Un dernier concert pour la route (Viktorija Gečytė et Peter Giron)
Dimanche dernier, à 16 heures, avec Viktorija et Peter Giron, les spectateurs du Sunset vivaient un moment particulier : le dernier concert avant…un certain temps.
Viktorija Gečytė (chant) , Peter Giron (contrebasse, guitare, chant) plus AC Alvoët (dessins réalisés en direct) Le Sunset, dimanche 25 octobre 2020
Dimanche dernier, 16 heures, dans une atmosphère de grisaille pré-confinée, de lourds et noirs cumulonimbus s’amoncelaient au-dessus de toutes les scènes et tous les clubs de France. A 17h30, à la fin du concert, on les avait presque oubliés : le soleil avait percé les nuages.
Quand Viktorija Gečytė chante, elle rayonne, et c’était le cas encore plus ce jour-là. Joie de chanter, joie de partager cet instant avec son complice Peter Giron. La formule intimiste du duo lui convient très bien, permettant d’entendre chacune des nuances et des microcraquelures émouvantes de sa voix. Que chantait Viktorija ? Le blues bien sûr ! Ce blues qui permet de couvrir tous les registres de l’émotion puisque comme le disait Billie Holiday, pas la plus mal placée pour porter un jugement sur la question, « Il y a deux sortes de blues, le blues triste et le blues joyeux ».
Viktorija Gečytė a donc chanté ces deux sortes de blues, mélangeant grands classiques et raretés comme à son accoutumée. (Please send me someone to love, I want some sugar on my bowl, Blue Monk, You came a long way from Saint Louis, Losing you, bouleversante chanson de Randy Newman…). Elle a toujours cette autorité souriante, cette aisance rythmique, elle scatte par fragments très courts (ce qu’elle ne s’autorisait pas auparavant). Peter Giron propose ses lignes de basse souples et nerveuse, moitié-filet, moitié-trampoline. Il révèle de nombreuses facettes qu’on ne lui connaissait pas, guitariste, pianiste, et surtout chanteur inspiré, habité, avec une voix chaude et profonde.
J’ai parlé de duo, mais en fait il s’agissait quasiment d’un trio, puisque Annie-Claire Alvoët réalisait en direct les dessins du concert, projetés sur un écran, dans une interactivité joueuse et complice avec les musiciens. Une émotion très particulière réunissait musiciens et spectateurs. Une émotion qui, ce jour-là, ne portait pas de masque.
TXT : JF Mondot
DESSINS : AC Alvoët
