Baptiste Trotignon, salle Dutilleux à Bordeaux (33)
Bordeaux a son auditorium. Enfin. Les bordelais sont ravis, ils se précipitent, raflent toutes les places (ou presque), classique, opéra, jazz et musiques connexes. La salle Dutilleux (la grande, la petite, encore peu utilisée, se nomme Henri Sauguet) est magnifique, boisée, vaste, longue et haute, acoustique parfaite, de partout. Les bordelais sont contents parce que la ville est belle (ça on le savait déjà) mais qu’elle commence à se réveiller un peu. Ce n’est qu’un combat, continuons le début dirait Bernard Lubat, qui a été convoqué l’autre jour pour l’inauguration du pont Chaban-Delmas, en compagnie de son collègue de toujours, Michel Portal. Formidable non ?
Hier soir, c’était Baptiste Trotignon en solo. Pianiste tous terrains, Baptiste Trotignon a déjà une histoire avec Bordeaux puisqu’en novembre dernier on a créé dans le cadre de Novart une oeuvre de lui, une oeuvre entièrement écrite. On aime ça à Bordeaux, le troisième courant, la rencontre entre le jazz et l’orchestre symphonique. Il y a des lustres, c’est Bud Shank, oui le saxophoniste et flûtiste « West Coast » Bud Shank, qui avait été convoqué ici pour une création de « jazz symphonique ». Et les exemples abondent, un concerto de Rolf Liebermann qui se veut très jazz fut joué à Bordeaux récemment, et le meilleur à venir sans doute : on annonce pour juin 2014 une oeuvre de (ou par ?) Wayne Shorter avec orchestre symphonique. Formidable non ?
En tous cas, Baptiste Trotignon a régalé son monde. Ils étaient nombreux, pas tous amateurs de jazz (dieu merci), ils en ont redemandé jusqu’à trois ou quatre rappels, et comme il était venu pour ça il a donné sans calculer. Généreux, très énergique, virtuose sans aucune manière d’étaler sa technique, il s’est imposé, il a aussi fait entendre sa manière dans un récital en trois parties. D’abord des pièces de sa « composition », puis des chansons extraites de son dernier album (mais sans les chanteuses ou les chanteurs), puis de nouveau des pièces de son cru, et les rappels, dont le dernier, de la plume d’Egberto Gismonti.
Le tout diversement prenant. Un peu long parfois dans ses développements personnels, Baptiste Trotignon excelle à transcender les chansons, jusqu’à rendre supportable la grandiloquence épouvantable de Ne me quitte pas. Très ravélien dans ses débuts (mais oui Franck Bergerot, on peut le dire, on connaît un peu Ravel quand même…), il sait aussi se glisser dans les pas de Gershwin (celui qui voulait apprendre de Ravel, on sait comment ce dernier lui a répondu : « combien gagnez-vous ? » « … » « Eh bien, je n’ai donc rien à vous apprendre !), fait apprécier les chansons de Barbara (sublimes), de Nougaro, joue à la perfection I Loves You Porgy de façon garnérienne allégée (un des grands moments du récital), termine sur Monk et Nice Work If You Can’t Get It en stride pur.
Formidable. Et de bon augure avant le concert de Bojan Z. le 1° juin à 20.00. Car chaque étape compte ici pour reconquérir un public qui s’est parfois cru oublié. Rien n’est joué, car il faudra aussi savoir prendre quelques risques. Mais c’est un bon début.
Philippe Méziat
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Bordeaux a son auditorium. Enfin. Les bordelais sont ravis, ils se précipitent, raflent toutes les places (ou presque), classique, opéra, jazz et musiques connexes. La salle Dutilleux (la grande, la petite, encore peu utilisée, se nomme Henri Sauguet) est magnifique, boisée, vaste, longue et haute, acoustique parfaite, de partout. Les bordelais sont contents parce que la ville est belle (ça on le savait déjà) mais qu’elle commence à se réveiller un peu. Ce n’est qu’un combat, continuons le début dirait Bernard Lubat, qui a été convoqué l’autre jour pour l’inauguration du pont Chaban-Delmas, en compagnie de son collègue de toujours, Michel Portal. Formidable non ?
Hier soir, c’était Baptiste Trotignon en solo. Pianiste tous terrains, Baptiste Trotignon a déjà une histoire avec Bordeaux puisqu’en novembre dernier on a créé dans le cadre de Novart une oeuvre de lui, une oeuvre entièrement écrite. On aime ça à Bordeaux, le troisième courant, la rencontre entre le jazz et l’orchestre symphonique. Il y a des lustres, c’est Bud Shank, oui le saxophoniste et flûtiste « West Coast » Bud Shank, qui avait été convoqué ici pour une création de « jazz symphonique ». Et les exemples abondent, un concerto de Rolf Liebermann qui se veut très jazz fut joué à Bordeaux récemment, et le meilleur à venir sans doute : on annonce pour juin 2014 une oeuvre de (ou par ?) Wayne Shorter avec orchestre symphonique. Formidable non ?
En tous cas, Baptiste Trotignon a régalé son monde. Ils étaient nombreux, pas tous amateurs de jazz (dieu merci), ils en ont redemandé jusqu’à trois ou quatre rappels, et comme il était venu pour ça il a donné sans calculer. Généreux, très énergique, virtuose sans aucune manière d’étaler sa technique, il s’est imposé, il a aussi fait entendre sa manière dans un récital en trois parties. D’abord des pièces de sa « composition », puis des chansons extraites de son dernier album (mais sans les chanteuses ou les chanteurs), puis de nouveau des pièces de son cru, et les rappels, dont le dernier, de la plume d’Egberto Gismonti.
Le tout diversement prenant. Un peu long parfois dans ses développements personnels, Baptiste Trotignon excelle à transcender les chansons, jusqu’à rendre supportable la grandiloquence épouvantable de Ne me quitte pas. Très ravélien dans ses débuts (mais oui Franck Bergerot, on peut le dire, on connaît un peu Ravel quand même…), il sait aussi se glisser dans les pas de Gershwin (celui qui voulait apprendre de Ravel, on sait comment ce dernier lui a répondu : « combien gagnez-vous ? » « … » « Eh bien, je n’ai donc rien à vous apprendre !), fait apprécier les chansons de Barbara (sublimes), de Nougaro, joue à la perfection I Loves You Porgy de façon garnérienne allégée (un des grands moments du récital), termine sur Monk et Nice Work If You Can’t Get It en stride pur.
Formidable. Et de bon augure avant le concert de Bojan Z. le 1° juin à 20.00. Car chaque étape compte ici pour reconquérir un public qui s’est parfois cru oublié. Rien n’est joué, car il faudra aussi savoir prendre quelques risques. Mais c’est un bon début.
Philippe Méziat
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Bordeaux a son auditorium. Enfin. Les bordelais sont ravis, ils se précipitent, raflent toutes les places (ou presque), classique, opéra, jazz et musiques connexes. La salle Dutilleux (la grande, la petite, encore peu utilisée, se nomme Henri Sauguet) est magnifique, boisée, vaste, longue et haute, acoustique parfaite, de partout. Les bordelais sont contents parce que la ville est belle (ça on le savait déjà) mais qu’elle commence à se réveiller un peu. Ce n’est qu’un combat, continuons le début dirait Bernard Lubat, qui a été convoqué l’autre jour pour l’inauguration du pont Chaban-Delmas, en compagnie de son collègue de toujours, Michel Portal. Formidable non ?
Hier soir, c’était Baptiste Trotignon en solo. Pianiste tous terrains, Baptiste Trotignon a déjà une histoire avec Bordeaux puisqu’en novembre dernier on a créé dans le cadre de Novart une oeuvre de lui, une oeuvre entièrement écrite. On aime ça à Bordeaux, le troisième courant, la rencontre entre le jazz et l’orchestre symphonique. Il y a des lustres, c’est Bud Shank, oui le saxophoniste et flûtiste « West Coast » Bud Shank, qui avait été convoqué ici pour une création de « jazz symphonique ». Et les exemples abondent, un concerto de Rolf Liebermann qui se veut très jazz fut joué à Bordeaux récemment, et le meilleur à venir sans doute : on annonce pour juin 2014 une oeuvre de (ou par ?) Wayne Shorter avec orchestre symphonique. Formidable non ?
En tous cas, Baptiste Trotignon a régalé son monde. Ils étaient nombreux, pas tous amateurs de jazz (dieu merci), ils en ont redemandé jusqu’à trois ou quatre rappels, et comme il était venu pour ça il a donné sans calculer. Généreux, très énergique, virtuose sans aucune manière d’étaler sa technique, il s’est imposé, il a aussi fait entendre sa manière dans un récital en trois parties. D’abord des pièces de sa « composition », puis des chansons extraites de son dernier album (mais sans les chanteuses ou les chanteurs), puis de nouveau des pièces de son cru, et les rappels, dont le dernier, de la plume d’Egberto Gismonti.
Le tout diversement prenant. Un peu long parfois dans ses développements personnels, Baptiste Trotignon excelle à transcender les chansons, jusqu’à rendre supportable la grandiloquence épouvantable de Ne me quitte pas. Très ravélien dans ses débuts (mais oui Franck Bergerot, on peut le dire, on connaît un peu Ravel quand même…), il sait aussi se glisser dans les pas de Gershwin (celui qui voulait apprendre de Ravel, on sait comment ce dernier lui a répondu : « combien gagnez-vous ? » « … » « Eh bien, je n’ai donc rien à vous apprendre !), fait apprécier les chansons de Barbara (sublimes), de Nougaro, joue à la perfection I Loves You Porgy de façon garnérienne allégée (un des grands moments du récital), termine sur Monk et Nice Work If You Can’t Get It en stride pur.
Formidable. Et de bon augure avant le concert de Bojan Z. le 1° juin à 20.00. Car chaque étape compte ici pour reconquérir un public qui s’est parfois cru oublié. Rien n’est joué, car il faudra aussi savoir prendre quelques risques. Mais c’est un bon début.
Philippe Méziat
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Bordeaux a son auditorium. Enfin. Les bordelais sont ravis, ils se précipitent, raflent toutes les places (ou presque), classique, opéra, jazz et musiques connexes. La salle Dutilleux (la grande, la petite, encore peu utilisée, se nomme Henri Sauguet) est magnifique, boisée, vaste, longue et haute, acoustique parfaite, de partout. Les bordelais sont contents parce que la ville est belle (ça on le savait déjà) mais qu’elle commence à se réveiller un peu. Ce n’est qu’un combat, continuons le début dirait Bernard Lubat, qui a été convoqué l’autre jour pour l’inauguration du pont Chaban-Delmas, en compagnie de son collègue de toujours, Michel Portal. Formidable non ?
Hier soir, c’était Baptiste Trotignon en solo. Pianiste tous terrains, Baptiste Trotignon a déjà une histoire avec Bordeaux puisqu’en novembre dernier on a créé dans le cadre de Novart une oeuvre de lui, une oeuvre entièrement écrite. On aime ça à Bordeaux, le troisième courant, la rencontre entre le jazz et l’orchestre symphonique. Il y a des lustres, c’est Bud Shank, oui le saxophoniste et flûtiste « West Coast » Bud Shank, qui avait été convoqué ici pour une création de « jazz symphonique ». Et les exemples abondent, un concerto de Rolf Liebermann qui se veut très jazz fut joué à Bordeaux récemment, et le meilleur à venir sans doute : on annonce pour juin 2014 une oeuvre de (ou par ?) Wayne Shorter avec orchestre symphonique. Formidable non ?
En tous cas, Baptiste Trotignon a régalé son monde. Ils étaient nombreux, pas tous amateurs de jazz (dieu merci), ils en ont redemandé jusqu’à trois ou quatre rappels, et comme il était venu pour ça il a donné sans calculer. Généreux, très énergique, virtuose sans aucune manière d’étaler sa technique, il s’est imposé, il a aussi fait entendre sa manière dans un récital en trois parties. D’abord des pièces de sa « composition », puis des chansons extraites de son dernier album (mais sans les chanteuses ou les chanteurs), puis de nouveau des pièces de son cru, et les rappels, dont le dernier, de la plume d’Egberto Gismonti.
Le tout diversement prenant. Un peu long parfois dans ses développements personnels, Baptiste Trotignon excelle à transcender les chansons, jusqu’à rendre supportable la grandiloquence épouvantable de Ne me quitte pas. Très ravélien dans ses débuts (mais oui Franck Bergerot, on peut le dire, on connaît un peu Ravel quand même…), il sait aussi se glisser dans les pas de Gershwin (celui qui voulait apprendre de Ravel, on sait comment ce dernier lui a répondu : « combien gagnez-vous ? » « … » « Eh bien, je n’ai donc rien à vous apprendre !), fait apprécier les chansons de Barbara (sublimes), de Nougaro, joue à la perfection I Loves You Porgy de façon garnérienne allégée (un des grands moments du récital), termine sur Monk et Nice Work If You Can’t Get It en stride pur.
Formidable. Et de bon augure avant le concert de Bojan Z. le 1° juin à 20.00. Car chaque étape compte ici pour reconquérir un public qui s’est parfois cru oublié. Rien n’est joué, car il faudra aussi savoir prendre quelques risques. Mais c’est un bon début.
Philippe Méziat