Benjamin Moussay: pas de concert ce soir mais un nouveau disque et un podcast à redécouvrir autour du trio piano basse-batterie
Ce soir, 8 juin, Benjamin Moussay devait célébrer en public la sortie de son premier disque chez ECM (catalogue sur lequel il figure déjà au sein du quartette de Louis Sclavis), “Promontoire” que nous présentait Alex Dutilh sur France Musique le 28 mai dernier veille de sa sortie en bac, dans Open Jazz. Ce qui me rappelle que je n’avais jamais écouté le formidable cours en trois parties sur l’histoire trio piano-basse-batterie qu’il avait donné avec son trio (Arnault Cuisinier et Eric Echampard) en 2014 dans Le Matin des musiciens d’Arnaud Merlin, à une époque où le “musicologie” n’était pas encore un gros mot à France Musique.
D’ailleurs, en fait de musicologie, il s’agissait là plutôt de vulgarisation dans le meilleur sens du terme, sans vulgarité, mais avec moult exemples historiques sur disque, de Teddy Wilson (avec Al Hall et J.C. Heard) à Craig Taborn (avec Thomas Morgan et Gerald Cleaver).
C’est curieux cette anathème jeté sur la musicologie. On a compris que sur France Musique, il ne faut pas trop parler. Il y en a qui travaille… en écoutant France Musique. Je me souviens avoir entend dire que Levy-Strauss se plaignait de France Musique pour cette raison. Mais à l’époque, il n’y avait pas la possibilité du streaming. Et l’on voit bien d’ailleurs que d’aucuns aimeraient bien faire de France Musique une station de streaming.
On aurait pu imaginer que le discours sur la musique se déplace sur France Culture, avec des Etienne Klein, des Jean De Loisy, des Antoine Guilot, des Ghaleb Bencheikh de la musique comme il y eut autrefois Jeanne-Martine Vacher ou Alain Gerber. Mais non, décidément, parler de l’art et la matière de la musique comme le fait De Loisy dans son émission du dimanche sur France Culture ou comme le faisait Arnaud Merlin et ses invités en 2014 sur France Musique, il semble que ce soit désormais interdit à Radio France. Il est vrai que l’on a aujourd’hui des étudiants en 3ème année de musicologie qui ne savent pas distinguer à l’écoute une trompette d’un saxophone soprano, ni un simple anatole [gros mot!] d’un simple blues. Alors à quoi bon…
Mais revenons à Benjamin Moussay : sa contribution à cette trilogie sur le trio est un régal et la connaissance qu’il a de cette histoire est non seulement admirable, elle est réjouissante, physique, sensuelle, il nous fait toucher du doigt des choses que nous entendions sans les entendre. Les trois chapitres sont toujours en ligne sur le site de France Musique. Je vous quitte pour reprendre mon écoute. Franck Bergerot