître depuis des lustres et dans tous ses recoins, tentant vainement de mettre “un peu d’ordre” et de donner un peu de présence à Jérôme Girin et à Roberto Negro, au risque de rajouter encore de la batterie, celle-ci passant par les micros du sax et du piano. Problème de retour ? Ça s’est vu, ici même, avec Dr. Knock et son batteur Philippe Gleizes, puissant et énergique, mais auquel je ne ferais pas la réputation d’être bruyant, qui ce soir-là avait froissé les oreilles du jury… tout simplement parce qu’il n’entendait rien sur scène. Allez donc jeter une oreille au myspace de Matthieu Fattalini : on y trouve tout de même de la musique qui méritera de se refaire entendre.


Gauthier Toux portait la bannière suisse, bien qu’il soit de Chartres… mais il est passé par Lausanne. Là, difficile d’éviter la qualification de “scolaire”. On n’a pas encore 20 ans si j’en crois la date de naissance du programme (le 10 janvier 1993) et ça s’entend. À son âge Ron Carter fréquentait encore la Cass Technical High School et l’Eastman School of Music de Detroit. Ici la question n’est pas encore celle des fêlures que celle des “failures”, les oreilles les plus pointues du jury raturant de rouge sa grille de Darn That Dream. J’ai surtout souffert d’une absence de cohésion du trio et d’un time défaillant qui plomba une longue ballade. Un pianiste encore en friche, mais prometteur… Et à 19 ans, ça va très vite. Rappelons des palmarès du Tremplin où, il n’y a pas si longtemps que ça, l’on récompensait des groupes qui n’arrivaient pas à la cheville de ce programme et où fêlures et failu
res
étaient synonymes.


Et voici le Volker Engelberth Trio. Je ne dispose pas de la date de naissance du pianiste, mais il fait à peine plus âgé. Il a pourtant un beau parcours déjà derrière lui : la classe de jazz de l’école supérieure de musique de Mannheim de 2004 à 2009, des rencontres, notamment avec John Taylor auquel il rend un bel hommage en fin de programme, membre du Bundes Jazz Orchester sous la direction de Peter Herbolzheimer et Bill Dobbins de 2005 à 2008. Les intentions sont fraîches, le trio tourne comme un horloge sans en donner l’impression, le pianiste sort pourtant des sentiers battus, il y a un univers… mais on a encore un peu l’impression d’être à un tremplin jazz… Hé ! C’est normal, c’en est un ! Oui, mais il y a deux jours au studio La Buissonne à gagner, l’un des meilleurs studios européens où, à quelques kilomètres de là, son fondateur Gérard de Haro est en train de terminer un enregistrement de Susanne Abbuehl sous la direction de Manfred Eicher, le patron d’ECM. Deux jours dans un studio comme ça, ça se mérite ! Cependant, le lendemain, à l’heure des votes, on saura se souvenir de ce batteur, Silvio Morger, qui donnait à ce trio toute sa tenue. Prix d’instrumentiste !


Le lendemain, entre sur scène le trio Scrootch. Ils sont trois, sax, basse, batterie Une formule sans piano ni guitare, “sans harmonie” (mais qu’est-ce que ça veut dire ?). Une formule rébarbative répétera-t-on à loisir au cours de cette soirée. « Rébarbative, quoi que », précisera-t-on à leur sujet. Et quoi donc ? Plus de 60 ans après le pianoless quartet de Gerry Mulligan, à peine moins après les évictions de Miles et les trios de Sonny Rollins, plus de quinze ans après la victoire du quartette à deux saxes sans piano d’Éric Pedron et Vincent Artaud à la Défense, l’orchestre sans piano paraîtrait-il encore suspect ? Ce quartette nous saisit immédiatement à la gorge. « On oublia le Tremplin, on se croyait au concert. », dira l’un des membres du jury. Et c’est vrai, on se laissa prendre par ce trio qui multiplia les angles, en dépit d’une dominante que l’on qualifiera de groovy jusqu’au-delà des moments purement funky, jusque dans la ballade, où continuait à briller un saxophone dont l’ardeur le fit qualifier de “breckerien”. Celui-ci frisa, Michal Skulski, le prix de soliste que lui disputa son contrebassiste René Bornstein, au geste héroïque, à la réplique aussi puissante qu’inattendue, avant que Silvio Morger ne leur ravisse la cerise. Le jury attribua le Grand prix du Tremplin à Scrootch, à la quasi unanimité contre l’avis du du plus compétent – vu sous un certain angle – de ses membres. Y avait-il des raisons objectives à lui refuser du point de vue de la pratique musicale ou au contraire, de ce même point de vue, des raisons esthétiques de nature quasi idéologiques. J’ai entendu là, entre René Bornstein et le batteur Flo Bublys, la rythmique la plus cohérente du tremplin, la plus “à l’unisson” du même tempo, avec cependant, ici et là, quelques prises risques frisant… la fêlure ou la failure ? Je dirait la failure, ce sentiment d’excitation qui lui valut le Grand Prix ET Prix du public – et oui, au fil des années, le public d’Avignon a mûri au point de devenir le seul public de concours de jazz à voter comme son jury – venant moins de la fêlure que de cette force d’âme qui lui permet de s’aventurer au-devant du danger au risque de friser la failure. Son batteur en est la cause. Quelques mois supplémentaires de cette entente qu’il partage avec son comparse bassiste, et il n’y paraîtra plus rien. Il sera temps de se rendre alors au Studio La Buissonne et de s’en montrer digne.


Passons rapidement sur la prestation du Pretty Dirty Jazz Gang, erreur de présélection dont il semble avoir été lui-même le premier surpris, sympathique fusion entre copains, au vocabulaire trop court pour prétendre « absorber l’éclectisme musical de leur époque » (car tel est leur programme), plus propret que dirty “côté fêlure”, mais pas très propre “côté failure”. Il n’a pas mérité cette punition d’être comparé à ses concurrents, mais avoir la chance d’être sélectionnés par le Tremplin jazz européen d’Avignon et accueillis sur la scène du cloître des Carmes suppose cette contrepartie, être soumis comme les autres à la critique.


Lui succéda le sextette de Sebastian Böhlen, élève de l’université de Mannheim et de la Manhattan School of Music, passé entre les mains de Phil Markowitz, Jim McNeely et Dave Liebman. Saluons ses comparses qui lui valurent de friser le prix de groupe : Johannes Böhmer trompettiste lyrique et précis, brillant utilisateur des effets de sourdine ; Volker Engelberth, confirmant les promesses de la veille ; Jakob Dreyer dans le mauvais rôle d’un solo de contrebasse qui plomba momentanément la prestation du groupe alors même qu’il faisait un tandem sans failures mais plein d’esprit, avec le batteur Hanno Stick. Reste le saxophoniste, Stefan Schmid, plusieurs fois nommé par le jury comme possible prix de soliste pour son phrasé peu commun et une sonorité qui donnerait du poids à ce concept de fêlure, quelque chose qui nous emmènerait quelque part du côté de Mark Turner et, au-delà, de Warne Marsh, une espèce de bravoure anti-héroïque, d’héroïsme fantômatique où les lames des glaives ne sont pas en acier trempé mais, guère moins tranchant, en pétales de roses (voir son solo sur une difficile Giant Steps embringué sur un improbable ralenti en guise de final à la jam sesssion alors que le jury, sorti de ses délibérations, attendait sur le côté de la scène pour proclamer ses prix). J’ai d’autant mieux apprécié ce bœuf que Roberto Negro – hélas pressé par le jury d’interrompre en plein élan – était en train de lâcher la bride qu’il n’avait pas lâché la veille, sur une rythmique hélas inassortie et que les deux soufflants (Stefan Schmid et Johannes Böhmer), hélas auparavant très contraints pas le répertoire de Sebastian Böhlen, donnaient enfin la mesure de leur talent. Ceci dit non pas pour épingler Böhlen. Mais force est de dire que les partitions pour lesquelles ce dernier remporta le prix de composition (et non le Grand Prix de groupe, qui lui frisa juste la moustache), mettaient moins en valeur les talents d’improvisateur de ses solistes que leur capacité à se mettre au service d’un répertoire. Et quel r

épertoire. À part un cantique, aux vertus très académiques, qui aurait pu faire une aimable virgule mais s’étira à l’excès, Böhlen – par ailleur brillant guitariste dans la lignée de Kurt Rosenwinkel / Adam Rogers – sut mener des narrations orchestrales captivantes où, d’un chapitre à l’autre, il surprend par l’originalité, les angles et les recoins du propos et des couleurs.


Le Tremplin commençait le 31 juillet avec un concert de l’omniprésent Ibrahim Maalouf (mais le spectre de la musique instrumentale est-il donc si étroit pour qu’il accapare ainsi les scènes dites “de jazz”) qui laissa le public partagé, entre un enthousiasme massif de la partie la plus candide et une attitude oscillant entre le doute et rejet franc et minoritaite “des connaisseurs”, parce qu’ils en ont vu d’autres et qu’on ne “la leur fait plus” avec ces histoires de métissages et “quarts de ton”. Ce soir à 20h30, le Tremplin se refait festival et Pierrick Pedron reconstituera sur la scène du Cloître des Carmes, avec la complicité de Francis Grand, directeur de l’école municipale de musique de Sorgues, la fanfare de son projet “Cheerleaders” où Laurent de Wilde remplacera un autre Laurent qui fut membre du jury d’Avignon par le passé, Laurent Coq. En première partie, le gagnant du Tremplin 2011, le LabTrio. Demain à 21h, une soirée “métissage” à mettre à l’épreuve des réactions contrastées du 31 juillet, avec le chanteur tunisien et joueur de oud Dhafer Youssef, soutenu par Kristjan Randalu (piano), Chris Jennings (contrebasse) et Chander Sardjoe (batterie). Final le 5 à 21h avec Elisabeth Kontomanou accompagnée par le pianiste Gustav Karlström.

 

Franck Bergerot

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Le jury du XXIème Tremplin jazz européen d’Avignon se terminait hier, 2 août. Grand prix et prix du public pour groupe germano-polonais Scrootch, prix de composition pour le guitariste Sebastian Böhlen et prix d’instrumentiste pour le batteur Silvio Morger du Volker Engelberth Trio. Les Avignonnais sont attendus ce soir au Cloître des Carmes à 20h30 pour le concert de Pierrick Pédron, dans son programme “Cheerleaders” en grandeur nature avec grande formation. En première partie, le lauréat du Tremplin 2011, le LabTrio.


Cloître des Carmes, XXIème Tremplin jazz européen d’Avignon (84) les 1er et 2 août 2012.


Matthieu Fattalini Quintet (France) : Matthieu Fattalini (trombone), Jérôme Girin (ts), Roberto Negro (piano), Michel Molines (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie).


Gauthier Toux Trio (Suisse) : Gauthier Toux (piano), Emmanuel Hagman (contrebasse), Guillaume Guest (batterie).


Volker Engelberth Trio (Allemagne) : Volker Engelberth (piano), Arne Huber (contrebasse), Silvio Morger (batterie).


Scrootch (Allemagne-Pologne) : Michal Skulksi (sax ténor), René Bornstein (contrebasse), Flo Bublys (batterie).


Pretty Dirty Jazz Gang (France) : Benjamin Garnier (sax, sampler), Nicolas Gardel (guitare électrique), Alexis Nercessian (piano électrique), Rémi Liffran (basse électrique), Florian Chouraqui (batterie, sampler).


Sebastian Böhlen Sextet (Allemagne) : Johannes Böhmer (trompette), Stefan Schmid (saxes ténor et soprano), Volker Engelberth (piano, mélodica), Jakob Dreyer (contrebasse), Hanno Stick (batterie).


XXIème édition et pour moi, la XXème ou XIXème. Un tremplin devenu festival mais qui a su rester centré sur l’objet premier de son fondateur Michel Eymenier, le tremplin, contrairement à la machine électoraliste sarkozienne qu’est devenu le festival de la Défense où le Concours, en dépit de ses palmarès prestigieux, n’est plus qu’une animation gratuite de l’Esplanade, en forme de virgule. De national, le Tremplin jazz d’Avignon est devenu européen, avec le soutien d’une équipe bénévole toujours chaudement remerciée par les concurrents pour son accueil et son dévouement. Un recrutement qui se cherche encore si l’on en juge par la domination allemande. S’il est vrai que l’Allemagne est aujourd’hui très productive à travers ses classes de jazz, il semble aussi que l’on s’y soit passé le mot, un “mot” qui circule encore mal dans le reste de l’Europe.


Les écoles… C’est le sentiment d’assister à un concert d’école, sentiment qui domina le premier soir les délibérations d’un jury présidé par Pascal Bussy (fidèle au tremplin, autrefois avec la melon Warner Jazz, aujourd’hui avec le panama Harmonia Mundi). Qu’est-ce ça cache ? On parla d’absence de fêlure. Pascal Anquetil joua sur les mots fêlures ou failures (erreur en anglais). Un concept tentant, que je ne peux pas repousser, mais qui me laisse toujours un peu sur ma faim. Pour ma part, ce premier soir manqua moins de fêlures, que de grandeur, dans la maîtrise du geste, de l’expression, du jeu, de l’imagination. Ce qui n’exclut pas une certaine perfection, une perfection un peu “scolaire” si l’on veut. Rappelons que les autodidactes, dans le jazz, ne sont pas si courants qu’on le dit. Je préciserais plutôt une perfection “encore scolaire”, ou plutôt “dans ses petits souliers”.


De ce point de vue la formation de Matthieu Fattalini fut une déception, alors même que le tromboniste-leader-compositeur me rappelait hier après la proclamation, d’ailleurs sans aucune amertume, le bien, mesuré, que j’avais écrit du disque “Retour en Sogdiane” (notre numéro 624, novembre 2011). Faute de m’en souvenir, je retrouve les qualités du groupe et de son répertoire en relisant ma chronique, mais un groupe comme paralysé par le contexte avignonnais, dans un manque de contraste, un manque d’élan, un Roberto Negro pas à la hauteur de sa réputation grandissante, et un Nicolas (Charlier), certes puissant et énergique, mais bruyant. Problème de sono. Pas en façade en tout cas, l’ingénieur du son Gaëtan Ortega, connaisseur du cloître depuis des lustres et dans tous ses recoins, tentant vainement de mettre “un peu d’ordre” et de donner un peu de présence à Jérôme Girin et à Roberto Negro, au risque de rajouter encore de la batterie, celle-ci passant par les micros du sax et du piano. Problème de retour ? Ça s’est vu, ici même, avec Dr. Knock et son batteur Philippe Gleizes, puissant et énergique, mais auquel je ne ferais pas la réputation d’être bruyant, qui ce soir-là avait froissé les oreilles du jury… tout simplement parce qu’il n’entendait rien sur scène. Allez donc jeter une oreille au myspace de Matthieu Fattalini : on y trouve tout de même de la musique qui méritera de se refaire entendre.


Gauthier Toux portait la bannière suisse, bien qu’il soit de Chartres… mais il est passé par Lausanne. Là, difficile d’éviter la qualification de “scolaire”. On n’a pas encore 20 ans si j’en crois la date de naissance du programme (le 10 janvier 1993) et ça s’entend. À son âge Ron Carter fréquentait encore la Cass Technical High School et l’Eastman School of Music de Detroit. Ici la question n’est pas encore celle des fêlures que celle des “failures”, les oreilles les plus pointues du jury raturant de rouge sa grille de Darn That Dream. J’ai surtout souffert d’une absence de cohésion du trio et d’un time défaillant qui plomba une longue ballade. Un pianiste encore en friche, mais prometteur… Et à 19 ans, ça va très vite. Rappelons des palmarès du Tremplin où, il n’y a pas si longtemps que ça, l’on récompensait des groupes qui n’arrivaient pas à la cheville de ce programme et où fêlures et failu
res
étaient synonymes.


Et voici le Volker Engelberth Trio. Je ne dispose pas de la date de naissance du pianiste, mais il fait à peine plus âgé. Il a pourtant un beau parcours déjà derrière lui : la classe de jazz de l’école supérieure de musique de Mannheim de 2004 à 2009, des rencontres, notamment avec John Taylor auquel il rend un bel hommage en fin de programme, membre du Bundes Jazz Orchester sous la direction de Peter Herbolzheimer et Bill Dobbins de 2005 à 2008. Les intentions sont fraîches, le trio tourne comme un horloge sans en donner l’impression, le pianiste sort pourtant des sentiers battus, il y a un univers… mais on a encore un peu l’impression d’être à un tremplin jazz… Hé ! C’est normal, c’en est un ! Oui, mais il y a deux jours au studio La Buissonne à gagner, l’un des meilleurs studios européens où, à quelques kilomètres de là, son fondateur Gérard de Haro est en train de terminer un enregistrement de Susanne Abbuehl sous la direction de Manfred Eicher, le patron d’ECM. Deux jours dans un studio comme ça, ça se mérite ! Cependant, le lendemain, à l’heure des votes, on saura se souvenir de ce batteur, Silvio Morger, qui donnait à ce trio toute sa tenue. Prix d’instrumentiste !


Le lendemain, entre sur scène le trio Scrootch. Ils sont trois, sax, basse, batterie Une formule sans piano ni guitare, “sans harmonie” (mais qu’est-ce que ça veut dire ?). Une formule rébarbative répétera-t-on à loisir au cours de cette soirée. « Rébarbative, quoi que », précisera-t-on à leur sujet. Et quoi donc ? Plus de 60 ans après le pianoless quartet de Gerry Mulligan, à peine moins après les évictions de Miles et les trios de Sonny Rollins, plus de quinze ans après la victoire du quartette à deux saxes sans piano d’Éric Pedron et Vincent Artaud à la Défense, l’orchestre sans piano paraîtrait-il encore suspect ? Ce quartette nous saisit immédiatement à la gorge. « On oublia le Tremplin, on se croyait au concert. », dira l’un des membres du jury. Et c’est vrai, on se laissa prendre par ce trio qui multiplia les angles, en dépit d’une dominante que l’on qualifiera de groovy jusqu’au-delà des moments purement funky, jusque dans la ballade, où continuait à briller un saxophone dont l’ardeur le fit qualifier de “breckerien”. Celui-ci frisa, Michal Skulski, le prix de soliste que lui disputa son contrebassiste René Bornstein, au geste héroïque, à la réplique aussi puissante qu’inattendue, avant que Silvio Morger ne leur ravisse la cerise. Le jury attribua le Grand prix du Tremplin à Scrootch, à la quasi unanimité contre l’avis du du plus compétent – vu sous un certain angle – de ses membres. Y avait-il des raisons objectives à lui refuser du point de vue de la pratique musicale ou au contraire, de ce même point de vue, des raisons esthétiques de nature quasi idéologiques. J’ai entendu là, entre René Bornstein et le batteur Flo Bublys, la rythmique la plus cohérente du tremplin, la plus “à l’unisson” du même tempo, avec cependant, ici et là, quelques prises risques frisant… la fêlure ou la failure ? Je dirait la failure, ce sentiment d’excitation qui lui valut le Grand Prix ET Prix du public – et oui, au fil des années, le public d’Avignon a mûri au point de devenir le seul public de concours de jazz à voter comme son jury – venant moins de la fêlure que de cette force d’âme qui lui permet de s’aventurer au-devant du danger au risque de friser la failure. Son batteur en est la cause. Quelques mois supplémentaires de cette entente qu’il partage avec son comparse bassiste, et il n’y paraîtra plus rien. Il sera temps de se rendre alors au Studio La Buissonne et de s’en montrer digne.


Passons rapidement sur la prestation du Pretty Dirty Jazz Gang, erreur de présélection dont il semble avoir été lui-même le premier surpris, sympathique fusion entre copains, au vocabulaire trop court pour prétendre « absorber l’éclectisme musical de leur époque » (car tel est leur programme), plus propret que dirty “côté fêlure”, mais pas très propre “côté failure”. Il n’a pas mérité cette punition d’être comparé à ses concurrents, mais avoir la chance d’être sélectionnés par le Tremplin jazz européen d’Avignon et accueillis sur la scène du cloître des Carmes suppose cette contrepartie, être soumis comme les autres à la critique.


Lui succéda le sextette de Sebastian Böhlen, élève de l’université de Mannheim et de la Manhattan School of Music, passé entre les mains de Phil Markowitz, Jim McNeely et Dave Liebman. Saluons ses comparses qui lui valurent de friser le prix de groupe : Johannes Böhmer trompettiste lyrique et précis, brillant utilisateur des effets de sourdine ; Volker Engelberth, confirmant les promesses de la veille ; Jakob Dreyer dans le mauvais rôle d’un solo de contrebasse qui plomba momentanément la prestation du groupe alors même qu’il faisait un tandem sans failures mais plein d’esprit, avec le batteur Hanno Stick. Reste le saxophoniste, Stefan Schmid, plusieurs fois nommé par le jury comme possible prix de soliste pour son phrasé peu commun et une sonorité qui donnerait du poids à ce concept de fêlure, quelque chose qui nous emmènerait quelque part du côté de Mark Turner et, au-delà, de Warne Marsh, une espèce de bravoure anti-héroïque, d’héroïsme fantômatique où les lames des glaives ne sont pas en acier trempé mais, guère moins tranchant, en pétales de roses (voir son solo sur une difficile Giant Steps embringué sur un improbable ralenti en guise de final à la jam sesssion alors que le jury, sorti de ses délibérations, attendait sur le côté de la scène pour proclamer ses prix). J’ai d’autant mieux apprécié ce bœuf que Roberto Negro – hélas pressé par le jury d’interrompre en plein élan – était en train de lâcher la bride qu’il n’avait pas lâché la veille, sur une rythmique hélas inassortie et que les deux soufflants (Stefan Schmid et Johannes Böhmer), hélas auparavant très contraints pas le répertoire de Sebastian Böhlen, donnaient enfin la mesure de leur talent. Ceci dit non pas pour épingler Böhlen. Mais force est de dire que les partitions pour lesquelles ce dernier remporta le prix de composition (et non le Grand Prix de groupe, qui lui frisa juste la moustache), mettaient moins en valeur les talents d’improvisateur de ses solistes que leur capacité à se mettre au service d’un répertoire. Et quel r

épertoire. À part un cantique, aux vertus très académiques, qui aurait pu faire une aimable virgule mais s’étira à l’excès, Böhlen – par ailleur brillant guitariste dans la lignée de Kurt Rosenwinkel / Adam Rogers – sut mener des narrations orchestrales captivantes où, d’un chapitre à l’autre, il surprend par l’originalité, les angles et les recoins du propos et des couleurs.


Le Tremplin commençait le 31 juillet avec un concert de l’omniprésent Ibrahim Maalouf (mais le spectre de la musique instrumentale est-il donc si étroit pour qu’il accapare ainsi les scènes dites “de jazz”) qui laissa le public partagé, entre un enthousiasme massif de la partie la plus candide et une attitude oscillant entre le doute et rejet franc et minoritaite “des connaisseurs”, parce qu’ils en ont vu d’autres et qu’on ne “la leur fait plus” avec ces histoires de métissages et “quarts de ton”. Ce soir à 20h30, le Tremplin se refait festival et Pierrick Pedron reconstituera sur la scène du Cloître des Carmes, avec la complicité de Francis Grand, directeur de l’école municipale de musique de Sorgues, la fanfare de son projet “Cheerleaders” où Laurent de Wilde remplacera un autre Laurent qui fut membre du jury d’Avignon par le passé, Laurent Coq. En première partie, le gagnant du Tremplin 2011, le LabTrio. Demain à 21h, une soirée “métissage” à mettre à l’épreuve des réactions contrastées du 31 juillet, avec le chanteur tunisien et joueur de oud Dhafer Youssef, soutenu par Kristjan Randalu (piano), Chris Jennings (contrebasse) et Chander Sardjoe (batterie). Final le 5 à 21h avec Elisabeth Kontomanou accompagnée par le pianiste Gustav Karlström.

 

Franck Bergerot

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Le jury du XXIème Tremplin jazz européen d’Avignon se terminait hier, 2 août. Grand prix et prix du public pour groupe germano-polonais Scrootch, prix de composition pour le guitariste Sebastian Böhlen et prix d’instrumentiste pour le batteur Silvio Morger du Volker Engelberth Trio. Les Avignonnais sont attendus ce soir au Cloître des Carmes à 20h30 pour le concert de Pierrick Pédron, dans son programme “Cheerleaders” en grandeur nature avec grande formation. En première partie, le lauréat du Tremplin 2011, le LabTrio.


Cloître des Carmes, XXIème Tremplin jazz européen d’Avignon (84) les 1er et 2 août 2012.


Matthieu Fattalini Quintet (France) : Matthieu Fattalini (trombone), Jérôme Girin (ts), Roberto Negro (piano), Michel Molines (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie).


Gauthier Toux Trio (Suisse) : Gauthier Toux (piano), Emmanuel Hagman (contrebasse), Guillaume Guest (batterie).


Volker Engelberth Trio (Allemagne) : Volker Engelberth (piano), Arne Huber (contrebasse), Silvio Morger (batterie).


Scrootch (Allemagne-Pologne) : Michal Skulksi (sax ténor), René Bornstein (contrebasse), Flo Bublys (batterie).


Pretty Dirty Jazz Gang (France) : Benjamin Garnier (sax, sampler), Nicolas Gardel (guitare électrique), Alexis Nercessian (piano électrique), Rémi Liffran (basse électrique), Florian Chouraqui (batterie, sampler).


Sebastian Böhlen Sextet (Allemagne) : Johannes Böhmer (trompette), Stefan Schmid (saxes ténor et soprano), Volker Engelberth (piano, mélodica), Jakob Dreyer (contrebasse), Hanno Stick (batterie).


XXIème édition et pour moi, la XXème ou XIXème. Un tremplin devenu festival mais qui a su rester centré sur l’objet premier de son fondateur Michel Eymenier, le tremplin, contrairement à la machine électoraliste sarkozienne qu’est devenu le festival de la Défense où le Concours, en dépit de ses palmarès prestigieux, n’est plus qu’une animation gratuite de l’Esplanade, en forme de virgule. De national, le Tremplin jazz d’Avignon est devenu européen, avec le soutien d’une équipe bénévole toujours chaudement remerciée par les concurrents pour son accueil et son dévouement. Un recrutement qui se cherche encore si l’on en juge par la domination allemande. S’il est vrai que l’Allemagne est aujourd’hui très productive à travers ses classes de jazz, il semble aussi que l’on s’y soit passé le mot, un “mot” qui circule encore mal dans le reste de l’Europe.


Les écoles… C’est le sentiment d’assister à un concert d’école, sentiment qui domina le premier soir les délibérations d’un jury présidé par Pascal Bussy (fidèle au tremplin, autrefois avec la melon Warner Jazz, aujourd’hui avec le panama Harmonia Mundi). Qu’est-ce ça cache ? On parla d’absence de fêlure. Pascal Anquetil joua sur les mots fêlures ou failures (erreur en anglais). Un concept tentant, que je ne peux pas repousser, mais qui me laisse toujours un peu sur ma faim. Pour ma part, ce premier soir manqua moins de fêlures, que de grandeur, dans la maîtrise du geste, de l’expression, du jeu, de l’imagination. Ce qui n’exclut pas une certaine perfection, une perfection un peu “scolaire” si l’on veut. Rappelons que les autodidactes, dans le jazz, ne sont pas si courants qu’on le dit. Je préciserais plutôt une perfection “encore scolaire”, ou plutôt “dans ses petits souliers”.


De ce point de vue la formation de Matthieu Fattalini fut une déception, alors même que le tromboniste-leader-compositeur me rappelait hier après la proclamation, d’ailleurs sans aucune amertume, le bien, mesuré, que j’avais écrit du disque “Retour en Sogdiane” (notre numéro 624, novembre 2011). Faute de m’en souvenir, je retrouve les qualités du groupe et de son répertoire en relisant ma chronique, mais un groupe comme paralysé par le contexte avignonnais, dans un manque de contraste, un manque d’élan, un Roberto Negro pas à la hauteur de sa réputation grandissante, et un Nicolas (Charlier), certes puissant et énergique, mais bruyant. Problème de sono. Pas en façade en tout cas, l’ingénieur du son Gaëtan Ortega, connaisseur du cloître depuis des lustres et dans tous ses recoins, tentant vainement de mettre “un peu d’ordre” et de donner un peu de présence à Jérôme Girin et à Roberto Negro, au risque de rajouter encore de la batterie, celle-ci passant par les micros du sax et du piano. Problème de retour ? Ça s’est vu, ici même, avec Dr. Knock et son batteur Philippe Gleizes, puissant et énergique, mais auquel je ne ferais pas la réputation d’être bruyant, qui ce soir-là avait froissé les oreilles du jury… tout simplement parce qu’il n’entendait rien sur scène. Allez donc jeter une oreille au myspace de Matthieu Fattalini : on y trouve tout de même de la musique qui méritera de se refaire entendre.


Gauthier Toux portait la bannière suisse, bien qu’il soit de Chartres… mais il est passé par Lausanne. Là, difficile d’éviter la qualification de “scolaire”. On n’a pas encore 20 ans si j’en crois la date de naissance du programme (le 10 janvier 1993) et ça s’entend. À son âge Ron Carter fréquentait encore la Cass Technical High School et l’Eastman School of Music de Detroit. Ici la question n’est pas encore celle des fêlures que celle des “failures”, les oreilles les plus pointues du jury raturant de rouge sa grille de Darn That Dream. J’ai surtout souffert d’une absence de cohésion du trio et d’un time défaillant qui plomba une longue ballade. Un pianiste encore en friche, mais prometteur… Et à 19 ans, ça va très vite. Rappelons des palmarès du Tremplin où, il n’y a pas si longtemps que ça, l’on récompensait des groupes qui n’arrivaient pas à la cheville de ce programme et où fêlures et failu
res
étaient synonymes.


Et voici le Volker Engelberth Trio. Je ne dispose pas de la date de naissance du pianiste, mais il fait à peine plus âgé. Il a pourtant un beau parcours déjà derrière lui : la classe de jazz de l’école supérieure de musique de Mannheim de 2004 à 2009, des rencontres, notamment avec John Taylor auquel il rend un bel hommage en fin de programme, membre du Bundes Jazz Orchester sous la direction de Peter Herbolzheimer et Bill Dobbins de 2005 à 2008. Les intentions sont fraîches, le trio tourne comme un horloge sans en donner l’impression, le pianiste sort pourtant des sentiers battus, il y a un univers… mais on a encore un peu l’impression d’être à un tremplin jazz… Hé ! C’est normal, c’en est un ! Oui, mais il y a deux jours au studio La Buissonne à gagner, l’un des meilleurs studios européens où, à quelques kilomètres de là, son fondateur Gérard de Haro est en train de terminer un enregistrement de Susanne Abbuehl sous la direction de Manfred Eicher, le patron d’ECM. Deux jours dans un studio comme ça, ça se mérite ! Cependant, le lendemain, à l’heure des votes, on saura se souvenir de ce batteur, Silvio Morger, qui donnait à ce trio toute sa tenue. Prix d’instrumentiste !


Le lendemain, entre sur scène le trio Scrootch. Ils sont trois, sax, basse, batterie Une formule sans piano ni guitare, “sans harmonie” (mais qu’est-ce que ça veut dire ?). Une formule rébarbative répétera-t-on à loisir au cours de cette soirée. « Rébarbative, quoi que », précisera-t-on à leur sujet. Et quoi donc ? Plus de 60 ans après le pianoless quartet de Gerry Mulligan, à peine moins après les évictions de Miles et les trios de Sonny Rollins, plus de quinze ans après la victoire du quartette à deux saxes sans piano d’Éric Pedron et Vincent Artaud à la Défense, l’orchestre sans piano paraîtrait-il encore suspect ? Ce quartette nous saisit immédiatement à la gorge. « On oublia le Tremplin, on se croyait au concert. », dira l’un des membres du jury. Et c’est vrai, on se laissa prendre par ce trio qui multiplia les angles, en dépit d’une dominante que l’on qualifiera de groovy jusqu’au-delà des moments purement funky, jusque dans la ballade, où continuait à briller un saxophone dont l’ardeur le fit qualifier de “breckerien”. Celui-ci frisa, Michal Skulski, le prix de soliste que lui disputa son contrebassiste René Bornstein, au geste héroïque, à la réplique aussi puissante qu’inattendue, avant que Silvio Morger ne leur ravisse la cerise. Le jury attribua le Grand prix du Tremplin à Scrootch, à la quasi unanimité contre l’avis du du plus compétent – vu sous un certain angle – de ses membres. Y avait-il des raisons objectives à lui refuser du point de vue de la pratique musicale ou au contraire, de ce même point de vue, des raisons esthétiques de nature quasi idéologiques. J’ai entendu là, entre René Bornstein et le batteur Flo Bublys, la rythmique la plus cohérente du tremplin, la plus “à l’unisson” du même tempo, avec cependant, ici et là, quelques prises risques frisant… la fêlure ou la failure ? Je dirait la failure, ce sentiment d’excitation qui lui valut le Grand Prix ET Prix du public – et oui, au fil des années, le public d’Avignon a mûri au point de devenir le seul public de concours de jazz à voter comme son jury – venant moins de la fêlure que de cette force d’âme qui lui permet de s’aventurer au-devant du danger au risque de friser la failure. Son batteur en est la cause. Quelques mois supplémentaires de cette entente qu’il partage avec son comparse bassiste, et il n’y paraîtra plus rien. Il sera temps de se rendre alors au Studio La Buissonne et de s’en montrer digne.


Passons rapidement sur la prestation du Pretty Dirty Jazz Gang, erreur de présélection dont il semble avoir été lui-même le premier surpris, sympathique fusion entre copains, au vocabulaire trop court pour prétendre « absorber l’éclectisme musical de leur époque » (car tel est leur programme), plus propret que dirty “côté fêlure”, mais pas très propre “côté failure”. Il n’a pas mérité cette punition d’être comparé à ses concurrents, mais avoir la chance d’être sélectionnés par le Tremplin jazz européen d’Avignon et accueillis sur la scène du cloître des Carmes suppose cette contrepartie, être soumis comme les autres à la critique.


Lui succéda le sextette de Sebastian Böhlen, élève de l’université de Mannheim et de la Manhattan School of Music, passé entre les mains de Phil Markowitz, Jim McNeely et Dave Liebman. Saluons ses comparses qui lui valurent de friser le prix de groupe : Johannes Böhmer trompettiste lyrique et précis, brillant utilisateur des effets de sourdine ; Volker Engelberth, confirmant les promesses de la veille ; Jakob Dreyer dans le mauvais rôle d’un solo de contrebasse qui plomba momentanément la prestation du groupe alors même qu’il faisait un tandem sans failures mais plein d’esprit, avec le batteur Hanno Stick. Reste le saxophoniste, Stefan Schmid, plusieurs fois nommé par le jury comme possible prix de soliste pour son phrasé peu commun et une sonorité qui donnerait du poids à ce concept de fêlure, quelque chose qui nous emmènerait quelque part du côté de Mark Turner et, au-delà, de Warne Marsh, une espèce de bravoure anti-héroïque, d’héroïsme fantômatique où les lames des glaives ne sont pas en acier trempé mais, guère moins tranchant, en pétales de roses (voir son solo sur une difficile Giant Steps embringué sur un improbable ralenti en guise de final à la jam sesssion alors que le jury, sorti de ses délibérations, attendait sur le côté de la scène pour proclamer ses prix). J’ai d’autant mieux apprécié ce bœuf que Roberto Negro – hélas pressé par le jury d’interrompre en plein élan – était en train de lâcher la bride qu’il n’avait pas lâché la veille, sur une rythmique hélas inassortie et que les deux soufflants (Stefan Schmid et Johannes Böhmer), hélas auparavant très contraints pas le répertoire de Sebastian Böhlen, donnaient enfin la mesure de leur talent. Ceci dit non pas pour épingler Böhlen. Mais force est de dire que les partitions pour lesquelles ce dernier remporta le prix de composition (et non le Grand Prix de groupe, qui lui frisa juste la moustache), mettaient moins en valeur les talents d’improvisateur de ses solistes que leur capacité à se mettre au service d’un répertoire. Et quel r

épertoire. À part un cantique, aux vertus très académiques, qui aurait pu faire une aimable virgule mais s’étira à l’excès, Böhlen – par ailleur brillant guitariste dans la lignée de Kurt Rosenwinkel / Adam Rogers – sut mener des narrations orchestrales captivantes où, d’un chapitre à l’autre, il surprend par l’originalité, les angles et les recoins du propos et des couleurs.


Le Tremplin commençait le 31 juillet avec un concert de l’omniprésent Ibrahim Maalouf (mais le spectre de la musique instrumentale est-il donc si étroit pour qu’il accapare ainsi les scènes dites “de jazz”) qui laissa le public partagé, entre un enthousiasme massif de la partie la plus candide et une attitude oscillant entre le doute et rejet franc et minoritaite “des connaisseurs”, parce qu’ils en ont vu d’autres et qu’on ne “la leur fait plus” avec ces histoires de métissages et “quarts de ton”. Ce soir à 20h30, le Tremplin se refait festival et Pierrick Pedron reconstituera sur la scène du Cloître des Carmes, avec la complicité de Francis Grand, directeur de l’école municipale de musique de Sorgues, la fanfare de son projet “Cheerleaders” où Laurent de Wilde remplacera un autre Laurent qui fut membre du jury d’Avignon par le passé, Laurent Coq. En première partie, le gagnant du Tremplin 2011, le LabTrio. Demain à 21h, une soirée “métissage” à mettre à l’épreuve des réactions contrastées du 31 juillet, avec le chanteur tunisien et joueur de oud Dhafer Youssef, soutenu par Kristjan Randalu (piano), Chris Jennings (contrebasse) et Chander Sardjoe (batterie). Final le 5 à 21h avec Elisabeth Kontomanou accompagnée par le pianiste Gustav Karlström.

 

Franck Bergerot