MARATHON JAZZ à SÈTE
En prélude aux concerts du Théâtre de la Mer, du 15 au 20 juillet, le festival s’offrait la veille de la Fête Nationale son rituel ‘Marathon Jazz Sud de France‘. De 8h30 à 22h30, se sont succédés partout en ville 17 groupes, et une projection de courts-métrages. Ça commençait par une heure de yoga collectif avec contrebasse, et se terminait en compagnie du décapant quartette Limousine devant la Médiathèque.
Vers 19h, cela se passait devant le Rio, bar-restaurant et lieu d’agitation culturelle sétoise, au bord du Quai Léopold Suquet. Sur scène le Naïma Quartet, groupe montpelliérain de la contrebassiste, guitariste basse et chanteuse Naïma Girou. À ses côtés le guitariste John Owens, le pianiste Jules Le Risbé, et le batteur Thomas Domene.
Le vent souffle en rafales désordonnées et parfois violentes, mais nous pouvons quand même goûter la musique, car le groupe joue la partie sans défaillir : stimulé semble-t-il par cette soudaine adversité. Beau répertoire, finement élaboré, lignes sinueuses, harmonies recherchées, dans une énergie qui va se déployer dans l’improvisation, sans pour autant négliger les nuances. Instrumentalement et musicalement de haut vol, avec des solistes qui s’expriment éloquemment. La contrebassiste est aussi, et souvent, chanteuse (et parfois guitariste basse). Dans des lignes et des impros très jazz, mais aussi dans un registre de voix soul. Au cours du concert, après que le pianiste s’en est donné à cœur joie dans le langage du blues, jouant avec les harmonies dedans-dehors, la vocaliste s’est enflammée, rappelant à mon souvenir l’intensité d’Elkie Brooks dans Love Potion N° 9 (voici quelques décennies : souvenir d’amateur chenu….).
Entre autres bons moments, un beau dialogue entre la chanteuse-bassiste et le guitariste, et à un autre moment un texte en français, ode à une grand-mère en proie aux affres du vieillissement. Bref de bout en bout un très bon groupe, et de la très bonne musique, malgré le temps instable et menaçant. Regagnant le parking pour rallier Montpellier, j’ai aperçu sous les cieux assombris la silhouette du Palais Consulaire, immodeste bâtisse de l’entre-deux guerres, une sorte d’Art Déco orientalisé qui rappelle l’importance qu’eurent, dans cette cité, le commerce…. et le vin.
Xavier Prévost