Claude Tchamitchian & Naïssam Jalal au festival de Bergame
Dans l’intimité d’une galerie d’art, le duo, bien parti pour se faire largement connaître en italie après leur prestation d’hier, a marqué les esprits. par Yazid Kouloughli
La programmation de Joe Lovano n’en finit par de surprendre par sa diversité : à côté de vedettes du jazz américain, une myriade de formations européennes se produisent dans diverses salles de la ville de Bergame, et le duo Naïssam Jalal (flûtes)-Claude Tchamitchian (contrebasse) n’est pas le moins en vue, même si une partie du public l’entendait pour la première fois.
Le contrebassiste et la flûtiste investissaient l’Academia Carrera, musée perché dans la vielle ville de Bergame et aux murs ornés de toiles de grands maîtres de la peinture de la renaissance. L’écrin parfait pour ce duo qui a le don de suspendre le temps et de transfigurer les émotions. Mais alors qu’on s’attendait à entendre le mariage unique de chant et de flûte que Naïssam Jalal développe depuis quelques années, elle annonce en murmurant au public qu’elle est privée de sa voix par une extinction qui l’a frappée la veille. La voix, bien présente tout de même, sortira de la contrebasse de Claude Tchamitchian, jouant sur les harmoniques à l’archet jusqu’à produire une imitation confondante de chant oriental. Magie du lieu : entre la musique et ces visages peints s’installe une sorte d’influence réciproque, comme si par la grâce de la musique, les portraits revenaient à la vie pour mieux profiter eux aussi du spectacle.