Jazz live
Publié le 18 Nov 2017

Jazz Fest Berlin 2017 (1)

Le Jazzfest ouvre ses portes avec deux concerts au Lido, salle conviviale, spacieuse et pleine comme un œuf, située dans un quartier animé de la capitale.

Lundi 31 octobre

Heroes Are Gang Leaders

Lido

Thomas Sayers Ellis, Randall Horton, Crystal Good (voc), Janice Lowe (voc, cla), Margaret Morris (voc), Heru Shabaka-Ra (tp), James Brandon Lewis (ts, comp), Devin Brahja Waldman (as, synth), Luke Stewart (elb), Warren Trae Crudup III (dm).

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Groupe hors-normes, Heroes are Gang Leaders – le nom comme le projet sont inspirés par Amiri Baraka, écrivain et activiste afro-américain – est cofondé par James Brandon Lewis (ts) et Thomas Sayers Ellis, auteur et vocaliste de spoken word, auquel s’ajoutent d’autres artistes de la voix, aux styles très dissemblables. Autour d’eux, on retrouve les membres du trio de Lewis (elb, dm), soudés par une récente tournée, et un aréopage hétéroclite, parmi lesquels un trompettiste bien allumé. Un certain manque de préparation se perçoit ici et là, lors de morceaux ne sachant pas toujours comment se terminer, ou lorsqu’un instrumental enflammé perturbe les intentions du poète. Le groupe a enregistré trois albums (plus un autre le lendemain du concert dans un studio de Berlin), mais n’a pas multiplié les dates. Cet aspect work-in-progress n’est pas un problème, l’ensemble est franc du collier, chacun apportant sa pierre au projet. Lewis, saxophoniste dont on a vanté ici les mérites, se garde de prendre beaucoup de solos – et il est secondé par Devin Brahja Waldman, que je découvre à cette occasion. Les musiciens s’avèrent très mobiles, tactiles, athlétiques presque, circulant sur la scène, s’interpellant par gestes et paroles, et livrant des déclamations dont l’on a parfois du mal à suivre le contenu donné la masse d’informations qui se présente à l’œil et à l’ouïe. Une prestation d’une totale honnêteté, entre free jazz, hip-hop et théâtre, avec un état d’esprit beat generation qui n’est pas pour me déplaire.

Shabaka and the Ancestors

Lido

Shabaka Hutchings (ts), Mthunzi Mvubu (as), Siyabonga Mthembu (voc), Ariel Zomonsky (b), Tumi Mogorosi (dm), Gontse Makhene (perc).

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La formation britannique a beaucoup tourné cette année. Le groupe a d’indéniables qualités scéniques, le spectacle est bien rodé. Le même schéma se retrouve morceau après morceau, à l’instar de la recette des crêpes : pour retrouver le même goût, il ne faut rien changer. On recourt pour cela à une louche d’exotisme, une pincée d’Egypte, une touche d’Ethiopie, une rasade de mysticisme inoffensif, une pluie de slogans pacifistes irréfutables (assez vagues pour tenir lieu d’universalité) assénés à différents moments du concert, et de larges sourires à l’adresse du public – par contraste avec les membres de Heroes are Gang Leaders, qui ont livré une musique plus urgente sans recours aux salamalecs. Les saxophones alternent entre furia et suavité, pas nécessairement dans cet ordre. L’alto Mthunzi Mvubu semble posséder davantage de ressources que le leader, en termes de variété de phrasés, de gestion des dynamiques, et d’idées. Les solos de Shabaka Hutchings n’en sont pas vraiment, plutôt des riffs assénés avec une force herculéenne et servant de locomotive à l’ensemble, à la manière de Fela Kuti. Les meilleurs moments, lorsque la surenchère est évitée, font plutôt songer à Oneness of Juju, groupe qui aligna voici quelques lunes une série de titres estimables avec des ingrédients comparables. Las ! Le batteur et le percussionniste des Ancestors tapent comme des sourds, et le bassiste n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère. Pas détesté, mais l’exaltation systématique et la générosité en décibels semblent parfois masquer un déficit d’inspiration. Une impressionnante débauche d’énergie, et un succès manifeste à en juger par les vivats et sifflets dans la salle.

David Cristol

Photos : Camille Blake|

Le Jazzfest ouvre ses portes avec deux concerts au Lido, salle conviviale, spacieuse et pleine comme un œuf, située dans un quartier animé de la capitale.

Lundi 31 octobre

Heroes Are Gang Leaders

Lido

Thomas Sayers Ellis, Randall Horton, Crystal Good (voc), Janice Lowe (voc, cla), Margaret Morris (voc), Heru Shabaka-Ra (tp), James Brandon Lewis (ts, comp), Devin Brahja Waldman (as, synth), Luke Stewart (elb), Warren Trae Crudup III (dm).

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Groupe hors-normes, Heroes are Gang Leaders – le nom comme le projet sont inspirés par Amiri Baraka, écrivain et activiste afro-américain – est cofondé par James Brandon Lewis (ts) et Thomas Sayers Ellis, auteur et vocaliste de spoken word, auquel s’ajoutent d’autres artistes de la voix, aux styles très dissemblables. Autour d’eux, on retrouve les membres du trio de Lewis (elb, dm), soudés par une récente tournée, et un aréopage hétéroclite, parmi lesquels un trompettiste bien allumé. Un certain manque de préparation se perçoit ici et là, lors de morceaux ne sachant pas toujours comment se terminer, ou lorsqu’un instrumental enflammé perturbe les intentions du poète. Le groupe a enregistré trois albums (plus un autre le lendemain du concert dans un studio de Berlin), mais n’a pas multiplié les dates. Cet aspect work-in-progress n’est pas un problème, l’ensemble est franc du collier, chacun apportant sa pierre au projet. Lewis, saxophoniste dont on a vanté ici les mérites, se garde de prendre beaucoup de solos – et il est secondé par Devin Brahja Waldman, que je découvre à cette occasion. Les musiciens s’avèrent très mobiles, tactiles, athlétiques presque, circulant sur la scène, s’interpellant par gestes et paroles, et livrant des déclamations dont l’on a parfois du mal à suivre le contenu donné la masse d’informations qui se présente à l’œil et à l’ouïe. Une prestation d’une totale honnêteté, entre free jazz, hip-hop et théâtre, avec un état d’esprit beat generation qui n’est pas pour me déplaire.

Shabaka and the Ancestors

Lido

Shabaka Hutchings (ts), Mthunzi Mvubu (as), Siyabonga Mthembu (voc), Ariel Zomonsky (b), Tumi Mogorosi (dm), Gontse Makhene (perc).

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La formation britannique a beaucoup tourné cette année. Le groupe a d’indéniables qualités scéniques, le spectacle est bien rodé. Le même schéma se retrouve morceau après morceau, à l’instar de la recette des crêpes : pour retrouver le même goût, il ne faut rien changer. On recourt pour cela à une louche d’exotisme, une pincée d’Egypte, une touche d’Ethiopie, une rasade de mysticisme inoffensif, une pluie de slogans pacifistes irréfutables (assez vagues pour tenir lieu d’universalité) assénés à différents moments du concert, et de larges sourires à l’adresse du public – par contraste avec les membres de Heroes are Gang Leaders, qui ont livré une musique plus urgente sans recours aux salamalecs. Les saxophones alternent entre furia et suavité, pas nécessairement dans cet ordre. L’alto Mthunzi Mvubu semble posséder davantage de ressources que le leader, en termes de variété de phrasés, de gestion des dynamiques, et d’idées. Les solos de Shabaka Hutchings n’en sont pas vraiment, plutôt des riffs assénés avec une force herculéenne et servant de locomotive à l’ensemble, à la manière de Fela Kuti. Les meilleurs moments, lorsque la surenchère est évitée, font plutôt songer à Oneness of Juju, groupe qui aligna voici quelques lunes une série de titres estimables avec des ingrédients comparables. Las ! Le batteur et le percussionniste des Ancestors tapent comme des sourds, et le bassiste n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère. Pas détesté, mais l’exaltation systématique et la générosité en décibels semblent parfois masquer un déficit d’inspiration. Une impressionnante débauche d’énergie, et un succès manifeste à en juger par les vivats et sifflets dans la salle.

David Cristol

Photos : Camille Blake|

Le Jazzfest ouvre ses portes avec deux concerts au Lido, salle conviviale, spacieuse et pleine comme un œuf, située dans un quartier animé de la capitale.

Lundi 31 octobre

Heroes Are Gang Leaders

Lido

Thomas Sayers Ellis, Randall Horton, Crystal Good (voc), Janice Lowe (voc, cla), Margaret Morris (voc), Heru Shabaka-Ra (tp), James Brandon Lewis (ts, comp), Devin Brahja Waldman (as, synth), Luke Stewart (elb), Warren Trae Crudup III (dm).

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Groupe hors-normes, Heroes are Gang Leaders – le nom comme le projet sont inspirés par Amiri Baraka, écrivain et activiste afro-américain – est cofondé par James Brandon Lewis (ts) et Thomas Sayers Ellis, auteur et vocaliste de spoken word, auquel s’ajoutent d’autres artistes de la voix, aux styles très dissemblables. Autour d’eux, on retrouve les membres du trio de Lewis (elb, dm), soudés par une récente tournée, et un aréopage hétéroclite, parmi lesquels un trompettiste bien allumé. Un certain manque de préparation se perçoit ici et là, lors de morceaux ne sachant pas toujours comment se terminer, ou lorsqu’un instrumental enflammé perturbe les intentions du poète. Le groupe a enregistré trois albums (plus un autre le lendemain du concert dans un studio de Berlin), mais n’a pas multiplié les dates. Cet aspect work-in-progress n’est pas un problème, l’ensemble est franc du collier, chacun apportant sa pierre au projet. Lewis, saxophoniste dont on a vanté ici les mérites, se garde de prendre beaucoup de solos – et il est secondé par Devin Brahja Waldman, que je découvre à cette occasion. Les musiciens s’avèrent très mobiles, tactiles, athlétiques presque, circulant sur la scène, s’interpellant par gestes et paroles, et livrant des déclamations dont l’on a parfois du mal à suivre le contenu donné la masse d’informations qui se présente à l’œil et à l’ouïe. Une prestation d’une totale honnêteté, entre free jazz, hip-hop et théâtre, avec un état d’esprit beat generation qui n’est pas pour me déplaire.

Shabaka and the Ancestors

Lido

Shabaka Hutchings (ts), Mthunzi Mvubu (as), Siyabonga Mthembu (voc), Ariel Zomonsky (b), Tumi Mogorosi (dm), Gontse Makhene (perc).

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La formation britannique a beaucoup tourné cette année. Le groupe a d’indéniables qualités scéniques, le spectacle est bien rodé. Le même schéma se retrouve morceau après morceau, à l’instar de la recette des crêpes : pour retrouver le même goût, il ne faut rien changer. On recourt pour cela à une louche d’exotisme, une pincée d’Egypte, une touche d’Ethiopie, une rasade de mysticisme inoffensif, une pluie de slogans pacifistes irréfutables (assez vagues pour tenir lieu d’universalité) assénés à différents moments du concert, et de larges sourires à l’adresse du public – par contraste avec les membres de Heroes are Gang Leaders, qui ont livré une musique plus urgente sans recours aux salamalecs. Les saxophones alternent entre furia et suavité, pas nécessairement dans cet ordre. L’alto Mthunzi Mvubu semble posséder davantage de ressources que le leader, en termes de variété de phrasés, de gestion des dynamiques, et d’idées. Les solos de Shabaka Hutchings n’en sont pas vraiment, plutôt des riffs assénés avec une force herculéenne et servant de locomotive à l’ensemble, à la manière de Fela Kuti. Les meilleurs moments, lorsque la surenchère est évitée, font plutôt songer à Oneness of Juju, groupe qui aligna voici quelques lunes une série de titres estimables avec des ingrédients comparables. Las ! Le batteur et le percussionniste des Ancestors tapent comme des sourds, et le bassiste n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère. Pas détesté, mais l’exaltation systématique et la générosité en décibels semblent parfois masquer un déficit d’inspiration. Une impressionnante débauche d’énergie, et un succès manifeste à en juger par les vivats et sifflets dans la salle.

David Cristol

Photos : Camille Blake|

Le Jazzfest ouvre ses portes avec deux concerts au Lido, salle conviviale, spacieuse et pleine comme un œuf, située dans un quartier animé de la capitale.

Lundi 31 octobre

Heroes Are Gang Leaders

Lido

Thomas Sayers Ellis, Randall Horton, Crystal Good (voc), Janice Lowe (voc, cla), Margaret Morris (voc), Heru Shabaka-Ra (tp), James Brandon Lewis (ts, comp), Devin Brahja Waldman (as, synth), Luke Stewart (elb), Warren Trae Crudup III (dm).

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Groupe hors-normes, Heroes are Gang Leaders – le nom comme le projet sont inspirés par Amiri Baraka, écrivain et activiste afro-américain – est cofondé par James Brandon Lewis (ts) et Thomas Sayers Ellis, auteur et vocaliste de spoken word, auquel s’ajoutent d’autres artistes de la voix, aux styles très dissemblables. Autour d’eux, on retrouve les membres du trio de Lewis (elb, dm), soudés par une récente tournée, et un aréopage hétéroclite, parmi lesquels un trompettiste bien allumé. Un certain manque de préparation se perçoit ici et là, lors de morceaux ne sachant pas toujours comment se terminer, ou lorsqu’un instrumental enflammé perturbe les intentions du poète. Le groupe a enregistré trois albums (plus un autre le lendemain du concert dans un studio de Berlin), mais n’a pas multiplié les dates. Cet aspect work-in-progress n’est pas un problème, l’ensemble est franc du collier, chacun apportant sa pierre au projet. Lewis, saxophoniste dont on a vanté ici les mérites, se garde de prendre beaucoup de solos – et il est secondé par Devin Brahja Waldman, que je découvre à cette occasion. Les musiciens s’avèrent très mobiles, tactiles, athlétiques presque, circulant sur la scène, s’interpellant par gestes et paroles, et livrant des déclamations dont l’on a parfois du mal à suivre le contenu donné la masse d’informations qui se présente à l’œil et à l’ouïe. Une prestation d’une totale honnêteté, entre free jazz, hip-hop et théâtre, avec un état d’esprit beat generation qui n’est pas pour me déplaire.

Shabaka and the Ancestors

Lido

Shabaka Hutchings (ts), Mthunzi Mvubu (as), Siyabonga Mthembu (voc), Ariel Zomonsky (b), Tumi Mogorosi (dm), Gontse Makhene (perc).

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La formation britannique a beaucoup tourné cette année. Le groupe a d’indéniables qualités scéniques, le spectacle est bien rodé. Le même schéma se retrouve morceau après morceau, à l’instar de la recette des crêpes : pour retrouver le même goût, il ne faut rien changer. On recourt pour cela à une louche d’exotisme, une pincée d’Egypte, une touche d’Ethiopie, une rasade de mysticisme inoffensif, une pluie de slogans pacifistes irréfutables (assez vagues pour tenir lieu d’universalité) assénés à différents moments du concert, et de larges sourires à l’adresse du public – par contraste avec les membres de Heroes are Gang Leaders, qui ont livré une musique plus urgente sans recours aux salamalecs. Les saxophones alternent entre furia et suavité, pas nécessairement dans cet ordre. L’alto Mthunzi Mvubu semble posséder davantage de ressources que le leader, en termes de variété de phrasés, de gestion des dynamiques, et d’idées. Les solos de Shabaka Hutchings n’en sont pas vraiment, plutôt des riffs assénés avec une force herculéenne et servant de locomotive à l’ensemble, à la manière de Fela Kuti. Les meilleurs moments, lorsque la surenchère est évitée, font plutôt songer à Oneness of Juju, groupe qui aligna voici quelques lunes une série de titres estimables avec des ingrédients comparables. Las ! Le batteur et le percussionniste des Ancestors tapent comme des sourds, et le bassiste n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère. Pas détesté, mais l’exaltation systématique et la générosité en décibels semblent parfois masquer un déficit d’inspiration. Une impressionnante débauche d’énergie, et un succès manifeste à en juger par les vivats et sifflets dans la salle.

David Cristol

Photos : Camille Blake