RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : MAGIC MALIK JAZZ ASSOCIATION
Troisième soirée au Domaine d’O, avec la Jazz Association de flûtiste Magic Malik, retour très personnel sur quelques thèmes du répertoire des jazzmen Afro-Américains
Pendant la balance, en descendant vers le Château d’O, un passage sous les micocouliers pour gagner la scène des ‘Apéros Jazz’
Ce soir c’est ‘Dr Jazz Trio’, un groupe rassemblé par le pianiste Auguste Caron, avec Jules le Risbe à l’orgue, et Thomas Doméné à la batterie. Instrumentation peu commune, jazz à l’ancienne, bon esprit : ça balance sérieusement !
photo David Abécassis
MAGIC MALIK JAZZ ASSOCIATION
Magic Malik (flûte, voix), Olivier Laisney (trompette), Maxime Sanchez (piano), Damien Varaillon (contrebasse), Stefano Lucchini (batterie)
Amphithéâtre du Domaine d’O, 17 juillet 2019, 22h
Un nouveau groupe, rôdé dans les clubs parisiens en 2018, avec aussi un CD (Magic Malik «Jazz Association», Jazz & People). Un désir chez le flûtiste, coutumier d’entreprises esthétiquement hardies et libres, d’aller vers ce répertoire. «En écoutant Coltrane, dit-il au public au début du concert, j’ai eu la sensation qu’il parlait créole». Pour un musicien né à Abidjan mais élevé en Guadeloupe, cette impression est forte de sens. Et c’est ce chemin qu’il va suivre en relisant à sa manière Wayne Shorter, Monk, Coltrane, Clifford Brown…. Et en l’écoutant nous nous souvenons que, dès son origine, le jazz fut une musique ‘créolisée’, et que la démarche du jazz, aujourd’hui encore, quand il travaille un matériau musical, peut s’interpréter comme une forme de ‘créolisation’. Autant dire que, de ces thèmes qu’il a choisis, Magic Malik fait à la fois un portrait fidèle et une interprétation qui peut aller jusqu’à une forme de cubisme musical (si tant est qu’une telle analogie ait quelque sens). Le concert commence avec la musique de Wayne Shorter, prétexte de dialogues instrumentaux, et aussi d’une envolée vocale du flûtiste. Monk (In Walked Bud) et Coltrane (Moment’s Notice) seront ensuite à l’honneur, entre exposé presque littéral et digressions aventureuses. Sur My Ship de Kurt Weill (immortalisé par Miles Davis et Gil Evans), c’est une errance vocale féconde qui nous entraîne en terres inexplorées. Je ne sais pas pourquoi, à ce moment du concert, je pense aux attracteurs étranges, ces modèles mathématiques utilisés par la physique, la météorologie ou la biologie pour analyser des événements énigmatiques. Suit une composition de Magic Malik, Leola, où voix et flûte seront encore à la fête. L’orchestre vit intensément car le dialogue est là, et les échappées individuelles font partie du dispositif.
photo David Abécassis
Le pianiste Maxime Sanchez et le trompettiste Olivier Laisney auront la part belle, et la prendront de superbe façon. Straight Street de Coltrane va nous ramener en territoire de jazz explicite, mais là encore les voies de la liberté sont ouvertes. Une intro de batterie pour Dahoud de Clifford Brown précèdera un solo de flûte tout en volutes, avant dialogue avec la trompette, et encore un thème du même Clifford en rappel, Joy Spring, pour évoquer encore l’enracinement du projet dans une tradition traitée ce soir avec un très belle liberté. Beau moment de musique ! Et juste après le rappel, Pascal Rozat s’entretient en coulisses avec Magic Malik, en direct sur France Musique
photo David Abécassis
Xavier Prévost
Lien pour réécouter le concert sur le site de France Musique