Jazzdor Strasbourg/Berlin, 4° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 08/06.
Jazzdor Strasbourg/Berlin, 4° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 08/06.
Duo Joëlle Léandre (b)/Vincent Courtois (cello) ; J.A.S.S. : John Hollenbeck (dm), Alban Darche (ts), Samuel Blaser (tb), Sébastien Boisseau (b) ; Antoine Berjeaut Wasteland, featuring Mike Ladd : Antoine Berjeaut (tp, bugle), Jozef Dumoulin (Rhodes, p), Stéphane Kerecki (b), Fabrice Moreau (dm), Mike Ladd (voc).
Autant l’avouer : sans doute pour avoir voulu économiser mon énergie de cycliste berlinois impénitent en vue des réjouissances finales de ce septième Jazzdor Strasbourg/Berlin, je n’ai pas réussi à arriver à l’heure au premier concert de l’ultime soirée. Joëlle Léandre et Vincent Courtois, pourtant. La peste soit de ma maudite indolence !
Quand je parvins à la Kesselhaus, tous deux étaient partis dans une sorte de blues dégingandé où la contrebassiste modulait une manière de field holler tout en maniant son archet tandis que le violoncelliste, en accord frottés du pouce, déroulait la grille harmonique du blues avec un punch de derrière les fagots. Puis ce furent des échanges passionnants au fil desquels les textures entremêlées des deux instruments firent oublier qu’ils n’étaient que deux, voire quels étaient leurs noms. Car Léandre et Courtois sont de tels monstres (allez, n’ayons pas peur de ce qualificatif éculé puisqu’ici il prend corps sous la pulpe des doigts ou le crin des archets et dans la chair du bois) de musicalité et de folie créative que leurs personnalités transcendent (en même temps qu’elles les poussent à l’extrême) les limites de leurs instruments respectifs. Et quand Joëlle déclame, entonne, éructe une partie vocale, elle ajoute à l’ensemble une dimension tantôt lyrique, tantôt ludique, mais toujours vitale.
J.A.S.S., en deuxième partie, c’est le rêve qui se prolonge. Un trio franco-suisse — Alban Darche, Sébastien Boisseau, Samuel Blaser — plus un batteur américain (vivant à Berlin, il est vrai) qui s’intègre à l’ensemble à égalité, ce n’est pas si courant, même si c’est un peu le visage d’une nouvelle Europe du jazz qui se dessine là : décomplexée par rapport au « modèle » transatlantique, lequel ne la ramène plus autant qu’autrefois. A eux quatre ils ont défini un son de groupe qui doit autant à la contribution de chacun, mais auquel le drumming mélodique et foisonnant d’Hollenbeck confère une bonne partie de son identité. Solos affûtés, parties d’ensemble à la fois denses et fluides, interaction vibrante et mise en place réglée au millimètre près… on ne sait qu’admirer le plus chez cette formation enthousiasmante. Alors il faut tout prendre, et surtout ne rien laisser de côté (si l’on veut bien me passer la redondance).
Avec le Wasteland d’Antoine Berjeaut, on entre dans le monde semi-électrique du Miles post-seventies, avec projection vidéo en prime. Ambiance, ambiance, donc, d’autant que la scansion de la voix profonde et percutante de Mike Ladd sur cette musique atmosphérique ne peut laisser indifférent. Cette voix est d’ailleurs par moments d’une telle puissance dans le déboulé rythmique des mots, dans l’épaisseur qu’elle leur donne, dans l’émotion qu’elle véhicule, qu’elle semble entraîner tout le groupe à sa suite. Il y a ici un amalgame en perpétuelle évolution, où chaque instrument prend tour à tour la première place pour modeler le son d’ensemble en fédérant le reste de la formation. Une sorte de leadership tournant fascinant à observer, où les qualités proprement vocales de Jozef Dumoulin, Stéphane Kérecki et Fabrice Moreau sont mobilisées pour hausser leur virtuosité instrumentale au niveau d’une voix exceptionnelle, qui est — comme chacun sait — le premier instrument.
Si l’on veut esquisser à chaud le bilan de cette septième édition de Jazzdor Strasbourg/Berlin on en retiendra donc la diversité des propositions artistiques, toutes ancrées dans une actualité à la fois vive et accessible à un large auditoire. Voilà qui explique le succès, auprès d’un public berlinois ouvert et curieux, d’un festival en grande partie axé sur la scène française. A la table où l’on vendait les disques des groupes invités, on pouvait trouver quelques exemplaires gratuits du magazine allemand Jazzthetik, dont un qui affichait en couverture « notre » Louis Sclavis (lequel enregistre depuis lurette sur le label allemand ECM). Vous imaginez, vous, un musicien allemand en couverture d’un magazine français ? Et/ou signé par un label hexagonal ? Et/ou jouant dans un festival bien de chez nous ? « Français, encore un effort … » écrivait le Marquis de Sade. Philippe Ochem et son équipe n’ont pas ménagé les leurs pour donner à Jazzdor Strasbourg/Berlin les sept vies qu’on accorde aux chats.
Thierry Quénum
|
Jazzdor Strasbourg/Berlin, 4° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 08/06.
Duo Joëlle Léandre (b)/Vincent Courtois (cello) ; J.A.S.S. : John Hollenbeck (dm), Alban Darche (ts), Samuel Blaser (tb), Sébastien Boisseau (b) ; Antoine Berjeaut Wasteland, featuring Mike Ladd : Antoine Berjeaut (tp, bugle), Jozef Dumoulin (Rhodes, p), Stéphane Kerecki (b), Fabrice Moreau (dm), Mike Ladd (voc).
Autant l’avouer : sans doute pour avoir voulu économiser mon énergie de cycliste berlinois impénitent en vue des réjouissances finales de ce septième Jazzdor Strasbourg/Berlin, je n’ai pas réussi à arriver à l’heure au premier concert de l’ultime soirée. Joëlle Léandre et Vincent Courtois, pourtant. La peste soit de ma maudite indolence !
Quand je parvins à la Kesselhaus, tous deux étaient partis dans une sorte de blues dégingandé où la contrebassiste modulait une manière de field holler tout en maniant son archet tandis que le violoncelliste, en accord frottés du pouce, déroulait la grille harmonique du blues avec un punch de derrière les fagots. Puis ce furent des échanges passionnants au fil desquels les textures entremêlées des deux instruments firent oublier qu’ils n’étaient que deux, voire quels étaient leurs noms. Car Léandre et Courtois sont de tels monstres (allez, n’ayons pas peur de ce qualificatif éculé puisqu’ici il prend corps sous la pulpe des doigts ou le crin des archets et dans la chair du bois) de musicalité et de folie créative que leurs personnalités transcendent (en même temps qu’elles les poussent à l’extrême) les limites de leurs instruments respectifs. Et quand Joëlle déclame, entonne, éructe une partie vocale, elle ajoute à l’ensemble une dimension tantôt lyrique, tantôt ludique, mais toujours vitale.
J.A.S.S., en deuxième partie, c’est le rêve qui se prolonge. Un trio franco-suisse — Alban Darche, Sébastien Boisseau, Samuel Blaser — plus un batteur américain (vivant à Berlin, il est vrai) qui s’intègre à l’ensemble à égalité, ce n’est pas si courant, même si c’est un peu le visage d’une nouvelle Europe du jazz qui se dessine là : décomplexée par rapport au « modèle » transatlantique, lequel ne la ramène plus autant qu’autrefois. A eux quatre ils ont défini un son de groupe qui doit autant à la contribution de chacun, mais auquel le drumming mélodique et foisonnant d’Hollenbeck confère une bonne partie de son identité. Solos affûtés, parties d’ensemble à la fois denses et fluides, interaction vibrante et mise en place réglée au millimètre près… on ne sait qu’admirer le plus chez cette formation enthousiasmante. Alors il faut tout prendre, et surtout ne rien laisser de côté (si l’on veut bien me passer la redondance).
Avec le Wasteland d’Antoine Berjeaut, on entre dans le monde semi-électrique du Miles post-seventies, avec projection vidéo en prime. Ambiance, ambiance, donc, d’autant que la scansion de la voix profonde et percutante de Mike Ladd sur cette musique atmosphérique ne peut laisser indifférent. Cette voix est d’ailleurs par moments d’une telle puissance dans le déboulé rythmique des mots, dans l’épaisseur qu’elle leur donne, dans l’émotion qu’elle véhicule, qu’elle semble entraîner tout le groupe à sa suite. Il y a ici un amalgame en perpétuelle évolution, où chaque instrument prend tour à tour la première place pour modeler le son d’ensemble en fédérant le reste de la formation. Une sorte de leadership tournant fascinant à observer, où les qualités proprement vocales de Jozef Dumoulin, Stéphane Kérecki et Fabrice Moreau sont mobilisées pour hausser leur virtuosité instrumentale au niveau d’une voix exceptionnelle, qui est — comme chacun sait — le premier instrument.
Si l’on veut esquisser à chaud le bilan de cette septième édition de Jazzdor Strasbourg/Berlin on en retiendra donc la diversité des propositions artistiques, toutes ancrées dans une actualité à la fois vive et accessible à un large auditoire. Voilà qui explique le succès, auprès d’un public berlinois ouvert et curieux, d’un festival en grande partie axé sur la scène française. A la table où l’on vendait les disques des groupes invités, on pouvait trouver quelques exemplaires gratuits du magazine allemand Jazzthetik, dont un qui affichait en couverture « notre » Louis Sclavis (lequel enregistre depuis lurette sur le label allemand ECM). Vous imaginez, vous, un musicien allemand en couverture d’un magazine français ? Et/ou signé par un label hexagonal ? Et/ou jouant dans un festival bien de chez nous ? « Français, encore un effort … » écrivait le Marquis de Sade. Philippe Ochem et son équipe n’ont pas ménagé les leurs pour donner à Jazzdor Strasbourg/Berlin les sept vies qu’on accorde aux chats.
Thierry Quénum
|
Jazzdor Strasbourg/Berlin, 4° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 08/06.
Duo Joëlle Léandre (b)/Vincent Courtois (cello) ; J.A.S.S. : John Hollenbeck (dm), Alban Darche (ts), Samuel Blaser (tb), Sébastien Boisseau (b) ; Antoine Berjeaut Wasteland, featuring Mike Ladd : Antoine Berjeaut (tp, bugle), Jozef Dumoulin (Rhodes, p), Stéphane Kerecki (b), Fabrice Moreau (dm), Mike Ladd (voc).
Autant l’avouer : sans doute pour avoir voulu économiser mon énergie de cycliste berlinois impénitent en vue des réjouissances finales de ce septième Jazzdor Strasbourg/Berlin, je n’ai pas réussi à arriver à l’heure au premier concert de l’ultime soirée. Joëlle Léandre et Vincent Courtois, pourtant. La peste soit de ma maudite indolence !
Quand je parvins à la Kesselhaus, tous deux étaient partis dans une sorte de blues dégingandé où la contrebassiste modulait une manière de field holler tout en maniant son archet tandis que le violoncelliste, en accord frottés du pouce, déroulait la grille harmonique du blues avec un punch de derrière les fagots. Puis ce furent des échanges passionnants au fil desquels les textures entremêlées des deux instruments firent oublier qu’ils n’étaient que deux, voire quels étaient leurs noms. Car Léandre et Courtois sont de tels monstres (allez, n’ayons pas peur de ce qualificatif éculé puisqu’ici il prend corps sous la pulpe des doigts ou le crin des archets et dans la chair du bois) de musicalité et de folie créative que leurs personnalités transcendent (en même temps qu’elles les poussent à l’extrême) les limites de leurs instruments respectifs. Et quand Joëlle déclame, entonne, éructe une partie vocale, elle ajoute à l’ensemble une dimension tantôt lyrique, tantôt ludique, mais toujours vitale.
J.A.S.S., en deuxième partie, c’est le rêve qui se prolonge. Un trio franco-suisse — Alban Darche, Sébastien Boisseau, Samuel Blaser — plus un batteur américain (vivant à Berlin, il est vrai) qui s’intègre à l’ensemble à égalité, ce n’est pas si courant, même si c’est un peu le visage d’une nouvelle Europe du jazz qui se dessine là : décomplexée par rapport au « modèle » transatlantique, lequel ne la ramène plus autant qu’autrefois. A eux quatre ils ont défini un son de groupe qui doit autant à la contribution de chacun, mais auquel le drumming mélodique et foisonnant d’Hollenbeck confère une bonne partie de son identité. Solos affûtés, parties d’ensemble à la fois denses et fluides, interaction vibrante et mise en place réglée au millimètre près… on ne sait qu’admirer le plus chez cette formation enthousiasmante. Alors il faut tout prendre, et surtout ne rien laisser de côté (si l’on veut bien me passer la redondance).
Avec le Wasteland d’Antoine Berjeaut, on entre dans le monde semi-électrique du Miles post-seventies, avec projection vidéo en prime. Ambiance, ambiance, donc, d’autant que la scansion de la voix profonde et percutante de Mike Ladd sur cette musique atmosphérique ne peut laisser indifférent. Cette voix est d’ailleurs par moments d’une telle puissance dans le déboulé rythmique des mots, dans l’épaisseur qu’elle leur donne, dans l’émotion qu’elle véhicule, qu’elle semble entraîner tout le groupe à sa suite. Il y a ici un amalgame en perpétuelle évolution, où chaque instrument prend tour à tour la première place pour modeler le son d’ensemble en fédérant le reste de la formation. Une sorte de leadership tournant fascinant à observer, où les qualités proprement vocales de Jozef Dumoulin, Stéphane Kérecki et Fabrice Moreau sont mobilisées pour hausser leur virtuosité instrumentale au niveau d’une voix exceptionnelle, qui est — comme chacun sait — le premier instrument.
Si l’on veut esquisser à chaud le bilan de cette septième édition de Jazzdor Strasbourg/Berlin on en retiendra donc la diversité des propositions artistiques, toutes ancrées dans une actualité à la fois vive et accessible à un large auditoire. Voilà qui explique le succès, auprès d’un public berlinois ouvert et curieux, d’un festival en grande partie axé sur la scène française. A la table où l’on vendait les disques des groupes invités, on pouvait trouver quelques exemplaires gratuits du magazine allemand Jazzthetik, dont un qui affichait en couverture « notre » Louis Sclavis (lequel enregistre depuis lurette sur le label allemand ECM). Vous imaginez, vous, un musicien allemand en couverture d’un magazine français ? Et/ou signé par un label hexagonal ? Et/ou jouant dans un festival bien de chez nous ? « Français, encore un effort … » écrivait le Marquis de Sade. Philippe Ochem et son équipe n’ont pas ménagé les leurs pour donner à Jazzdor Strasbourg/Berlin les sept vies qu’on accorde aux chats.
Thierry Quénum
|
Jazzdor Strasbourg/Berlin, 4° soirée. Berlin, Kesselhaus, Kulturbrauerei, 08/06.
Duo Joëlle Léandre (b)/Vincent Courtois (cello) ; J.A.S.S. : John Hollenbeck (dm), Alban Darche (ts), Samuel Blaser (tb), Sébastien Boisseau (b) ; Antoine Berjeaut Wasteland, featuring Mike Ladd : Antoine Berjeaut (tp, bugle), Jozef Dumoulin (Rhodes, p), Stéphane Kerecki (b), Fabrice Moreau (dm), Mike Ladd (voc).
Autant l’avouer : sans doute pour avoir voulu économiser mon énergie de cycliste berlinois impénitent en vue des réjouissances finales de ce septième Jazzdor Strasbourg/Berlin, je n’ai pas réussi à arriver à l’heure au premier concert de l’ultime soirée. Joëlle Léandre et Vincent Courtois, pourtant. La peste soit de ma maudite indolence !
Quand je parvins à la Kesselhaus, tous deux étaient partis dans une sorte de blues dégingandé où la contrebassiste modulait une manière de field holler tout en maniant son archet tandis que le violoncelliste, en accord frottés du pouce, déroulait la grille harmonique du blues avec un punch de derrière les fagots. Puis ce furent des échanges passionnants au fil desquels les textures entremêlées des deux instruments firent oublier qu’ils n’étaient que deux, voire quels étaient leurs noms. Car Léandre et Courtois sont de tels monstres (allez, n’ayons pas peur de ce qualificatif éculé puisqu’ici il prend corps sous la pulpe des doigts ou le crin des archets et dans la chair du bois) de musicalité et de folie créative que leurs personnalités transcendent (en même temps qu’elles les poussent à l’extrême) les limites de leurs instruments respectifs. Et quand Joëlle déclame, entonne, éructe une partie vocale, elle ajoute à l’ensemble une dimension tantôt lyrique, tantôt ludique, mais toujours vitale.
J.A.S.S., en deuxième partie, c’est le rêve qui se prolonge. Un trio franco-suisse — Alban Darche, Sébastien Boisseau, Samuel Blaser — plus un batteur américain (vivant à Berlin, il est vrai) qui s’intègre à l’ensemble à égalité, ce n’est pas si courant, même si c’est un peu le visage d’une nouvelle Europe du jazz qui se dessine là : décomplexée par rapport au « modèle » transatlantique, lequel ne la ramène plus autant qu’autrefois. A eux quatre ils ont défini un son de groupe qui doit autant à la contribution de chacun, mais auquel le drumming mélodique et foisonnant d’Hollenbeck confère une bonne partie de son identité. Solos affûtés, parties d’ensemble à la fois denses et fluides, interaction vibrante et mise en place réglée au millimètre près… on ne sait qu’admirer le plus chez cette formation enthousiasmante. Alors il faut tout prendre, et surtout ne rien laisser de côté (si l’on veut bien me passer la redondance).
Avec le Wasteland d’Antoine Berjeaut, on entre dans le monde semi-électrique du Miles post-seventies, avec projection vidéo en prime. Ambiance, ambiance, donc, d’autant que la scansion de la voix profonde et percutante de Mike Ladd sur cette musique atmosphérique ne peut laisser indifférent. Cette voix est d’ailleurs par moments d’une telle puissance dans le déboulé rythmique des mots, dans l’épaisseur qu’elle leur donne, dans l’émotion qu’elle véhicule, qu’elle semble entraîner tout le groupe à sa suite. Il y a ici un amalgame en perpétuelle évolution, où chaque instrument prend tour à tour la première place pour modeler le son d’ensemble en fédérant le reste de la formation. Une sorte de leadership tournant fascinant à observer, où les qualités proprement vocales de Jozef Dumoulin, Stéphane Kérecki et Fabrice Moreau sont mobilisées pour hausser leur virtuosité instrumentale au niveau d’une voix exceptionnelle, qui est — comme chacun sait — le premier instrument.
Si l’on veut esquisser à chaud le bilan de cette septième édition de Jazzdor Strasbourg/Berlin on en retiendra donc la diversité des propositions artistiques, toutes ancrées dans une actualité à la fois vive et accessible à un large auditoire. Voilà qui explique le succès, auprès d’un public berlinois ouvert et curieux, d’un festival en grande partie axé sur la scène française. A la table où l’on vendait les disques des groupes invités, on pouvait trouver quelques exemplaires gratuits du magazine allemand Jazzthetik, dont un qui affichait en couverture « notre » Louis Sclavis (lequel enregistre depuis lurette sur le label allemand ECM). Vous imaginez, vous, un musicien allemand en couverture d’un magazine français ? Et/ou signé par un label hexagonal ? Et/ou jouant dans un festival bien de chez nous ? « Français, encore un effort … » écrivait le Marquis de Sade. Philippe Ochem et son équipe n’ont pas ménagé les leurs pour donner à Jazzdor Strasbourg/Berlin les sept vies qu’on accorde aux chats.
Thierry Quénum