Aux Caribéennes de mai, fais ce qu’il te plaît
C’est en effet devant une salle noire de monde (et les habitués du célèbre club savent ce que cela signifie) que Mario Canonge, Michel Zenino et Arnaud Dolmen sont montés sur scène. Au micro, Mario Canonge rappelle ce qui est une évidence pour certains et un rappel pas forcément superflu pour d’autres : le duo Canonge-Zenino roule sa bosse depuis un bon bout de temps, et il se trouve justement qu’on peut les retrouver au Baiser Salé tous les mercredis. C’est dit. Le pianiste ne cache cependant pas son agréable surprise devant la quantité inhabituelle de monde rassemblée devant lui ce soir. “C’est peut-être Arnaud qui a fait la différence…” plaisante-t-il.
De fait le jeune batteur n’aura pas démérité auprès des deux vétérans qu’il accompagne. Le premier morceau annonce la couleur de presque tout le reste du concert, puisque les standards de jazz se succèderont quasiment jusqu’au bout. Après un premier instrumental qui donne l’occasion à Mario Canonge de se montrer en grande forme, Kareen Guiock, marraine de cette édition 2019 des Caribéennes, rejoint le trio sur scène.
Changé en quartette, le groupe entame un Gee Baby Ain’t I Good To You qui swing comme il faut, suivi d’un “If I Had You” dans le nuage de balais d’Arnaud Dolmen et le piano d’une infinie délicatesse de Mario Canonge, tandis que Michel Zenino comme à la maison à la fois sur cette scène, dans son rôle de pilier rythmique comme de soliste et membre idéal de cet ensemble bien huilé, accueille aussi bien qu’on aurait pu le vouloir la voix de Kareen Guiock. Profonde, habitée et intense mais jamais complaisante, la chanteuse, qui n’a pas manqué d’appeler le public à revenir assister au reste du festival, était aussi à l’aise dans les ballades romantiques que sur le tempo plus enlevé du “Black Coffee” brûlant et langoureux qui leur succédait.Des standards de jazz, encore des standards de jazz…que des standards de jazz ? Caribéennes oblige, et comme pour donner un avant goût de la musique qui allait rythmer la programmation du Baiser Salé jusqu’en juin, le groupe termine le set par un classique d’un autre répertoire, et composé par nul autre que monsieur Canonge, Non Musieur dont le refrain (et même la clave !) est repris en cœur par le public.
Tandis que le concert touche à sa fin, nombreux sont ceux qui souhaitent redescendre de la salle bondée où certains étaient restés sans même pouvoir s’asseoir, mais on peut parier qu’ils retrouveront bientôt le chemin du Baiser Salé pour suivre la suite de ces Caribéennes, que cette soirée a ponctué hier soir de la meilleure des façons• Yazid Kouloughli