Jazz live
Publié le 11 Fév 2013

Kenny Werner à Marciac

Kenny Werner est un pianiste trop rare pour laisser passer une occasion de l’écouter en direct. Rare dans toutes les acceptions du terme. On ne saurait dire que sa présence encombre la scène française où ses apparitions, ces dernières années, se comptent sur les doigts d’une main.

Kenny Werner (p), Johannes Weidenmueller (b), Hans Van Oosterhout (dm). Marciac, l’Astrada, 9 février.

 

Rare aussi au sens où ce pianiste raffiné, de surcroît compositeur attachant, se démarque du tout-venant des musiciens par une personnalité atypique. Difficile de le rattacher à un courant, à une école. Sans doute les cours de Margaret Chaloff au Berklee College ont-ils laissé chez lui une empreinte. Comme chez Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, dont elle fut aussi le professeur (non, je n’écrirai pas la professeurE).


Du premier, on retrouve chez lui un rapport « physique » à l’instrument avec lequel il fait littéralement corps, ses contorsions et ses mimiques épousant les méandres de son inspiration. Avec les deux autres, il partage une dilection pour les harmonies aussi riches qu’insolites.


Son discours, par ailleurs d’une parfaite lisibilité, y gagne en profondeur et densité. Il ne dédaigne pas les longs préludes en solo jusqu’à ce qu’advienne sous ses doigts le thème choisi, ainsi que les développements rhapsodisants à la Tatum, alternés avec des passages en block chords. Il lui arrive d’imposer, de la main gauche, un ostinato lancinant, privilégiant les effets de contraste et de surprise. Rien de mécanique dans son jeu. Rien qui trahisse le recours au procédé. A l’inverse, une fraîcheur d’inspiration et une apparence de spontanéité qui ne manquent pas de séduire.


Sa complicité avec Johannes Weidenmueller, avec lequel il joue depuis le début des années 2000, se manifeste dès le début. Il laisse au bassiste de larges plages où s’exprime sans contrainte sa vélocité. Avec cela, une sûreté de tempo quasiment granitique. Le néerlandais Hans van Oosterhout, remplaçant Dan Weiss, batteur habituel, possède assez de métier pour s’intégrer sans difficulté au trio dont il découvre pourtant la musique. Entendu auprès de Dee Dee Bridgewater, Lee Konitz et dans d’autres contextes, il se révèle fin mélodiste, effleurant en finesse peaux et cymbales, tout en fournissant une assise rythmique des plus réactives.


Quant au répertoire, il convoque Coltrane et Hancock, les standards, le blues et même Jean-Sébastien Bach. Sans oublier quelques compositions de Werner lui-même, dont Guru, mélodie qui invite à la méditation. Comment l’assistance de l’Astrada n’aurait-elle pas été conquise par la variété des climats de ce concert élégant et feutré ?

 

Jacques Aboucaya

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Kenny Werner est un pianiste trop rare pour laisser passer une occasion de l’écouter en direct. Rare dans toutes les acceptions du terme. On ne saurait dire que sa présence encombre la scène française où ses apparitions, ces dernières années, se comptent sur les doigts d’une main.

 

 Kenny Werner (p), Johannes Weidenmueller (b), Hans Van Oosterhout (dm). Marciac, l’Astrada, 9 février.

 

Rare aussi au sens où ce pianiste raffiné, de surcroît compositeur attachant, se démarque du tout-venant des musiciens par une personnalité atypique. Difficile de le rattacher à un courant, à une école. Sans doute les cours de Margaret Chaloff au Berklee College ont-ils laissé chez lui une empreinte. Comme chez Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, dont elle fut aussi le professeur (non, je n’écrirai pas la professeurE).


Du premier, on retrouve chez lui un rapport « physique » à l’instrument avec lequel il fait littéralement corps, ses contorsions et ses mimiques épousant les méandres de son inspiration. Avec les deux autres, il partage une dilection pour les harmonies aussi riches qu’insolites.


Son discours, par ailleurs d’une parfaite lisibilité, y gagne en profondeur et densité. Il ne dédaigne pas les longs préludes en solo jusqu’à ce qu’advienne sous ses doigts le thème choisi, ainsi que les développements rhapsodisants à la Tatum, alternés avec des passages en block chords. Il lui arrive d’imposer, de la main gauche, un ostinato lancinant, privilégiant les effets de contraste et de surprise. Rien de mécanique dans son jeu. Rien qui trahisse le recours au procédé. A l’inverse, une fraîcheur d’inspiration et une apparence de spontanéité qui ne manquent pas de séduire.


Sa complicité avec Johannes Weidenmueller, avec lequel il joue depuis le début des années 2000, se manifeste dès les premiers morceaux. Il laisse au bassiste de larges plages où s’exprime sans contrainte sa vélocité. Avec cela, une sûreté de tempo quasiment granitique. Le néerlandais Hans van Oosterhout, remplaçant Dan Weiss, batteur habituel, possède assez de métier pour s’intégrer sans difficulté au trio dont il découvre pourtant la musique. Entendu auprès de Dee Dee Bridgewater, Lee Konitz et dans d’autres contextes, il se révèle fin mélodiste, effleurant en finesse peaux et cymbales, tout en fournissant une assise rythmique des plus réactives.


Quant au répertoire, il convoque Coltrane et Hancock, les standards, le blues et même Jean-Sébastien Bach. Sans oublier quelques compositions de Werner lui-même, dont Guru, mélodie qui invite à la méditation. Comment l’assistance de l’Astrada n’aurait-elle pas été conquise par la variété des climats de ce concert élégant et feutré ?

 

Jacques Aboucaya

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Kenny Werner est un pianiste trop rare pour laisser passer une occasion de l’écouter en direct. Rare dans toutes les acceptions du terme. On ne saurait dire que sa présence encombre la scène française où ses apparitions, ces dernières années, se comptent sur les doigts d’une main.

Kenny Werner (p), Johannes Weidenmueller (b), Hans Van Oosterhout (dm). Marciac, l’Astrada, 9 février.

 

Rare aussi au sens où ce pianiste raffiné, de surcroît compositeur attachant, se démarque du tout-venant des musiciens par une personnalité atypique. Difficile de le rattacher à un courant, à une école. Sans doute les cours de Margaret Chaloff au Berklee College ont-ils laissé chez lui une empreinte. Comme chez Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, dont elle fut aussi le professeur (non, je n’écrirai pas la professeurE).


Du premier, on retrouve chez lui un rapport « physique » à l’instrument avec lequel il fait littéralement corps, ses contorsions et ses mimiques épousant les méandres de son inspiration. Avec les deux autres, il partage une dilection pour les harmonies aussi riches qu’insolites.


Son discours, par ailleurs d’une parfaite lisibilité, y gagne en profondeur et densité. Il ne dédaigne pas les longs préludes en solo jusqu’à ce qu’advienne sous ses doigts le thème choisi, ainsi que les développements rhapsodisants à la Tatum, alternés avec des passages en block chords. Il lui arrive d’imposer, de la main gauche, un ostinato lancinant, privilégiant les effets de contraste et de surprise. Rien de mécanique dans son jeu. Rien qui trahisse le recours au procédé. A l’inverse, une fraîcheur d’inspiration et une apparence de spontanéité qui ne manquent pas de séduire.


Sa complicité avec Johannes Weidenmueller, avec lequel il joue depuis le début des années 2000, se manifeste dès le début. Il laisse au bassiste de larges plages où s’exprime sans contrainte sa vélocité. Avec cela, une sûreté de tempo quasiment granitique. Le néerlandais Hans van Oosterhout, remplaçant Dan Weiss, batteur habituel, possède assez de métier pour s’intégrer sans difficulté au trio dont il découvre pourtant la musique. Entendu auprès de Dee Dee Bridgewater, Lee Konitz et dans d’autres contextes, il se révèle fin mélodiste, effleurant en finesse peaux et cymbales, tout en fournissant une assise rythmique des plus réactives.


Quant au répertoire, il convoque Coltrane et Hancock, les standards, le blues et même Jean-Sébastien Bach. Sans oublier quelques compositions de Werner lui-même, dont Guru, mélodie qui invite à la méditation. Comment l’assistance de l’Astrada n’aurait-elle pas été conquise par la variété des climats de ce concert élégant et feutré ?

 

Jacques Aboucaya

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Kenny Werner est un pianiste trop rare pour laisser passer une occasion de l’écouter en direct. Rare dans toutes les acceptions du terme. On ne saurait dire que sa présence encombre la scène française où ses apparitions, ces dernières années, se comptent sur les doigts d’une main.

 

 Kenny Werner (p), Johannes Weidenmueller (b), Hans Van Oosterhout (dm). Marciac, l’Astrada, 9 février.

 

Rare aussi au sens où ce pianiste raffiné, de surcroît compositeur attachant, se démarque du tout-venant des musiciens par une personnalité atypique. Difficile de le rattacher à un courant, à une école. Sans doute les cours de Margaret Chaloff au Berklee College ont-ils laissé chez lui une empreinte. Comme chez Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, dont elle fut aussi le professeur (non, je n’écrirai pas la professeurE).


Du premier, on retrouve chez lui un rapport « physique » à l’instrument avec lequel il fait littéralement corps, ses contorsions et ses mimiques épousant les méandres de son inspiration. Avec les deux autres, il partage une dilection pour les harmonies aussi riches qu’insolites.


Son discours, par ailleurs d’une parfaite lisibilité, y gagne en profondeur et densité. Il ne dédaigne pas les longs préludes en solo jusqu’à ce qu’advienne sous ses doigts le thème choisi, ainsi que les développements rhapsodisants à la Tatum, alternés avec des passages en block chords. Il lui arrive d’imposer, de la main gauche, un ostinato lancinant, privilégiant les effets de contraste et de surprise. Rien de mécanique dans son jeu. Rien qui trahisse le recours au procédé. A l’inverse, une fraîcheur d’inspiration et une apparence de spontanéité qui ne manquent pas de séduire.


Sa complicité avec Johannes Weidenmueller, avec lequel il joue depuis le début des années 2000, se manifeste dès les premiers morceaux. Il laisse au bassiste de larges plages où s’exprime sans contrainte sa vélocité. Avec cela, une sûreté de tempo quasiment granitique. Le néerlandais Hans van Oosterhout, remplaçant Dan Weiss, batteur habituel, possède assez de métier pour s’intégrer sans difficulté au trio dont il découvre pourtant la musique. Entendu auprès de Dee Dee Bridgewater, Lee Konitz et dans d’autres contextes, il se révèle fin mélodiste, effleurant en finesse peaux et cymbales, tout en fournissant une assise rythmique des plus réactives.


Quant au répertoire, il convoque Coltrane et Hancock, les standards, le blues et même Jean-Sébastien Bach. Sans oublier quelques compositions de Werner lui-même, dont Guru, mélodie qui invite à la méditation. Comment l’assistance de l’Astrada n’aurait-elle pas été conquise par la variété des climats de ce concert élégant et feutré ?

 

Jacques Aboucaya

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Kenny Werner est un pianiste trop rare pour laisser passer une occasion de l’écouter en direct. Rare dans toutes les acceptions du terme. On ne saurait dire que sa présence encombre la scène française où ses apparitions, ces dernières années, se comptent sur les doigts d’une main.

Kenny Werner (p), Johannes Weidenmueller (b), Hans Van Oosterhout (dm). Marciac, l’Astrada, 9 février.

 

Rare aussi au sens où ce pianiste raffiné, de surcroît compositeur attachant, se démarque du tout-venant des musiciens par une personnalité atypique. Difficile de le rattacher à un courant, à une école. Sans doute les cours de Margaret Chaloff au Berklee College ont-ils laissé chez lui une empreinte. Comme chez Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, dont elle fut aussi le professeur (non, je n’écrirai pas la professeurE).


Du premier, on retrouve chez lui un rapport « physique » à l’instrument avec lequel il fait littéralement corps, ses contorsions et ses mimiques épousant les méandres de son inspiration. Avec les deux autres, il partage une dilection pour les harmonies aussi riches qu’insolites.


Son discours, par ailleurs d’une parfaite lisibilité, y gagne en profondeur et densité. Il ne dédaigne pas les longs préludes en solo jusqu’à ce qu’advienne sous ses doigts le thème choisi, ainsi que les développements rhapsodisants à la Tatum, alternés avec des passages en block chords. Il lui arrive d’imposer, de la main gauche, un ostinato lancinant, privilégiant les effets de contraste et de surprise. Rien de mécanique dans son jeu. Rien qui trahisse le recours au procédé. A l’inverse, une fraîcheur d’inspiration et une apparence de spontanéité qui ne manquent pas de séduire.


Sa complicité avec Johannes Weidenmueller, avec lequel il joue depuis le début des années 2000, se manifeste dès le début. Il laisse au bassiste de larges plages où s’exprime sans contrainte sa vélocité. Avec cela, une sûreté de tempo quasiment granitique. Le néerlandais Hans van Oosterhout, remplaçant Dan Weiss, batteur habituel, possède assez de métier pour s’intégrer sans difficulté au trio dont il découvre pourtant la musique. Entendu auprès de Dee Dee Bridgewater, Lee Konitz et dans d’autres contextes, il se révèle fin mélodiste, effleurant en finesse peaux et cymbales, tout en fournissant une assise rythmique des plus réactives.


Quant au répertoire, il convoque Coltrane et Hancock, les standards, le blues et même Jean-Sébastien Bach. Sans oublier quelques compositions de Werner lui-même, dont Guru, mélodie qui invite à la méditation. Comment l’assistance de l’Astrada n’aurait-elle pas été conquise par la variété des climats de ce concert élégant et feutré ?

 

Jacques Aboucaya

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Kenny Werner est un pianiste trop rare pour laisser passer une occasion de l’écouter en direct. Rare dans toutes les acceptions du terme. On ne saurait dire que sa présence encombre la scène française où ses apparitions, ces dernières années, se comptent sur les doigts d’une main.

 

 Kenny Werner (p), Johannes Weidenmueller (b), Hans Van Oosterhout (dm). Marciac, l’Astrada, 9 février.

 

Rare aussi au sens où ce pianiste raffiné, de surcroît compositeur attachant, se démarque du tout-venant des musiciens par une personnalité atypique. Difficile de le rattacher à un courant, à une école. Sans doute les cours de Margaret Chaloff au Berklee College ont-ils laissé chez lui une empreinte. Comme chez Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, dont elle fut aussi le professeur (non, je n’écrirai pas la professeurE).


Du premier, on retrouve chez lui un rapport « physique » à l’instrument avec lequel il fait littéralement corps, ses contorsions et ses mimiques épousant les méandres de son inspiration. Avec les deux autres, il partage une dilection pour les harmonies aussi riches qu’insolites.


Son discours, par ailleurs d’une parfaite lisibilité, y gagne en profondeur et densité. Il ne dédaigne pas les longs préludes en solo jusqu’à ce qu’advienne sous ses doigts le thème choisi, ainsi que les développements rhapsodisants à la Tatum, alternés avec des passages en block chords. Il lui arrive d’imposer, de la main gauche, un ostinato lancinant, privilégiant les effets de contraste et de surprise. Rien de mécanique dans son jeu. Rien qui trahisse le recours au procédé. A l’inverse, une fraîcheur d’inspiration et une apparence de spontanéité qui ne manquent pas de séduire.


Sa complicité avec Johannes Weidenmueller, avec lequel il joue depuis le début des années 2000, se manifeste dès les premiers morceaux. Il laisse au bassiste de larges plages où s’exprime sans contrainte sa vélocité. Avec cela, une sûreté de tempo quasiment granitique. Le néerlandais Hans van Oosterhout, remplaçant Dan Weiss, batteur habituel, possède assez de métier pour s’intégrer sans difficulté au trio dont il découvre pourtant la musique. Entendu auprès de Dee Dee Bridgewater, Lee Konitz et dans d’autres contextes, il se révèle fin mélodiste, effleurant en finesse peaux et cymbales, tout en fournissant une assise rythmique des plus réactives.


Quant au répertoire, il convoque Coltrane et Hancock, les standards, le blues et même Jean-Sébastien Bach. Sans oublier quelques compositions de Werner lui-même, dont Guru, mélodie qui invite à la méditation. Comment l’assistance de l’Astrada n’aurait-elle pas été conquise par la variété des climats de ce concert élégant et feutré ?

 

Jacques Aboucaya

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Kenny Werner est un pianiste trop rare pour laisser passer une occasion de l’écouter en direct. Rare dans toutes les acceptions du terme. On ne saurait dire que sa présence encombre la scène française où ses apparitions, ces dernières années, se comptent sur les doigts d’une main.

Kenny Werner (p), Johannes Weidenmueller (b), Hans Van Oosterhout (dm). Marciac, l’Astrada, 9 février.

 

Rare aussi au sens où ce pianiste raffiné, de surcroît compositeur attachant, se démarque du tout-venant des musiciens par une personnalité atypique. Difficile de le rattacher à un courant, à une école. Sans doute les cours de Margaret Chaloff au Berklee College ont-ils laissé chez lui une empreinte. Comme chez Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, dont elle fut aussi le professeur (non, je n’écrirai pas la professeurE).


Du premier, on retrouve chez lui un rapport « physique » à l’instrument avec lequel il fait littéralement corps, ses contorsions et ses mimiques épousant les méandres de son inspiration. Avec les deux autres, il partage une dilection pour les harmonies aussi riches qu’insolites.


Son discours, par ailleurs d’une parfaite lisibilité, y gagne en profondeur et densité. Il ne dédaigne pas les longs préludes en solo jusqu’à ce qu’advienne sous ses doigts le thème choisi, ainsi que les développements rhapsodisants à la Tatum, alternés avec des passages en block chords. Il lui arrive d’imposer, de la main gauche, un ostinato lancinant, privilégiant les effets de contraste et de surprise. Rien de mécanique dans son jeu. Rien qui trahisse le recours au procédé. A l’inverse, une fraîcheur d’inspiration et une apparence de spontanéité qui ne manquent pas de séduire.


Sa complicité avec Johannes Weidenmueller, avec lequel il joue depuis le début des années 2000, se manifeste dès le début. Il laisse au bassiste de larges plages où s’exprime sans contrainte sa vélocité. Avec cela, une sûreté de tempo quasiment granitique. Le néerlandais Hans van Oosterhout, remplaçant Dan Weiss, batteur habituel, possède assez de métier pour s’intégrer sans difficulté au trio dont il découvre pourtant la musique. Entendu auprès de Dee Dee Bridgewater, Lee Konitz et dans d’autres contextes, il se révèle fin mélodiste, effleurant en finesse peaux et cymbales, tout en fournissant une assise rythmique des plus réactives.


Quant au répertoire, il convoque Coltrane et Hancock, les standards, le blues et même Jean-Sébastien Bach. Sans oublier quelques compositions de Werner lui-même, dont Guru, mélodie qui invite à la méditation. Comment l’assistance de l’Astrada n’aurait-elle pas été conquise par la variété des climats de ce concert élégant et feutré ?

 

Jacques Aboucaya

|

Kenny Werner est un pianiste trop rare pour laisser passer une occasion de l’écouter en direct. Rare dans toutes les acceptions du terme. On ne saurait dire que sa présence encombre la scène française où ses apparitions, ces dernières années, se comptent sur les doigts d’une main.

 

 Kenny Werner (p), Johannes Weidenmueller (b), Hans Van Oosterhout (dm). Marciac, l’Astrada, 9 février.

 

Rare aussi au sens où ce pianiste raffiné, de surcroît compositeur attachant, se démarque du tout-venant des musiciens par une personnalité atypique. Difficile de le rattacher à un courant, à une école. Sans doute les cours de Margaret Chaloff au Berklee College ont-ils laissé chez lui une empreinte. Comme chez Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, dont elle fut aussi le professeur (non, je n’écrirai pas la professeurE).


Du premier, on retrouve chez lui un rapport « physique » à l’instrument avec lequel il fait littéralement corps, ses contorsions et ses mimiques épousant les méandres de son inspiration. Avec les deux autres, il partage une dilection pour les harmonies aussi riches qu’insolites.


Son discours, par ailleurs d’une parfaite lisibilité, y gagne en profondeur et densité. Il ne dédaigne pas les longs préludes en solo jusqu’à ce qu’advienne sous ses doigts le thème choisi, ainsi que les développements rhapsodisants à la Tatum, alternés avec des passages en block chords. Il lui arrive d’imposer, de la main gauche, un ostinato lancinant, privilégiant les effets de contraste et de surprise. Rien de mécanique dans son jeu. Rien qui trahisse le recours au procédé. A l’inverse, une fraîcheur d’inspiration et une apparence de spontanéité qui ne manquent pas de séduire.


Sa complicité avec Johannes Weidenmueller, avec lequel il joue depuis le début des années 2000, se manifeste dès les premiers morceaux. Il laisse au bassiste de larges plages où s’exprime sans contrainte sa vélocité. Avec cela, une sûreté de tempo quasiment granitique. Le néerlandais Hans van Oosterhout, remplaçant Dan Weiss, batteur habituel, possède assez de métier pour s’intégrer sans difficulté au trio dont il découvre pourtant la musique. Entendu auprès de Dee Dee Bridgewater, Lee Konitz et dans d’autres contextes, il se révèle fin mélodiste, effleurant en finesse peaux et cymbales, tout en fournissant une assise rythmique des plus réactives.


Quant au répertoire, il convoque Coltrane et Hancock, les standards, le blues et même Jean-Sébastien Bach. Sans oublier quelques compositions de Werner lui-même, dont Guru, mélodie qui invite à la méditation. Comment l’assistance de l’Astrada n’aurait-elle pas été conquise par la variété des climats de ce concert élégant et feutré ?

 

Jacques Aboucaya