Jazz live
Publié le 23 Juil 2022

Festival Radio France Occitanie Montpellier : LIAM NOBLE ‘The Long Game’

Retour de Liam Noble, cette fois non comme la veille, en dépannage solidaire d’artistes empêchés par le circonstances, mais avec son propre trio. Et comme chaque jour dès 20h le rendez-vous désormais coutumier sous les Micocouliers, aujourd’hui avec Fwad Darwich

L’Amphithéâtre des Micocouliers accueillait ce jour le groupe Fwad & The New Dialects, rassemblé par le guitariste basse et compositeur Fwad Darwich. À ses côtés Alma Pinta-Tourret au piano numérique, Sylvain Artignan aux saxophones ténor & soprano, et à la clarinette, et Dawoud Bounabi à la batterie. Une musique inspirée au bassiste par ses origines marocaine, et intégrant dans ces origines culturelles la présence du Maroc dans l’Afrique subsaharienne. Nous ne sommes pas en présence de ce world jazz qui souvent instrumentalise les sources dans le souci de coller à l’air du temps. C’est une véritable démarche, qui conserve le jazz pour horizon, et peut-être pour centre de gravité. Cela se confirme au fil du concert, avec les solos de sax soprano sur le mode total modal cher au jazz contemporain, avec des solos de piano parfois très ancrés dans cette tradition, et une conception de la basse et de la batterie qui doit plus au jazz de stricte obédience qu’au jazz fusion des années 70-80. Belle synthèse donc, fondée sur une démarche artistique qui prend en compte l’histoire culturelle, et qui produit musicalité et plaisir. Une intro de la pianiste fera brièvement penser à Satie, et certains de ses solos seront parés de phrasés ‘à l’orientale’. Bref une musique qui voyage dans l’espace et dans l’histoire.

©David Abécassis

LIAM NOBLE ‘The Long Game’

Liam Noble (piano, synthétiseur, électronique), Tom Herbert (guitare basse 6 cordes), Sebastian Rochford (batterie)

Montpellier, Amphithéâtre d’O, 22 juillet 2022, 22h

Le trio joue la musique de son disque «The Long Game», publié en 2019 par Edition Records. La musique est très différente de celle jouée la veille par le pianiste qui remplaçait au pied levé deux membres du quartette Dinosaur avec la rythmique de ce groupe. On n’est plus dans le jazz de stricte obédience mais dans une démarche extrêmement originale, et assez surprenante, de faire cohabiter le son acoustique et les sons électroniques, le langage du jazz et celui d’une musique expérimentale qui mêle des sons synthétiques déjà validés par l’histoire avec des traitements sonores en temps réel qui surgissent au gré des développements et des improvisations.

©David Abécassis

Parfois un piano presque chambriste peut être fracassé par la basse (en fait une guitare électrique six cordes dont la tessiture est abaissée d’une octave) tandis que la batterie assure une pulsation douce aux balais. Puis ce sera un thème fragmenté, piloté avec une claudication rythmique qui rappelle le goût du pianiste pour Thelonious Monk. Plus loin nous recevrons de grandes vagues de crescendodecrescendo , des abandons puis des retours offensifs, avec une dynamique très large qui suscitent des émotions fortes. À un autre moment, sur une boucle de synthé répétitive et lancinante, le piano chante, nostalgique, comme dans un nocturne post-romantique. Bref ce n’est pas une musique linéaire, confortable comme le serait un jazz version pullman, mais au contraire une musique offensive, contrastée, et pourtant riche de nuances. Ça fracture, ça bouge, ça vit, parfois aussi ça cajole nos tympans. De la grande musique en somme.

Après le concert, pour conclure le direct sur France Musique, Pascal Rozat s’entretient avec Liam Noble.

Le concert et cet entretien sont en réécoute sur le site de France Musique en suivant ce lien

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/jazz-ete/direct-jazz-montpellier-liam-noble-the-long-game-3743950

Xavier Prévost