Tremplin Jazz d’Avignon : on rouvre en grand
Après une année blanche doublement troublée par le Covid et une tentative de coup d’état trop risible pour intéresser ces pages, le Tremplin Jazz d’Avignon rouvre pour son 29ème Édition, avec un programme de haute volée.
Nous revoici dans les pierres du Théâtre des Carmes pour deux soirs. Doublement ébranlé l’an dernier, le Tremplin Jazz d’Avignon se redresse pour son 30ème anniversaire, entendez qu’il y a trente ans, quelques passionnés emmenés par Michel Eymenier (grand fan de Lester Young, collectionneur de son œuvre), Alain Pasquier (saxophoniste averti) et Jean-Paul Ricard (fondateur de l’Ajmi, l’un des principaux foyers du jazz de création dans le Sud-Est français) imaginèrent un tremplin jazz qui connut sa première édition l’année suivante, ainsi que son premier palmarès et son premier jury. Jazz Magazine y était déjà en la personne de Philippe Carles. Avec le soutien d’une armada grandissante de bénévoles enthousiastes, l’esprit, le charme et la force de persuasion du regretté René Sacchelli aux partenariats (hébergement, restauration, parc automobile, etc.), le Tremplin jazz, par la qualité de son accueil, se distingua rapidement, de bien d’autres concours conçus comme de simples prétextes à animation gratuite. Avec notamment la contribution de Gérard de Haro qui venait de fonder son studio La Buissonne (aujourd’hui réputé jusqu’à avoir la confiance du fameux producteur Manfred Eicher pour son label ECM) et qui outre, sa participation toujours très judicieuse aux délibérations du jury, offrit chaque année des journées de studio au groupe lauréat.
De fil en aiguille, le Tremplin devint festival. On perdit parfois un peu la tête, gagné par la folie des grandeurs en louchant vers la Cour d’honneur du Palais des papes, au risque de perdre tout à la fois de ses plumes et d’un peu d’âme – l’âme ? La proximité et l’acoustique fraternelle du Cloître des Carmes –, mais bon an mal an, devenu concours européen, le Tremplin jazz est resté le cœur de métier. Pas d’affiche autre que la partie tremplin, cette année, mais une première soirée comme, de mémoire de jury, nous n’en avions jamais connu avec le trio de l’accordéoniste Noé Clerc (issu du CNSM de Paris, tout récent vainqueur du Concours de la Défense) et deux représentants de la scène allemande désormais très présente en Avignon, le quartette du contrebassiste Roger Kintopf et le “power trio” Malstrom.
Ce soir, nous entendrons le quartette de la saxophoniste Johanna Klein (comme Roger Kintropf en provenance de Cologne), celui du saxophoniste Gaspard Baradel (en provenance de Clermont-Ferrand) et le trio belge Pentadox. À ce que l’on sait d’eux et ce que l’on a entendu hier, la palmarès sera serré. Ce soir, 3 août, au Cloître des Carmes en Avignon, que le meilleur gagne ! Mais en Avignon, le principal vainqueur, c’est toujours la musique ! Franck Bergerot