Jazz live
Publié le 20 Oct 2012

Egberto Gismonti à Jazz sur son 31

Egberto Gismonti joue rarement sur le sol français. Sans doute parce qu’il s’agit d’un authentique artiste qui respire la musique sans faire de chiqué… Les auditeurs qui se sont déplacés hier à Bruguières, près de Toulouse, ne sont pas prêts d’oublier le concert de ce musicien touché par la grâce.

 

Egberto Gismonti solo
Egberto Gismonti (g, p).
Jazz sur son 31, Le Bascala, Bruguières (31), 21h.

 

A l’image de son pays d’origine, la musique d’Egberto Gismonti est généreuse, foisonnante, multiforme. Elle a à voir autant avec la musique classique, le jazz, la musique folk des années 1970, la musique populaire brésilienne, et dans une certaine mesure avec le bruitisme. A cet égard, ce n’est pas de la guitare qu’il donne à entendre (il faudra revenir sur le piano plus loin) mais tout un groupe, avec percussions, solistes, voix secondaires et accompagnateurs.
Le morceau d’ouverture pourrait être rapproché de pièces de l’âge Baroque (le son de sa guitare à 10 cordes évoquant le théorbe dans le grave) : un prélude non-mesuré s’enchaînant à une partie vive – à cette différence près que les harmonies (accords parfaits plus ou moins enrichis sur basse étrangère) sonnaient davantage 70’s que 1700. A l’issue de cette première longue interprétation, Gismonti s’approcha du micro pour remercier sincèrement le public de sa présence avant d’expliquer le principe régissant l’ensemble du répertoire : « Chaque morceau doit faire cohabiter quatre idées musicales brésiliennes. Les titres ont peu d’importance. » Après quoi Gismonti enchaîna avec une pièce tout en arpèges, au-dessus desquels planait une mélodie capricieuse. Au moment d’entamer la pièce suivante, alors qu’il avait pris sa guitare à 12 cordes, un petit marmot se mit à babiller dans la salle. Gismonti reprit au bond ce phénomène sonore et se lança dans une introduction improvisée basée sur ces sons enfantins. Cet événement presque anodin révèle de façon symptomatique la manière dont Gismonti conçoit sa musique : en grande partie pensée au préalable, elle n’est pourtant pas figée, le musicien se donnant le droit de bifurquer, de prendre en compte les sons environnants, de réaliser une partie improvisée. Il en résulte un monde poétique fait de délicatesse, de joie de jouer et avec une dimension toujours narrative.

 

Gismonti

Pour la pièce suivante, il s’installa devant le clavier du piano, de nouveau pour des pièces sans virtuosité gratuite bien que très difficiles d’exécution, à la fois « sérieuse » (dans la conception) et jouée avec gourmandise. Dans leur ensemble, les pièces de piano laissèrent transparaître la prédilection fondamentale de Gismonti pour une polyrythmie à la fois du corps (cela danse constamment) et de l’esprit (incessants changements de superposition rythmiques). Au passage, il était intéressant d’observer comment Gismonti s’inspire du piano pour jouer de la guitare, alors qu’au piano, de nombreuses figures semblaient directement empruntées à la guitare. Si certains traits et effets sonores évoquèrent Chick Corea, plusieurs moments ont pu rappeler Martial Solal. Comme chez ces deux artistes, mais d’une manière tout à fait autre, il y a de la fantaisie, des changements de caractère brusques, le tout coulant de source. Pour autant, Gismonti n’est pas Hermeto Pascaol, car il ne verse jamais dans le délire sonore. Il y a plutôt du Villa-Lobos dans son approche – un compositeur à la luxuriance toute brésilienne mais qui, dans tout un versant de son œuvre, a su montrer qu’il savait élaguer son écriture. Ainsi le grand compositeur n’aurait-il pas renié la dernière pièce du concert, dans un tempo ultra rapide, aux irisations bitonales (main gauche sur les touches noires, l’autre main sur les blanches), aux images hautes en couleurs déclinées en de nombreux plans sonores, en une exubérance soucieuse de clarté.
Un doctorant brésilien inscrit en musicologie résuma ainsi la prestation de Gismonti à la fin du concert : « De toute façon, c’est un génie ».

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Egberto Gismonti joue rarement sur le sol français. Sans doute parce qu’il s’agit d’un authentique artiste qui respire la musique sans faire de chiqué… Les auditeurs qui se sont déplacés hier à Bruguières, près de Toulouse, ne sont pas prêts d’oublier le concert de ce musicien touché par la grâce.

 

Egberto Gismonti solo
Egberto Gismonti (g, p).
Jazz sur son 31, Le Bascala, Bruguières (31), 21h.

 

A l’image de son pays d’origine, la musique d’Egberto Gismonti est généreuse, foisonnante, multiforme. Elle a à voir autant avec la musique classique, le jazz, la musique folk des années 1970, la musique populaire brésilienne, et dans une certaine mesure avec le bruitisme. A cet égard, ce n’est pas de la guitare qu’il donne à entendre (il faudra revenir sur le piano plus loin) mais tout un groupe, avec percussions, solistes, voix secondaires et accompagnateurs.
Le morceau d’ouverture pourrait être rapproché de pièces de l’âge Baroque (le son de sa guitare à 10 cordes évoquant le théorbe dans le grave) : un prélude non-mesuré s’enchaînant à une partie vive – à cette différence près que les harmonies (accords parfaits plus ou moins enrichis sur basse étrangère) sonnaient davantage 70’s que 1700. A l’issue de cette première longue interprétation, Gismonti s’approcha du micro pour remercier sincèrement le public de sa présence avant d’expliquer le principe régissant l’ensemble du répertoire : « Chaque morceau doit faire cohabiter quatre idées musicales brésiliennes. Les titres ont peu d’importance. » Après quoi Gismonti enchaîna avec une pièce tout en arpèges, au-dessus desquels planait une mélodie capricieuse. Au moment d’entamer la pièce suivante, alors qu’il avait pris sa guitare à 12 cordes, un petit marmot se mit à babiller dans la salle. Gismonti reprit au bond ce phénomène sonore et se lança dans une introduction improvisée basée sur ces sons enfantins. Cet événement presque anodin révèle de façon symptomatique la manière dont Gismonti conçoit sa musique : en grande partie pensée au préalable, elle n’est pourtant pas figée, le musicien se donnant le droit de bifurquer, de prendre en compte les sons environnants, de réaliser une partie improvisée. Il en résulte un monde poétique fait de délicatesse, de joie de jouer et avec une dimension toujours narrative.

 

Gismonti

Pour la pièce suivante, il s’installa devant le clavier du piano, de nouveau pour des pièces sans virtuosité gratuite bien que très difficiles d’exécution, à la fois « sérieuse » (dans la conception) et jouée avec gourmandise. Dans leur ensemble, les pièces de piano laissèrent transparaître la prédilection fondamentale de Gismonti pour une polyrythmie à la fois du corps (cela danse constamment) et de l’esprit (incessants changements de superposition rythmiques). Au passage, il était intéressant d’observer comment Gismonti s’inspire du piano pour jouer de la guitare, alors qu’au piano, de nombreuses figures semblaient directement empruntées à la guitare. Si certains traits et effets sonores évoquèrent Chick Corea, plusieurs moments ont pu rappeler Martial Solal. Comme chez ces deux artistes, mais d’une manière tout à fait autre, il y a de la fantaisie, des changements de caractère brusques, le tout coulant de source. Pour autant, Gismonti n’est pas Hermeto Pascaol, car il ne verse jamais dans le délire sonore. Il y a plutôt du Villa-Lobos dans son approche – un compositeur à la luxuriance toute brésilienne mais qui, dans tout un versant de son œuvre, a su montrer qu’il savait élaguer son écriture. Ainsi le grand compositeur n’aurait-il pas renié la dernière pièce du concert, dans un tempo ultra rapide, aux irisations bitonales (main gauche sur les touches noires, l’autre main sur les blanches), aux images hautes en couleurs déclinées en de nombreux plans sonores, en une exubérance soucieuse de clarté.
Un doctorant brésilien inscrit en musicologie résuma ainsi la prestation de Gismonti à la fin du concert : « De toute façon, c’est un génie ».

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Egberto Gismonti joue rarement sur le sol français. Sans doute parce qu’il s’agit d’un authentique artiste qui respire la musique sans faire de chiqué… Les auditeurs qui se sont déplacés hier à Bruguières, près de Toulouse, ne sont pas prêts d’oublier le concert de ce musicien touché par la grâce.

 

Egberto Gismonti solo
Egberto Gismonti (g, p).
Jazz sur son 31, Le Bascala, Bruguières (31), 21h.

 

A l’image de son pays d’origine, la musique d’Egberto Gismonti est généreuse, foisonnante, multiforme. Elle a à voir autant avec la musique classique, le jazz, la musique folk des années 1970, la musique populaire brésilienne, et dans une certaine mesure avec le bruitisme. A cet égard, ce n’est pas de la guitare qu’il donne à entendre (il faudra revenir sur le piano plus loin) mais tout un groupe, avec percussions, solistes, voix secondaires et accompagnateurs.
Le morceau d’ouverture pourrait être rapproché de pièces de l’âge Baroque (le son de sa guitare à 10 cordes évoquant le théorbe dans le grave) : un prélude non-mesuré s’enchaînant à une partie vive – à cette différence près que les harmonies (accords parfaits plus ou moins enrichis sur basse étrangère) sonnaient davantage 70’s que 1700. A l’issue de cette première longue interprétation, Gismonti s’approcha du micro pour remercier sincèrement le public de sa présence avant d’expliquer le principe régissant l’ensemble du répertoire : « Chaque morceau doit faire cohabiter quatre idées musicales brésiliennes. Les titres ont peu d’importance. » Après quoi Gismonti enchaîna avec une pièce tout en arpèges, au-dessus desquels planait une mélodie capricieuse. Au moment d’entamer la pièce suivante, alors qu’il avait pris sa guitare à 12 cordes, un petit marmot se mit à babiller dans la salle. Gismonti reprit au bond ce phénomène sonore et se lança dans une introduction improvisée basée sur ces sons enfantins. Cet événement presque anodin révèle de façon symptomatique la manière dont Gismonti conçoit sa musique : en grande partie pensée au préalable, elle n’est pourtant pas figée, le musicien se donnant le droit de bifurquer, de prendre en compte les sons environnants, de réaliser une partie improvisée. Il en résulte un monde poétique fait de délicatesse, de joie de jouer et avec une dimension toujours narrative.

 

Gismonti

Pour la pièce suivante, il s’installa devant le clavier du piano, de nouveau pour des pièces sans virtuosité gratuite bien que très difficiles d’exécution, à la fois « sérieuse » (dans la conception) et jouée avec gourmandise. Dans leur ensemble, les pièces de piano laissèrent transparaître la prédilection fondamentale de Gismonti pour une polyrythmie à la fois du corps (cela danse constamment) et de l’esprit (incessants changements de superposition rythmiques). Au passage, il était intéressant d’observer comment Gismonti s’inspire du piano pour jouer de la guitare, alors qu’au piano, de nombreuses figures semblaient directement empruntées à la guitare. Si certains traits et effets sonores évoquèrent Chick Corea, plusieurs moments ont pu rappeler Martial Solal. Comme chez ces deux artistes, mais d’une manière tout à fait autre, il y a de la fantaisie, des changements de caractère brusques, le tout coulant de source. Pour autant, Gismonti n’est pas Hermeto Pascaol, car il ne verse jamais dans le délire sonore. Il y a plutôt du Villa-Lobos dans son approche – un compositeur à la luxuriance toute brésilienne mais qui, dans tout un versant de son œuvre, a su montrer qu’il savait élaguer son écriture. Ainsi le grand compositeur n’aurait-il pas renié la dernière pièce du concert, dans un tempo ultra rapide, aux irisations bitonales (main gauche sur les touches noires, l’autre main sur les blanches), aux images hautes en couleurs déclinées en de nombreux plans sonores, en une exubérance soucieuse de clarté.
Un doctorant brésilien inscrit en musicologie résuma ainsi la prestation de Gismonti à la fin du concert : « De toute façon, c’est un génie ».

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Egberto Gismonti joue rarement sur le sol français. Sans doute parce qu’il s’agit d’un authentique artiste qui respire la musique sans faire de chiqué… Les auditeurs qui se sont déplacés hier à Bruguières, près de Toulouse, ne sont pas prêts d’oublier le concert de ce musicien touché par la grâce.

 

Egberto Gismonti solo
Egberto Gismonti (g, p).
Jazz sur son 31, Le Bascala, Bruguières (31), 21h.

 

A l’image de son pays d’origine, la musique d’Egberto Gismonti est généreuse, foisonnante, multiforme. Elle a à voir autant avec la musique classique, le jazz, la musique folk des années 1970, la musique populaire brésilienne, et dans une certaine mesure avec le bruitisme. A cet égard, ce n’est pas de la guitare qu’il donne à entendre (il faudra revenir sur le piano plus loin) mais tout un groupe, avec percussions, solistes, voix secondaires et accompagnateurs.
Le morceau d’ouverture pourrait être rapproché de pièces de l’âge Baroque (le son de sa guitare à 10 cordes évoquant le théorbe dans le grave) : un prélude non-mesuré s’enchaînant à une partie vive – à cette différence près que les harmonies (accords parfaits plus ou moins enrichis sur basse étrangère) sonnaient davantage 70’s que 1700. A l’issue de cette première longue interprétation, Gismonti s’approcha du micro pour remercier sincèrement le public de sa présence avant d’expliquer le principe régissant l’ensemble du répertoire : « Chaque morceau doit faire cohabiter quatre idées musicales brésiliennes. Les titres ont peu d’importance. » Après quoi Gismonti enchaîna avec une pièce tout en arpèges, au-dessus desquels planait une mélodie capricieuse. Au moment d’entamer la pièce suivante, alors qu’il avait pris sa guitare à 12 cordes, un petit marmot se mit à babiller dans la salle. Gismonti reprit au bond ce phénomène sonore et se lança dans une introduction improvisée basée sur ces sons enfantins. Cet événement presque anodin révèle de façon symptomatique la manière dont Gismonti conçoit sa musique : en grande partie pensée au préalable, elle n’est pourtant pas figée, le musicien se donnant le droit de bifurquer, de prendre en compte les sons environnants, de réaliser une partie improvisée. Il en résulte un monde poétique fait de délicatesse, de joie de jouer et avec une dimension toujours narrative.

 

Gismonti

Pour la pièce suivante, il s’installa devant le clavier du piano, de nouveau pour des pièces sans virtuosité gratuite bien que très difficiles d’exécution, à la fois « sérieuse » (dans la conception) et jouée avec gourmandise. Dans leur ensemble, les pièces de piano laissèrent transparaître la prédilection fondamentale de Gismonti pour une polyrythmie à la fois du corps (cela danse constamment) et de l’esprit (incessants changements de superposition rythmiques). Au passage, il était intéressant d’observer comment Gismonti s’inspire du piano pour jouer de la guitare, alors qu’au piano, de nombreuses figures semblaient directement empruntées à la guitare. Si certains traits et effets sonores évoquèrent Chick Corea, plusieurs moments ont pu rappeler Martial Solal. Comme chez ces deux artistes, mais d’une manière tout à fait autre, il y a de la fantaisie, des changements de caractère brusques, le tout coulant de source. Pour autant, Gismonti n’est pas Hermeto Pascaol, car il ne verse jamais dans le délire sonore. Il y a plutôt du Villa-Lobos dans son approche – un compositeur à la luxuriance toute brésilienne mais qui, dans tout un versant de son œuvre, a su montrer qu’il savait élaguer son écriture. Ainsi le grand compositeur n’aurait-il pas renié la dernière pièce du concert, dans un tempo ultra rapide, aux irisations bitonales (main gauche sur les touches noires, l’autre main sur les blanches), aux images hautes en couleurs déclinées en de nombreux plans sonores, en une exubérance soucieuse de clarté.
Un doctorant brésilien inscrit en musicologie résuma ainsi la prestation de Gismonti à la fin du concert : « De toute façon, c’est un génie ».