Festival International de Jazz de Montréal : Dr Lonnie Smith Evolution
C’est le jour du départ, mais il est encore temps de retrouver le Turbanator, alias Dr Lonnie Smith, avec une autre formation et répertoire que la veille. Sur le chemin, je croise l’organiste Jamie Saft, programmé le lendemain. Et regrette de n’avoir pu l’entendre, ainsi que Marc Ribot, John Medeski, Archie Shepp… Ce sera pour une prochaine fois.
Gesu – série “invitation”
Dr Lonnie Smith Evolution
Dr Lonnie Smith (org), Alicia Olatuja (voc), Sean Jones (tp), Robin Eubanks (tb), John Ellis (s), Jason Marshall (bs), Jonathan Kreisberg (elg), Johnathan Blake (dm)
6 juillet
L’intitulé nous mettait sur la voie d’une version live de l’album « Evolution », avant-dernier disque de l’organiste, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Des extraits de cet album sont repris (le jam final Talk about this, talk about that, voyant toute la salle se lever de plaisir), mais aussi d’autres pièces du leader et standards (I didn’t know what time it was) ayant jalonné son parcours, dans des arrangements ajoutant au trio régulier quatre soufflants, et une chanteuse sur quelques titres, permettant d’étoffer la palette. Alicia Olatuja est ici un véritable atout. Présente sur « All in my Mind », dernier album en date de l’organiste, et appréciée avec son propre show l’année précédente, elle livre de la ballade du même nom, ainsi que de Pilgrimage, des versions frémissantes, avec toutes les qualités que l’on peut attendre d’une chanteuse de soul, les spectateurs suspendus à chacune de ses inflexions. Mais avant qu’elle ne prenne le micro, c’est le Docteur lui-même qui entonne la chanson, de manière étonnamment compétente. Décidément, les anciens en ont sous le coude, mélange de spontanéité et de professionnalisme. Le guitariste Jonathan Kreisberg est une fois de plus à la fête, quelques heures après avoir partagé la scène avec Chris Potter. Son rôle auprès de Smith est essentiel et l’organiste le qualifie ainsi : « mon bras droit, mon fils ». Il semble que les préparatifs aient été minimes, car malgré la présence de partitions, moult échanges verbaux se déroulent sur scène, pour déterminer le prochain titre joué et le rôle de chacun. L’organiste, d’une bonne humeur contagieuse, est prompt à la narration d’anecdotes drolatiques au sujet de la vie sur la route. Difficile de résister aux bonnes vibrations qu’il projette, même quand son jeu se fait dangereusement imprécis, ou qu’il se disperse sur des synthés aux curieuses sonorités orchestrales.
Une nouvelle fois, le bien-nommé Quartier des spectacles a offert concerts et attractions non-stop à tous les coins de rue, qu’il s’agisse des chanteuses de rhythm & blues (citons la britannique Hannah Williams) sur la grande scène de la place des Festivals, de performeurs solitaires équipés de leur ampli, de spectacles destinés aux enfants et de groupes en devenir bénéficiant d’une exposition enviable (tels que Time Sensitive). Le tout dans l’ambiance relâchée qu’ont su instaurer les organisateurs – ce qui, donné l’ampleur de la manifestation, est une non négligeable valeur ajoutée.
Austin B. Coe
Photos : Valérie Gay-Bessette