Fanny Ménégoz en résidence au Plateau
Comme chaque année, l’Atelier du Plateau est partenaire du La Villette Jazz Festival dans le cadre des concerts “Under the Radar”. Cette année, il accueille la flûtiste Fanny Ménégoz pour une résidence de trois jours.
L’avantage de la flûte en un temps où les orchestres de jazz, lorsqu’ils s’adressent aux organismes de soutien, sont sommés de se soumettre au principe de parité hommes-femmes, c’est que c’est l’un des rares instruments où le recrutement féminin ne soit pas trop difficile. En outre, recruter une flûtiste, c’est souvent éviter de tomber sur un saxophoniste qui joue aussi un peu de flûte. Les flûtistes femmes sont généralement de vraies flûtistes, ce qui est le cas de Fanny Ménégoz. La flûte est-il nécessairement un instrument féminin ? C’est la question que l’on devrait se poser au Ministère où, quitte à pratiquer une politique cohercitive, plutôt que de recommander, le doigt sur la calculette de subvention, la parité aux chefs d’orchestre, on pourrait réfléchir à imposer des quotas paritaires à l’entrée des classes de batterie, de saxophone, de cuivres, etc… et à l’inverse, des classes de flûte, de harpe, voire de chant. Et peut-être aussi – autre sujet qui devrait être la vraie priorité de la Direction de la Musique (si ce mot a encore un sens) –, à imposer sur les chaines nationales autres que le ghetto de France Musique, des quota de musiques instrumentales “contemporaines” (puisque le qualificatif « actuelles » a été confisqué par les musiques “bankables”, donc chantées), qu’elles soit écrites ou improvisées.
Fanny Ménégoz donc, un nom qui ne m’était pas inconnu, peut-être pour l’avoir lu maintes fois en travaillant sur les pages programmes de Jazz Magazine que j’ai abandonnées au début de cette année. On a pu la croiser au sein du Surnatural Orchestra, auprès de Nicolas Stephan dans « Unklar » (et c’est à ce propos que son nom m’est déjà venu sous les doigts), avec la fanfare X-P de Magic Malik, avec le groupe Chlorine Free et plus récemment parmi les effectifs de l’ONJ dans le programme Dracula et celui en cours de préparation consacré à la musique de Steve Lehman.
Elle présentait hier son quartette Nobi pour lequel elle compose et joue des flûtes en ut et en sol, entouré du vibraphoniste Gaspar Jose, du contrebassiste Alexandre Perrot et du batteur Iannick Tallet. Un dispositif, a qui n’est pas sans évoquer l’Eric Dolphy de « Out to Lunch », mais à mon âge on a des références qui ne sont pas forcément celles qu’il faudrait prêter aux jeunes gens que je vais écouter. L’écriture m’a même fait penser au Cecil Taylor de « Conquistador », quoiqu’on y trouve une pensée rythmique qui n’était pas celle du pianiste et qu’incarnent tout particulier les décompositions métriques opérées par Iannick Tallet dans un poétique partenariat avec Alexandre Perrot, parmi lesquelles circulent mystérieusement les alliages ou dissociations angulaires flûte-vibraphone, Gaspar Jose tout comme Fanny Ménégoz laissant deviner une fréquentation assidue de la musique dite « contemporaine ».
Ce soir 9 septembre, la flûtiste présentera Léonora, duo chorégraphique avec la danseuse Palomeres inspiré par les études de Charcot sur l’hystérie. Demain 10 septembre, c’est au batteur de l’ONJ (autrefois de Ping Machine) Rafaël Koerner de donner à la flûtiste une réplique très préméditée si j’en crois l’admirable dialogue de Mélopées surpris en écrivant ces lignes et tiré d’un nouvel album « Dune » https://duneduo2.bandcamp.com/releases. Franck Bergerot