Maïlys Maronne à la Petite Halle
Le groupe de maïlys Maronne, qui fêtait la sortie de son premier disque, Animus Volandi, a proposé à la Petite Halle un concert passionnant et emballant.
Maïlys Maronne (composition, claviers, voix), Reno Silva Couto (sax alto ) Philippe Burneau (basse) , Tilo Bertholo (batterie) + Magic malik (flûte), la Petite halle, avenue Jean Jaurès 75019 Paris, 12 octobre 2018
Après deux ou trois morceaux , l’univers, les compositions, et même le jeu de piano de Maïlys Maronne me font irrésistiblement songer à la grande Carla Bley. J’y retrouve cette manière de créer des comptines entêtantes, faussement bancales, ce goût pour les musiques répétitives, ou faussement répétitives, que l’on fait dérailler avec un amour minutieux. Mais je décèle aussi bien d’autres éléments qui viennent d’ailleurs, le goût des cycles rythmiques complexes et des superpositions, quelques pincées d’électroniques, l’utilisation du chant pour ajouter de la matière aux unissons, tout cela compose un monde sonore très personnel qui, tout en étant très réfléchi garde une fraîcheur enfantine.
L’un des secrets de cette musique, je crois, réside dans le choix des musiciens et dans les rapports de complémentarité qui circulent entre eux. Pour compléter les casse-têtes chinois qu’elle aime bien créer sur ses claviers, Maïlys Maronne a su s’entourer d’un saxophoniste alto au lyrisme immédiat et rayonnant et d’une rythmique ccapable de grooves émaciés. Le batteur Tilo Bertholo, en particulier, impressionne. Pas du genre qui arrose un peu partout, non, mais du genre plutôt qui met tous ses coups dans le mille.
Parmi les morceaux joués ce soir, je retiens le très beau Rhinoféroce, avec sa petite mélodie orientale nue et tremblante (au début…) et ce Invitation rebaptisé à juste titre Cosmic Invitation, car tout se passe comme si ce vénérable standard était tombé dans un trou noir, délayé, étiré à l’extrème, et pourtant toujours reconnaissable .
Et quand la flûte de Magic Malik vient se rajouter au groupe sur le dernier morceau, Experimental Cycle, c’est un moment formidable, où l’on peut admirer notamment cette manière d’utiliser et de faire tourner les unissons (ici, souvent, flûte, sax, piano) qui donne une belle puissance d’envol à la musique. Merveilleuse et emballante découverte que ce groupe, dont j’écouterai le premier disque, Animus Volandi, pour constater qu’il répond en tout point à l’expérience enthousiasmante du concert.
Texte: Jean-François Mondot
Dessins : Annie-Claire Alvoët : Autres textes, dessins, gravures à découvrir sur son site www.annie-claire.com (pour commander des dessins qui figurent sur ce blog, s’adresser à l’artiste, annie_claire@hotmail.com)