Chroniques virtuelles (suite) : PAUL LAY, Lille Piano(s) Festival Digital
Le festival Lille Piano(s), événement annuel où se croisent chaque année la musique classique au sens large (du baroque au contemporain) et le jazz, a maintenu cette année une partie de son affiche, sous une forme virtuelle et numérique diffusée sur la chaîne Youtube de l’orchestre National de Lille. Hier 13 juin on y trouvait ce programme, à partir de 18h et jusqu’à 23h40, programme que j’écoute aujourd’hui 14 juin parce que c’est en ligne.
Cela commence par un savoureux dialogue musicologique, pianistique, humoristique et décontracté, face à face devant deux pianos tête-bêche, entre le chef d’orchestre Alexandre Bloch et le compositeur Julien Joubert, autour de Beethoven évidemment car c’est le thème principal du festival. Je vous conseille de déguster cette séquence.
Après un concert d’orgue de Bernard Foccroulle capté à Bruxelles (sans Beethoven mais avec John Bull, Bach, Jean-Louis Florentz….), des sonates de Beethoven pour violoncelle et piano, par Victor Julien-Laferrière et Jonas Vitaud, et des improvisations de Jean-François Zygel autour de Beethoven voici, à 2 heures 38 minutes et 26 secondes du fichier Youtube, Paul Lay, dans un programme intitulé ‘Beethoven at Night’.
PAUL LAY, piano : ‘Beethoven at Night’
Lille, Auditorium du Nouveau Siècle, 13 juin 2020, 20h30
Paul Lay chemine très librement (privilège du jazzman) autour des mélodies et des harmonies de Beethoven. Il commence, après une introduction mystère, par se jouer de la Bagatelle en Mi bémol majeur n° 1 de l’Opus 33 (et non pas Opus 31 comme indiqué sur le carton d’intertitres qui précède la prestation du pianiste-improvisateur). Il nous offre un 6/8 à la McCoy Tyner, et nous emporte loin dans ses rêves de musique. Puis il va donner libre cours à sa fantaisie sur la Bagatelle en Do mineur (WoO 52, apparemment cette fois pas d’erreur de catalogue….). Il y va ‘plein jazz’. Puis après avoir repris son souffle, il s’engage dans une composition personnelle intitulée Ludwig and Me, avant de batifoler, tout aussi librement, autour du premier mouvement de la Sonate n° 14 dite ‘Au clair de lune’, citant le thème mais l’enveloppant de digressions rêveuses. Vient ensuite un blues inspiré par Vienne, avant une incursion dans le deuxième mouvement de la 7ème Symphonie, qu’il aborde dans des graves très sombres, avant d’en faire une sorte de danse rituelle, qui débouche évidemment sur le jazz, puis il bifurque vers l’ultime mouvement de la 9ème Symphonie et son ‘Hymne à la joie’, et en fait une fois encore une page de jazz en liberté. À nouveau une coquille : les titres du début de la séquence de Paul Lay annonçaient, par un raccourci saisissant : Beethoven, Symphonie n° 7, 2ème mouvement « Hymne à la joie »…. Rien de bien grave au demeurant, et une confirmation éclatante : Paul Lay, quel que soit le contexte ou le prétexte, est un pianiste, et un improvisateur, de très haut vol !
Xavier Prévost
La vidéo offre ensuite, jouant à Philadelphie (avec un son du piano, en appartement, hélas desservi par une sorte de phasing), le pianiste Jonathan Biss dans la Sonate n° 8 dite ‘Pathétique’, puis la n° 27, et enfin l’ultime, l’Opus 111 , la 32ème Sonate qui nous vaut de nous souvenir, à 4h 17 minutes et 35 secondes du fichier Youtube, que Beethoven fut en 1822 l’inventeur du ragtime !
Retour à Lille enfin avec le quintette de jazz Izvora, avant le duo électro Neebiic.
La veille il y avait Éric Truffaz en duo avec la pianiste Estreilla Besson, que l’on peut écouter en suivant ce lien.
https://www.youtube.com/watch?v=FLAU54Jeqng
Et la suite est aujourd’hui même en direct, puis en réécoute, en suivant ce lien, avec à 4h32′ DAN TEPFER ‘Natural Machine’
https://www.youtube.com/watch?v=3qrH0qEiNmE
Programme du festival
https://www.onlille.com/saison_19-20/wp-content/uploads/LPfD-FR.pdf