Jazz live
Publié le 22 Sep 2017

New Orleans: le jazz déménage avec son temps

 

Blanc immaculé, le Natchez, nef emblème de New Orleans accoste sur un quai du Mississippi. S’échappe alors du Steamer de drôles de sifflements. Cahin-caha les notes soufflées par la vapeur jaillie des moteurs deviennent mélodies. On distingue le musicien mécanicien pianoter sur le pont supérieur. A Nola La musique mécanique du Calliope vaut signature.

Une plongée sans crier gare de nuit dans Bourbon Street histoire d’exorciser les clichés figure désormais une balade en eau trouble aux tourbillons nauséabonds. Touristes débraillés, criards, fêtards imbibés: la rue de légende du jazz New Orleans a tourné au carnaval permanent décoloré. A un jet de notes du Mississippi les digues du bien être et se comporter beau ont craqué sous les intérêts d’un merchandising à tout va. Le royaume du Swing a reculé devant la horde des touristes consommateurs à tout crin. Braillards, crieurs et voyeurs se régalent de musiques dopées, jazz, blues, rock traitées aux OGM. La qualité des orchestres, de la musique, du son ont quitté la place. Seul le volume sonore général a pris de l’ampleur. Tristes topiques.

Brass Band sous la pluie

Brass Band sous la pluie

Pourtant le jazz de la Nouvelle Orleans à de la ressource. Au coin du French Market, dans le dit Vieux Carré un marching band a trouvé refuge sous un avant toit suite au violent assaut d’une averse tropicale. Nombres de festivals d’ét sur le vieux continent recherchent ce type d’orchestre champions pour animer les rues des Centre ville. Ici cuivres, tambours et grosse caisse distillent un groove chaud qui passe entre les gouttes. Seul le préposé au chapeau chargé de faire la quête auprès des spectateurs et passants n’ose pas traverser la rue inondée.
Le jazz, ses tranches créatives, ses échos qui donnent envie, ses musiciens, ses lieux qui sonnent vrai, la vile aux racines franco-espagnoles l’a fait se replier dans le joli quartier de Faubourg Martigny. Les clubs, les musiciens, le public branché se retrouvent maintenant dans Frenchmen Street, au delà de l’avenue de l’Eplanade, devenue la rue du jazz. 300 mètres de musiques live en simultané. Ce jour on trouve du funk au 30/90 (une affichette collée parmi d’autres y annonce Correy Henry pour la fin du mois) un brass band de Tremé (la zone la plus black de la ville) dans la grande salle du d.b.a, blues électrique au programme du Three Muses etc. La tête d’affiche se joue pourtant à deux pas, au  Snug Harbor. (Bon) Restaurant créole au rez de chaussée, club de jazz à l’étage. Annoncé pour deux sets ce soir : Delfeayo Marsalis à la tête d’un big band. Le tromboniste n’entre pas en scène toute de suite. Il se fait attendre deux morceaux ou trois, laissant sa troupe sous la houlette d’un autre trombone et fidèle compagnon de route -il joue également au sein de l’orchestre de Wynton MarsalisTerrence Tapfin. Douze cuivres, pas moins, sonnent en simultané. Une masse, un souffle qui passe, un va et vient de clés, coulisses et pistons. On sent la marque de la tradition orléanaise, swing, pulsion et couleurs maniés avec élégance. Count Basie, Ellington plus standards divers donnent la matière. Un beau son d’ensemble, des unissons à la douzaine ou des soli trvaillés dans la durée: le nombre et la qualité d’exécution font de l’effet. Delfeayo exerce en soliste mais surtout en meneur de revue. Non sans une certaine décontraction. Il se penche et parle au jeune sax baryton assis devant lui. Le temps d’avouer, pince sans rire « Je lui ai demandé son nom car comme c’est la première fois qu’il joue avec nous je ne le connais pas…Je sais simplement qu’il sort très bien classé du Conservatoire de la ville. Justement sur ce morceau à venir joué sur un tempo rapide, on va voir ce que le jeune homme sait faire…»

Delfeayo Marsalis au Snug  Harbor

Delfeayo Marsalis au Snug Harbor

L’ambiance dans le club tranche avec celle de l’hexagone. Il y a de l’échange, un jeu de question réponse, un zeste de provocation sur ou devant la scène. Le cadet des Marsalis sait y faire pour faire réagir son public comme ses musiciens. Ça rigole devant les pupitres, ça réagit, ça apostrophe dans les rangs du public qui s’exprime un verre à la main. Un autre musicien, trompettiste, fait un passage éclair sur les planches. Une chanteuse plantureuse fait résonner une voix grave appropriée pour un très chaud « Let’s the good time roll » La fin du set sonnée, l’orchestre part conclure en marchant parmi les tables. On tape dans le dos de certains musiciens, on serre des mains au passage. Ambiance quasi familiale, amicale, des sourires, des bons mots « 0n joué souvent ici » raconte Gregory Agid, excellent clarinettiste dont le jeu très vivant, virevoltant porte le sceau de la musique new orleans « On se connait, on est presque tous de New Orleans. Je connais ici pas mal de jeunes musiciens de qualité, tous très bien formés. Moi par exemple je vais jouer avec mon quartet dans un autre club, de la rue ce we… »

Gregory Agid (cla) Terrence Tasfin (tb)

Gregory Agid (cla) Terrence Tasfin (tb)

Gregory Agid se plait avec les Marsalis « J’ai fait partie moi aussi avec Wynton lors d’une tournée en Europe. On devrait y retourner bientôt avec Delfeayo. Le jeune clarinettiste qui pratique aussi le ténor…et l’humour rève de la France « Mon père est né à Nice » Et de Barcelone « ma ville préférée. En attendant, le second set il le fera à La Nouvelle Orléans devant un public plutôt tête blanches. À tous les sens du terme. Ainsi le jazz made in New Orleans suit-il son histoire. Vivant kaléidoscope.

Robert Latxague

PS: si l’on passe à Phoenix, Arizona il faut absolument faire une halte au MIM, fabuleux musée des instruments du monde. Il en a accueille plusieurs milliers récoltés dans toutes la planète à propos de toutes les musiques jouées.

Cent guitares au MIM de Phœnix

Cent guitares au MIM de Phœnix

Blanc immaculé, le Natchez, nef emblème de New Orleans accoste sur un quai du Mississippi. S’échappe alors du Steamer de drôles de sifflements. Cahin-caha les notes soufflées par la vapeur jaillie des moteurs deviennent mélodies. On distingue le musicien mécanicien pianoter sur le pont supérieur. A Nola La musique mécanique du Calliope vaut signature.

Une plongée sans crier gare de nuit dans Bourbon Street histoire d’exorciser les clichés figure désormais une balade en eau trouble aux tourbillons nauséabonds. Touristes débraillés, criards, fêtards imbibés: la rue de légende du jazz New Orleans a tourné au carnaval permanent décoloré. A un jet de notes du Mississippi les digues du bien être et se comporter beau ont craqué sous les intérêts d’un merchandising à tout va. Le royaume du Swing a reculé devant la horde des touristes consommateurs à tout crin. Braillards, crieurs et voyeurs se régalent de musiques dopées, jazz, blues, rock traitées aux OGM. La qualité des orchestres, de la musique, du son ont quitté la place. Seul le volume sonore général a pris de l’ampleur. Tristes topiques.

Brass Band sous la pluie

Brass Band sous la pluie

Pourtant le jazz de la Nouvelle Orleans à de la ressource. Au coin du French Market, dans le dit Vieux Carré un marching band a trouvé refuge sous un avant toit suite au violent assaut d’une averse tropicale. Nombres de festivals d’ét sur le vieux continent recherchent ce type d’orchestre champions pour animer les rues des Centre ville. Ici cuivres, tambours et grosse caisse distillent un groove chaud qui passe entre les gouttes. Seul le préposé au chapeau chargé de faire la quête auprès des spectateurs et passants n’ose pas traverser la rue inondée.
Le jazz, ses tranches créatives, ses échos qui donnent envie, ses musiciens, ses lieux qui sonnent vrai, la vile aux racines franco-espagnoles l’a fait se replier dans le joli quartier de Faubourg Martigny. Les clubs, les musiciens, le public branché se retrouvent maintenant dans Frenchmen Street, au delà de l’avenue de l’Eplanade, devenue la rue du jazz. 300 mètres de musiques live en simultané. Ce jour on trouve du funk au 30/90 (une affichette collée parmi d’autres y annonce Correy Henry pour la fin du mois) un brass band de Tremé (la zone la plus black de la ville) dans la grande salle du d.b.a, blues électrique au programme du Three Muses etc. La tête d’affiche se joue pourtant à deux pas, au  Snug Harbor. (Bon) Restaurant créole au rez de chaussée, club de jazz à l’étage. Annoncé pour deux sets ce soir : Delfeayo Marsalis à la tête d’un big band. Le tromboniste n’entre pas en scène toute de suite. Il se fait attendre deux morceaux ou trois, laissant sa troupe sous la houlette d’un autre trombone et fidèle compagnon de route -il joue également au sein de l’orchestre de Wynton MarsalisTerrence Tapfin. Douze cuivres, pas moins, sonnent en simultané. Une masse, un souffle qui passe, un va et vient de clés, coulisses et pistons. On sent la marque de la tradition orléanaise, swing, pulsion et couleurs maniés avec élégance. Count Basie, Ellington plus standards divers donnent la matière. Un beau son d’ensemble, des unissons à la douzaine ou des soli trvaillés dans la durée: le nombre et la qualité d’exécution font de l’effet. Delfeayo exerce en soliste mais surtout en meneur de revue. Non sans une certaine décontraction. Il se penche et parle au jeune sax baryton assis devant lui. Le temps d’avouer, pince sans rire « Je lui ai demandé son nom car comme c’est la première fois qu’il joue avec nous je ne le connais pas…Je sais simplement qu’il sort très bien classé du Conservatoire de la ville. Justement sur ce morceau à venir joué sur un tempo rapide, on va voir ce que le jeune homme sait faire…»

Delfeayo Marsalis au Snug  Harbor

Delfeayo Marsalis au Snug Harbor

L’ambiance dans le club tranche avec celle de l’hexagone. Il y a de l’échange, un jeu de question réponse, un zeste de provocation sur ou devant la scène. Le cadet des Marsalis sait y faire pour faire réagir son public comme ses musiciens. Ça rigole devant les pupitres, ça réagit, ça apostrophe dans les rangs du public qui s’exprime un verre à la main. Un autre musicien, trompettiste, fait un passage éclair sur les planches. Une chanteuse plantureuse fait résonner une voix grave appropriée pour un très chaud « Let’s the good time roll » La fin du set sonnée, l’orchestre part conclure en marchant parmi les tables. On tape dans le dos de certains musiciens, on serre des mains au passage. Ambiance quasi familiale, amicale, des sourires, des bons mots « 0n joué souvent ici » raconte Gregory Agid, excellent clarinettiste dont le jeu très vivant, virevoltant porte le sceau de la musique new orleans « On se connait, on est presque tous de New Orleans. Je connais ici pas mal de jeunes musiciens de qualité, tous très bien formés. Moi par exemple je vais jouer avec mon quartet dans un autre club, de la rue ce we… »

Gregory Agid (cla) Terrence Tasfin (tb)

Gregory Agid (cla) Terrence Tasfin (tb)

Gregory Agid se plait avec les Marsalis « J’ai fait partie moi aussi avec Wynton lors d’une tournée en Europe. On devrait y retourner bientôt avec Delfeayo. Le jeune clarinettiste qui pratique aussi le ténor…et l’humour rève de la France « Mon père est né à Nice » Et de Barcelone « ma ville préférée. En attendant, le second set il le fera à La Nouvelle Orléans devant un public plutôt tête blanches. À tous les sens du terme. Ainsi le jazz made in New Orleans suit-il son histoire. Vivant kaléidoscope.

Robert Latxague

PS: si l’on passe à Phoenix, Arizona il faut absolument faire une halte au MIM, fabuleux musée des instruments du monde. Il en a accueille plusieurs milliers récoltés dans toutes la planète à propos de toutes les musiques jouées.

Cent guitares au MIM de Phœnix

Cent guitares au MIM de Phœnix

Blanc immaculé, le Natchez, nef emblème de New Orleans accoste sur un quai du Mississippi. S’échappe alors du Steamer de drôles de sifflements. Cahin-caha les notes soufflées par la vapeur jaillie des moteurs deviennent mélodies. On distingue le musicien mécanicien pianoter sur le pont supérieur. A Nola La musique mécanique du Calliope vaut signature.

Une plongée sans crier gare de nuit dans Bourbon Street histoire d’exorciser les clichés figure désormais une balade en eau trouble aux tourbillons nauséabonds. Touristes débraillés, criards, fêtards imbibés: la rue de légende du jazz New Orleans a tourné au carnaval permanent décoloré. A un jet de notes du Mississippi les digues du bien être et se comporter beau ont craqué sous les intérêts d’un merchandising à tout va. Le royaume du Swing a reculé devant la horde des touristes consommateurs à tout crin. Braillards, crieurs et voyeurs se régalent de musiques dopées, jazz, blues, rock traitées aux OGM. La qualité des orchestres, de la musique, du son ont quitté la place. Seul le volume sonore général a pris de l’ampleur. Tristes topiques.

Brass Band sous la pluie

Brass Band sous la pluie

Pourtant le jazz de la Nouvelle Orleans à de la ressource. Au coin du French Market, dans le dit Vieux Carré un marching band a trouvé refuge sous un avant toit suite au violent assaut d’une averse tropicale. Nombres de festivals d’ét sur le vieux continent recherchent ce type d’orchestre champions pour animer les rues des Centre ville. Ici cuivres, tambours et grosse caisse distillent un groove chaud qui passe entre les gouttes. Seul le préposé au chapeau chargé de faire la quête auprès des spectateurs et passants n’ose pas traverser la rue inondée.
Le jazz, ses tranches créatives, ses échos qui donnent envie, ses musiciens, ses lieux qui sonnent vrai, la vile aux racines franco-espagnoles l’a fait se replier dans le joli quartier de Faubourg Martigny. Les clubs, les musiciens, le public branché se retrouvent maintenant dans Frenchmen Street, au delà de l’avenue de l’Eplanade, devenue la rue du jazz. 300 mètres de musiques live en simultané. Ce jour on trouve du funk au 30/90 (une affichette collée parmi d’autres y annonce Correy Henry pour la fin du mois) un brass band de Tremé (la zone la plus black de la ville) dans la grande salle du d.b.a, blues électrique au programme du Three Muses etc. La tête d’affiche se joue pourtant à deux pas, au  Snug Harbor. (Bon) Restaurant créole au rez de chaussée, club de jazz à l’étage. Annoncé pour deux sets ce soir : Delfeayo Marsalis à la tête d’un big band. Le tromboniste n’entre pas en scène toute de suite. Il se fait attendre deux morceaux ou trois, laissant sa troupe sous la houlette d’un autre trombone et fidèle compagnon de route -il joue également au sein de l’orchestre de Wynton MarsalisTerrence Tapfin. Douze cuivres, pas moins, sonnent en simultané. Une masse, un souffle qui passe, un va et vient de clés, coulisses et pistons. On sent la marque de la tradition orléanaise, swing, pulsion et couleurs maniés avec élégance. Count Basie, Ellington plus standards divers donnent la matière. Un beau son d’ensemble, des unissons à la douzaine ou des soli trvaillés dans la durée: le nombre et la qualité d’exécution font de l’effet. Delfeayo exerce en soliste mais surtout en meneur de revue. Non sans une certaine décontraction. Il se penche et parle au jeune sax baryton assis devant lui. Le temps d’avouer, pince sans rire « Je lui ai demandé son nom car comme c’est la première fois qu’il joue avec nous je ne le connais pas…Je sais simplement qu’il sort très bien classé du Conservatoire de la ville. Justement sur ce morceau à venir joué sur un tempo rapide, on va voir ce que le jeune homme sait faire…»

Delfeayo Marsalis au Snug  Harbor

Delfeayo Marsalis au Snug Harbor

L’ambiance dans le club tranche avec celle de l’hexagone. Il y a de l’échange, un jeu de question réponse, un zeste de provocation sur ou devant la scène. Le cadet des Marsalis sait y faire pour faire réagir son public comme ses musiciens. Ça rigole devant les pupitres, ça réagit, ça apostrophe dans les rangs du public qui s’exprime un verre à la main. Un autre musicien, trompettiste, fait un passage éclair sur les planches. Une chanteuse plantureuse fait résonner une voix grave appropriée pour un très chaud « Let’s the good time roll » La fin du set sonnée, l’orchestre part conclure en marchant parmi les tables. On tape dans le dos de certains musiciens, on serre des mains au passage. Ambiance quasi familiale, amicale, des sourires, des bons mots « 0n joué souvent ici » raconte Gregory Agid, excellent clarinettiste dont le jeu très vivant, virevoltant porte le sceau de la musique new orleans « On se connait, on est presque tous de New Orleans. Je connais ici pas mal de jeunes musiciens de qualité, tous très bien formés. Moi par exemple je vais jouer avec mon quartet dans un autre club, de la rue ce we… »

Gregory Agid (cla) Terrence Tasfin (tb)

Gregory Agid (cla) Terrence Tasfin (tb)

Gregory Agid se plait avec les Marsalis « J’ai fait partie moi aussi avec Wynton lors d’une tournée en Europe. On devrait y retourner bientôt avec Delfeayo. Le jeune clarinettiste qui pratique aussi le ténor…et l’humour rève de la France « Mon père est né à Nice » Et de Barcelone « ma ville préférée. En attendant, le second set il le fera à La Nouvelle Orléans devant un public plutôt tête blanches. À tous les sens du terme. Ainsi le jazz made in New Orleans suit-il son histoire. Vivant kaléidoscope.

Robert Latxague

PS: si l’on passe à Phoenix, Arizona il faut absolument faire une halte au MIM, fabuleux musée des instruments du monde. Il en a accueille plusieurs milliers récoltés dans toutes la planète à propos de toutes les musiques jouées.

Cent guitares au MIM de Phœnix

Cent guitares au MIM de Phœnix

Blanc immaculé, le Natchez, nef emblème de New Orleans accoste sur un quai du Mississippi. S’échappe alors du Steamer de drôles de sifflements. Cahin-caha les notes soufflées par la vapeur jaillie des moteurs deviennent mélodies. On distingue le musicien mécanicien pianoter sur le pont supérieur. A Nola La musique mécanique du Calliope vaut signature.

Une plongée sans crier gare de nuit dans Bourbon Street histoire d’exorciser les clichés figure désormais une balade en eau trouble aux tourbillons nauséabonds. Touristes débraillés, criards, fêtards imbibés: la rue de légende du jazz New Orleans a tourné au carnaval permanent décoloré. A un jet de notes du Mississippi les digues du bien être et se comporter beau ont craqué sous les intérêts d’un merchandising à tout va. Le royaume du Swing a reculé devant la horde des touristes consommateurs à tout crin. Braillards, crieurs et voyeurs se régalent de musiques dopées, jazz, blues, rock traitées aux OGM. La qualité des orchestres, de la musique, du son ont quitté la place. Seul le volume sonore général a pris de l’ampleur. Tristes topiques.

Brass Band sous la pluie

Brass Band sous la pluie

Pourtant le jazz de la Nouvelle Orleans à de la ressource. Au coin du French Market, dans le dit Vieux Carré un marching band a trouvé refuge sous un avant toit suite au violent assaut d’une averse tropicale. Nombres de festivals d’ét sur le vieux continent recherchent ce type d’orchestre champions pour animer les rues des Centre ville. Ici cuivres, tambours et grosse caisse distillent un groove chaud qui passe entre les gouttes. Seul le préposé au chapeau chargé de faire la quête auprès des spectateurs et passants n’ose pas traverser la rue inondée.
Le jazz, ses tranches créatives, ses échos qui donnent envie, ses musiciens, ses lieux qui sonnent vrai, la vile aux racines franco-espagnoles l’a fait se replier dans le joli quartier de Faubourg Martigny. Les clubs, les musiciens, le public branché se retrouvent maintenant dans Frenchmen Street, au delà de l’avenue de l’Eplanade, devenue la rue du jazz. 300 mètres de musiques live en simultané. Ce jour on trouve du funk au 30/90 (une affichette collée parmi d’autres y annonce Correy Henry pour la fin du mois) un brass band de Tremé (la zone la plus black de la ville) dans la grande salle du d.b.a, blues électrique au programme du Three Muses etc. La tête d’affiche se joue pourtant à deux pas, au  Snug Harbor. (Bon) Restaurant créole au rez de chaussée, club de jazz à l’étage. Annoncé pour deux sets ce soir : Delfeayo Marsalis à la tête d’un big band. Le tromboniste n’entre pas en scène toute de suite. Il se fait attendre deux morceaux ou trois, laissant sa troupe sous la houlette d’un autre trombone et fidèle compagnon de route -il joue également au sein de l’orchestre de Wynton MarsalisTerrence Tapfin. Douze cuivres, pas moins, sonnent en simultané. Une masse, un souffle qui passe, un va et vient de clés, coulisses et pistons. On sent la marque de la tradition orléanaise, swing, pulsion et couleurs maniés avec élégance. Count Basie, Ellington plus standards divers donnent la matière. Un beau son d’ensemble, des unissons à la douzaine ou des soli trvaillés dans la durée: le nombre et la qualité d’exécution font de l’effet. Delfeayo exerce en soliste mais surtout en meneur de revue. Non sans une certaine décontraction. Il se penche et parle au jeune sax baryton assis devant lui. Le temps d’avouer, pince sans rire « Je lui ai demandé son nom car comme c’est la première fois qu’il joue avec nous je ne le connais pas…Je sais simplement qu’il sort très bien classé du Conservatoire de la ville. Justement sur ce morceau à venir joué sur un tempo rapide, on va voir ce que le jeune homme sait faire…»

Delfeayo Marsalis au Snug  Harbor

Delfeayo Marsalis au Snug Harbor

L’ambiance dans le club tranche avec celle de l’hexagone. Il y a de l’échange, un jeu de question réponse, un zeste de provocation sur ou devant la scène. Le cadet des Marsalis sait y faire pour faire réagir son public comme ses musiciens. Ça rigole devant les pupitres, ça réagit, ça apostrophe dans les rangs du public qui s’exprime un verre à la main. Un autre musicien, trompettiste, fait un passage éclair sur les planches. Une chanteuse plantureuse fait résonner une voix grave appropriée pour un très chaud « Let’s the good time roll » La fin du set sonnée, l’orchestre part conclure en marchant parmi les tables. On tape dans le dos de certains musiciens, on serre des mains au passage. Ambiance quasi familiale, amicale, des sourires, des bons mots « 0n joué souvent ici » raconte Gregory Agid, excellent clarinettiste dont le jeu très vivant, virevoltant porte le sceau de la musique new orleans « On se connait, on est presque tous de New Orleans. Je connais ici pas mal de jeunes musiciens de qualité, tous très bien formés. Moi par exemple je vais jouer avec mon quartet dans un autre club, de la rue ce we… »

Gregory Agid (cla) Terrence Tasfin (tb)

Gregory Agid (cla) Terrence Tasfin (tb)

Gregory Agid se plait avec les Marsalis « J’ai fait partie moi aussi avec Wynton lors d’une tournée en Europe. On devrait y retourner bientôt avec Delfeayo. Le jeune clarinettiste qui pratique aussi le ténor…et l’humour rève de la France « Mon père est né à Nice » Et de Barcelone « ma ville préférée. En attendant, le second set il le fera à La Nouvelle Orléans devant un public plutôt tête blanches. À tous les sens du terme. Ainsi le jazz made in New Orleans suit-il son histoire. Vivant kaléidoscope.

Robert Latxague

PS: si l’on passe à Phoenix, Arizona il faut absolument faire une halte au MIM, fabuleux musée des instruments du monde. Il en a accueille plusieurs milliers récoltés dans toutes la planète à propos de toutes les musiques jouées.

Cent guitares au MIM de Phœnix

Cent guitares au MIM de Phœnix