Antépénultième concert du festival inter-régional ‘L’Ouïe Cyclette’ organisé par l’Association les Musiques à Ouïr
Un festival auquel on vient en vélo, et qui s’est promené de Pantin à Fontenay-sous-Bois en passant par Rouen, Le Havre, etc.… (parcours ici). Et ce soir-là c’était au Comptoir de Fontenay-sous Bois, où la clôture se fera aussi trois jours plus tard
‘Les jours rallongent’
Christiane Bopp (trombone), Sophia Domancich (piano), Denis Charolles (batterie, clairon)
Le Comptoir, Halle Roublot, Fontenay-sous-Bois, 19 décembre, 20h45
Le groupe s’était formé en 2018 pour l’émission ‘À l’improviste’ d’Anne Montaron sur France Musique, et à l’improvisation se sont ensuite mêlées des compositions de chacune et chacun, pour aboutir à un disque enregistré au studio Sextan de Malakoff, et publié en mai dernier
Trois fortes personnalités musicales, et mieux encore trois formidables singularités, connues pour leurs participations totalement investies à une foule de musiques sans œillères. Ici tout se joue dans la nuance autant que dans l’éclat. Des mélodies de douceur vont entrer en collision avec des emballements extrêmes, le tout dans un parfait équilibre humain autant d’esthétique. Denis Charolles, grand expert en fracas, retient les chevaux de son attelage (où se trouve son inévitable très grosse caisse) ; Christiane Bopp nous offre une dynamique d’une extrême largeur, et d’une grande finesse, avec des modes de jeu d’une infinie variété ; et Sophia Domancich nous fait traverser toutes les histoires de tous les pianos, avec un pertinence et une inventivité confondantes. La musique circule de l’écrit à l’improvisé sans qu’il soit toujours possible au public de percevoir la frontière. Après un thème très doux, et sophistiqué, nous aurons un épisode bruitiste où le clairon, au contact de la peau de la caisse claire, va dessiner un univers dans lequel le trombone, avec sourdine, va s’introduire presque subrepticement, jusqu’à une coda en suspens. Peu après le piano va s’aventurer dans des tonalités mouvantes dont l’auditeur que je suis ne cherchera pas, faute d’une ouïe assez aiguisée, à déterminer le centre. Des échanges transversaux (piano-batterie, trombone-piano, etc.…) vont nous conduire de surprise en enchantement. Ici piano et trombone se cherchent (et se trouvent) sur une tonalité qui n’est qu’un rêve éveillé, instable comme il convient. Puis un dialogue piano-batterie va s’exacerber sur des unissons des deux mains de la pianiste jusqu’au paroxysme, et peu après le trombone entrera en douceur sur une mélodie à fendre le cœur. Je renonce à vous narrer par le menu le parcours de ce grand moment de musique : pour tous les présents, ce fut une magnifique soirée.
Xavier Prévost
Le groupe jouera à Paris, le 24 janvier 2024, à l’Atelier du Plateau