Sylvaine Hélary et Noémi Boutin font la Java
Fusion, musiques actuelles. Parlons-en. Avec l’ouverture d’esprit que cela suppose et non pas avec le petit bout de la lorgnette. Car que fait d’autre la flûtiste Sylvaine Hélary lorsqu’elle convoque Henri Michaud entre batterie et orgue Hammond ou lorsqu’elle invite le violoncelle de Noémi Boutin sur des partitions de Giacinto Scelsi et Marc Ducret ?
La Java, Paris (75), le 18 février 2013.
Sylvaine Hélary Trio : Sylvaine Hélary (flûte en sol, flûte en ut, piccolo, voix), Antonin Rayon (orgue Hammond B3, Clavinet Hohner), Emmanuel Scarpa (batterie) + Noémi Boutin (violoncelle).
Des présentations sommaires d’abord. Sylvaine Hélary ? J’avais salué sa prestation au Triton en trio avec la pianiste américaine Kris Davis et le batteur Edward Perraud et en avait fait mon concert de l’année dans Jazz Magazine en décembre dernier. On la retrouvera cette année au sein du quintette de Didier Levallet, des Arpenteurs de Denis Colin, du Surnatural Orchestra… Antonin Rayon ? Le Grand Ensemble et le Tower Bridge de Marc Ducret, le trio d’Alexandra Grimal qui enregistra “Shape” chez Futura. Emmanuel Scarpa ? C’était le batteur de “Shape”, mais aussi du groupe Radiation 10, par ailleurs activiste de la Région Rhône-Alpes. Noémi Boutin ? Violoncelliste classique qui ne se sent nullement étrangère parmi ses amis improvisateurs, ce dont elle s’explique avant d’entamer un bref récital solo après l’entracte. On y entendra une Chaconne de Benjamin Britten, un extrait d’une pièce qu’elle avait commandée à Marc Ducret (et que j’avais probablement entendue à l’Atelier du Plateau où il était son invité, mais que je suis incapable de reconnaître) et la fin de L’Âge des Hommes de Giacinto Scelsi. Après quoi, le trio de Sylvaine Hélary se joint à elle pour une musique où l’improvisation et l’écriture se mêlent intimement.
Mais ce qui frappe le plus dans cette dernière partie du concert comme dans la première partie, sans violoncelle, c’est comment la flûtiste noue ses compositions, savamment orchestrées et ses improvisations aux textes qu’elle interprète, mi-diseuse, mi-comédienne, mi-chanteuse, mais toujours dans un geste d’une grande fluidité dans son passage de la flûte à la voix et vice-versa, se montrant également virtuose dans l’une et l’autre discipline dont elle intercale souvent de très brèves séquences et où elle fait preuve d’un langage qui n’appartient qu’à elle. On l’entendra se jouer des dérèglements du Grand Combat d’Henri Michaux qu’elle invite ses comparses à investir et prolonger, se saisir de l’onirisme et de la rythmicité de l’écriture du Roumain Ghérasim Luca (une heureuse occasion d’alternative à la scansion fastidieuse et omniprésente du rap et de son avatar slammé) et proposer ses propres textes. Le climax du concert aura été probablement son hommage au pianiste Siegfried Kessler mort noyé le 22 janvier 2007 et qu’elle évoque à travers un poème circulaire qu’elle met en giration accélérée sur les grooves d’Antonin Rayon et Emmanuel Scarpa jusqu’à l’asphyxie. Il en résulte un double sentiment de tendresse et d’horreur froide qui n’est pas sans évoquer la noyade de Lucette dans Ada ou l’ardeur de Nabokov.
Au retour d’une belle tournée scandinave, on retrouve le trio de Sylvaine Hélary au Triton le 29 mars et le 11 avril au Théâtre de la Coupe d’or à Rochefort. D’ici là, on souhaite un bon rétablissement à Gérard Terronès, convalescent d’une série de pontages, mais qui fidèle à son activisme de toujours, poursuit envers et contre tout tout ses programmations à la Java. Sa présence planait sur ce concert.
Franck Bergerot
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Fusion, musiques actuelles. Parlons-en. Avec l’ouverture d’esprit que cela suppose et non pas avec le petit bout de la lorgnette. Car que fait d’autre la flûtiste Sylvaine Hélary lorsqu’elle convoque Henri Michaud entre batterie et orgue Hammond ou lorsqu’elle invite le violoncelle de Noémi Boutin sur des partitions de Giacinto Scelsi et Marc Ducret ?
La Java, Paris (75), le 18 février 2013.
Sylvaine Hélary Trio : Sylvaine Hélary (flûte en sol, flûte en ut, piccolo, voix), Antonin Rayon (orgue Hammond B3, Clavinet Hohner), Emmanuel Scarpa (batterie) + Noémi Boutin (violoncelle).
Des présentations sommaires d’abord. Sylvaine Hélary ? J’avais salué sa prestation au Triton en trio avec la pianiste américaine Kris Davis et le batteur Edward Perraud et en avait fait mon concert de l’année dans Jazz Magazine en décembre dernier. On la retrouvera cette année au sein du quintette de Didier Levallet, des Arpenteurs de Denis Colin, du Surnatural Orchestra… Antonin Rayon ? Le Grand Ensemble et le Tower Bridge de Marc Ducret, le trio d’Alexandra Grimal qui enregistra “Shape” chez Futura. Emmanuel Scarpa ? C’était le batteur de “Shape”, mais aussi du groupe Radiation 10, par ailleurs activiste de la Région Rhône-Alpes. Noémi Boutin ? Violoncelliste classique qui ne se sent nullement étrangère parmi ses amis improvisateurs, ce dont elle s’explique avant d’entamer un bref récital solo après l’entracte. On y entendra une Chaconne de Benjamin Britten, un extrait d’une pièce qu’elle avait commandée à Marc Ducret (et que j’avais probablement entendue à l’Atelier du Plateau où il était son invité, mais que je suis incapable de reconnaître) et la fin de L’Âge des Hommes de Giacinto Scelsi. Après quoi, le trio de Sylvaine Hélary se joint à elle pour une musique où l’improvisation et l’écriture se mêlent intimement.
Mais ce qui frappe le plus dans cette dernière partie du concert comme dans la première partie, sans violoncelle, c’est comment la flûtiste noue ses compositions, savamment orchestrées et ses improvisations aux textes qu’elle interprète, mi-diseuse, mi-comédienne, mi-chanteuse, mais toujours dans un geste d’une grande fluidité dans son passage de la flûte à la voix et vice-versa, se montrant également virtuose dans l’une et l’autre discipline dont elle intercale souvent de très brèves séquences et où elle fait preuve d’un langage qui n’appartient qu’à elle. On l’entendra se jouer des dérèglements du Grand Combat d’Henri Michaux qu’elle invite ses comparses à investir et prolonger, se saisir de l’onirisme et de la rythmicité de l’écriture du Roumain Ghérasim Luca (une heureuse occasion d’alternative à la scansion fastidieuse et omniprésente du rap et de son avatar slammé) et proposer ses propres textes. Le climax du concert aura été probablement son hommage au pianiste Siegfried Kessler mort noyé le 22 janvier 2007 et qu’elle évoque à travers un poème circulaire qu’elle met en giration accélérée sur les grooves d’Antonin Rayon et Emmanuel Scarpa jusqu’à l’asphyxie. Il en résulte un double sentiment de tendresse et d’horreur froide qui n’est pas sans évoquer la noyade de Lucette dans Ada ou l’ardeur de Nabokov.
Au retour d’une belle tournée scandinave, on retrouve le trio de Sylvaine Hélary au Triton le 29 mars et le 11 avril au Théâtre de la Coupe d’or à Rochefort. D’ici là, on souhaite un bon rétablissement à Gérard Terronès, convalescent d’une série de pontages, mais qui fidèle à son activisme de toujours, poursuit envers et contre tout tout ses programmations à la Java. Sa présence planait sur ce concert.
Franck Bergerot
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Fusion, musiques actuelles. Parlons-en. Avec l’ouverture d’esprit que cela suppose et non pas avec le petit bout de la lorgnette. Car que fait d’autre la flûtiste Sylvaine Hélary lorsqu’elle convoque Henri Michaud entre batterie et orgue Hammond ou lorsqu’elle invite le violoncelle de Noémi Boutin sur des partitions de Giacinto Scelsi et Marc Ducret ?
La Java, Paris (75), le 18 février 2013.
Sylvaine Hélary Trio : Sylvaine Hélary (flûte en sol, flûte en ut, piccolo, voix), Antonin Rayon (orgue Hammond B3, Clavinet Hohner), Emmanuel Scarpa (batterie) + Noémi Boutin (violoncelle).
Des présentations sommaires d’abord. Sylvaine Hélary ? J’avais salué sa prestation au Triton en trio avec la pianiste américaine Kris Davis et le batteur Edward Perraud et en avait fait mon concert de l’année dans Jazz Magazine en décembre dernier. On la retrouvera cette année au sein du quintette de Didier Levallet, des Arpenteurs de Denis Colin, du Surnatural Orchestra… Antonin Rayon ? Le Grand Ensemble et le Tower Bridge de Marc Ducret, le trio d’Alexandra Grimal qui enregistra “Shape” chez Futura. Emmanuel Scarpa ? C’était le batteur de “Shape”, mais aussi du groupe Radiation 10, par ailleurs activiste de la Région Rhône-Alpes. Noémi Boutin ? Violoncelliste classique qui ne se sent nullement étrangère parmi ses amis improvisateurs, ce dont elle s’explique avant d’entamer un bref récital solo après l’entracte. On y entendra une Chaconne de Benjamin Britten, un extrait d’une pièce qu’elle avait commandée à Marc Ducret (et que j’avais probablement entendue à l’Atelier du Plateau où il était son invité, mais que je suis incapable de reconnaître) et la fin de L’Âge des Hommes de Giacinto Scelsi. Après quoi, le trio de Sylvaine Hélary se joint à elle pour une musique où l’improvisation et l’écriture se mêlent intimement.
Mais ce qui frappe le plus dans cette dernière partie du concert comme dans la première partie, sans violoncelle, c’est comment la flûtiste noue ses compositions, savamment orchestrées et ses improvisations aux textes qu’elle interprète, mi-diseuse, mi-comédienne, mi-chanteuse, mais toujours dans un geste d’une grande fluidité dans son passage de la flûte à la voix et vice-versa, se montrant également virtuose dans l’une et l’autre discipline dont elle intercale souvent de très brèves séquences et où elle fait preuve d’un langage qui n’appartient qu’à elle. On l’entendra se jouer des dérèglements du Grand Combat d’Henri Michaux qu’elle invite ses comparses à investir et prolonger, se saisir de l’onirisme et de la rythmicité de l’écriture du Roumain Ghérasim Luca (une heureuse occasion d’alternative à la scansion fastidieuse et omniprésente du rap et de son avatar slammé) et proposer ses propres textes. Le climax du concert aura été probablement son hommage au pianiste Siegfried Kessler mort noyé le 22 janvier 2007 et qu’elle évoque à travers un poème circulaire qu’elle met en giration accélérée sur les grooves d’Antonin Rayon et Emmanuel Scarpa jusqu’à l’asphyxie. Il en résulte un double sentiment de tendresse et d’horreur froide qui n’est pas sans évoquer la noyade de Lucette dans Ada ou l’ardeur de Nabokov.
Au retour d’une belle tournée scandinave, on retrouve le trio de Sylvaine Hélary au Triton le 29 mars et le 11 avril au Théâtre de la Coupe d’or à Rochefort. D’ici là, on souhaite un bon rétablissement à Gérard Terronès, convalescent d’une série de pontages, mais qui fidèle à son activisme de toujours, poursuit envers et contre tout tout ses programmations à la Java. Sa présence planait sur ce concert.
Franck Bergerot
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Fusion, musiques actuelles. Parlons-en. Avec l’ouverture d’esprit que cela suppose et non pas avec le petit bout de la lorgnette. Car que fait d’autre la flûtiste Sylvaine Hélary lorsqu’elle convoque Henri Michaud entre batterie et orgue Hammond ou lorsqu’elle invite le violoncelle de Noémi Boutin sur des partitions de Giacinto Scelsi et Marc Ducret ?
La Java, Paris (75), le 18 février 2013.
Sylvaine Hélary Trio : Sylvaine Hélary (flûte en sol, flûte en ut, piccolo, voix), Antonin Rayon (orgue Hammond B3, Clavinet Hohner), Emmanuel Scarpa (batterie) + Noémi Boutin (violoncelle).
Des présentations sommaires d’abord. Sylvaine Hélary ? J’avais salué sa prestation au Triton en trio avec la pianiste américaine Kris Davis et le batteur Edward Perraud et en avait fait mon concert de l’année dans Jazz Magazine en décembre dernier. On la retrouvera cette année au sein du quintette de Didier Levallet, des Arpenteurs de Denis Colin, du Surnatural Orchestra… Antonin Rayon ? Le Grand Ensemble et le Tower Bridge de Marc Ducret, le trio d’Alexandra Grimal qui enregistra “Shape” chez Futura. Emmanuel Scarpa ? C’était le batteur de “Shape”, mais aussi du groupe Radiation 10, par ailleurs activiste de la Région Rhône-Alpes. Noémi Boutin ? Violoncelliste classique qui ne se sent nullement étrangère parmi ses amis improvisateurs, ce dont elle s’explique avant d’entamer un bref récital solo après l’entracte. On y entendra une Chaconne de Benjamin Britten, un extrait d’une pièce qu’elle avait commandée à Marc Ducret (et que j’avais probablement entendue à l’Atelier du Plateau où il était son invité, mais que je suis incapable de reconnaître) et la fin de L’Âge des Hommes de Giacinto Scelsi. Après quoi, le trio de Sylvaine Hélary se joint à elle pour une musique où l’improvisation et l’écriture se mêlent intimement.
Mais ce qui frappe le plus dans cette dernière partie du concert comme dans la première partie, sans violoncelle, c’est comment la flûtiste noue ses compositions, savamment orchestrées et ses improvisations aux textes qu’elle interprète, mi-diseuse, mi-comédienne, mi-chanteuse, mais toujours dans un geste d’une grande fluidité dans son passage de la flûte à la voix et vice-versa, se montrant également virtuose dans l’une et l’autre discipline dont elle intercale souvent de très brèves séquences et où elle fait preuve d’un langage qui n’appartient qu’à elle. On l’entendra se jouer des dérèglements du Grand Combat d’Henri Michaux qu’elle invite ses comparses à investir et prolonger, se saisir de l’onirisme et de la rythmicité de l’écriture du Roumain Ghérasim Luca (une heureuse occasion d’alternative à la scansion fastidieuse et omniprésente du rap et de son avatar slammé) et proposer ses propres textes. Le climax du concert aura été probablement son hommage au pianiste Siegfried Kessler mort noyé le 22 janvier 2007 et qu’elle évoque à travers un poème circulaire qu’elle met en giration accélérée sur les grooves d’Antonin Rayon et Emmanuel Scarpa jusqu’à l’asphyxie. Il en résulte un double sentiment de tendresse et d’horreur froide qui n’est pas sans évoquer la noyade de Lucette dans Ada ou l’ardeur de Nabokov.
Au retour d’une belle tournée scandinave, on retrouve le trio de Sylvaine Hélary au Triton le 29 mars et le 11 avril au Théâtre de la Coupe d’or à Rochefort. D’ici là, on souhaite un bon rétablissement à Gérard Terronès, convalescent d’une série de pontages, mais qui fidèle à son activisme de toujours, poursuit envers et contre tout tout ses programmations à la Java. Sa présence planait sur ce concert.
Franck Bergerot