LE COMPTOIR de FONTENAY-SOUS-BOIS FÊTE SES VINGT ANS
Le moment clé de cet anniversaire c’était, samedi 19 novembre 2022, des concerts-surprises avec plusieurs dizaines d’artistes qui se sont produits dans le cadre de Musiques au Comptoir depuis 20 ans. Ambiance festive : le bar et la restauration ont été déplacés dans le hall pour accueillir un plus large public, et de nombreux bénévoles sont à l’ouvrage.
À partir de 17h30, et jusqu’à une heure très avancée de la soirée, des groupes éphémères se sont constitués par tirage au sort
Sophie Gastine, l’âme du lieu autant que sa cheville-ouvrière, anime le premier tirage au sort, et Sylvain Kassap, Maître de cérémonie de cette soirée, tend le chapeau à la main innocente d’un jeune garçon du public pour savoir quel sera l’ordre des effectifs des groupes. Il faut ensuite que les noms qui seront tirés soient compatibles avec les instruments disponibles sur scène : si un tirage choisit un contrebassiste, et que le suivant fait de même, on le remet dans le chapeau, car il n’y a qu’une contrebasse, un seul piano, une seule batterie…. Mais un musicien (ou une musicienne) tiré(e) au sort pour un groupe peut être à nouveau sortir du chapeau pour un autre groupe d’effectif différent. La formule, d’apparence acrobatique, sera musicalement fructueuse. Le premier quartette de hasard associe le clarinettiste basse Denis Colin, les saxophonistes Alexandra Grimal et Peter Corser, et le pianiste Alexandre Saada
La séquence musicale dure 10 minutes, et une boîte à musique annonce la fin de partie…. Au fil des tirages on écoutera un trio qui associera Hubert Dupont, Sylvain Kassap et Bruno Angelini, un autre avec Théo Girard, Nils Kassap et Stéphane Hoareau, un quartette avec oud qui associe Bruno Angelini, Théo Girard, Gregory Dargent et Benjamin Sanz
Côté quintette Nils Kassap, Sébastien Gastine, Peter Corser, Simon Goubert & Stéphane Hoareau
Et aussi un quintette imprévu : la danseuse Karine Gonzalez joue l’électron libre, et elle se joint au quartette qui associe Sylvain Kassap, Peter Corser, Gregory Dargent & Simon Goubert
Au fil des séquences l’improvisation a offert tous ses visages : modale autour d’un accord, ou soumise à des écarts imprévus, des effractions douces, tirée vers les rythmes impairs quand un autre soliste était embarqué dans l’incantation lyrique…. Il y a eu aussi des interventions moins improvisées : chansons de Teofilo Chantre, ou un duo clarinette-piano sur un œuvre romantique écrite, avant virage klezmer et intervention en troisième partenaire d’un vocaliste pour chanter en yiddish. Des pauses pour se restaurer, et présentation au nombreux public de la cohorte des bénévoles qui font vivre ce lieu. Parmi ceux que je vais manquer en partant vers 21h30 : Sophia Domancich, Christophe Monniot, Jean-Brice Godet, Antoine Berjeaut…. et beaucoup d’autres. En arrivant, j’ai bénéficié d’un autre hasard : tous les vingt billets d’entrée, on offrait à la personne un concert solo en privé.
C’est tombé sur moi, et j’ai eu droit à un solo de violon de Mathias Lévy, pour moi seul, dans un tout petit chapiteau dressé dans la Halle Roublot, entre l’entrée, le bar et la restauration : quelques minutes d’une improvisation fulgurante et inspirée, glissant des étincelles façon Paganini à des modes de jeu hétérodoxes : scratch, harmoniques, en toute musicalité…. Un grand choc !
Xavier Prévost