The Bridge#0 : retrouvailles au Pannonica
Edward Perraud avait profité d’une journée non pas d’accalmie mais où Twins n’était pas programmé pour rejoindre ses aimées, femme et filles. Cette absence d’une journée a décuplé l’intensité de son retour au sein de la formation.
« Nantes, la seule ville au monde où il se passe toujours quelque chose… » Cette phrase d’un poète qui regrettait parfois d’être sourd à la musique ne peut que convenir à la performance, aux sens anglais et français du terme, des Twins au Pannonica. Et s’il se trouvait dans la salle quelque personne prompte à s’effrayer quand ce vent devient libre tempête (je l’ai rencontrée), elle est repartie totalement débarrassée de ce préjugé. Non que nos quatre garçons dans « le vent mystérieux d’un jazz » (citation du même poète) aient eu recours à un quelconque et soudain revival, mais ils sont les branches renouvelées d’un arbre où coule toujours la même sève. A cet égard, très significative est la curiosité que m’a manifestée Fred Jackson vis-à-vis des grands anciens que j’ai eu la chance de voir ou d’interviewer (Coltrane, Charlie Rouse, Johnny Griffin, Joe Henderson, Andrew Hill, etc.). Partie comme d’habitude à roues feutrées (doigté sans souffle de Payen, frappes digitales légères de Perraud), la machine s’est vite emballée, sous l’effet d’un duo des batteurs qui allait se reproduire plusieurs fois dans la soirée. Si le voyage brestois s’est déroulé (analogiquement) sur mer, le parcours nantais avait tout d’une liaison ferroviaire. Rythme des bielles, câbles électriques, TGV, toutes les allusions sont possibles (mais insuffisantes). Une cloche tibétaine frottée sur une peau de caisse claire induirait bien le ralentissement puis l’arrêt de la loco, cependant le morceau plie mais ne s’interrompt pas. Il y a pas de morceau, de composition, de thème dans le programme non programmé de Twins. Il y a principalement des séquences plus ou moins longues.
Au Pannonica, une sorte de priorité rythmique on ne peut pas dire s’est imposée ni a pris le dessus, mais elle était le visage de cette tête, l’apparence de la formation, sa pulsation. Le jeu de Makaya McCraven n’y est pas étranger et si à son endroit la référence à Art Blakey peut paraître rétrograde, c’est oublier que le co-fondateur des Jazz Messengers est le point d’ancrage d’une chaîne qui n’en finit pas de grandir. A ses côtés, Edward Perraud a joué l’ivresse des retrouvailles. Le quartette, qui avait connu ces derniers jours quelques éphémères et jouissives excroissances, retrouvait son intégrité avec une allégresse indubitable. Le fait de vivre ensemble, jours et nuits, partager routes et repas, nuitées brèves et boissons joyeuses, a aiguillonné la dynamo. On peut même parler de la naissance d’une amitié musicale, petit bébé d’une amitié tout court. Sur ces rails lustrés d’incendie, l’aiguillage marquant l’entrée des saxophones était d’autant moins facile à trouver qu’il n’y a volontairement pas de responsable dans ce réseau. Mais d’avoir beaucoup échangé sur la théorie dans le van qui nous menait de Brest à Nantes (j’en fus le témoin privilégié, placé entre les deux) ont transformé Fred Jackson et Stéphane Payen en oiseaux s’égosillant de mille manières, ensemble le plus souvent, en contrastes, en ressemblances, en accords, notes doubles, notes filées vers le ciel, pas de notes, par moment berceuses, par moment ouragans, toujours en écho. La musique n’est certes pas un jeu d’enfant, mais elle joue parfois l’enfance : si le visage de Makaya a quelque chose de poupin (avec barbe !), celui d’Edward Perraud porte fréquemment le sérieux, l’appliqué, le concentré de l’enfant qui joue. Lancer de baguette (pas toujours rattrapée), de balle, cliquetis, grommelage dans un micro pick-up de contrebasse à la limite de l’ingurgitation, effet de rab (petit arc de bois muni d’un crin d’archet) contre cymbale, voilà résumé l’arsenal perraldien complémentaire dont a bénéficié McCraven tout au long de cet épisode #0 de The Bridge. A lui, comme à Jackson, Payen et Perraud, la langue française sera redevable de pouvoir orthographier concurrence c, o, n, n, i, v, e, n, c, e. FRS
|Edward Perraud avait profité d’une journée non pas d’accalmie mais où Twins n’était pas programmé pour rejoindre ses aimées, femme et filles. Cette absence d’une journée a décuplé l’intensité de son retour au sein de la formation.
« Nantes, la seule ville au monde où il se passe toujours quelque chose… » Cette phrase d’un poète qui regrettait parfois d’être sourd à la musique ne peut que convenir à la performance, aux sens anglais et français du terme, des Twins au Pannonica. Et s’il se trouvait dans la salle quelque personne prompte à s’effrayer quand ce vent devient libre tempête (je l’ai rencontrée), elle est repartie totalement débarrassée de ce préjugé. Non que nos quatre garçons dans « le vent mystérieux d’un jazz » (citation du même poète) aient eu recours à un quelconque et soudain revival, mais ils sont les branches renouvelées d’un arbre où coule toujours la même sève. A cet égard, très significative est la curiosité que m’a manifestée Fred Jackson vis-à-vis des grands anciens que j’ai eu la chance de voir ou d’interviewer (Coltrane, Charlie Rouse, Johnny Griffin, Joe Henderson, Andrew Hill, etc.). Partie comme d’habitude à roues feutrées (doigté sans souffle de Payen, frappes digitales légères de Perraud), la machine s’est vite emballée, sous l’effet d’un duo des batteurs qui allait se reproduire plusieurs fois dans la soirée. Si le voyage brestois s’est déroulé (analogiquement) sur mer, le parcours nantais avait tout d’une liaison ferroviaire. Rythme des bielles, câbles électriques, TGV, toutes les allusions sont possibles (mais insuffisantes). Une cloche tibétaine frottée sur une peau de caisse claire induirait bien le ralentissement puis l’arrêt de la loco, cependant le morceau plie mais ne s’interrompt pas. Il y a pas de morceau, de composition, de thème dans le programme non programmé de Twins. Il y a principalement des séquences plus ou moins longues.
Au Pannonica, une sorte de priorité rythmique on ne peut pas dire s’est imposée ni a pris le dessus, mais elle était le visage de cette tête, l’apparence de la formation, sa pulsation. Le jeu de Makaya McCraven n’y est pas étranger et si à son endroit la référence à Art Blakey peut paraître rétrograde, c’est oublier que le co-fondateur des Jazz Messengers est le point d’ancrage d’une chaîne qui n’en finit pas de grandir. A ses côtés, Edward Perraud a joué l’ivresse des retrouvailles. Le quartette, qui avait connu ces derniers jours quelques éphémères et jouissives excroissances, retrouvait son intégrité avec une allégresse indubitable. Le fait de vivre ensemble, jours et nuits, partager routes et repas, nuitées brèves et boissons joyeuses, a aiguillonné la dynamo. On peut même parler de la naissance d’une amitié musicale, petit bébé d’une amitié tout court. Sur ces rails lustrés d’incendie, l’aiguillage marquant l’entrée des saxophones était d’autant moins facile à trouver qu’il n’y a volontairement pas de responsable dans ce réseau. Mais d’avoir beaucoup échangé sur la théorie dans le van qui nous menait de Brest à Nantes (j’en fus le témoin privilégié, placé entre les deux) ont transformé Fred Jackson et Stéphane Payen en oiseaux s’égosillant de mille manières, ensemble le plus souvent, en contrastes, en ressemblances, en accords, notes doubles, notes filées vers le ciel, pas de notes, par moment berceuses, par moment ouragans, toujours en écho. La musique n’est certes pas un jeu d’enfant, mais elle joue parfois l’enfance : si le visage de Makaya a quelque chose de poupin (avec barbe !), celui d’Edward Perraud porte fréquemment le sérieux, l’appliqué, le concentré de l’enfant qui joue. Lancer de baguette (pas toujours rattrapée), de balle, cliquetis, grommelage dans un micro pick-up de contrebasse à la limite de l’ingurgitation, effet de rab (petit arc de bois muni d’un crin d’archet) contre cymbale, voilà résumé l’arsenal perraldien complémentaire dont a bénéficié McCraven tout au long de cet épisode #0 de The Bridge. A lui, comme à Jackson, Payen et Perraud, la langue française sera redevable de pouvoir orthographier concurrence c, o, n, n, i, v, e, n, c, e. FRS
|Edward Perraud avait profité d’une journée non pas d’accalmie mais où Twins n’était pas programmé pour rejoindre ses aimées, femme et filles. Cette absence d’une journée a décuplé l’intensité de son retour au sein de la formation.
« Nantes, la seule ville au monde où il se passe toujours quelque chose… » Cette phrase d’un poète qui regrettait parfois d’être sourd à la musique ne peut que convenir à la performance, aux sens anglais et français du terme, des Twins au Pannonica. Et s’il se trouvait dans la salle quelque personne prompte à s’effrayer quand ce vent devient libre tempête (je l’ai rencontrée), elle est repartie totalement débarrassée de ce préjugé. Non que nos quatre garçons dans « le vent mystérieux d’un jazz » (citation du même poète) aient eu recours à un quelconque et soudain revival, mais ils sont les branches renouvelées d’un arbre où coule toujours la même sève. A cet égard, très significative est la curiosité que m’a manifestée Fred Jackson vis-à-vis des grands anciens que j’ai eu la chance de voir ou d’interviewer (Coltrane, Charlie Rouse, Johnny Griffin, Joe Henderson, Andrew Hill, etc.). Partie comme d’habitude à roues feutrées (doigté sans souffle de Payen, frappes digitales légères de Perraud), la machine s’est vite emballée, sous l’effet d’un duo des batteurs qui allait se reproduire plusieurs fois dans la soirée. Si le voyage brestois s’est déroulé (analogiquement) sur mer, le parcours nantais avait tout d’une liaison ferroviaire. Rythme des bielles, câbles électriques, TGV, toutes les allusions sont possibles (mais insuffisantes). Une cloche tibétaine frottée sur une peau de caisse claire induirait bien le ralentissement puis l’arrêt de la loco, cependant le morceau plie mais ne s’interrompt pas. Il y a pas de morceau, de composition, de thème dans le programme non programmé de Twins. Il y a principalement des séquences plus ou moins longues.
Au Pannonica, une sorte de priorité rythmique on ne peut pas dire s’est imposée ni a pris le dessus, mais elle était le visage de cette tête, l’apparence de la formation, sa pulsation. Le jeu de Makaya McCraven n’y est pas étranger et si à son endroit la référence à Art Blakey peut paraître rétrograde, c’est oublier que le co-fondateur des Jazz Messengers est le point d’ancrage d’une chaîne qui n’en finit pas de grandir. A ses côtés, Edward Perraud a joué l’ivresse des retrouvailles. Le quartette, qui avait connu ces derniers jours quelques éphémères et jouissives excroissances, retrouvait son intégrité avec une allégresse indubitable. Le fait de vivre ensemble, jours et nuits, partager routes et repas, nuitées brèves et boissons joyeuses, a aiguillonné la dynamo. On peut même parler de la naissance d’une amitié musicale, petit bébé d’une amitié tout court. Sur ces rails lustrés d’incendie, l’aiguillage marquant l’entrée des saxophones était d’autant moins facile à trouver qu’il n’y a volontairement pas de responsable dans ce réseau. Mais d’avoir beaucoup échangé sur la théorie dans le van qui nous menait de Brest à Nantes (j’en fus le témoin privilégié, placé entre les deux) ont transformé Fred Jackson et Stéphane Payen en oiseaux s’égosillant de mille manières, ensemble le plus souvent, en contrastes, en ressemblances, en accords, notes doubles, notes filées vers le ciel, pas de notes, par moment berceuses, par moment ouragans, toujours en écho. La musique n’est certes pas un jeu d’enfant, mais elle joue parfois l’enfance : si le visage de Makaya a quelque chose de poupin (avec barbe !), celui d’Edward Perraud porte fréquemment le sérieux, l’appliqué, le concentré de l’enfant qui joue. Lancer de baguette (pas toujours rattrapée), de balle, cliquetis, grommelage dans un micro pick-up de contrebasse à la limite de l’ingurgitation, effet de rab (petit arc de bois muni d’un crin d’archet) contre cymbale, voilà résumé l’arsenal perraldien complémentaire dont a bénéficié McCraven tout au long de cet épisode #0 de The Bridge. A lui, comme à Jackson, Payen et Perraud, la langue française sera redevable de pouvoir orthographier concurrence c, o, n, n, i, v, e, n, c, e. FRS
|Edward Perraud avait profité d’une journée non pas d’accalmie mais où Twins n’était pas programmé pour rejoindre ses aimées, femme et filles. Cette absence d’une journée a décuplé l’intensité de son retour au sein de la formation.
« Nantes, la seule ville au monde où il se passe toujours quelque chose… » Cette phrase d’un poète qui regrettait parfois d’être sourd à la musique ne peut que convenir à la performance, aux sens anglais et français du terme, des Twins au Pannonica. Et s’il se trouvait dans la salle quelque personne prompte à s’effrayer quand ce vent devient libre tempête (je l’ai rencontrée), elle est repartie totalement débarrassée de ce préjugé. Non que nos quatre garçons dans « le vent mystérieux d’un jazz » (citation du même poète) aient eu recours à un quelconque et soudain revival, mais ils sont les branches renouvelées d’un arbre où coule toujours la même sève. A cet égard, très significative est la curiosité que m’a manifestée Fred Jackson vis-à-vis des grands anciens que j’ai eu la chance de voir ou d’interviewer (Coltrane, Charlie Rouse, Johnny Griffin, Joe Henderson, Andrew Hill, etc.). Partie comme d’habitude à roues feutrées (doigté sans souffle de Payen, frappes digitales légères de Perraud), la machine s’est vite emballée, sous l’effet d’un duo des batteurs qui allait se reproduire plusieurs fois dans la soirée. Si le voyage brestois s’est déroulé (analogiquement) sur mer, le parcours nantais avait tout d’une liaison ferroviaire. Rythme des bielles, câbles électriques, TGV, toutes les allusions sont possibles (mais insuffisantes). Une cloche tibétaine frottée sur une peau de caisse claire induirait bien le ralentissement puis l’arrêt de la loco, cependant le morceau plie mais ne s’interrompt pas. Il y a pas de morceau, de composition, de thème dans le programme non programmé de Twins. Il y a principalement des séquences plus ou moins longues.
Au Pannonica, une sorte de priorité rythmique on ne peut pas dire s’est imposée ni a pris le dessus, mais elle était le visage de cette tête, l’apparence de la formation, sa pulsation. Le jeu de Makaya McCraven n’y est pas étranger et si à son endroit la référence à Art Blakey peut paraître rétrograde, c’est oublier que le co-fondateur des Jazz Messengers est le point d’ancrage d’une chaîne qui n’en finit pas de grandir. A ses côtés, Edward Perraud a joué l’ivresse des retrouvailles. Le quartette, qui avait connu ces derniers jours quelques éphémères et jouissives excroissances, retrouvait son intégrité avec une allégresse indubitable. Le fait de vivre ensemble, jours et nuits, partager routes et repas, nuitées brèves et boissons joyeuses, a aiguillonné la dynamo. On peut même parler de la naissance d’une amitié musicale, petit bébé d’une amitié tout court. Sur ces rails lustrés d’incendie, l’aiguillage marquant l’entrée des saxophones était d’autant moins facile à trouver qu’il n’y a volontairement pas de responsable dans ce réseau. Mais d’avoir beaucoup échangé sur la théorie dans le van qui nous menait de Brest à Nantes (j’en fus le témoin privilégié, placé entre les deux) ont transformé Fred Jackson et Stéphane Payen en oiseaux s’égosillant de mille manières, ensemble le plus souvent, en contrastes, en ressemblances, en accords, notes doubles, notes filées vers le ciel, pas de notes, par moment berceuses, par moment ouragans, toujours en écho. La musique n’est certes pas un jeu d’enfant, mais elle joue parfois l’enfance : si le visage de Makaya a quelque chose de poupin (avec barbe !), celui d’Edward Perraud porte fréquemment le sérieux, l’appliqué, le concentré de l’enfant qui joue. Lancer de baguette (pas toujours rattrapée), de balle, cliquetis, grommelage dans un micro pick-up de contrebasse à la limite de l’ingurgitation, effet de rab (petit arc de bois muni d’un crin d’archet) contre cymbale, voilà résumé l’arsenal perraldien complémentaire dont a bénéficié McCraven tout au long de cet épisode #0 de The Bridge. A lui, comme à Jackson, Payen et Perraud, la langue française sera redevable de pouvoir orthographier concurrence c, o, n, n, i, v, e, n, c, e. FRS