D’JAZZ NEVERS, 16 NOVEMBRE : Nes, Les Snoopies, Papanosh/André Minvielle, Youn Sun Nah
Ultime journée du festival, avec toujours son content de découvertes, de mélanges, de surprises et de retours d’artistes appréciés. Nevers continue d’être une ode à la création et à la diversité, sans perdre de vue pour autant l’horizon de ce que l’on pourrait appeler ‘les fondamentaux’ de la musique que nous aimons. Merci à Roger Fontanel et à toute son équipe pour cette 33éme édition
©Maxim François
NES
Nesrine Belmokh (voix, violoncelle électrique, mandoline), Matthieu Saglio (violoncelle, voix), David Gadea (percussions)
Nevers, Théâtre municipal, 16 novembre 2019, 12h15
Une découverte pour moi que ce trio de la contrebassiste et chanteuse franco-algérienne : j’avais entendu son nom, lu des infos sur ce groupe mais pas eu l’occasion d’écouter le disque («Ahlam», ACT music). Des textes en anglais, en français, en arabe, des musiques qui puisent à toutes les sources (esprit du blues, musiques de tous les mondes, jazz….), utilisation des violoncelles du registre presque classique aux effets du rock, aux improvisation jazz, et à tous les rituels des musiques traditionnelles. Très belle expressivité de la voix, beauté des textes («Le temps est un concept que l’on ne comprend pas….»). C’est un perpétuel dialogue avec ses deux partenaires, et le magnétisme de l’instrumentiste-vocaliste opère pleinement, mélange de talent musical, de séduction et de farouche détermination. Public porté de bout en bout, et chroniqueur bouleversé d’entendre chanter en ra ppel, d’une voix soul à donner des frissons, Ain’t No Sunshine de Bill Withers. Bravo !
LES SNOOPIES
Corentin Lallouët (saxophones soprano & alto), Simone Hannouz (saxophone alto), Laureen Osseland (saxophone ténor), Fabien Dubois (saxophone baryton), Loup Godfroy (batterie)
Nevers, La Maison (de la culture….), Espace café-concert, 16 novembre 2019, 18h30
En revenant de la conférence d’André Minvielle sur Jacques Prévert à la Médiathèque (ou plutôt circonférence, comme il le dit, pour faire le tour de la question….»), et avant de rentrer à l’hôtel pour mettre en ligne mes chroniques des concerts de la veille, je passe un petit moment dans l’espace café-concert de La Maison (de la culture…..) pour écouter ce jeune groupe de musicien(ne)s de Bourgogne. L’extrait figurant sur le CD promotionnel du festival les faisait entendre dans Zappa, revisité avec art. En fait leur palette se déploie dans un univers plus large, avec une qualité musicale et des solistes qui donnent à penser que l’on va les réentendre, d’autant que l’instrumentation singulière du groupe (cinq saxophones et une batterie) ouvre des horizons peu explorés. Encore une belle découverte.
©Maxim François
PAPANOSH & ANDRÉ MINVIELLE ‘Prévert Parade’
André Minvielle (voix, percussions), Quentin Ghomari (trompette, trompette à coulisse), Raphaël Quenehen (saxophones ténor, alto & sopranino), Sébastien Palis (piano, orgue), Thibault Cellier (contrebasse), Jérémie Piazza (batterie)
Nevers, La Maison (de la culture….), grande salle, 16 novembre 2019, 20h30
Célébrer Prévert, mais en toute liberté : c’est le moindre des devoirs envers celui qui fut et demeure l’emblème d’une très libre pensée. Textes de Prévert, mais aussi inventions de Minvielle, musiques des uns et des autres, avec cette décontraction un peu foutraque qui ne suffit pas à occulter de vrais talents musicaux. Solistes inspirés et d’une très grande liberté, indiscutable charisme d’André Minvielle qui passe la rampe, même quand il ne revendique pas le premier rôle : un vrai beau moment de liberté, de poésie libertaire, et de musique. Un disque est prévu pour la fin de l’hiver.
©Maxim François
YOUN SUN NAH TRIO
Youn Sun Nah (voix, synthétiseur, effets, kalimba), Tomek Miernowski (guitares, piano, synthétiseur, programmation), Rémi Vignolo (batterie, contrebasse, guitare basse, programmation)
Nevers, La Maison (de la culture….), grande salle, 16 novembre 2019, 22h30
C’est un retour à Nevers pour Youn Sun Nah, venue voici quelques années avec un groupe et un programme très différents. Elle est attendue avec ferveur, c’est palpable dès qu’elle apparaît sur scène. Elle s’avance, et d’une voix timide et presque adolescente elle dit son bonheur d’être là. Les chansons en anglais oscillent entre une sorte de country music mélancolique, des climats de pop sophistiquée, une évocation de l’atmosphère d’Asturias d’Albeniz, des éclats de rock, ou encore une sorte de mirage d’extrême orient, entre voix diaphane et expressivité maximale. Des reprises (Allelujah de Leonard Cohen, ou en rappel une chanson de Phil Collins, et aussi en français Sans Toi, d’Agnès Varda sur un musique de Michel Legrand, très belle chanson créée par Corinne Marchand dans le film Cléo de 5 à 7. Tout au long du concert c’est intense, souvent touchant et parfois très beau. C’est essentiellement le répertoire de son disque «Immersion», paru en mars dernier. Une petite frustration pour une partie du public, dont votre serviteur qui avait eu le plaisir de la présenter sur scène dans les concerts ‘Jazz sur le Vif’ de Radio France en 2005 : ce grand show, très professionnel, chaleureux et d’une belle tenue musicale, nous transporte peut-être davantage dans les prestigieux auditoriums des grands casinos (Montreux, Las Vegas….) que dans l’intimité complice d’un festival de jazz.
Xavier Prévost
Le concert André Minvielle/ Papanosh/Prévert, et celui de Youn Sun Nah, ont été filmés. Disponible sur le site France TV jusqu’au 9 décembre 2020 en suivant ces liens