Florian Favre redécouvre ses racines… fribourgeoises !
Hier 8 janvier, le pianiste fribourgeois Florian Favre présentait le programme de son deuxième album solo “Idantitâ” au Sunset devant un public alerté par son passage la veille dans Open Jazz sur France Musique.
Un pianiste dans l’air du temps, un air du temps qui ne date plus d’hier, dans un histoire du jazz qui n’avance plus en ligne droite, mais qui, depuis les années 1990 et l’irruption de trios comme EST ou The Bad Plus, flâne de l’héritage du jazz classique aux voisinages de la pop, du rock, du hip hop, de l’électro et de la musique savante européenne. Au sein de son trio (Manu Hagmann, Arthur Hratnek), il s’y distingue avec un certain sens de la scène, du récit musical, une grande précision technique, le souci de l’espace, de la transparence harmonique, des contrastes grave-aigu.
Or, un peu comme Bojan Z découvrit en arrivant en France la musique de sa Yougoslavie natale qu’il avait jusque-là dédaigné, Florian Favre redécouvre les mélodies du folklore fribourgeois qu’il détestait pour les avoir trop entendues dans son enfance, souvent sous la forme d’un répertoire officiel interprété par d’académiques chorales. C’est en tout cas ce qu’il nous fait entendre en approchant son smartphone des microphones du piano avant d’en donner sa propre interprétation. Il y a du showman chez ce jeune homme qui prend plaisir à expliquer sa démarche au public et qui installe diverses préparations à l’intérieur du piano allant de son écharpe à des boîtes de trombones de bureau qu’il stabilise sur les cordes à l’aide d’un livre épais.
En fait d’interprétation, on pourrait parler de mise en pièces ou de regard kaléidoscopique mêlant humour et émerveillement, le piano passant d’une espèce de picorage à de grands tremblements telluriques, de lignes claires piquetées à l’aigu dans la trame harmonique à des effets de boîtes à musique entre le coucou suisse et l’électro, jusqu’à cette reprise de Le Vieux Chalet (« Là-haut sur la montagne… » quelques personnes dans le public fredonnent spontanément avec le piano) qui émerge d’une spirale pianistique que l’on pourrait croire empruntée à Abdullah Ibrahim. Franck Bergerot