Festival Radio France Occitanie Montpellier : RODOLPHE LAURETTA

Soirée contrastée ce 16 juillet : à 20h, en prélude sous les micocouliers, un jazz de stricte obédience, avec le quintette AfterReception. Et à 22h, dans l’Amphithéâtre d’O, un jazz explosif mêlé de Caraïbes, de funk, de rap et de beatboxing

À 20h, à l’Amphithéâtre des Micocouliers, c’est un jeune quintette issu des classes de jazz du conservatoire de Montpellier : AfterReception. Ils étaient quatre au départ : Jarod Begusic à la guitare basse, Loïc Lengagne au piano, Egon Wolfson à la batterie, et un très jeune (et très bon) guitariste, Roman Raynaud. Puis ils ont convié le vibraphoniste Tristan Bernoud. La musique est ce soir un ensemble de reprises : les thèmes de John Coltrane, Herbie Hancock, Wayne Shorter & Rick Margitza sont joués, mais d’une manière très personnelle, et très créative. Impression de Coltrane est ainsi déconstruit, puis reconstruit sur un tempo très ralenti, avec une subtilité qui oblige le vieil amateur que je suis à retrouver dans la musique sa source première (enfin seconde, car Coltrane s’était inspiré de So What de Miles Davis). Liberia du même Coltrane résonne aux oreilles de l’amateur comme A Night In Tunisia, dont il reprend une partie de la structure, et le groupe me semble jouer de cette ambiguïté. Fall , de Wayne Shorter, thème déjà venu d’un autre monde, est ici encore métamorphosé avec une belle inventivité. C’est très fécond, les solistes sont très bons. Belle découverte, le public est enthousiaste et le chroniqueur est ravi !

Rodolphe Lauretta ‘Kreolia’ pendant la balance

RODOLPHE LAURETTA «Kreolia»

Rodolphe Lauretta (saxophones alto & ténor), flûte, synthétiseur, effets), Olivier Laisney (trompette), Công Minh Pham (piano électrique, piano numérique, synthétiseur), Thomas Hugenel (guitare basse, synthétiseur basse), Laurent-Emmanuel ‘Tilo’ Bertholo (batterie). Invité : Napoleon Maddox (rap, beatboxing)

Montpellier, Amphithéâtre d’O, 16 juillet 2022, 22h

©David Abécassis

Le groupe joue en grande partie le répertoire de son disque «Kreolia», publié à l’automne dernier sous le label Cristal Records.

Le pianiste et le bassiste ont changé, mais le groupe est très homogène, porté par un drumming à la fois puissant et subtil de ‘Tilo’ Bertholo. Les thèmes sont très élaborés, avec des passerelles, des relances. Les solistes attisent l’effervescence, la musique est là, ça danse dans les pieds comme dans la tête.

©David Abécassis

Un peu avant 23h Napoleon Maddox fait son entrée, avec un poétique et vibrant plaidoyer en faveur de la musique et du concert. Puis le rap se fait vif, en échanges successifs avec les solistes du groupe. L’intensité retombera un peu (flottement dans la gestion du programme?) mais reviendra en force quand le rappeur se fera beatboxer en dialogue avec le batteur. En conclusion ultime un hommage au trompettiste Roy Hargove, disparu prématurément, et initiateur d’un courant auquel se rattache en partie le groupe de ce soir. Un seul regret : alors que le public était en connexion totale avec la musique (comme peut l’être un public assis), il y eut quelques tentatives un peu démagogiques et très téléphonées de le faire lever et bouger. La musique y suffisait largement. Quoi qu’il en soit, ce fut une belle soirée, et le chroniqueur, malgré cet agacement final, a beaucoup aimé ce concert ; et il regrette d’autant plus qu’il n’ait pas été enregistré par France Musique !