1ère étape du Tremplin Jazz d’Avignon : jour de suspens
La 28ème édition de cette manifestation qui s’est, au fil des années, fondue dans l’Avignon Jazz Festival qu’elle a engendré, débutait hier soir, 31 juillet, au Cloître des Carmes sous un léger mistral qui en rafraichissait les pierres, fit voler les partitions et compliqua la tâche du sonorisateur de façade Gaëtan Ortega qui depuis des lustres est comme chez lui dans cette admirable auditorium minéral au plafond étoilé.
Trois candidats par soir sur deux soirs, un jury qui n’atteint pas encore la parité mais cependant placé sous la présidence de Marion Piras, fondatrice en 1986 de l’agence d’artistes Inclinaisons (son catalogue actuel allant d’Airelle Besson à Enrico Rava en passant par Emile Parisien, Paul Lay, Jozef Dumoulin, Géraldine Laurent, Régis Huby, Daniel Humair…). Le reste du jury : Karine Guizien (chargée de diffusion pour CC Production), Sophie Chambon (chroniqueuse sur jazzmagazine.com), Willy Schuyten (président de l’association belge JazzLab), Pascal Bussy (anciennement Harmonia Mundi et Jazz Village, désormais directeur du CALIF, Club Action des Label et disquaires Indépendants Français), Gérard de Haro (ingénieur du son et fondateur du fameux Studio la Buissonne sis à une vingtaine de kilomètres d’Avignon, où le vainqueur du tremplin se voit offrir chaque année des séances d’enregistrement… et d’où il nous arrive après avoir accueilli devant ses micros le vainqueur de l’an passé, le Simon Below Quartet issu de l’Ecole supérieure de musique et de danse de Cologne, que l’on entendra au Cloître le 3 août en première partie de l’Emile Parisien Quartet), Michel Eymenier (co-fondateur du trempin, saxophoniste du dimanche et collectionneur infatigable des enregistrements de Lester Young) et Franck Bergerot (rédacteur en chef de Jazz Magazine encore pour quelques mois).
Voilà, pour les soutes. Montons sur le pont pour avoir un aperçu de ce qui se joua sur la scène du Cloître en ce 31 juillet, 100ème anniversaire de l’enregistrement de Mandy d’Irvin Berlin par le Selvin’s Novelty Orchestra ce qui n’est pas inoubliable, 90ème anniversaire du West End Blues par Eva Taylor “Queen of the Moaners” avec Clarence Williams (qui mérite que l’on s’en souvienne), 80ème anniversaire du Hoy Hoy de Bob Chester (dont, pour mémoire, on peut voir cet édifiant petit film ), 70ème anniversaire d’un jour où il semble ne s’être rien passé dans les studios d’enregistrement mais dont on peut dire que la veille le Rendez-Vous Ballroom de Balboa Beach accueillait une bataille d’orchestres opposant Charlie Barnett et Woody Herman , 60ème anniversaire d’une année richissime où, pourtant, les archives ne laissent pas la trace de quelque événement notoire en ce 31 juillet, 50ème anniversaire du concert au cours duquel Archie Shepp et son sextette se mêlèrent à un groupe de musiciens touaregs de Tamanraset sur la scène du Théâtre de l’Atlas lors du Festival panafricain d’Alger, au cours duquel le poète Ted Joans proclama: «We’re still black, and we have come back !» (voir le numéro de Jazz Magazine qui vient d’être livré en kiosque)…
Tout ça pour meubler un compte rendu trop prématuré pour qu’on y dise grand chose alors que le jury n’a pas encore rendu son verdict. Révélons tout de même qu’on y entendit le quintette irlandais Parallel Society du guitariste Jan Henrik Rau, le quartette reimois Belugas et le trio du jeune Nathan Mollet au sujet duquel ce n’est pas un grand secret de dévoiler que du haut de ses quinze ans, il a fait pété l’applaudimètre. Ce soir, nous entendrons deux groupes issus de l’Ecole supérieure de musique de Cologne décidément toujours très présente sur ce tremplin (le Salomea Quartet de la chanteuse Salomea Ziegler et le quintette du guitariste Daniel Tamayo Gòmez) et, issu de l’Hemu (Haute école de musique de Lausanne), le quintette d’un trompettiste qui a déjà fait parler de lui dans ces pages, Shems Bendali. Franck Bergerot