Andy Emler crée The Emovin’ Ensemble
Hier, 27 septembre, dans le cadre du festival Les Emouvantes, Andy Emler répondait à la commande de son ami Claude Tchamitchian, contrebassiste de son MegaOctet et de son trio, en créant The Emovin’ Ensemble.
Illustration: Breakfast Is Ready © X.Deher (Fictional Cover)
Andy Emler & The Emovin’ Ensemble : Dominique Pifarély (violon), Matthieu Metzger (saxes soprano et alto), Andy Emler (piano, composition), Sylvain Daniel (guitare basse électrique), Eric Echampard (batterie).
Festival Les Emouvantes, Théâtre des Bernardines, Marseille (13), le 27 septembre 2018.
Andy Emler salue son public en disant combien il est heureux de réaliser un rêve: répondre à la commande d’un musicien. Faut-il comprendre: et non d’un programmateur qui se pique de création par procuration? Voici deux jours que ses quatre comparses se sont réunis autour de lui pour peaufiner ce projet, une suite en sept mouvements (si je sais bien compter et si la relecture de notes prises dans le noir ne me trahit pas). Il y a là des complicités éprouvées (Daniel-Echampard au sein de l’ONJ, Emler-Echampard au sein du MegaOctet, Pifarély-Metzger), mais Emler et Pifarély n’ont jamais travaillé ensemble. Et on se demande vraiment pourquoi. Ce sont pourtant “Pif” et Metzger qui font l’ouverture par un pas de deux funambule, avant qu’Emler n’envoie l’un de ses thèmes gymkhana qu’on a connu avec le MegaOctet, propulsé par Eric Echampard mais selon la nouvelle donne du tandem avec Sylvain Daniel qui fonctionne à merveille.
Et acoustiquement, ça marche, sans que l’on soit obligé de sortir les capotes acoustiques. Tout au long cette suite, on trouvera des analogies avec la musique jouées la veille par Pifarély qui me font craindre la redite d’avec mon compte rendu de la veille où je n’ai cependant pas assez dit combien la précision pénétrante de Metzger était saisissante (et combien saisissante, elle était pénétrante… à 2h du matin, le vocabulaire est pauvre!). Là encore, magnifiques combinaisons timbrales homophoniques, passionnantes polyphonies, vivifiants “hoquets” où la parole circule à toute vitesse parmi les pupitres… L’énergie certes diffère, où l’héritage classique se combine à celui du rock, avec des parties de piano plus abondantes que dans le MegaOctet, un piano qui – grâce au travail mené sur les nombreux récital “Ravel”, m’avouera Emler – a acquis une légèreté, un sens de l’espace qui lui donnent accès à ces mystérieuses zones de grande mélancolie que la plume du leader sait atteindre avec son octette. Et rien que pour ça, je ne regrette pas le déplacement…
Demain 19h, même endroit, Joce Mienniel en solo dans son programme Dans La Forêt, à 21h le trio Thomassenko, au frontières du théâtre et de la musique. • Franck Bergerot