Jazz live
Publié le 10 Jan 2020

O.N.J. : DRACULA au Théâtre Dunois

Manika Auxire & Camille Constantin (comédiennes-chanteuses, en alternance avec Estelle Meyer & Milena Csergo), Fanny Ménégoz (flûte), Fabien Debellefontaine –en alternance avec Julien Soro (saxophone alto, clarinette), Guillaume Christophel (saxophone ténor, clarinette basse), Fabien Norbert-en remplacement de Quentin Ghomari- (trompette, bugle), Mathilde Fèvre (cor), Christiane Bopp (trombone), Christelle Séry (guitare électrique), Raphaël Schwab (contrebasse), Rafaël Koerner (batterie)

Frédéric Maurin (direction artistique,composition), Grégoire Letouvet (conception, composition), Julie Bertin (conception, mise en secène), Yann Tassin (collaboration artistique), Estelle Meyer & Milena Csergo (textes), Louise Douet-Sinenberg (scénographie, costumes), Gwladys Dutilh (costumière), Guillaume Jay (sonorisation), Leslie Desvignes (lumières)

Paris, Théâtre Dunois, 10 janvier 2020, 10h

 

Une gageure : tirer du célébrissime roman de Bram Stoker un spectacle musical pour jeune public (mais pas que….) avec un ensemble de jazz contemporain, et qui plus est l’emblématique Orchestre National de Jazz, dont le nouveau directeur artistique est Frédéric Maurin. Autant le dire tout net d’entrée de jeu : pari gagné. La création avait eu lieu dans le cadre d’une résidence à l’Astrada de Marciac en décembre dernier, et c’était ici l’une des premières parisiennes au Théâtre Dunois.

Le lieu n’est pas anodin, pour le vieux jazzophile que je suis : le Théâtre Dunois est le prolongement du « 28 rue Dunois », lieu de musiques aventureuses créé et animé voici quelques lustres par Nelly Le Grévellec et Sylvain Torikian (lequel fut aussi l’administrateur du premier O.N.J., en 1986). Le Théâtre naquit quelques années plus tard près de là, rue Louise Weiss, et devint ensuite un lieu privilégié de spectacles pour enfants. Me trouver là n’est pas neutre, d’autant qu’en rédigeant cette chronique j’écoute un inédit du groupe Perception, publié récemment («Live at Le Stadium», Souffle Continu / l’autre distribution), et enregistré non loin de là, en 1977.

J’assiste à l’une des trois représentations pour le public scolaire. Quand nous entrons dans la salle, la musique est déjà là, jouée-improvisée par la guitariste et la flûtiste. Puis, quand tout le public est installé, tous les protagonistes entrent progressivement en scène : les instrumentistes (qui sont les valets-animaux de Dracula, pourvus d’accessoires qui identifie ici un hérisson, là un cerf….), et les deux comédiennes-chanteuses. Surprise, le rôle de Dracula est tenu par une femme ; c’est peut-être pour rappeler que, parmi les multiples origines de cette légende, plane le fantôme de la Comtesse Báthory.

La dramaturgie, assez explicite et pourtant fine, ne déroute nullement le jeune public. Pour le genre musico-théâtral, on est dans un univers qui rappelle l’opéra-bouffe autant qu’un théâtre musical à tendance horrifique. Cela fonctionne à merveille, la musique évolue librement entre le jazz, la chanson chromatique, le rock progressif et la musique contemporaine. Le dispositif est d’une absolue efficacité, sans effets ‘téléphonés’ : le naturel et la surprise font bon ménage. La musique nous offrira un instant de nostalgie sentimentale avec Misty d’Errolll Garner, avant une swing torride, et une valse-jazz du meilleur aloi.

Après bien des drames la conclusion paraîtra heureuse, mais à la fin la douce Mina, rassérénée sourit amoureusement à Dracula de toutes ses dents…. de vampire.

Le jeune public venait de quelques écoles voisines du treizième arrondissement : 64 Dunois, Jenner (B), Auguste Perret et Glacière. L’attention des enfants fut captée du début à la fin du spectacle, avec une écoute exemplaire. Sollicités un instant pour dire quelle musique ils souhaitaient entendre, pour évoquer l’une des images, à nos yeux cachées, qui surgissaient du sac à dos lumineux vu des seules actrices, ils suggérèrent ‘un oiseau bleu’ (ce fut une improvisation des bois et des anches) ; puis un éléphant mauve (ce fut aux cuivres de s’y coller).

Dans la teneur du spectacle comme dans l’interaction avec le public, une indiscutable réussite musicale et artistique !

Xavier Prévost

Un bref aperçu sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=CNL4eBaHhks

 

Deux représentations tout public au Théâtre Dunois le 10 janvier 2020 à 20h, et le 11 janvier à 18h

Reprise les 16 & 17 janvier à la Scène Nationale d’Orléans

www.scenenationaledorleans.fr

et plus tard le 15 mai au festival de Coutances www.jazzsouslespommiers.com