Def Leppard, le coffret pour pyromaniaques
“Pyromania 40th Anniversary Edition”, la version définitive du grand classique de Def Leppard sera dans les bacs le 26 avril. Julien Ferté s’y est plongé en avant-première pour les fidèles du Salon de Muziq.
Par Julien Ferté
Flashback. En 2009, la réédition Deluxe de “Pyromania” de Def Leppard était un double CD digipack : le disque original sans bonus tracks sur le CD 1, un concert inédit enregistré au L.A. Forum en septembre 1983 sur le CD 2, un livret avec quelques photos et des liner notes de David Fricke. Quinze ans plus tard, autre temps autres mœurs, “Pyromania”, l’un des meilleurs disques de hard-rock des années 1980, ressort cette fois en mode “40th Anniversary Edition”.
Dans ce magnifique coffret – pour info, format identique à celui de “Live And Dangerous” de Thin Lizzy –, vous retrouverez évidemment l’album original re-remasterisé. Vous découvrirez aussi vingt et une démos, outtakes et autres rough mixes, cinq morceaux live gravés à Dortmund en décembre 1983 – Rock Rock (Till You Drop), Billy’s Got A Gun, Foolin’, Rock Of Ages, Let It Go et Wasted, soit un peu plus de vingt-sept minutes de musique –, le live au L.A. Forum cité plus haut. Le blu-ray contient quant à lui les mixes Dolby Atmos, DST-HD Master Audio 5.1, 2023 PCM Stereo et, ô surprise, une inattendue version 2023 PCM Instrumental Stereo parfaite pour vous prendre pour Joe Elliott lors de vos soirées karaoké entre amis – attention, un chat risque de squatter votre gorge assez vite : en 1983, le gosier du natif de Sheffield rivalisait en terme de puissance avec celui de Brian Johnson d’AC/DC, l’une des influences majeures de Def Leppard avec Thin Lizzy, UFO, Mott The Hoople et Led Zeppelin (ne manquez pas les échos de Kashmir dans Billy’s Got A Gun). Spécial bonus : cinq clips d’époque pour remonter dans le temps, celui où on les voyait passer en boucle à la télévision.
Le livret ? Le livre vous voulez dire ! 56 pages de bonheur. Une longue et passionnante story de Paul Elliott richement illustrée (photos, pochettes, memorabilia…) les “unreleased tracks” commentées par le bassiste du groupe, Ric Savage, et les paroles des chansons, pour essayer, donc, de faire la pige à Joe.
Redécouvrir “Pyromania” avec tout le confort moderne plus de quarante ans après sa sortie est, il faut bien l’avouer, un plaisir rare. Un conseil : installez-vous sur votre canapé, branchez votre home cinéma et mettez le blu-ray dans la platine. Quel que soit le mix que vous allez choisir, vous n’avez de toute façon jamais entendu les dix chansons de “Pyromania” comme ça.
Ce qui frappe aujourd’hui encore, c’est la perfection de la production, son extrême méticulosité, l’attention portée au moindre détail (on songe aux prods’ de la même époque signées Trevor Horn). Petit rappel : Robert “Mutt” Lange était derrière la console, qui avait cosigné toutes les chansons avec les lads de Sheffield et même posé sa voix dans les chœurs. Et l’on sait que comme le Roi Midas, il pouvait à cette époque transformer tout ce qu’il touchait en or : les disques d’AC/DC (“Back In Black”, deuxième meilleur vente d’album de tous les temps) et de Foreigner par exemple (“4” en 1981 : carton planétaire aussi) et, donc, ceux de Def Leppard.
Car deux ans après “High’n”Dry”, “Pyromania” s’est écoulé à plus de dix millions d’exemplaires aux États-Unis et douze millions dans le reste du monde ! En 1983, quand Michael Jackson et Quincy Jones jetaient un œil sur les charts, ils devaient se demander qui étaient ces kids britons dont les ventes talonnaient celle de “Thriller”…
Les ventes, c’est bien, mais la musique, c’est encore mieux n’est-ce pas ? Et, donc, grâce au travail d’orfèvre de Robert “Mutt” Lange, “Pyromania” sonne toujours aussi bien. Le son d’ensemble est certes “daté” – ce qui ne veut pas dire qu’il a vieilli… – mais, on l’a dit plus haut, unique. Cet album bien plus radio friendly que les deux premiers Def Lep’ – et alors, c’est un défaut ? – brille par la force du chant et des chœurs (ceux de Photograph m’ont toujours évoqué More Than A Feeling de Boston), ces intros légendaires – celle de Rock Rock (Till You Drop), subtile, puissante et inventive –, tous ces petits détails sonores qui vous titillent le tympan (l’intro de Photograph, avec ce petit “ping” de guitare avant le riff, le fameux « Gunter gleiben glausen globen » de Rock Of Ages…), la contribution exceptionnelle de Thomas Dolby aux synthétiseurs, “caché”, secret de polichinelle, sous le pseudo de Booker T. Boffin – Dolby avait déjà contribué de manière décisive au “4” de Foreigner… –, les solos de guitare de Phil Collen, grand fan de Michael Schenker et d’Al Di Meola, qui avait remplacé au pied levé le pauvre Pete Willis, viré à cause de son comportement erratique au beau milieu des intenses séances d’enregistrement : Willis était plus métro goulot dodo que métro boulot dodo…
Bref, on n’a pas fini d’aimer “Pyromania”, et ce coffret qui l’édition risque d’être fort limitée s’impose.
COFFRET Def Leppard : “Pyromania 40th Anniversary Edition” (Universal Music Recordings, dans les bacs le 26 avril). Également disponible en double CD.