JAZZ’HUM’AH ! à la Fête de l’Huma
Un après-midi et une soirée à la Fête de l’Humanité : plaisir d’écouter Jeanne Added, versant électro-pop, au sein d’une foule impressionnante, avant de rejoindre le stand ‘Jazz’Hum’Ah !’ pour rencontres, débats et concerts, dont le quintette ‘ RÉVOLUT!ON ‘ de François Corneloup.
Après une longue marche depuis le RER du Bourget, une affiche indique que le but est proche.
La Courneuve , Parc Georges Valbon, 14 septembre 2014
(Bonne) surprise de découvrir, en arrivant à la Grande Scène vers 14h30, que Jeanne Added, cousine du jazz partie vers l’électro-pop sophistiquée sur des musiques et des textes très élaborés (et conçus par ses soins), déplace les foules.
Souvenir d’un concert ‘Jazz sur le Vif’ au studio Charles Trenet de Radio France, en décembre 2009 où, devant quelque 240 spectateurs, elle nous enchanta avec ses amis du trio ‘Yes is a pleasant country’. Une fois arrivé au stand qui m’occupe, discussions animées avec quelques jazzophiles sur la nouvelle voie choisie par la chanteuse. ‘Trop froid, trop pop, trop électro’ pour les uns. Pour les autres, dont je suis, plaisir de retrouver la chanteuse : voix unique, charisme, expressivité, vitalité, profondeur …. Rassure-toi Jeanne, nous sommes quelques-uns dans le clan des jazzeux plus purs que durs à t’aimer aussi et encore sur ton nouveau terrain de jeu.
En attendant le premier débat, sur la situation de l’audio-visuel public (sujet qui me tient encore et toujours très à cœur !), je détaille, dans un petit coin du stand, près du bar, une exposition de photos sur Georges Marchais, avec aussi un écran vidéo qui déroule des interviews télévisées, et cette petite affiche-couverture de Charlie Hebdo en guise de clin d’œil malicieux.
Après le premier débat, le vif de mon sujet : ‘Musique marchandisée versus musique artistique’. Deux témoins : Fabien Barontini, longtemps directeur du festival Sons d’Hiver, et François Corneloup, artiste musicien. Avec véhémence et pertinence Fabien analyse et dénonce les stratégies capitalistes de marchandisation profitable des musiques populaires.
François aborde le débat sous un autre angle : les stars du systèmes peuvent aussi être de grands artistes, et il prend pour exemple Sinatra et les Beatles, cités précédemment par Fabien. Il rappelle aussi la fonction sociale de l’artiste. On invoque Adorno, et plus tard Gramsci. C’est vif et passionnant. Avant l’échange avec le public, qui sera tout aussi fécond, François Corneloup résume la situation d’une formule pleine de lucidité et d’espoir «Ne laissez pas les premiers de cordée vous entraîner sur les sentiers du capitalisme, coupez la corde et suivez votre chemin».
Vers 19h30, premier concert, avec le sextette franco-berlinois Sun Dew (violon, violoncelle, claviers, guitare, guitare basse & batterie). C’est une aimable fusion seventies tantôt funky, tantôt rocky parfois façon progressive ; bien fait, et assez formaté (un prélude de cordes échantillonnées avant d’attaquer ‘la musique de musiciens, entièrement faite à la main’, selon la formule du regretté Jacques Mahieux). Je n’ai pas été bouleversé.
En revanche le groupe ‘ RÉVOLUT!ON ‘ de François Corneloup m’a enthousiasmé autant qu’à sa création en mai dernier au festival Europa Jazz du Mans (cliquez pour la chronique dans ces colonnes). Seul changement : Bruno Chevillon remplace pour la circonstance Joachim Florent. Le répertoire est le même, plus resserré, avec une ou deux compositions en moins. Le quintette va »envoyer du bois » pour s’imposer face aux décibels ambiants : le groupe Franz Ferdinand non loin de là sur la Grande Scène, et aussi la musique qui interfère de tous les stands voisins. C’est fort, mais toujours musical et expressif. Enthousiaste au Mans voici quelques mois, enthousiaste je demeure, en persistant et signant !
Xavier Prévost