Michel par Petrucciani, épisode 7
Michel Petrucciani nous a quittés le 6 janvier 1999. Chaque jour jusqu’au 25 janvier, date de la sortie du nouveau numéro de Jazz Magazine dont il fera la Une, retrouvez en vingt épisodes la vie incroyable de ce pianiste hors norme, telle qu’il l’avait racontée à Fred Goaty à l’été 1998.
« Après le disque “Flash”, Aldo Romano m’a dit que tout ça n’était pas mal, mais qu’il faudrait peut-être faire un autre disque, un peu plus sérieux, et il m’a dit qu’il allait me faire rencontrer le producteur Jean-Jacques Pussiau, qui dirigeait le label OWL Records. Je suis arrivé dans le bureau de Jean-Jacques, je m’en souviens comme si c’était hier. Aldo m’a dit : « Salut Michel, je te présente Jean-Jacques… », et à Jean-Jacques : « Tu connais Michel ? On va faire un disque… » Pussiau a répondu : « Ok, quand ? » Il avait confiance en Aldo et m’a donné carte blanche. Nous sommes allés à Groningue, en Hollande, pour faire ce disque, avec cette copine dont j’étais follement amoureux. J’étais ravi d’aller à l’étranger avec elle, c’était la première fois que je l’avais trois jours pour moi seul. “Michel Petrucciani”, c’était mon premier vrai disque : Aldo à la batterie, Jean-François Jenny-Clark à la contrebasse. C’est drôle, J. F. et moi, on n’a pas flashé, on s’est même disputé, je lui ai dit qu’il ne valait pas Eddie Gomez. C’est moi qui étais con et arrogant. J.F., je le rapprocherais en fait de Gary Peacock, avec qui je n’ai pas accroché non plus, plus tard… Il a un style de contrebasse qui ne “m’enveloppe” pas. Je suis plus attiré par Paul Chambers : il me faut comme deux bras qui me serrent. Il m’avait semblé que J. F. n’était pas complètement motivé pour la séance. Il jouait aux échecs… Aldo, lui, était très motivé. Mais il prend toujours les choses à cœur. Avec Jean-Jacques, j’ai fait mon “premier” disque, avec un vrai distributeur, etc., etc. Et j’ai commencé à jouer régulièrement à Paris, le plus souvent avec Aldo. » (À suivre.)