Jazz San Sebastian (2) : Portal, un bayonnais Prix Donostiako Jazzaldia 2018
Michel Portal recevra ce midi au Théâtre Victoria Eugenia de San Sebastian (Euskadi-España) le Prix Donostiako Jazzaldia 2018. Ce prix octroyé chaque année depuis 1994 par le Festival de Jazz de Saint Sébastien, capitale de la province de Guipuzcoa distingue un musicien pour la qualité de son travail, son ouvre, et son parcours dans le domaine du jazz. Aux côtés désormais de noms tels Wayne Shorter, Ahmad Jamal, Ron Carter, Toots Thielemans, Charles Lloyd ou Keith Jarreth, le musicien bayonnais figurera comme le premier jazzman français à recevoir une telle récompense.
« Je suis évidemment très heureux de recevoir une telle récompense, surtout dans une grande ville basque comme San Sebastian. Bayonne, le Pays Basque c’est déjà toute mon enfance. Des souvenirs et un apprentissage de la vie. Une approche vivante de la culture aussi, de la musique évidemment. De mon imaginaire sans doute, ce qui n’est pas le moins important. Je me souviens bien sur des chants, des échos de fêtes de villages avec une ambiance bien particulière. J’ai dans ma tête une accroche particulière aux mots et mélodies des bertxularis, ces chanteurs basques qui par jeu, par défi improvisent leurs phrases. Cette improvisation que j’ai retrouvée ailleurs comme fondement, comme esprit du jazz.
A 14 ans déjà je jouais de la clarinette au sein de l’Harmonie Bayonnaise. Ce fut mon premier orchestre. Certains musiciens parlaient de l’Espagne, du pays Basque de l’autre côté de la Bidassoa, de Bilbao et de Saint Sébastien. De la musique bien sur, mais aussi de la cuisine et même de la corrida telles qu’on les vivait là bas. A franchement parler je ne suis pas revenu jouer au Festival de Jazz de San Sebastian depuis 34 ans. Et ce jour là je crois me souvenir que la ville était prise dans une drôle de manif…Ceci dit j’adore cette ville, son décor naturel tellement extraordinaire.
Je suis un musicien de jazz, certes. Mais j’aime par dessus tout la musique. Les musiques. En ce sens je me sens comme un type fondamentalement dispersé. Toute ma vie de musicien j’ai veillé à ce que l’on ne me colle pas une étiquette. Qu’elle soit classique, jazz, contemporaine ou même musique populaire ou musique du monde. D’ailleurs chez moi j’écoute aussi bien Mozart que Coltrane, John Cage ou Carlos Gardel…Et pour résumer, après ces deux concerts jazz à San Sébastien je jouerai du classique dès demain à Salon de Provence.
Je suis comme ça. Et je me sens bien comme ça »
Propos recueillis par Robert Latxague