Jazz em Agosto : Robert Dick, Kris Davis Quartet, John Medeski Trio
Improvisateur et enseignant, Robert Dick nous donne un aperçu de ses propres travaux, en solo à la volumineuse flûte contrebasse, avec laquelle il fomente des sons inouïs, l’imagination de l’artiste adossée à sa maîtrise technique.
1er août
Robert Dick (fl)
Auscultation des touches, chant, grognements, harmoniques, grésillements, tout y passe, non sans une certaine théâtralité. Dick va puiser dans les profondeurs de l’instrument, à la fois prolongement de lui-même et devenant son orchestre. Une pièce se présente comme un dialogue entre la bonne et la mauvaise conscience, selon une perspective psychanalytique. Amusant. Une autre échafaude une atmosphère ondulante et onirique, les notes émergeant du tube comme après avoir exploré un autre monde. Et pour finir, une course de vitesse en souffle continu, pendant que l’on retient le nôtre.
Kris Davis (p), Mary Halvorson (elg), Drew Gress (b), Kenny Wollesen (dm)
Direction l’amphithéâtre de plein air. Le concert de Kris Davis est d’une grande concision. On n’y entend guère l’aventurière intrépide des albums que la pianiste signe sous son nom, mais on la découvre exécutante scrupuleuse des partitions. Sur une base rythmique vigoureuse (Drew Gress et Kenny Wollesen, tout est dit), Mary Halvorson égaye les débats par des vagues de sons et effets insolents, entre Wah Wah Watson et une mandoline sous acide. On vibre encore à une ballade douce-amère émaillée d’éclats contemporains, et le concert s’achève bien trop tôt. La démarche de Zorn avec les Bagatelles se révèle : chaque pièce est portée par une idée-force, une couleur particulière, développée au mieux de ses possibilités, et l’on passe sans tarder à la trouvaille suivante. Donné la quantité de compositions fixées sur le papier en un temps record, ces idées lui adviennent en séries, et leur distribution à différents ensembles doit être décidée tout aussi promptement.
Kris Davis est l’une des six pianistes d’un album partagé avec Sylvie Courvoisier, Aruan Ortiz, Craig Taborn, Brian Marsella et Anthony Coleman pour un hommage à Cecil Taylor à paraître le 24 août.
John Medeski (org), David Fiuczynski (elg), Calvin Weston (dm)
La guitare électrique occupe le devant de la scène, avec un volume sonore élevé qui conduit ce rapporteur à gagner les derniers gradins. Voici une esthétique rock-jazz franche du collier, dépourvue des turpitudes et ruptures zorniennes. Les musiciens s’autorisent de copieux solos, les chiens sont lâchés, il n’y aura pas de baisse de régime. Weston en met partout, tel un Billy Cobham du free-rock. Non moins abondant, Medeski encourage ses affidés à en rajouter, lesquels ne se font pas prier. Las, à cause d’une sonorisation problématique, la guitare neutralise l’orgue, et le parti pris de la surenchère ne permet pas de déceler toutes les qualités des interventions respectives, même si le guitariste en impose. Malgré tout le respect qu’on a pour David Fiuczynski (auteur d’un ambitieux double-hommage à JDilla et Olivier Messiaen sur Rare Noise), Calvin Weston (Prime Time, Tricky, « Mirakle » avec Derek Bailey) et John Medeski, ce concert est l’un des moins satisfaisants du festival. David Cristol
Photos : Gulbenkian Música / Petra Cvelbar