Jazz live
Publié le 20 Oct 2019

Troublantes et musicales acrobaties à l’Atelier du plateau

Pour sa dix-huitième édition de « l’Atelier du Plateau fait son cirque », des musiciens de jazz de haut vol accompagnaient les prouesses aériennes des acrobates. Après Sylvaine Hélary la veille, Théo Ceccaldi et Giani Caserotto étaient conviés ce dimanche 13 octobre…

 

Théo Ceccaldi (violon), Giani Caserotto (guitare), Antonin Leymarie (batterie), accompagnant Alexandre Fournier (acro-danse), Marianne Boldini, Alice Noël, Clémence Gilbert (portés acrobatiques), Ode Rosset (mât chinois), Noémie Deumré (tissus), Boris Lafitte (hulahoop), Matthieu Pillard et Ricardo La Giudice (clowns) , Dimanche 13 octobre 2019

Le décor nous transporte dans un intérieur bourgeois suranné (tapisserie à fleurs, photos de famille sur les murs…). C’est donc là que les acrobates exécutent leurs numéros, sur le plancher de bois, et dans une proximité troublante avec les spectateurs qui est la marque de l’Atelier du Plateau. Le mot « troublant », venu spontanément sous ma plume, est d’ailleurs celui que je choisirais pour résumer les numéros de cette fin d’après-midi. Trouble, bien sûr, devant les performances aériennes des acrobates à seulement quelques mètres de nous, à commencer par les trois jeunes femmes qui entament le spectacle (Marianne Boldini, Alice Noël, Clémence Gilbert) . Assises autour de la table, elles forment des grappes , puis des pyramides humaines qui se déploient jusqu’au plafond.

Mais trouble aussi de l’atmosphère particulière dans laquelle se déroulent ces prouesses: une caresse qui s’attarde sur un corps, un geste de tendresse inopiné, une atmosphère de très grande douceur, bref ces acrobaties baignent dans une sorte de fraternité (ou de sororité) et même de sensualité, et qui nous emmène sur des rives mystérieuses, bien au-delà du cirque.

On retrouve ce trouble lorsque Alexandre Fournier fait irruption sur la scène avec le contraste entre ce corps si démesurément athlétique qui semble sorti d’un dessin animé, sur lequel est posé une tête blonde d’oisillon déplumé prématurément tombé du nid. Il joue de ce contraste, et apporte lui-aussi une sensualité un peu louche qui emmène son numéro bien au-delà du cirque traditionnel.

Et les musiciens? Théo Ceccaldi joue souvent pizzicato sur son violon, en ne perdant pas une miette des évolutions de ces acrobates-danseurs. Il met en place avec Giani Caserotto des ostinatos qui creusent la dimension vertigineuse de certains numéros.

Deux d’entre eux prolongent magnifiquement l’atmosphère de bizarrerie mise en place par Alexandre Fournier: Boris Lafite, avec son faux-air de Franck Zappa, dans un improbable numéro de hulahoop, et deux clowns géniaux, les meilleurs que j’ai vus depuis longtemps, Matthieu Pillard et Ricardo la Giudce, reflet sarcastique des acrobaties qui viennent de se dérouler devant nous, qui se lancent dans une incroyable performance d’air-moto au kazoo…

Les enfants (nombreux) sont enchantés, les adultes aussi, pas forcément pour les mêmes raisons. Cette rencontre entre cirque troublant et musique improvisée se poursuit tous les week end jusqu’à la fin du mois d’octobre à l’Atelier du Plateau.

texte : JF Mondot
Dessins: AC Alvoët ( autres dessins, gravures, peintures à découvrir sur son site www.annie-claire.com, exposition en cours au Sunset et au Sunside)