Jazz live
Publié le 24 Mar 2013

Géraldine Laurent s'agrippe à Périgueux

 

Le lieu s’appelle modestement Le Paradis (galerie verbale), sur la rive gauche de la Dordogne, au cœur de Périgueux, une ville tout en collines, à l’ombre de la cathédrale Saint-Front et ses bulbes byzantins. C’est dans une petite salle mais archi-comble (on avait même installé des coussins) que l’association Jazzogène et son président Hans Kuijper avait convié Géraldine Laurent et son Time Out Trio à donner un concert dans le cadre d’une master class en partenariat avec le conservatoire local. Las, en ces premiers jours de printemps, une grippe retardataire avait sauté sur la saxophoniste. Mais il en faut plus pour abattre Géraldine !

 

Time Out Trio

Samedi 23 mars 2013, Le Paradis (galerie verbale), Périgueux (24).

Géraldine Laurent (as), Yoni Zelnik (b), Laurent Bataille (dm).

 

S’excusant de préserver sa gorge en ne présentant pas ses morceaux (ce que d’ailleurs elle n’aime pas faire) volontairement choisis parmi les standards, « Miss Gigi » attaqua d’emblée avec un Lester Left Town qui donna tout de suite le ton : une relecture passionnée, inventive, mise au point à la triple croche près et particulièrement rodée : la formation existe depuis 2006 et si elle n’est pas permanente, elle se reconstitue assez régulièrement avec un plaisir qui n’a d’égale que sa cohésion. Certes, le répertoire n’a rien d’aventureux (encore que…), Mingus emportant la palme avec Fables of Faubus, Better Get it in Your Soul et Tijuana Gift Shop joué en rappel. Mais l’improvisation vient faire résonner ces airs (relativement) connus d’une façon originale, personnelle et authentique. Géraldine peut de surcroît s’appuyer sur la ferveur de ses accompagnateurs, qui auraient droit à mon goût à davantage de reconnaissance : Yoni Zelnik peut sonner comme Mingus – un son fermé, mat – mais aussi comme Ron Carter – un son aéré –, et son « walking » est impeccable ; Laurent Bataille connaît toutes les ficelles – je devrais dire les peaux – du métier, il n’y a qu’à (re)lire son dossier sur les batteurs américains dans le n° 629 de Jazz Magazine/Jazzman. D’ailleurs, ce ne sont pas vraiment des accompagnateurs, ce sont des parties intégrantes d’une sorte de mise en scène sonore de ces standards, et chacun y tient son rôle, permettant aux deux autres de tenir le leur. Attention : aucun théâtre là-dedans, aucune esbroufe, mais une sincérité mise en commun qui emporte immédiatement l’adhésion. Cet art du dialogue à trois permet à Géraldine Laurent de lancer ses sagaies, d’inventer des phrases complexes en explorant, malaxant, triturant arpèges et accords, tout en restant dans la tessiture de son instrument sans en négliger les extrêmes. Et qu’importe le tempo : celui de la ballade (I Fall in Love too Easily) lui convient tout aussi bien que celui, ultra up, sur lequel le trio dispensa un The Bridge exaltant. Qu’importe aussi le rythme, 4-4, 6-8 : les participants à la master class (auxqules fut dédié un Summertime plein de chaleur tremblante), comme les auditeurs, ont eu droit à sacrée leçon : de mise en place, de générosié, de feeling. Géraldine Laurent aime cet entre-deux où la fluidité se mêle à l’accident, où la suavité s’enlace avec la raucité, où l’énergie s’allie à la réflexion. C’est un peu ça le jazz : un poème où riment naturellement invention et tradition, perfection et émotion. Un jazz ni d’hier, ni d’aujourd’hui, ni de deamin, mais de toujours.

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Le lieu s’appelle modestement Le Paradis (galerie verbale), sur la rive gauche de la Dordogne, au cœur de Périgueux, une ville tout en collines, à l’ombre de la cathédrale Saint-Front et ses bulbes byzantins. C’est dans une petite salle mais archi-comble (on avait même installé des coussins) que l’association Jazzogène et son président Hans Kuijper avait convié Géraldine Laurent et son Time Out Trio à donner un concert dans le cadre d’une master class en partenariat avec le conservatoire local. Las, en ces premiers jours de printemps, une grippe retardataire avait sauté sur la saxophoniste. Mais il en faut plus pour abattre Géraldine !

 

Time Out Trio

Samedi 23 mars 2013, Le Paradis (galerie verbale), Périgueux (24).

Géraldine Laurent (as), Yoni Zelnik (b), Laurent Bataille (dm).

 

S’excusant de préserver sa gorge en ne présentant pas ses morceaux (ce que d’ailleurs elle n’aime pas faire) volontairement choisis parmi les standards, « Miss Gigi » attaqua d’emblée avec un Lester Left Town qui donna tout de suite le ton : une relecture passionnée, inventive, mise au point à la triple croche près et particulièrement rodée : la formation existe depuis 2006 et si elle n’est pas permanente, elle se reconstitue assez régulièrement avec un plaisir qui n’a d’égale que sa cohésion. Certes, le répertoire n’a rien d’aventureux (encore que…), Mingus emportant la palme avec Fables of Faubus, Better Get it in Your Soul et Tijuana Gift Shop joué en rappel. Mais l’improvisation vient faire résonner ces airs (relativement) connus d’une façon originale, personnelle et authentique. Géraldine peut de surcroît s’appuyer sur la ferveur de ses accompagnateurs, qui auraient droit à mon goût à davantage de reconnaissance : Yoni Zelnik peut sonner comme Mingus – un son fermé, mat – mais aussi comme Ron Carter – un son aéré –, et son « walking » est impeccable ; Laurent Bataille connaît toutes les ficelles – je devrais dire les peaux – du métier, il n’y a qu’à (re)lire son dossier sur les batteurs américains dans le n° 629 de Jazz Magazine/Jazzman. D’ailleurs, ce ne sont pas vraiment des accompagnateurs, ce sont des parties intégrantes d’une sorte de mise en scène sonore de ces standards, et chacun y tient son rôle, permettant aux deux autres de tenir le leur. Attention : aucun théâtre là-dedans, aucune esbroufe, mais une sincérité mise en commun qui emporte immédiatement l’adhésion. Cet art du dialogue à trois permet à Géraldine Laurent de lancer ses sagaies, d’inventer des phrases complexes en explorant, malaxant, triturant arpèges et accords, tout en restant dans la tessiture de son instrument sans en négliger les extrêmes. Et qu’importe le tempo : celui de la ballade (I Fall in Love too Easily) lui convient tout aussi bien que celui, ultra up, sur lequel le trio dispensa un The Bridge exaltant. Qu’importe aussi le rythme, 4-4, 6-8 : les participants à la master class (auxqules fut dédié un Summertime plein de chaleur tremblante), comme les auditeurs, ont eu droit à sacrée leçon : de mise en place, de générosié, de feeling. Géraldine Laurent aime cet entre-deux où la fluidité se mêle à l’accident, où la suavité s’enlace avec la raucité, où l’énergie s’allie à la réflexion. C’est un peu ça le jazz : un poème où riment naturellement invention et tradition, perfection et émotion. Un jazz ni d’hier, ni d’aujourd’hui, ni de deamin, mais de toujours.

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Le lieu s’appelle modestement Le Paradis (galerie verbale), sur la rive gauche de la Dordogne, au cœur de Périgueux, une ville tout en collines, à l’ombre de la cathédrale Saint-Front et ses bulbes byzantins. C’est dans une petite salle mais archi-comble (on avait même installé des coussins) que l’association Jazzogène et son président Hans Kuijper avait convié Géraldine Laurent et son Time Out Trio à donner un concert dans le cadre d’une master class en partenariat avec le conservatoire local. Las, en ces premiers jours de printemps, une grippe retardataire avait sauté sur la saxophoniste. Mais il en faut plus pour abattre Géraldine !

 

Time Out Trio

Samedi 23 mars 2013, Le Paradis (galerie verbale), Périgueux (24).

Géraldine Laurent (as), Yoni Zelnik (b), Laurent Bataille (dm).

 

S’excusant de préserver sa gorge en ne présentant pas ses morceaux (ce que d’ailleurs elle n’aime pas faire) volontairement choisis parmi les standards, « Miss Gigi » attaqua d’emblée avec un Lester Left Town qui donna tout de suite le ton : une relecture passionnée, inventive, mise au point à la triple croche près et particulièrement rodée : la formation existe depuis 2006 et si elle n’est pas permanente, elle se reconstitue assez régulièrement avec un plaisir qui n’a d’égale que sa cohésion. Certes, le répertoire n’a rien d’aventureux (encore que…), Mingus emportant la palme avec Fables of Faubus, Better Get it in Your Soul et Tijuana Gift Shop joué en rappel. Mais l’improvisation vient faire résonner ces airs (relativement) connus d’une façon originale, personnelle et authentique. Géraldine peut de surcroît s’appuyer sur la ferveur de ses accompagnateurs, qui auraient droit à mon goût à davantage de reconnaissance : Yoni Zelnik peut sonner comme Mingus – un son fermé, mat – mais aussi comme Ron Carter – un son aéré –, et son « walking » est impeccable ; Laurent Bataille connaît toutes les ficelles – je devrais dire les peaux – du métier, il n’y a qu’à (re)lire son dossier sur les batteurs américains dans le n° 629 de Jazz Magazine/Jazzman. D’ailleurs, ce ne sont pas vraiment des accompagnateurs, ce sont des parties intégrantes d’une sorte de mise en scène sonore de ces standards, et chacun y tient son rôle, permettant aux deux autres de tenir le leur. Attention : aucun théâtre là-dedans, aucune esbroufe, mais une sincérité mise en commun qui emporte immédiatement l’adhésion. Cet art du dialogue à trois permet à Géraldine Laurent de lancer ses sagaies, d’inventer des phrases complexes en explorant, malaxant, triturant arpèges et accords, tout en restant dans la tessiture de son instrument sans en négliger les extrêmes. Et qu’importe le tempo : celui de la ballade (I Fall in Love too Easily) lui convient tout aussi bien que celui, ultra up, sur lequel le trio dispensa un The Bridge exaltant. Qu’importe aussi le rythme, 4-4, 6-8 : les participants à la master class (auxqules fut dédié un Summertime plein de chaleur tremblante), comme les auditeurs, ont eu droit à sacrée leçon : de mise en place, de générosié, de feeling. Géraldine Laurent aime cet entre-deux où la fluidité se mêle à l’accident, où la suavité s’enlace avec la raucité, où l’énergie s’allie à la réflexion. C’est un peu ça le jazz : un poème où riment naturellement invention et tradition, perfection et émotion. Un jazz ni d’hier, ni d’aujourd’hui, ni de deamin, mais de toujours.

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Le lieu s’appelle modestement Le Paradis (galerie verbale), sur la rive gauche de la Dordogne, au cœur de Périgueux, une ville tout en collines, à l’ombre de la cathédrale Saint-Front et ses bulbes byzantins. C’est dans une petite salle mais archi-comble (on avait même installé des coussins) que l’association Jazzogène et son président Hans Kuijper avait convié Géraldine Laurent et son Time Out Trio à donner un concert dans le cadre d’une master class en partenariat avec le conservatoire local. Las, en ces premiers jours de printemps, une grippe retardataire avait sauté sur la saxophoniste. Mais il en faut plus pour abattre Géraldine !

 

Time Out Trio

Samedi 23 mars 2013, Le Paradis (galerie verbale), Périgueux (24).

Géraldine Laurent (as), Yoni Zelnik (b), Laurent Bataille (dm).

 

S’excusant de préserver sa gorge en ne présentant pas ses morceaux (ce que d’ailleurs elle n’aime pas faire) volontairement choisis parmi les standards, « Miss Gigi » attaqua d’emblée avec un Lester Left Town qui donna tout de suite le ton : une relecture passionnée, inventive, mise au point à la triple croche près et particulièrement rodée : la formation existe depuis 2006 et si elle n’est pas permanente, elle se reconstitue assez régulièrement avec un plaisir qui n’a d’égale que sa cohésion. Certes, le répertoire n’a rien d’aventureux (encore que…), Mingus emportant la palme avec Fables of Faubus, Better Get it in Your Soul et Tijuana Gift Shop joué en rappel. Mais l’improvisation vient faire résonner ces airs (relativement) connus d’une façon originale, personnelle et authentique. Géraldine peut de surcroît s’appuyer sur la ferveur de ses accompagnateurs, qui auraient droit à mon goût à davantage de reconnaissance : Yoni Zelnik peut sonner comme Mingus – un son fermé, mat – mais aussi comme Ron Carter – un son aéré –, et son « walking » est impeccable ; Laurent Bataille connaît toutes les ficelles – je devrais dire les peaux – du métier, il n’y a qu’à (re)lire son dossier sur les batteurs américains dans le n° 629 de Jazz Magazine/Jazzman. D’ailleurs, ce ne sont pas vraiment des accompagnateurs, ce sont des parties intégrantes d’une sorte de mise en scène sonore de ces standards, et chacun y tient son rôle, permettant aux deux autres de tenir le leur. Attention : aucun théâtre là-dedans, aucune esbroufe, mais une sincérité mise en commun qui emporte immédiatement l’adhésion. Cet art du dialogue à trois permet à Géraldine Laurent de lancer ses sagaies, d’inventer des phrases complexes en explorant, malaxant, triturant arpèges et accords, tout en restant dans la tessiture de son instrument sans en négliger les extrêmes. Et qu’importe le tempo : celui de la ballade (I Fall in Love too Easily) lui convient tout aussi bien que celui, ultra up, sur lequel le trio dispensa un The Bridge exaltant. Qu’importe aussi le rythme, 4-4, 6-8 : les participants à la master class (auxqules fut dédié un Summertime plein de chaleur tremblante), comme les auditeurs, ont eu droit à sacrée leçon : de mise en place, de générosié, de feeling. Géraldine Laurent aime cet entre-deux où la fluidité se mêle à l’accident, où la suavité s’enlace avec la raucité, où l’énergie s’allie à la réflexion. C’est un peu ça le jazz : un poème où riment naturellement invention et tradition, perfection et émotion. Un jazz ni d’hier, ni d’aujourd’hui, ni de deamin, mais de toujours.