Jazz Magazine reçoit Kartet au Sunside
Ce 12 avril, Kartet célébrait au Sunside la sortie de son nouveau disque “Silky Way” dans le cadre du Club Jazz Magazine. Une musique qui suscite le rêve.
Des montres molles ? Pas vraiment. Trop précises pour être molles. Plutôt élastiques, d’une précision élastique tournant à des heures différentes l’une de l’autre sur des cadrans de formes différentes et changeantes. Imaginez les autour de vous, tourner chacune à sa façon, et laissez les vous égarer sans choisir parmi ces multitudes de temps, vous disperser lentement parmi ces galaxies qui gravitent tranquillement l’une autour de l’autre, en s’évitant habilement et soyez cet évitement. Le saxophone de Guillaume Orti cependant jouerait parfois le coucou suisse, une petit oiseau qui sort soudain de son horloge en piaillant. Rejoint soudain à l’unisson par Hubert Dupont qui le ramène à la raison – quelle raison? – en concédant la caresse de l’archet à sa contrebasse.
La soie, suggère de titre ? Alors selon la technique de l’ikat qui exige de prendre de la distance pour en comprendre le motif ou au contraire de s’en approcher au ras pour en admirer le tissage, comme on examine ici la trame que font les sons préparés sur le piano de Benoît Delbecq, la palette de timbres frappés par le batteur Samuel Ber et les saveurs sonores de leurs deux comparses, avant de se laisser simplement bercer par ces jeux de mailles et de marelles.
Des histoires ? Tous quatre racontent des histoires, un peu comme dans une BD, chacun jouant son propre personnage mais schématisé en un assemblage de quelques lignes courbes ou brisées, sortant du cadre, gentil trublion débordant de la vignette et gagnant la suivante sans avoir vraiment quitté la précédente.
Et lorsque je me suis réveillé dans mon RER qui s’était mis à tressauter comme s’il avançait sur des roues carrées, alors qu’une voix nous annonçait que notre rame allait s’arrêter en pleine voie, suite à une panne, et qu’il était interdit d’ouvrir les portes, je me suis rencogné dans mon rêve de dérèglements merveilleux. Franck Bergerot (photo X.Deher)
Et si vous voulez en savoir plus, on parle aussi de Kartet dans le numéro de Jazz Magazine du mois d’avril et on peut même les voir et entendre tel que filmés au studio Sextan dans la série Pause du label Pee Wee.