Jazz Export Days : monde du jazz et jazz du monde
D’abord Nout, le trio à l’imprévisibilité explosive de la flûtiste Delphine Joussin, le harpiste Raphaëlle Rinaudo et la batterie Blanche De La Fuente, qui n’a pas tardé à faire trembler les murs du Magic Mirrors, puis Tigre d’eau douce, le groupe de Laurent Bardainne dont la verve lyrique, la section rythmique XXL (deux batteries tenues par Philippe Gleizes et Fabe Beaurel Bambi) et les mélodies entêtantes ont marqué les esprits, puis le contrebassiste Théo Girard, avec Antoine Berjeaut (trompette) et Antonin Leymarie (batterie) présentant dans cette formation restreinte ses Pensées Rotatives le temps d’un concert tout en montées d’intensités partagées, sans exclure les petits exploits personnels qui font le sel d’un concert : le poids que donne Theo Girard à chaque note, le souffle mi-spectral mi-acidulé d’Antoine Berjaut, la frappe habitée d’Antonin Leymarie.
Enfin Ishkero dont c’est le premier concert à Jazz sous les pommiers, et qui fort de son succès grandissant dans nos contrées, serait sans doute ravi de tenter à leur tour, après avoir si souvent emmené leur public vers leurs paysages imaginaires, le voyage en des terres inconnues sur les scènes d’amérique du sud ou d’Asie. Ils déroulent une sereine montée en puissance qui se termine sur un final que les tentures et vitraux de la salle peinent à contenir.
L’au revoir de Fidel Fourneyron
Le tromboniste présentait ce soir sa création Bell avec son quintette, mettant un terme à trois ans de résidence au festival.
Assemblant les grooves les plus tendus aux harmonies les plus planantes, les atmosphères les plus légères et dansantes aux plus poignantes, le groupe réussit à raconter la plus prenante des histoires sans rien sacrifier à la une exploration, jusque dans des détails infimes de modes de jeux et de nuances, des possibilités de leurs instruments, entre l’électronique (les synthétiseurs Prophet de Fabrizio Rat) et l’acoustique (le leader, Quentin Ghomari à la trompette et Fanny Meteïer au tuba), portés par l’excellente Hélïse Divilly derrière les fûts. Une performance parfaitement maîtrisée mais jamais ostentatoire.