SELLIN – CELEA – HUMAIR au Bal Blomet
Trois générations : l’historique, celle de Daniel Humair, surgie dans les années 50 ; la relève, celle de Jean-Paul Celea, qui émergea à la fin des années 70 ; et la nouvelle vague des années 80, avec Hervé Sellin. Trois fortes personnalités, aux parcours différents, mais qui convergent dans la vie du jazz, et aussi au Conservatoire de Paris, où ils ont transmis leur expérience. Le trio a enregistré en 2021 un disque intitulé ‘New Stories’, CD qui vient tout juste de paraître chez Frémeaux & Associés
Cette soirée du Bal Blomet était leur premier concert, dont la réussite laisse deviner qu’il y en aura, on l’espère, beaucoup d’autres
SELLIN – CELEA – HUMAIR
Hervé Sellin (piano), Jean-Paul Celea (contrebasse), Daniel Humair (batterie)
Paris, Bal Blomet, 22 mars 2023, 20h
Le concert commence avec le thème qui est aussi le titre du CD. Après une entrée en matière en forme de dialogue ouvert entre les trois instruments, c’est une écriture vive, segmentée, qui soulève des envols d’énergie et d’audace. Puis c’est une autre composition du pianiste, Contemporis. Hervé Sellin commence seul, dans un cheminement où sa science du piano, du son, de l’articulation, et sa maîtrise des pédales d’expression, font surgir de multiples horizons. Et cela se développe en trio, où la diversité des langages dans lesquels ils se sont exprimés au fil des années va s’épanouir, brillamment. On va retrouver, comme sur le disque, Bohemia After Dark, d’Oscar Pettiford, dans une vivacité et un emportement qui nous rappelle que l’on est bien en territoire de jazz. Au fil du concert d’autres thèmes du disque, dont une version enflammée de Black Narcissus de Joe Henderson. Et une impro collective, et d’autres compositions signées Hervé Sellin, avec pour conclure le très doux (et très beau) Song For A Better Tomorrow. Pour expliquer ce choix du calme pour finir le concert, le pianiste rappelle ce que disait Johnny Griffin, dont il a été le partenaire durant une quinzaine d’années, pour justifier de terminer en douceur : «Il ne faut pas que le public rentre énervé à la maison….». Pourtant la musique jouée en rappel fut très vive : nous ne sommes pas repartis énervés, mais heureux. Avec d’un bout à l’autre la joie d’écouter Jean-Paul Celea, inspiré et hyper musical, à l’archet comme en pizz’, et Daniel Humair, distillateur de sons, de rythmes et de surprises, qui apporte d’un seul geste l’histoire et l’inattendu. Bref une très très belle soirée !
Xavier Prévost