Laurent Marode, un jazz plein de soleil et de joie
Dimanche 2 avril, Laurent Marode fêtait la sortie de son dernier disque Joyride à L’Européen.
Laurent Marode (orgue), David Sauzay (sax tenor) Stéphane Chandelier (batterie), plus invités (Thomas Dutronc, guitare-voix) et Jerry Edwards (trombone), L’Européen, Dimanche 2 avril 2023
Quel beau trio! Laurent Marode présentait son dernier disque « Joyride » à l’Européen. C’est un trio soudé, tellement homogène que les compositions, qu’elles soient de la plume du pianiste ou du saxophoniste, ou du batteur, ont toutes un air de famille. Elles sont parfumées d’un blues tonique et joyeux. Ce sont des morceaux profilés comme des petits bolides qui avancent sans écraser les hérissons ni les écureuils qui traversent la route. Les musiciens semblent flâner, mais pourtant ils tracent. Beaucoup d’élégance, de sobriété, beaucoup de joie dans cette musique. Toutes ces qualités, on les retrouve chez David Sauzay. Ce saxophoniste possède une sorte de feu calme qui n’appartient qu’à lui. Il a un son magnifique, surtout dans les graves, et conserve une sorte de détachement même dans les tempos les plus casse-cou. Sans faire gémir ou hurler son saxophone, il swingue comme personne. Laurent de Marode a des qualités comparables. On entend chez lui un merveilleux accompagnateur, qui en quelques notes magnifie celles de son saxophoniste, un superbe soliste au propos concentré, qui sait exactement quand son orgue doit rugir ou feuler. Quant à Stéphane Chandelier, il a l’art de faire swinguer l’exactitude. Ces trois musiciens ont donc beaucoup en commun: la sobriété, la densité, la volonté de toujours privilégier le son du groupe, et visiblement l’amitié. Même Thomas Dutronc, invité sur deux morceaux (Nuages, et Que reste t’il de nos amours) règle son pas sur le leur, et livre une prestation sensible et délicate. Mais c’est le deuxième invité, Jerry Edwards , qui va emporter le concert dans une nouvelle dimension. Lui et David Sauzay constituent une section de cuivres improvisée qui magnifie des morceaux comme Alban Little Monkey. Ils ne sont que deux, mais jouent comme six. les 4/4 s’enchaînent comme des toasts lors d’un un repas de fête. On sent que les spectateurs ont des fourmis dans les jambes à force d’écouter ce jazz dansant, vif et ensoleillé.
JF Mondot