Noces et naissance chez Pégazz et l’Hélicon
Après deux reports pour cause de Covid 19, le contrebassiste Raphaël Schwab a présenté hier 15 novembre son big band, le Grand Schwab, au Studio de l’Ermitage, dans le cadre du festival Pégazz et l’Hélicon. En première partie Double Détente, soit deux duos devenus quartette.
Pégazz et l’Hélicon est un collectif qui s’est constitué autour de Ping Machine, l’orchestre dirigé par Frédéric Maurin avant qu’il ne prenne la direction artistique de l’ONJ, collectif qui s’est élargi à d’autres projets menés par des anciens de Ping Machine comme Quentin Ghomari, Julien Soro et Raphaël Schwab, mais aussi par Marc Benham, Paul Jarret et Grégoire Letouvet.
Après bien des déboires dûs à la pandémie, les voici enfin réunis deux soirs les 11 et 15 novembre dernier. Hier, seconde de ces soirées, nous y étions. En première partie, un mariage, celui de deux duos : Schwab-Soro – le contrebassiste Raphaël Schwab et l’altiste Julien Soro – et Gonam City (le trompettiste Quentin Ghomari et le pianiste Marc Benham). Un feinte candeur pour le premier duo, qui rêve sur quatre notes égrainées en mouvements contraires ascendantes et harmonisées pour la contrebasse et descendantes monophoniques pour l’alto, un art du presque rien pour une émotion maximale. Un ragtime-stride débridé et étourdissant propulse Gonam City sur une pièce conçue pour les JMF, et nous promène l’air de rien de Scott Joplin à Jaki Byard et de James P. Johnson à Thelonious Monk. Les deux groupes fusionnent en un quartette Double Détente, notamment sur une abstraction imaginée par Ghomari qui m’évoque quelque chose du New York Contemporary Five (Don Cherry, John Tchicai, Archie Shepp) en 1963.
Entracte et voici une naissance celle de Grand Schwab : Sylvain Bardiau, Quentin Ghomari (trompette), Balthazar Bodin (trombone), Fabien Debellefontaine (trombone basse, tuba), Florent Dupuit (saxophone alto et flûtes), Julien Soro (saxophone alto), Illyès Ferfera, Guillaume Christophel (saxophone ténor), Paul Jarret (guitare électrique), Marc Benham (Piano), Raphaël Schwab (composition, contrebasse), Ariel Tessier (batterie). Un orphéon candide et turbulent où l’hyper consonance et les découpes au carré sont constamment perturbées par des parasitages extérieurs aux cuivres (la guitare de Paul Jarret, la batterie d’Ariel Tessier…) ou des dérèglements internes qui culminent dans La Balade qui n’a pas de hauteur où les partitions ne comportent que des valeurs rythmiques assez conventionnelles, les valeurs mélodiques étant laissées à l’initiative de chacun, et où s’élève une harmonieuse cacophonie harmonique. Ludique et prometteur.
En attendant de les réentendre, les amateurs de Grands Formats se rendront ce soir au 360 Music Factory, toujours à Paris où le MegaOctet d’Andy Emler fêtera la sortie de « Just a Beginning – Live » avec Nguyên Lê, Géraldine Laurent (remplaçant ce soir Thomas de Pourquery) et Médéric Collignon. Franck Bergerot