Jazz à Reims:Géraldine Laurent, Christophe Marguet, et une météorite
A l’occasion du festival Jazz à Reims (Sunnyside Festival) Géraldine Laurent présentait son trio Looking For Parker dans une configuration originale: Emmanuel Bex y remplaçait Manu Codjia.
Géraldine Laurent (sax alto), Christophe Marguet( batterie), Emmanuel Bex (orgue), Jazz à Reims 2017, La Comédie, 27 octobre 2017
Epargnons-nous la lourdeur d’un suspens artificiellement entretenu. La météorite, c’est Emmanuel Bex, bien sûr. Quelle idée follement délicieuse de l’avoir convoqué à participer à ce trio en recherche de Charlie Parker! En dehors du groove qui colle à ses doigts et à ses pieds, Bex apporte beaucoup à ce projet car ll est un chercheur d’inattendu. A la réflexion, d’ailleurs, c’est pire (ou mieux) que ça: ce n’est pas qu’il détecte l’inattendu, c’est qu’il le fait surgir. L’inattendu, l’extravagant, le bizarre, sont trois papillons bigarrés qui viennent obstinément se poser sur sa tête. Avec un batteur aussi ouvert à toutes les expérimentations que Christophe Marguet, voilà un beau tandem rythmique pour stimuler Géraldine Laurent.
Celle-ci entame le concert par un Moose the Mooche pris sur tempo très vif. Et ça fonctionne. On n’est pas seulement dans le vif du tempo, on est dans le vif de Parker. Car pour interpréter le Zoizeau, comme le surnommait Boris Vian, il ne faut pas seulement que tout aille vite, les doigts, le souffle, le cerveau, il faut aussi une forme de transe froide. Géraldine Laurent a tout cela. Elle injecte dans Parker toute la possession requise, mais en plus un je ne sais quoi bien à elle, qui donne à son trio une dimension de quête personnelle.
Le programme comprend des compositions du maître (Hot House, Billie’s Bounce, Moose the Mooche) et certains standards dans lesquels il s’illustra. Les introductions de tous ces thèmes sont magnifiquement ciselées, ainsi que les transitions entre les morceaux. Géraldine Laurent excelle dans les morceaux rapides, mais c’est aussi une lyrique. Sa version murmurée de Laura, puis son exposition a capella de Autumn in New York resteront pour moi les grands moments de cette soirée.
L’accompagnement de ses deux partenaires est une merveille d’écoute intelligente. Reparlons donc un peu de la météorite Emmanuel Bex. Sur Hot House il invente une sorte de canon (spontané?) lorsque Géraldine Laurent énonce le thème. Sur Laura, il ajoute quelques mesures au Vocoder, c’est un peu incongru dans le contexte parkérien, et pourtant ça passe. D’ailleurs avec lui tout passe. Sur Autumn in New York, il a des contrechants d’une ineffable tendresse. Il semble parfois finir les phrases de Géraldine Laurent. Il a parfois de drôles de gestes comme pour accompagner avec le bras une des notes bizarres qui vient de naître sous ses doigts. Il est libre dans tout ce qu’il fait.
Je n’ai pas encore parlé de Christophe Marguet. Je n’allais pas l’oublier, car il était omniprésent dans la musique jouée ce soir. Ses interventions sont toujours dans le sens de la musique. Il a un tel contrôle du son de sa batterie que l’on a envie de parler de « toucher » pour qualifier sa relation à son instrument. J’aime particulièrement son travail aux mailloches, qu’il sait faire chanter de manière merveilleuse.
Vers la fin du concert, je crois que c’était sur Shaw Nuff, juste devant moi, une araignée descend du plafond en rappel, ainsi que font toutes les araignées depuis qu’elles ont vu Spiderman au cinéma. Elle atterrit sur le plancher et disparaît prestement. L’une des hypothèses est que la musique du trio a pu la déranger dans sa sieste. L’autre hypothèse, celle que je privilégie, est qu’elle a voulu écouter d’un peu plus près Géraldine Laurent et ses deux gars. Une météorite qui rencontre une araignée: C’était à Reims, Sunnyside Festival, le vendredi 26 octobre 2017.
Texte: JF Mondot
A l’occasion du festival Jazz à Reims (Sunnyside Festival) Géraldine Laurent présentait son trio Looking For Parker dans une configuration originale: Emmanuel Bex y remplaçait Manu Codjia.
Géraldine Laurent (sax alto), Christophe Marguet( batterie), Emmanuel Bex (orgue), Jazz à Reims 2017, La Comédie, 27 octobre 2017
Epargnons-nous la lourdeur d’un suspens artificiellement entretenu. La météorite, c’est Emmanuel Bex, bien sûr. Quelle idée follement délicieuse de l’avoir convoqué à participer à ce trio en recherche de Charlie Parker! En dehors du groove qui colle à ses doigts et à ses pieds, Bex apporte beaucoup à ce projet car ll est un chercheur d’inattendu. A la réflexion, d’ailleurs, c’est pire (ou mieux) que ça: ce n’est pas qu’il détecte l’inattendu, c’est qu’il le fait surgir. L’inattendu, l’extravagant, le bizarre, sont trois papillons bigarrés qui viennent obstinément se poser sur sa tête. Avec un batteur aussi ouvert à toutes les expérimentations que Christophe Marguet, voilà un beau tandem rythmique pour stimuler Géraldine Laurent.
Celle-ci entame le concert par un Moose the Mooche pris sur tempo très vif. Et ça fonctionne. On n’est pas seulement dans le vif du tempo, on est dans le vif de Parker. Car pour interpréter le Zoizeau, comme le surnommait Boris Vian, il ne faut pas seulement que tout aille vite, les doigts, le souffle, le cerveau, il faut aussi une forme de transe froide. Géraldine Laurent a tout cela. Elle injecte dans Parker toute la possession requise, mais en plus un je ne sais quoi bien à elle, qui donne à son trio une dimension de quête personnelle.
Le programme comprend des compositions du maître (Hot House, Billie’s Bounce, Moose the Mooche) et certains standards dans lesquels il s’illustra. Les introductions de tous ces thèmes sont magnifiquement ciselées, ainsi que les transitions entre les morceaux. Géraldine Laurent excelle dans les morceaux rapides, mais c’est aussi une lyrique. Sa version murmurée de Laura, puis son exposition a capella de Autumn in New York resteront pour moi les grands moments de cette soirée.
L’accompagnement de ses deux partenaires est une merveille d’écoute intelligente. Reparlons donc un peu de la météorite Emmanuel Bex. Sur Hot House il invente une sorte de canon (spontané?) lorsque Géraldine Laurent énonce le thème. Sur Laura, il ajoute quelques mesures au Vocoder, c’est un peu incongru dans le contexte parkérien, et pourtant ça passe. D’ailleurs avec lui tout passe. Sur Autumn in New York, il a des contrechants d’une ineffable tendresse. Il semble parfois finir les phrases de Géraldine Laurent. Il a parfois de drôles de gestes comme pour accompagner avec le bras une des notes bizarres qui vient de naître sous ses doigts. Il est libre dans tout ce qu’il fait.
Je n’ai pas encore parlé de Christophe Marguet. Je n’allais pas l’oublier, car il était omniprésent dans la musique jouée ce soir. Ses interventions sont toujours dans le sens de la musique. Il a un tel contrôle du son de sa batterie que l’on a envie de parler de « toucher » pour qualifier sa relation à son instrument. J’aime particulièrement son travail aux mailloches, qu’il sait faire chanter de manière merveilleuse.
Vers la fin du concert, je crois que c’était sur Shaw Nuff, juste devant moi, une araignée descend du plafond en rappel, ainsi que font toutes les araignées depuis qu’elles ont vu Spiderman au cinéma. Elle atterrit sur le plancher et disparaît prestement. L’une des hypothèses est que la musique du trio a pu la déranger dans sa sieste. L’autre hypothèse, celle que je privilégie, est qu’elle a voulu écouter d’un peu plus près Géraldine Laurent et ses deux gars. Une météorite qui rencontre une araignée: C’était à Reims, Sunnyside Festival, le vendredi 26 octobre 2017.
Texte: JF Mondot
A l’occasion du festival Jazz à Reims (Sunnyside Festival) Géraldine Laurent présentait son trio Looking For Parker dans une configuration originale: Emmanuel Bex y remplaçait Manu Codjia.
Géraldine Laurent (sax alto), Christophe Marguet( batterie), Emmanuel Bex (orgue), Jazz à Reims 2017, La Comédie, 27 octobre 2017
Epargnons-nous la lourdeur d’un suspens artificiellement entretenu. La météorite, c’est Emmanuel Bex, bien sûr. Quelle idée follement délicieuse de l’avoir convoqué à participer à ce trio en recherche de Charlie Parker! En dehors du groove qui colle à ses doigts et à ses pieds, Bex apporte beaucoup à ce projet car ll est un chercheur d’inattendu. A la réflexion, d’ailleurs, c’est pire (ou mieux) que ça: ce n’est pas qu’il détecte l’inattendu, c’est qu’il le fait surgir. L’inattendu, l’extravagant, le bizarre, sont trois papillons bigarrés qui viennent obstinément se poser sur sa tête. Avec un batteur aussi ouvert à toutes les expérimentations que Christophe Marguet, voilà un beau tandem rythmique pour stimuler Géraldine Laurent.
Celle-ci entame le concert par un Moose the Mooche pris sur tempo très vif. Et ça fonctionne. On n’est pas seulement dans le vif du tempo, on est dans le vif de Parker. Car pour interpréter le Zoizeau, comme le surnommait Boris Vian, il ne faut pas seulement que tout aille vite, les doigts, le souffle, le cerveau, il faut aussi une forme de transe froide. Géraldine Laurent a tout cela. Elle injecte dans Parker toute la possession requise, mais en plus un je ne sais quoi bien à elle, qui donne à son trio une dimension de quête personnelle.
Le programme comprend des compositions du maître (Hot House, Billie’s Bounce, Moose the Mooche) et certains standards dans lesquels il s’illustra. Les introductions de tous ces thèmes sont magnifiquement ciselées, ainsi que les transitions entre les morceaux. Géraldine Laurent excelle dans les morceaux rapides, mais c’est aussi une lyrique. Sa version murmurée de Laura, puis son exposition a capella de Autumn in New York resteront pour moi les grands moments de cette soirée.
L’accompagnement de ses deux partenaires est une merveille d’écoute intelligente. Reparlons donc un peu de la météorite Emmanuel Bex. Sur Hot House il invente une sorte de canon (spontané?) lorsque Géraldine Laurent énonce le thème. Sur Laura, il ajoute quelques mesures au Vocoder, c’est un peu incongru dans le contexte parkérien, et pourtant ça passe. D’ailleurs avec lui tout passe. Sur Autumn in New York, il a des contrechants d’une ineffable tendresse. Il semble parfois finir les phrases de Géraldine Laurent. Il a parfois de drôles de gestes comme pour accompagner avec le bras une des notes bizarres qui vient de naître sous ses doigts. Il est libre dans tout ce qu’il fait.
Je n’ai pas encore parlé de Christophe Marguet. Je n’allais pas l’oublier, car il était omniprésent dans la musique jouée ce soir. Ses interventions sont toujours dans le sens de la musique. Il a un tel contrôle du son de sa batterie que l’on a envie de parler de « toucher » pour qualifier sa relation à son instrument. J’aime particulièrement son travail aux mailloches, qu’il sait faire chanter de manière merveilleuse.
Vers la fin du concert, je crois que c’était sur Shaw Nuff, juste devant moi, une araignée descend du plafond en rappel, ainsi que font toutes les araignées depuis qu’elles ont vu Spiderman au cinéma. Elle atterrit sur le plancher et disparaît prestement. L’une des hypothèses est que la musique du trio a pu la déranger dans sa sieste. L’autre hypothèse, celle que je privilégie, est qu’elle a voulu écouter d’un peu plus près Géraldine Laurent et ses deux gars. Une météorite qui rencontre une araignée: C’était à Reims, Sunnyside Festival, le vendredi 26 octobre 2017.
Texte: JF Mondot
A l’occasion du festival Jazz à Reims (Sunnyside Festival) Géraldine Laurent présentait son trio Looking For Parker dans une configuration originale: Emmanuel Bex y remplaçait Manu Codjia.
Géraldine Laurent (sax alto), Christophe Marguet( batterie), Emmanuel Bex (orgue), Jazz à Reims 2017, La Comédie, 27 octobre 2017
Epargnons-nous la lourdeur d’un suspens artificiellement entretenu. La météorite, c’est Emmanuel Bex, bien sûr. Quelle idée follement délicieuse de l’avoir convoqué à participer à ce trio en recherche de Charlie Parker! En dehors du groove qui colle à ses doigts et à ses pieds, Bex apporte beaucoup à ce projet car ll est un chercheur d’inattendu. A la réflexion, d’ailleurs, c’est pire (ou mieux) que ça: ce n’est pas qu’il détecte l’inattendu, c’est qu’il le fait surgir. L’inattendu, l’extravagant, le bizarre, sont trois papillons bigarrés qui viennent obstinément se poser sur sa tête. Avec un batteur aussi ouvert à toutes les expérimentations que Christophe Marguet, voilà un beau tandem rythmique pour stimuler Géraldine Laurent.
Celle-ci entame le concert par un Moose the Mooche pris sur tempo très vif. Et ça fonctionne. On n’est pas seulement dans le vif du tempo, on est dans le vif de Parker. Car pour interpréter le Zoizeau, comme le surnommait Boris Vian, il ne faut pas seulement que tout aille vite, les doigts, le souffle, le cerveau, il faut aussi une forme de transe froide. Géraldine Laurent a tout cela. Elle injecte dans Parker toute la possession requise, mais en plus un je ne sais quoi bien à elle, qui donne à son trio une dimension de quête personnelle.
Le programme comprend des compositions du maître (Hot House, Billie’s Bounce, Moose the Mooche) et certains standards dans lesquels il s’illustra. Les introductions de tous ces thèmes sont magnifiquement ciselées, ainsi que les transitions entre les morceaux. Géraldine Laurent excelle dans les morceaux rapides, mais c’est aussi une lyrique. Sa version murmurée de Laura, puis son exposition a capella de Autumn in New York resteront pour moi les grands moments de cette soirée.
L’accompagnement de ses deux partenaires est une merveille d’écoute intelligente. Reparlons donc un peu de la météorite Emmanuel Bex. Sur Hot House il invente une sorte de canon (spontané?) lorsque Géraldine Laurent énonce le thème. Sur Laura, il ajoute quelques mesures au Vocoder, c’est un peu incongru dans le contexte parkérien, et pourtant ça passe. D’ailleurs avec lui tout passe. Sur Autumn in New York, il a des contrechants d’une ineffable tendresse. Il semble parfois finir les phrases de Géraldine Laurent. Il a parfois de drôles de gestes comme pour accompagner avec le bras une des notes bizarres qui vient de naître sous ses doigts. Il est libre dans tout ce qu’il fait.
Je n’ai pas encore parlé de Christophe Marguet. Je n’allais pas l’oublier, car il était omniprésent dans la musique jouée ce soir. Ses interventions sont toujours dans le sens de la musique. Il a un tel contrôle du son de sa batterie que l’on a envie de parler de « toucher » pour qualifier sa relation à son instrument. J’aime particulièrement son travail aux mailloches, qu’il sait faire chanter de manière merveilleuse.
Vers la fin du concert, je crois que c’était sur Shaw Nuff, juste devant moi, une araignée descend du plafond en rappel, ainsi que font toutes les araignées depuis qu’elles ont vu Spiderman au cinéma. Elle atterrit sur le plancher et disparaît prestement. L’une des hypothèses est que la musique du trio a pu la déranger dans sa sieste. L’autre hypothèse, celle que je privilégie, est qu’elle a voulu écouter d’un peu plus près Géraldine Laurent et ses deux gars. Une météorite qui rencontre une araignée: C’était à Reims, Sunnyside Festival, le vendredi 26 octobre 2017.
Texte: JF Mondot