"Un Poco Loco" sème ses cailloux dans le jardin botanique de Bordeaux.
Quand se profilent deux soirées exceptionnelles au « Caillou » (ce soir c’est le trio de Gauthier Toux, pianiste suisse découvert l’an dernier à Cully) les bordelais – et les bordelaises – font le déplacement. D’autant qu’il a fait grand soleil toute la journée, et que traverser le pont de pierre en vélo sur le coup de 19.30 ne demande qu’un effort minime, et que la lumière est à elle seule un enchantement. La nouvelle ayant bien circulé, c’est quasiment en famille que Fidel Fourneyron et ses acolytes se retrouvent pour parcourir le répertoire de leur premier disque, et nous faire découvrir une partie des pièces du prochain. Aubaine !
Un Poco Loco : Fidel Fourneyron (trombone), Geoffroy Gesser (saxophone ténor, clarinette), Sébastien Beliah (contrebasse).
À tout ce qui a été dit déjà sur ce trio, par Franck Bergerot ou moi-même, j’ajouterai seulement que la performance musicale s’est doublée hier soir d’un véritable « tour de force » en matière de communication. Il faut savoir quand même que toutes ces constructions/déconstructions appliquées au « bop » (celui de Gillespie et Powell, moins celui de Parker, dont la folie est plus risquée encore) sont d’une technicité élevée, sans compter que la musique, en elle-même déjà, portait au moment de son invention cette exigence de haute volée : il faut quand même être un peu malade de notes, d’harmonie et de grilles pour s’y retrouver ! Imaginez un public, attaché malgré tout à son assiette, convoqué à cette fête dont l’exigence le dispute à la culture jazzistique… Et bien, si le premier set se déroule sans accrocs, le second fait taire toutes les fourchettes et mobilise toutes les attentions, au point que l’écoute en devient participative, chacun se prenant au jeu de savoir et de comprendre comment tout cela fonctionne, et à quel jeu l’on est invité ! Et qu’il s’agisse de « Manteca », « Night In Tunisia », « Tin Tin Deo » (un must !) ou des thèmes fameux de West Side Story (c’est ça le futur CD), chacun comprend vite que le jeu consiste à retrouver l’original derrière son délirant et subtil détricotage. Jubilation partagée, menée sans avoir l’air d’y toucher par un Fidel Fourneyron qui est un peu ici dans son jardin (le garçon est landais !), en l’occurence « botanique ». C’est ça, l’esprit du label « Umlaut » : sur fond d’irréprochable formation technique et artistique, faire passer à l’intention musicale la barrière de la séparation entre la scène et la salle. Friture ou pas. Et, avec le tromboniste, Geoffroy Gesser montre une fluidité de type Benny Golson ahurissante, et Sébastien Beliah une souplesse élastique monumentale. Encore…
|Quand se profilent deux soirées exceptionnelles au « Caillou » (ce soir c’est le trio de Gauthier Toux, pianiste suisse découvert l’an dernier à Cully) les bordelais – et les bordelaises – font le déplacement. D’autant qu’il a fait grand soleil toute la journée, et que traverser le pont de pierre en vélo sur le coup de 19.30 ne demande qu’un effort minime, et que la lumière est à elle seule un enchantement. La nouvelle ayant bien circulé, c’est quasiment en famille que Fidel Fourneyron et ses acolytes se retrouvent pour parcourir le répertoire de leur premier disque, et nous faire découvrir une partie des pièces du prochain. Aubaine !
Un Poco Loco : Fidel Fourneyron (trombone), Geoffroy Gesser (saxophone ténor, clarinette), Sébastien Beliah (contrebasse).
À tout ce qui a été dit déjà sur ce trio, par Franck Bergerot ou moi-même, j’ajouterai seulement que la performance musicale s’est doublée hier soir d’un véritable « tour de force » en matière de communication. Il faut savoir quand même que toutes ces constructions/déconstructions appliquées au « bop » (celui de Gillespie et Powell, moins celui de Parker, dont la folie est plus risquée encore) sont d’une technicité élevée, sans compter que la musique, en elle-même déjà, portait au moment de son invention cette exigence de haute volée : il faut quand même être un peu malade de notes, d’harmonie et de grilles pour s’y retrouver ! Imaginez un public, attaché malgré tout à son assiette, convoqué à cette fête dont l’exigence le dispute à la culture jazzistique… Et bien, si le premier set se déroule sans accrocs, le second fait taire toutes les fourchettes et mobilise toutes les attentions, au point que l’écoute en devient participative, chacun se prenant au jeu de savoir et de comprendre comment tout cela fonctionne, et à quel jeu l’on est invité ! Et qu’il s’agisse de « Manteca », « Night In Tunisia », « Tin Tin Deo » (un must !) ou des thèmes fameux de West Side Story (c’est ça le futur CD), chacun comprend vite que le jeu consiste à retrouver l’original derrière son délirant et subtil détricotage. Jubilation partagée, menée sans avoir l’air d’y toucher par un Fidel Fourneyron qui est un peu ici dans son jardin (le garçon est landais !), en l’occurence « botanique ». C’est ça, l’esprit du label « Umlaut » : sur fond d’irréprochable formation technique et artistique, faire passer à l’intention musicale la barrière de la séparation entre la scène et la salle. Friture ou pas. Et, avec le tromboniste, Geoffroy Gesser montre une fluidité de type Benny Golson ahurissante, et Sébastien Beliah une souplesse élastique monumentale. Encore…