Pierrick Pédron et Carl-Henri Morisset au Baiser Salé
Dans le cadre des festivités qui marquent les 40 ans du club (voir ici la chronique de Robert Latxague), soirée-marathon, avec un groupe différent à chaque heure, ou presque. Après deux autres groupes à 19h, puis à 20h15, c’est à 21h30 le tour du duo : le saxophoniste est avec le pianiste régulier de son quartette, et le concert est plus que prometteur. Un quart d’heure de retard dans le marathon, ce qui n’est pas grave, sauf pour le chroniquer banlieusard dont le dernier RER (suppressions en soirée, même le week-end….) quittera la Gare du Nord à 23h02 : il est à prévoir de quitter le club avant la fin du set !
PIERRICK PÉDRON & CARL-HENRI MORISSET
Pierrick Pédron (saxophone alto), Carl-Henri Morisset (piano)
Paris, Le Baiser Salé, 28 janvier 2024, 21h45
Le saxophoniste dit quelques mots de son plaisir à se trouver ici, et à jouer en duo avec ce partenaire que manifestement il admire (comme nous l’admirons). Un peu plus tard il saluera l’arrivée de Maria Rodriguez, la Maîtresse de Céans, venue écouter cet invité au long cours, ce qui permettra à Pierrick Pédron d’évoquer sa première visite en ces lieux, arrivant de Bretagne vers 1988, pour ‘faire le bœuf’ sur cette scène (à ‘époque installée en fond de salle). Le répertoire est emprunté aux disques récents ou plus anciens du saxophoniste, et commence par Lawns de Carla Bley, qu’il a joué en duo sur le disque avec Gonzalo Rubalcaba. C’est un dialogue très intense entre deux lyrismes : celui du saxophoniste, tendu et mesuré (avant de s’emporter), et celui de Carl-Henri Morisset, d’emblée plus prolixe, mais avec l’engagement esthétique et sensible qui s’impose. Je n’ai pas écouté l’autre duo en concert, mais je dois dire que la version de ce soir m’a davantage embarqué que celle du disque avec le pianiste cubain, peut-être parce que je la trouve moins corsetée, plus libre, mais cela tient sans doute aussi à ce qu’ici je l’écoute ‘sur le vif’, qui plus est dans un lieu intime et chaleureux. Comme le public présent, je suis conquis dès ce premier morceau. Puis ce sera, tout aussi lyrique (avec fougue aussi), une reprise d’un thème de l’alto anglais Peter King, qui pour Pierrick fut un Maître, suivi d’un titre du groupe Depeche Mode, qu’il avait repris dans son disque ‘Unknown’. Le titre suivant, cette fois une composition personnelle intitulée With the Two B’s, figurait d’ailleurs sur ce même CD, tout comme le thème qui vient ensuite, Mum’s Eyes. Tout est musicalement intense et inspiré, les deux musiciens sont totalement en phase, et c’est un régal. Mais après l’exposé du thème suivant (annoncé par Pierrick Pédron comme le dernier – il y a un autre groupe ensuite-), le chroniqueur va se hâter de quitter la salle pour attraper in extremis le dernier RER à la Gare du Nord. Ainsi va la vie de l’amateur banlieusard, constamment frustré, en ces temps de travaux récurrents sur les réseaux, de la fin de l’histoire. L’amateur est heureux cependant, car ce fut un beau concert….
Xavier Prévost