Biarritz: Marc Tambourindeguy, piano jazz de retenue
Ils n’en font généralement aucun mystère. Il y a dans chaque «homo sapiens jazzísticus» un compositeur qui sommeille « Des compos persos j’en avait bien sûr déjà de pointées sur des partitions depuis un bon moment. Mais encore fallait-il trouver un moment où les mettre à l’épreuve de l’orchestre. Et d’un studio afin de déboucher sur un disque » Marc Tambourindeguy en bataille pour un continuum plus confort du festival jazz d’Anglet justifie à postériori le délai pris pour sortir son nouvel album « Le disque c’est bien, mais je tenais à ce concert inaugural aussi pour partager ma musique sur une scène. Et le meilleur moyen pour ce faire c’est de partir sur des mélodies bien marquées »
MT4 : Marc Tambourindéguy(p, voc), Pascal Segala (dm) Antoine Perut (ts, ss), Laurent Chavoit (b); invitée Marie Laurence Tauziède (cello)
Le Colisée , Biarritz 64200), 17 avril
La mélodie, justement vient en accroche sur le thème inaugural (Aux 4 vents, élément de souffle et d’air dominant dans l’inspiration de cet opus intitulé lui Vent du Sud) soulignée discrètement en contrechants de voix que l’on aimerait, qui sait, quelquefois plus franchement inscrits dans le son orchestral à propos ce thème comme d’autres. Ceci posé Marc Tambourindeguy se situe d’abord comme pianiste. D’où ces digressions de couleurs que l’on retrouve en manière personnelle d’introductions aux morceaux choisis. Le pianiste se plaît également à poser de solides mélodies et envoyer (au besoin seul) les ponts et autres relances. Entre en fonction alors dans un rôle dédié de relai sur l’exposition des lignes puis de soliste le sax d’Antoine Perrut. Lequel, au ténor insiste sur la profondeur des graves ( Influences) Sur cet instrument comme sur le soprano en lignes plus douces le saxophoniste se montre toujours plutôt économe de ses notes. En recherche d’accents justes, appropriés.
Sur l’album Marie Laurence Tauziède intervient le temps de deux morceaux seulement. L’apport du violoncelle en passager clandestin dans la sonorité globale autant que dans le contenu représente pourtant un facteur plus ( Le temps qui passe) Sous l’effet des traits des cordes, dans l’interplay, l’interaction de l’improvisation mise en commun il semble fort voir les structures jusque là plutôt sages éclater enfin, les sonorités se multiplier, se complexifier. Bref une propension à la prise de risque augmenter avec la présence plus affirmée du violoncelle. De quoi accompagner, hors retenue initiale, un élargissement du spectre sonore « Il fallait bien l’épreuve de la scène pour aboutir à ce plus…» reconnaissait au final le pianiste.
Un mix singulier entre des bribes de mélodies basque et israélienne -Marc Tambourindeguy musicien du crû ne cache pas non plus son admiration pour Shai Maestro- le temps d’une synthonie délicate sax soprano/violoncelle et d’un son de basse rond à souhait (Hommage)
Une incursion passagère dans le registre plutôt très/top classique du swing obligé (Why not) Une composition bien structurée autour d’une ligne mélodique insistante en gage de cohésion aboutie pour le groupe avec un piano inscrit en phase d’architecture (La mélodie du bonheur, ah ces titres !!!)
La conclusion survient le temps d’un duo surprise « Pascal Ségala notre batteur est aussi un excellent guitariste» explique le leader. Le temps d’un trop court duo, guitare et piano distillent effectivement une très fine sensibilité conjuguée. Exacerbée.
Robert Latxague