JAZZ SUR LE VIF : UN POCO LOCO et BILL FRISELL
Soirée doublement exceptionnelle pour ‘Jazz sur le Vif’ : contrairement à l’habitude, le concert a lieu le jeudi, et de surcroît il reçoit un quartette très singulier de Bill Frisell, précédé d’une formidable groupe hexagonal, ‘Un Poco Loco’.
Fidel Fourneyron (trombone), Geoffroy Gesser (saxophone ténor), Sébastien Beliah (contrebasse)
Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 novembre 2017, 20h
Ils avaient publié au printemps «Feelin’ Pretty» (Umlaut UMFR-CD21, www.umlautrecords.com), une relecture de West Side Story : relecture décapante, transgressive, virtuose et subtilement déconstructrice de ce jalon du drame musical (on hésite à parler de comédie) des années 50. Et ils reprennent sur scène avec éclat ce répertoire métamorphosé. Les mélodies sont passées à la moulinette, et pourtant souvent magnifiées ; mais elles sont inscrites dans un ensemble où la surprise, les ruptures, les détours et les foucades improvisées signent l’acte de naissance d’une œuvre nouvelle. Les trois musiciens se jouent des difficultés insignes qu’impose ce traitement explosif. Et ils le font, Ô surprise, sans une seule partition, circulant par la force de la mémoire dans ce territoire escarpé semé d’embûches surgies de leur imagination. Plus que virtuose, c’est d’abord profondément musical. Les arrangements fonctionnent par mises en abymes, parfois de fragments de l’orchestration qui servait d’écrin aux thèmes originaux. On sent une absolue maîtrise du langage, sans aucun désir d’ostentation : juste le plaisir de faire VIVRE, car cette musique est intensément VIVANTE. Et c’est cette vitalité (cette vivacité, ‘Jazz sur le Vif’ oblige), qui en a fait le prix pour un public conquis. En coda d’une transfiguration (pas moins !) du fameux Mambo, une citation furtive de Maria, pour rappeler que les ballades mélancoliques avaient aussi leur place dans le répertoire. On file de thème en thème, de surprise en éblouissement, et comme le temps imparti se fait peau de chagrin, les musiciens nous offrent un rappel sans même avoir quitté la scène : ce sera une variation époustouflante sur une thème qui surgira en coda : America !
BILL FRISELL ‘Music for Strings’
Bill Frisell (guitare), Jenny Scheinman (violon), Eyvind Kang (alto), Hank Roberts (violoncelle)
Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 novembre 2017, 21h15
Avec le groupe de Bill Frisell, l’atmosphère change : c’est la première date de la tournée européenne, le groupe a répété au studio 105, voisin, en fin de matinée, puis encore à partir de 15h pendant la balance, et contrairement à leurs jeunes confrères qui les ont précédés, les interprètes sont très concentrés sur leurs partitions. Un peu ‘le nez dans le guidon’, comme on dit, mais la musique va surgir de cette concentration d’une manière raisonnablement vivante. Et cela se confirmera au fil du concert. C’est le groupe avec lequel Bill Frisell avait enregistré en 2002 le disque «Richter 858», publié en 2005. Ce quartette à cordes, avec une guitare électrique qui s’est adjoint un trio à cordes au sens académique, s’est reformé ces dernières années, à Londres, Vilnius, Amsterdam, et ailleurs…. Le répertoire assemble des thèmes inscrits au répertoire de Bill Frisell, pour certains depuis plus de 30 ans. Mais les ressources du trio à cordes qui accompagne le guitariste sont constamment sollicitées pour donner à chaque pièce un éclairage renouvelé. Après Pastures of Plenty de Woody Guthrie (un musicien que Frisell inclut régulièrement dans ses répertoires), ce seront Tone (de l’album «Ramblin’», 1984), The Pioneers, Lonesome (albums des années 90)…. On circule librement de sonorités country and western à des climats plus proches du jazz, voire de la musique dite contemporaine. Le violon et l’alto mêlent les mémoires de l’Inde et de l’Irlande ; Hank Roberts oscille entre lignes de basse de jazzman et escapades libertaires ; et Frisell, toujours égal à lui même, déploie cette soyeuse musicalité qui le rend décidément inclassable…. Il y aura ainsi une version de Blue in Green (que le guitariste ne sait si on doit l’attribuer à Miles Davis ou à Bill Evans : pour nous, la cause est entendue, Bill l’avait ébauché au côté de Chet Baker dans une intro quelques semaines avant les séances de «Kind of Blue»). L’arrangement se perd avec délices dans les harmonies mélancoliques, et ce cheminement capte notre attention, et nos émois. Centenaire oblige, il y aura un thème de Monk, le trop rare Skippy que Frisell affectionne. Après la reprise d’une chanson écrite par Stephen Stills pour le groupe Buffalo Springfield dans les années 60 le quartette, chaleureusement rappelé, va extraire de son répertoire un mélange de Country music et de Rock’n’Roll : belle conclusion que cet éclectisme assumé d’un musicien états-unien qui vénère toutes les musiques de son pays de naissance, et nous les restitue avec une touche inimitable.
Xavier Prévost
On espère toujours, avec une certaine impatience, l’annonce de dates de diffusion de ces concerts sur l’antenne de France Musique
Le groupe jouera en Belgique, le 5 novembre 2017 à Louvain, et le 8 novembre à Gand|Soirée doublement exceptionnelle pour ‘Jazz sur le Vif’ : contrairement à l’habitude, le concert a lieu le jeudi, et de surcroît il reçoit un quartette très singulier de Bill Frisell, précédé d’une formidable groupe hexagonal, ‘Un Poco Loco’.
Fidel Fourneyron (trombone), Geoffroy Gesser (saxophone ténor), Sébastien Beliah (contrebasse)
Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 novembre 2017, 20h
Ils avaient publié au printemps «Feelin’ Pretty» (Umlaut UMFR-CD21, www.umlautrecords.com), une relecture de West Side Story : relecture décapante, transgressive, virtuose et subtilement déconstructrice de ce jalon du drame musical (on hésite à parler de comédie) des années 50. Et ils reprennent sur scène avec éclat ce répertoire métamorphosé. Les mélodies sont passées à la moulinette, et pourtant souvent magnifiées ; mais elles sont inscrites dans un ensemble où la surprise, les ruptures, les détours et les foucades improvisées signent l’acte de naissance d’une œuvre nouvelle. Les trois musiciens se jouent des difficultés insignes qu’impose ce traitement explosif. Et ils le font, Ô surprise, sans une seule partition, circulant par la force de la mémoire dans ce territoire escarpé semé d’embûches surgies de leur imagination. Plus que virtuose, c’est d’abord profondément musical. Les arrangements fonctionnent par mises en abymes, parfois de fragments de l’orchestration qui servait d’écrin aux thèmes originaux. On sent une absolue maîtrise du langage, sans aucun désir d’ostentation : juste le plaisir de faire VIVRE, car cette musique est intensément VIVANTE. Et c’est cette vitalité (cette vivacité, ‘Jazz sur le Vif’ oblige), qui en a fait le prix pour un public conquis. En coda d’une transfiguration (pas moins !) du fameux Mambo, une citation furtive de Maria, pour rappeler que les ballades mélancoliques avaient aussi leur place dans le répertoire. On file de thème en thème, de surprise en éblouissement, et comme le temps imparti se fait peau de chagrin, les musiciens nous offrent un rappel sans même avoir quitté la scène : ce sera une variation époustouflante sur une thème qui surgira en coda : America !
BILL FRISELL ‘Music for Strings’
Bill Frisell (guitare), Jenny Scheinman (violon), Eyvind Kang (alto), Hank Roberts (violoncelle)
Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 novembre 2017, 21h15
Avec le groupe de Bill Frisell, l’atmosphère change : c’est la première date de la tournée européenne, le groupe a répété au studio 105, voisin, en fin de matinée, puis encore à partir de 15h pendant la balance, et contrairement à leurs jeunes confrères qui les ont précédés, les interprètes sont très concentrés sur leurs partitions. Un peu ‘le nez dans le guidon’, comme on dit, mais la musique va surgir de cette concentration d’une manière raisonnablement vivante. Et cela se confirmera au fil du concert. C’est le groupe avec lequel Bill Frisell avait enregistré en 2002 le disque «Richter 858», publié en 2005. Ce quartette à cordes, avec une guitare électrique qui s’est adjoint un trio à cordes au sens académique, s’est reformé ces dernières années, à Londres, Vilnius, Amsterdam, et ailleurs…. Le répertoire assemble des thèmes inscrits au répertoire de Bill Frisell, pour certains depuis plus de 30 ans. Mais les ressources du trio à cordes qui accompagne le guitariste sont constamment sollicitées pour donner à chaque pièce un éclairage renouvelé. Après Pastures of Plenty de Woody Guthrie (un musicien que Frisell inclut régulièrement dans ses répertoires), ce seront Tone (de l’album «Ramblin’», 1984), The Pioneers, Lonesome (albums des années 90)…. On circule librement de sonorités country and western à des climats plus proches du jazz, voire de la musique dite contemporaine. Le violon et l’alto mêlent les mémoires de l’Inde et de l’Irlande ; Hank Roberts oscille entre lignes de basse de jazzman et escapades libertaires ; et Frisell, toujours égal à lui même, déploie cette soyeuse musicalité qui le rend décidément inclassable…. Il y aura ainsi une version de Blue in Green (que le guitariste ne sait si on doit l’attribuer à Miles Davis ou à Bill Evans : pour nous, la cause est entendue, Bill l’avait ébauché au côté de Chet Baker dans une intro quelques semaines avant les séances de «Kind of Blue»). L’arrangement se perd avec délices dans les harmonies mélancoliques, et ce cheminement capte notre attention, et nos émois. Centenaire oblige, il y aura un thème de Monk, le trop rare Skippy que Frisell affectionne. Après la reprise d’une chanson écrite par Stephen Stills pour le groupe Buffalo Springfield dans les années 60 le quartette, chaleureusement rappelé, va extraire de son répertoire un mélange de Country music et de Rock’n’Roll : belle conclusion que cet éclectisme assumé d’un musicien états-unien qui vénère toutes les musiques de son pays de naissance, et nous les restitue avec une touche inimitable.
Xavier Prévost
On espère toujours, avec une certaine impatience, l’annonce de dates de diffusion de ces concerts sur l’antenne de France Musique
Le groupe jouera en Belgique, le 5 novembre 2017 à Louvain, et le 8 novembre à Gand|Soirée doublement exceptionnelle pour ‘Jazz sur le Vif’ : contrairement à l’habitude, le concert a lieu le jeudi, et de surcroît il reçoit un quartette très singulier de Bill Frisell, précédé d’une formidable groupe hexagonal, ‘Un Poco Loco’.
Fidel Fourneyron (trombone), Geoffroy Gesser (saxophone ténor), Sébastien Beliah (contrebasse)
Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 novembre 2017, 20h
Ils avaient publié au printemps «Feelin’ Pretty» (Umlaut UMFR-CD21, www.umlautrecords.com), une relecture de West Side Story : relecture décapante, transgressive, virtuose et subtilement déconstructrice de ce jalon du drame musical (on hésite à parler de comédie) des années 50. Et ils reprennent sur scène avec éclat ce répertoire métamorphosé. Les mélodies sont passées à la moulinette, et pourtant souvent magnifiées ; mais elles sont inscrites dans un ensemble où la surprise, les ruptures, les détours et les foucades improvisées signent l’acte de naissance d’une œuvre nouvelle. Les trois musiciens se jouent des difficultés insignes qu’impose ce traitement explosif. Et ils le font, Ô surprise, sans une seule partition, circulant par la force de la mémoire dans ce territoire escarpé semé d’embûches surgies de leur imagination. Plus que virtuose, c’est d’abord profondément musical. Les arrangements fonctionnent par mises en abymes, parfois de fragments de l’orchestration qui servait d’écrin aux thèmes originaux. On sent une absolue maîtrise du langage, sans aucun désir d’ostentation : juste le plaisir de faire VIVRE, car cette musique est intensément VIVANTE. Et c’est cette vitalité (cette vivacité, ‘Jazz sur le Vif’ oblige), qui en a fait le prix pour un public conquis. En coda d’une transfiguration (pas moins !) du fameux Mambo, une citation furtive de Maria, pour rappeler que les ballades mélancoliques avaient aussi leur place dans le répertoire. On file de thème en thème, de surprise en éblouissement, et comme le temps imparti se fait peau de chagrin, les musiciens nous offrent un rappel sans même avoir quitté la scène : ce sera une variation époustouflante sur une thème qui surgira en coda : America !
BILL FRISELL ‘Music for Strings’
Bill Frisell (guitare), Jenny Scheinman (violon), Eyvind Kang (alto), Hank Roberts (violoncelle)
Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 novembre 2017, 21h15
Avec le groupe de Bill Frisell, l’atmosphère change : c’est la première date de la tournée européenne, le groupe a répété au studio 105, voisin, en fin de matinée, puis encore à partir de 15h pendant la balance, et contrairement à leurs jeunes confrères qui les ont précédés, les interprètes sont très concentrés sur leurs partitions. Un peu ‘le nez dans le guidon’, comme on dit, mais la musique va surgir de cette concentration d’une manière raisonnablement vivante. Et cela se confirmera au fil du concert. C’est le groupe avec lequel Bill Frisell avait enregistré en 2002 le disque «Richter 858», publié en 2005. Ce quartette à cordes, avec une guitare électrique qui s’est adjoint un trio à cordes au sens académique, s’est reformé ces dernières années, à Londres, Vilnius, Amsterdam, et ailleurs…. Le répertoire assemble des thèmes inscrits au répertoire de Bill Frisell, pour certains depuis plus de 30 ans. Mais les ressources du trio à cordes qui accompagne le guitariste sont constamment sollicitées pour donner à chaque pièce un éclairage renouvelé. Après Pastures of Plenty de Woody Guthrie (un musicien que Frisell inclut régulièrement dans ses répertoires), ce seront Tone (de l’album «Ramblin’», 1984), The Pioneers, Lonesome (albums des années 90)…. On circule librement de sonorités country and western à des climats plus proches du jazz, voire de la musique dite contemporaine. Le violon et l’alto mêlent les mémoires de l’Inde et de l’Irlande ; Hank Roberts oscille entre lignes de basse de jazzman et escapades libertaires ; et Frisell, toujours égal à lui même, déploie cette soyeuse musicalité qui le rend décidément inclassable…. Il y aura ainsi une version de Blue in Green (que le guitariste ne sait si on doit l’attribuer à Miles Davis ou à Bill Evans : pour nous, la cause est entendue, Bill l’avait ébauché au côté de Chet Baker dans une intro quelques semaines avant les séances de «Kind of Blue»). L’arrangement se perd avec délices dans les harmonies mélancoliques, et ce cheminement capte notre attention, et nos émois. Centenaire oblige, il y aura un thème de Monk, le trop rare Skippy que Frisell affectionne. Après la reprise d’une chanson écrite par Stephen Stills pour le groupe Buffalo Springfield dans les années 60 le quartette, chaleureusement rappelé, va extraire de son répertoire un mélange de Country music et de Rock’n’Roll : belle conclusion que cet éclectisme assumé d’un musicien états-unien qui vénère toutes les musiques de son pays de naissance, et nous les restitue avec une touche inimitable.
Xavier Prévost
On espère toujours, avec une certaine impatience, l’annonce de dates de diffusion de ces concerts sur l’antenne de France Musique
Le groupe jouera en Belgique, le 5 novembre 2017 à Louvain, et le 8 novembre à Gand|Soirée doublement exceptionnelle pour ‘Jazz sur le Vif’ : contrairement à l’habitude, le concert a lieu le jeudi, et de surcroît il reçoit un quartette très singulier de Bill Frisell, précédé d’une formidable groupe hexagonal, ‘Un Poco Loco’.
Fidel Fourneyron (trombone), Geoffroy Gesser (saxophone ténor), Sébastien Beliah (contrebasse)
Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 novembre 2017, 20h
Ils avaient publié au printemps «Feelin’ Pretty» (Umlaut UMFR-CD21, www.umlautrecords.com), une relecture de West Side Story : relecture décapante, transgressive, virtuose et subtilement déconstructrice de ce jalon du drame musical (on hésite à parler de comédie) des années 50. Et ils reprennent sur scène avec éclat ce répertoire métamorphosé. Les mélodies sont passées à la moulinette, et pourtant souvent magnifiées ; mais elles sont inscrites dans un ensemble où la surprise, les ruptures, les détours et les foucades improvisées signent l’acte de naissance d’une œuvre nouvelle. Les trois musiciens se jouent des difficultés insignes qu’impose ce traitement explosif. Et ils le font, Ô surprise, sans une seule partition, circulant par la force de la mémoire dans ce territoire escarpé semé d’embûches surgies de leur imagination. Plus que virtuose, c’est d’abord profondément musical. Les arrangements fonctionnent par mises en abymes, parfois de fragments de l’orchestration qui servait d’écrin aux thèmes originaux. On sent une absolue maîtrise du langage, sans aucun désir d’ostentation : juste le plaisir de faire VIVRE, car cette musique est intensément VIVANTE. Et c’est cette vitalité (cette vivacité, ‘Jazz sur le Vif’ oblige), qui en a fait le prix pour un public conquis. En coda d’une transfiguration (pas moins !) du fameux Mambo, une citation furtive de Maria, pour rappeler que les ballades mélancoliques avaient aussi leur place dans le répertoire. On file de thème en thème, de surprise en éblouissement, et comme le temps imparti se fait peau de chagrin, les musiciens nous offrent un rappel sans même avoir quitté la scène : ce sera une variation époustouflante sur une thème qui surgira en coda : America !
BILL FRISELL ‘Music for Strings’
Bill Frisell (guitare), Jenny Scheinman (violon), Eyvind Kang (alto), Hank Roberts (violoncelle)
Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 novembre 2017, 21h15
Avec le groupe de Bill Frisell, l’atmosphère change : c’est la première date de la tournée européenne, le groupe a répété au studio 105, voisin, en fin de matinée, puis encore à partir de 15h pendant la balance, et contrairement à leurs jeunes confrères qui les ont précédés, les interprètes sont très concentrés sur leurs partitions. Un peu ‘le nez dans le guidon’, comme on dit, mais la musique va surgir de cette concentration d’une manière raisonnablement vivante. Et cela se confirmera au fil du concert. C’est le groupe avec lequel Bill Frisell avait enregistré en 2002 le disque «Richter 858», publié en 2005. Ce quartette à cordes, avec une guitare électrique qui s’est adjoint un trio à cordes au sens académique, s’est reformé ces dernières années, à Londres, Vilnius, Amsterdam, et ailleurs…. Le répertoire assemble des thèmes inscrits au répertoire de Bill Frisell, pour certains depuis plus de 30 ans. Mais les ressources du trio à cordes qui accompagne le guitariste sont constamment sollicitées pour donner à chaque pièce un éclairage renouvelé. Après Pastures of Plenty de Woody Guthrie (un musicien que Frisell inclut régulièrement dans ses répertoires), ce seront Tone (de l’album «Ramblin’», 1984), The Pioneers, Lonesome (albums des années 90)…. On circule librement de sonorités country and western à des climats plus proches du jazz, voire de la musique dite contemporaine. Le violon et l’alto mêlent les mémoires de l’Inde et de l’Irlande ; Hank Roberts oscille entre lignes de basse de jazzman et escapades libertaires ; et Frisell, toujours égal à lui même, déploie cette soyeuse musicalité qui le rend décidément inclassable…. Il y aura ainsi une version de Blue in Green (que le guitariste ne sait si on doit l’attribuer à Miles Davis ou à Bill Evans : pour nous, la cause est entendue, Bill l’avait ébauché au côté de Chet Baker dans une intro quelques semaines avant les séances de «Kind of Blue»). L’arrangement se perd avec délices dans les harmonies mélancoliques, et ce cheminement capte notre attention, et nos émois. Centenaire oblige, il y aura un thème de Monk, le trop rare Skippy que Frisell affectionne. Après la reprise d’une chanson écrite par Stephen Stills pour le groupe Buffalo Springfield dans les années 60 le quartette, chaleureusement rappelé, va extraire de son répertoire un mélange de Country music et de Rock’n’Roll : belle conclusion que cet éclectisme assumé d’un musicien états-unien qui vénère toutes les musiques de son pays de naissance, et nous les restitue avec une touche inimitable.
Xavier Prévost
On espère toujours, avec une certaine impatience, l’annonce de dates de diffusion de ces concerts sur l’antenne de France Musique
Le groupe jouera en Belgique, le 5 novembre 2017 à Louvain, et le 8 novembre à Gand