Dianne Reeves à la Salle Pleyel. 30/10
Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b, elb), Terreon Gully (dm). Paris, Salle Pleyel, 30/10.
Chaque fois qu’on va voir Dianne Reeves sur scène, on est scié par le fossé qui sépare ses disques bien léchés et trop produits (sauf son « New Morning » enregistré en public à Paris) de ses prestations live enthousiasmantes. D’ailleurs, avant même qu’elle ne s’avance sur scène, son quartet distille une musique si prenante, si dense qu’on est déjà dans l’ambiance chaleureuse et haut de gamme qui caractérise les concerts de la chanteuse. Il faut dire que son excellent pianiste Peter Martin l’accompagne depuis des lustres, de même que Romero Lubambo, guitariste à la rigueur harmonique ébouriffante et à l’inspiration mélodique infinie Tous deux sont de vieux complices, et la paire rythmique Reginald Veal/Terreon Gully n’est pas en reste en matière d’empathie et de cohésion grooveuse. Bref ça tourne déjà rondement quand la vocaliste émerge des coulisses d’un pas d’une souplesse chaloupée, cheveux courts, chemisier et pantalon d’une simplicité sans fard.
Et très vite c’est une vision des racines africaines qui jaillit d’elle : onomatopées bondissantes aux inflexions félines relayées par la caisse claire frappée à mains nues en intro d’un mambo virtuose et d’une suprême décontraction, par exemple. Dès lors, c’est sûr, Miss Reeves va emmener ses quatre partenaires au bout de leur talent et faire voyager nos oreilles loin, loin. Sur un « Stormy Wheather inédit à son répertoire (à ma connaissance) comme sur un « Afro Blue » qu’elle a tant interprété, ici ré-arrangé de façon très rythmique avec un mélange de lyrisme (flamboyant solo de Lubambo à la Stratocaster) et de passages quasi abstraits. Sauts de tessiture renversants mais jamais gratuits ou m’as-tu-vu, grand sens des nuances et de l’interprétation des textes, aisance époustouflante qui autorise le plus simple comme le plus complexe : Dianne Reeves ne s’est pas entourée par hasard d’instrumentistes d’une telle musicalité, et le toucher de Peter Martin comme ses voicings sont un régal quand il interprète en duo avec elle un « Misty » étiré, dépouillé de ses clichés, qui se termine sur la voix nue en solo absolu, sobre et magnifique, micro laissé de côté. Plus tard ce sera un autre duo avec le guitariste sur « Our Love is Here to Stay », mélodique, subtilement brésilien, intimiste…
Mais c’est aussi le funk qui marquera cette soirée, avec des accents rageurs dans la voix de la diva qui se balance, extatique, sur le groove de la basse et de la batterie qui ne demandent évidemment qu’à s’adonner à ces rythmes binaires touffus et raffinés tandis que le pianiste passe aux claviers. Et l’on se sent tout con, coincé dans son siège Pleyel tandis que sur scène ça danse, comme si l’on regardait les autres s’amuser dehors, enfoncé dans un fauteuil Roche & Bobois classieux et rasoir.
Mais la grande prêtresse du jazz ouvert et métissé a tout prévu, et quand elle fera chanter le public — qui ne demande que ça, d’ailleurs — ce sera dans un élan parfaitement naturel et tout sauf racoleur.
Car la magie du chant de Dianne Reeves fonctionne comme une fontaine de jouvence qui à la fois nous ramène à l’enfance de l’art par sa générosité et sa candeur, et nous pointe une sorte d’idéal artistique par son approche du chant sophistiquée et populaire, par la qualité charnelle et aérienne de sa voix unique. Dianne « rêve », et nous entraîne dans son songe.
Thierry Quénum
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Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b, elb), Terreon Gully (dm). Paris, Salle Pleyel, 30/10.
Chaque fois qu’on va voir Dianne Reeves sur scène, on est scié par le fossé qui sépare ses disques bien léchés et trop produits (sauf son « New Morning » enregistré en public à Paris) de ses prestations live enthousiasmantes. D’ailleurs, avant même qu’elle ne s’avance sur scène, son quartet distille une musique si prenante, si dense qu’on est déjà dans l’ambiance chaleureuse et haut de gamme qui caractérise les concerts de la chanteuse. Il faut dire que son excellent pianiste Peter Martin l’accompagne depuis des lustres, de même que Romero Lubambo, guitariste à la rigueur harmonique ébouriffante et à l’inspiration mélodique infinie Tous deux sont de vieux complices, et la paire rythmique Reginald Veal/Terreon Gully n’est pas en reste en matière d’empathie et de cohésion grooveuse. Bref ça tourne déjà rondement quand la vocaliste émerge des coulisses d’un pas d’une souplesse chaloupée, cheveux courts, chemisier et pantalon d’une simplicité sans fard.
Et très vite c’est une vision des racines africaines qui jaillit d’elle : onomatopées bondissantes aux inflexions félines relayées par la caisse claire frappée à mains nues en intro d’un mambo virtuose et d’une suprême décontraction, par exemple. Dès lors, c’est sûr, Miss Reeves va emmener ses quatre partenaires au bout de leur talent et faire voyager nos oreilles loin, loin. Sur un « Stormy Wheather inédit à son répertoire (à ma connaissance) comme sur un « Afro Blue » qu’elle a tant interprété, ici ré-arrangé de façon très rythmique avec un mélange de lyrisme (flamboyant solo de Lubambo à la Stratocaster) et de passages quasi abstraits. Sauts de tessiture renversants mais jamais gratuits ou m’as-tu-vu, grand sens des nuances et de l’interprétation des textes, aisance époustouflante qui autorise le plus simple comme le plus complexe : Dianne Reeves ne s’est pas entourée par hasard d’instrumentistes d’une telle musicalité, et le toucher de Peter Martin comme ses voicings sont un régal quand il interprète en duo avec elle un « Misty » étiré, dépouillé de ses clichés, qui se termine sur la voix nue en solo absolu, sobre et magnifique, micro laissé de côté. Plus tard ce sera un autre duo avec le guitariste sur « Our Love is Here to Stay », mélodique, subtilement brésilien, intimiste…
Mais c’est aussi le funk qui marquera cette soirée, avec des accents rageurs dans la voix de la diva qui se balance, extatique, sur le groove de la basse et de la batterie qui ne demandent évidemment qu’à s’adonner à ces rythmes binaires touffus et raffinés tandis que le pianiste passe aux claviers. Et l’on se sent tout con, coincé dans son siège Pleyel tandis que sur scène ça danse, comme si l’on regardait les autres s’amuser dehors, enfoncé dans un fauteuil Roche & Bobois classieux et rasoir.
Mais la grande prêtresse du jazz ouvert et métissé a tout prévu, et quand elle fera chanter le public — qui ne demande que ça, d’ailleurs — ce sera dans un élan parfaitement naturel et tout sauf racoleur.
Car la magie du chant de Dianne Reeves fonctionne comme une fontaine de jouvence qui à la fois nous ramène à l’enfance de l’art par sa générosité et sa candeur, et nous pointe une sorte d’idéal artistique par son approche du chant sophistiquée et populaire, par la qualité charnelle et aérienne de sa voix unique. Dianne « rêve », et nous entraîne dans son songe.
Thierry Quénum
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Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b, elb), Terreon Gully (dm). Paris, Salle Pleyel, 30/10.
Chaque fois qu’on va voir Dianne Reeves sur scène, on est scié par le fossé qui sépare ses disques bien léchés et trop produits (sauf son « New Morning » enregistré en public à Paris) de ses prestations live enthousiasmantes. D’ailleurs, avant même qu’elle ne s’avance sur scène, son quartet distille une musique si prenante, si dense qu’on est déjà dans l’ambiance chaleureuse et haut de gamme qui caractérise les concerts de la chanteuse. Il faut dire que son excellent pianiste Peter Martin l’accompagne depuis des lustres, de même que Romero Lubambo, guitariste à la rigueur harmonique ébouriffante et à l’inspiration mélodique infinie Tous deux sont de vieux complices, et la paire rythmique Reginald Veal/Terreon Gully n’est pas en reste en matière d’empathie et de cohésion grooveuse. Bref ça tourne déjà rondement quand la vocaliste émerge des coulisses d’un pas d’une souplesse chaloupée, cheveux courts, chemisier et pantalon d’une simplicité sans fard.
Et très vite c’est une vision des racines africaines qui jaillit d’elle : onomatopées bondissantes aux inflexions félines relayées par la caisse claire frappée à mains nues en intro d’un mambo virtuose et d’une suprême décontraction, par exemple. Dès lors, c’est sûr, Miss Reeves va emmener ses quatre partenaires au bout de leur talent et faire voyager nos oreilles loin, loin. Sur un « Stormy Wheather inédit à son répertoire (à ma connaissance) comme sur un « Afro Blue » qu’elle a tant interprété, ici ré-arrangé de façon très rythmique avec un mélange de lyrisme (flamboyant solo de Lubambo à la Stratocaster) et de passages quasi abstraits. Sauts de tessiture renversants mais jamais gratuits ou m’as-tu-vu, grand sens des nuances et de l’interprétation des textes, aisance époustouflante qui autorise le plus simple comme le plus complexe : Dianne Reeves ne s’est pas entourée par hasard d’instrumentistes d’une telle musicalité, et le toucher de Peter Martin comme ses voicings sont un régal quand il interprète en duo avec elle un « Misty » étiré, dépouillé de ses clichés, qui se termine sur la voix nue en solo absolu, sobre et magnifique, micro laissé de côté. Plus tard ce sera un autre duo avec le guitariste sur « Our Love is Here to Stay », mélodique, subtilement brésilien, intimiste…
Mais c’est aussi le funk qui marquera cette soirée, avec des accents rageurs dans la voix de la diva qui se balance, extatique, sur le groove de la basse et de la batterie qui ne demandent évidemment qu’à s’adonner à ces rythmes binaires touffus et raffinés tandis que le pianiste passe aux claviers. Et l’on se sent tout con, coincé dans son siège Pleyel tandis que sur scène ça danse, comme si l’on regardait les autres s’amuser dehors, enfoncé dans un fauteuil Roche & Bobois classieux et rasoir.
Mais la grande prêtresse du jazz ouvert et métissé a tout prévu, et quand elle fera chanter le public — qui ne demande que ça, d’ailleurs — ce sera dans un élan parfaitement naturel et tout sauf racoleur.
Car la magie du chant de Dianne Reeves fonctionne comme une fontaine de jouvence qui à la fois nous ramène à l’enfance de l’art par sa générosité et sa candeur, et nous pointe une sorte d’idéal artistique par son approche du chant sophistiquée et populaire, par la qualité charnelle et aérienne de sa voix unique. Dianne « rêve », et nous entraîne dans son songe.
Thierry Quénum
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Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b, elb), Terreon Gully (dm). Paris, Salle Pleyel, 30/10.
Chaque fois qu’on va voir Dianne Reeves sur scène, on est scié par le fossé qui sépare ses disques bien léchés et trop produits (sauf son « New Morning » enregistré en public à Paris) de ses prestations live enthousiasmantes. D’ailleurs, avant même qu’elle ne s’avance sur scène, son quartet distille une musique si prenante, si dense qu’on est déjà dans l’ambiance chaleureuse et haut de gamme qui caractérise les concerts de la chanteuse. Il faut dire que son excellent pianiste Peter Martin l’accompagne depuis des lustres, de même que Romero Lubambo, guitariste à la rigueur harmonique ébouriffante et à l’inspiration mélodique infinie Tous deux sont de vieux complices, et la paire rythmique Reginald Veal/Terreon Gully n’est pas en reste en matière d’empathie et de cohésion grooveuse. Bref ça tourne déjà rondement quand la vocaliste émerge des coulisses d’un pas d’une souplesse chaloupée, cheveux courts, chemisier et pantalon d’une simplicité sans fard.
Et très vite c’est une vision des racines africaines qui jaillit d’elle : onomatopées bondissantes aux inflexions félines relayées par la caisse claire frappée à mains nues en intro d’un mambo virtuose et d’une suprême décontraction, par exemple. Dès lors, c’est sûr, Miss Reeves va emmener ses quatre partenaires au bout de leur talent et faire voyager nos oreilles loin, loin. Sur un « Stormy Wheather inédit à son répertoire (à ma connaissance) comme sur un « Afro Blue » qu’elle a tant interprété, ici ré-arrangé de façon très rythmique avec un mélange de lyrisme (flamboyant solo de Lubambo à la Stratocaster) et de passages quasi abstraits. Sauts de tessiture renversants mais jamais gratuits ou m’as-tu-vu, grand sens des nuances et de l’interprétation des textes, aisance époustouflante qui autorise le plus simple comme le plus complexe : Dianne Reeves ne s’est pas entourée par hasard d’instrumentistes d’une telle musicalité, et le toucher de Peter Martin comme ses voicings sont un régal quand il interprète en duo avec elle un « Misty » étiré, dépouillé de ses clichés, qui se termine sur la voix nue en solo absolu, sobre et magnifique, micro laissé de côté. Plus tard ce sera un autre duo avec le guitariste sur « Our Love is Here to Stay », mélodique, subtilement brésilien, intimiste…
Mais c’est aussi le funk qui marquera cette soirée, avec des accents rageurs dans la voix de la diva qui se balance, extatique, sur le groove de la basse et de la batterie qui ne demandent évidemment qu’à s’adonner à ces rythmes binaires touffus et raffinés tandis que le pianiste passe aux claviers. Et l’on se sent tout con, coincé dans son siège Pleyel tandis que sur scène ça danse, comme si l’on regardait les autres s’amuser dehors, enfoncé dans un fauteuil Roche & Bobois classieux et rasoir.
Mais la grande prêtresse du jazz ouvert et métissé a tout prévu, et quand elle fera chanter le public — qui ne demande que ça, d’ailleurs — ce sera dans un élan parfaitement naturel et tout sauf racoleur.
Car la magie du chant de Dianne Reeves fonctionne comme une fontaine de jouvence qui à la fois nous ramène à l’enfance de l’art par sa générosité et sa candeur, et nous pointe une sorte d’idéal artistique par son approche du chant sophistiquée et populaire, par la qualité charnelle et aérienne de sa voix unique. Dianne « rêve », et nous entraîne dans son songe.
Thierry Quénum